Escapade dans la Baie de Somme

Un week-end pour découvrir la Baie de Somme ? Excellente idée! Partez à la découverte des grandes étendues, des phoques, des oiseaux migrateurs, des jolis villages, des plages de sable, des plages de galets et même des falaises! C’est parti, hop en route 🙂

La Baie de Somme est une immense étendue de 70km², là où le fleuve de la Somme se jette dans la Manche. Il y a en réalité deux estuaires de deux fleuves, celui de la Somme (au sud) et de la Maye (au nord). Dans ce vaste et magnifique paysage se mélangent des zones de slikke (de la vase recouverte par la mer à chaque marée) et de schorre ou pré-salé (recouvert seulement pendant les grandes marées). Chaque marée transforme la baie, mais une chose est certaine, elle s’ensable inexorablement. Alors il faut vite se dépêcher de profiter ce magnifique endroit 😉

Une façon originale de visiter la baie de somme, c’est à bord du train historique du Chemin de fer de la Baie de Somme 🙂 Depuis les années 1980, des passionnés continuent de faire vivre l’ancienne voie du réseau des bains de mer. Au rythme lent de 25km/h, une vielle locomotive à vapeur transporte les voyageurs curieux et nostalgiques entre Le Crotoy, Saint-Valery-sur-Somme et Cayeux-sur-Mer. Pour réserver ce voyage dans le temps, direction le site officiel.

Les phoques de la Baie de Somme

Vous aimez les phoques? 🙂 Vous serez heureux, car la plus grande colonie de phoques de France a élu domicile dans la Baie de Somme. Elle est particulièrement visible à marée basse quand ils viennent se reposer sur les bancs de sables en faisant des longues siestes. Ces périodes de repos et de siestes sont d’ailleurs vitales pour eux.

Pour les observer dans la baie de somme, la digue de galets de la pointe du Hourdel est un bon spot, mais il faudra des jumelles ou un bon zoom. Il est possible aussi de s’en approcher à marée basse en excursion à cheval ou en kayak.

Un rappel important : les phoques sont des animaux sauvages protégés. Il ne faut pas trop s’en approcher (risque d’attaque s’ils se sentent en danger ou transmission de maladies). Si par hasard, vous trouvez un bébé phoque qui fait la sieste sur la plage (ce qui est incroyablement mignon 😉 ), restez à l’écart, sinon sa mère pourrait ne plus vouloir le rejoindre et l’abandonner (ce qui serait incroyablement triste)! On considère qu’il faut respecter une distance de 300m pour les observer. En gros dès qu’un phoque lève la tête c’est qu’il vous a repéré. Il faut alors reculer sinon il filera dans l’eau!

On compte environ 400 phoques veaux-marins et 200 phoques gris. Les phoques gris, plus foncés et tachetés, peuvent atteindre jusqu’à 3m de long et 300kg!

Le Parc du Marquenterre

Au nord de la Baie de Somme, il y a un nom qui résonne forcément pour les amoureux de la nature, c’est le Parc du Marquenterre. C’est un haut lieu de l’ornithologie en Europe qui sert de refuge à des milliers d’oiseaux migrateurs. Au fil des saisons, plus de 300 espèces d’oiseaux peuvent être observées dans un espace protégé de 200 hectares.

Au début, cette zone appartenait à un agriculteur qui faisait pousser des fleurs. Dans les années 1970, il décide de convertir ses terrains pour en faire un lieu d’accueil idéal pour les oiseaux. C’est la naissance du Parc 🙂 On peut suivre un sentier balisé de 6km qui passe à travers les différents habitats aménagés. Il est ponctué de 12 postes d’observations. Tout le long du parcours, vous rencontrerez des bénévoles et des passionnés qui partagerons leurs connaissances. Prévoyez environ 2h30 de balade à travers les marais aménagés. Tarif 12 Eur, et ne pas oublier ses jumelles ou le téléobjectif 🙂

Voici quelques rencontres avec ces charmants volatiles 🙂 Des cigognes, des cignes de Bewick, des foulques macroules, et de nombreux canards.

Pour rappel, ce n’est pas un zoo ni un parc animalier. Il s’agit vraiment d’un espace naturel protégé et les oiseaux sont ici s’ils le veulent bien. Vous ne verrez peut être pas toutes les espèces qui vous font rêver, mais à n’importe quelle période de l’année, nos amis à plumes sont présents.

On peut croiser d’importants groupes d’aigrettes et de vanneaux huppés. Les avocettes élégantes (j’adore ce nom) avec leurs longs becs fins et recourbés vers le haut sont aussi présentes en grand nombre. Mon oiseau préféré reste la spatule blanche avec son long bec facilement reconnaissable en forme de spatule 🙂

Ne soyez pas trop surpris durant votre balade quand vous entendrez un vacarme étrange, comme une basse-cour remplie d’otaries! C’est tout à fait normal, il s’agit en fait d’une impressionnante et bruyante colonie de grands cormorans! 🙂

Il n’y a pas que des oiseaux dans le parc. Vous pourrez aussi croiser des moutons d’Ouessant et des vaches des Highlands, qui aident à préserver le site.

La maison du parc propose aussi un sympathique restaurant de cuisine locale avec une terrasse au milieu des pins. Cette pinède a été plantée dans les années 70 pour fixer les dunes.
Plus d’infos pour préparer votre visite sur le site officiel.

Le sentier d’accès à la mer, les Crocs

Il y a une magnifique randonnée à faire juste au nord du Parc du Marquenterre, près de Saint-Quentin-en-Tourmont. Il faut tout d’abord trouver le parking rue du Bout d’Amont. Ensuite, il suffit de suivre le sentier d’accès à la mer. C’est un parcours de 3.6km (qui peut être fatiguant à cause du sol sableux) en pleine nature à travers la pinède. Après une dernière montée éprouvante en sortant de la foret, il y a une véritable surprise, car d’un seul coup, vous avez ce paysage en récompense 🙂

Une vaste plage déserte et des dunes, appelées « les Crocs » en picard. Un magnifique panorama, une véritable impression de bout du monde. Bref, le bonheur 🙂

Il n’y a plus qu’à profiter de l’espace immense, et même pourquoi pas une baignade rafraichissante 😉

Il faut prévoir environ 2h aller-retour pour le sentier des Crocs. Si vous êtes vraiment motivé (et si c’est marée basse!), il y a une autre option pour le retour. Vous pouvez faire une grande boucle vers le sud en suivant le littoral. Cette traversée longera le Parc du Marquenterre avant de revenir en suivant la route jusqu’au parking.

Pour vous récompenser de cette marche, rien de mieux qu’un petit verre en terrasse en bord de mer à la petite station balnéaire de Quend-Plage, juste à côté 🙂

Le village de Saint-Valéry-sur-Somme

LE village touristique de la Baie de Somme, c’est Saint-Valéry-sur-Somme 🙂 Ne cherchez pas à vous garer dans le centre ville, c’est pratiquement mission impossible. Choisissez plutôt le Parking du canal à l’entrée de Saint-Valery-sur-Somme, c’est gratuit. Ensuite vous attendez une navette gratuite ou vous marchez environ 15min pour rejoindre le centre ville en longeant le Canal de la Somme.

Ce canal qui va jusqu’à Abbeville a été construit de 1786 à 1827. Il devait permettre le trafic commercial, mais l’ensablement de la baie a scellé son destin. C’est maintenant un canal utilisé pour la plaisance. Le chemin de halage est devenu une voie verte pour les piétons et les cyclistes.

L’histoire de cette petite ville remonte à il y a bien longtemps. Cet endroit niché sur un promontoire rocheux s’appelait Leuconay et il n’y avait pas grand monde pour faire face à la vaste baie. Au VIe siècle, le moine Valery qui a une solide réputation est envoyé pour évangéliser la Baie de Somme. Il créé un monastère, puis une abbaye. Sa renommée s’étend au delà des frontières, un bourg se créé près de l’abbaye, puis une petite ville. Après sa mort, ses reliques seront dispersées dans toute l’Europe. Le roi Hugues Capet fera même le voyage exprès pour en récupérer une partie. La petite ville s’appelle désormais Saint-Valery-sur-Somme 🙂

Saint-Valery-sur-Somme est composée d’une « ville haute », la vieille ville médiévale, et d’une « ville basse ». La ville basse, c’est le quartier de Courtgain, l’ancien quartier des pêcheurs. Son nom vient du peu d’argent qu’ils gagnaient, des courts gains. Ils péchaient principalement des crevettes grises, appelées sauterelles. À cause de l’ensablement de la baie, la pêche est de moins en moins pratiquée. Il reste les maisons colorées du quartier où il est agréable de flâner 🙂 On y trouve aussi l’office de tourisme, dans les anciens entrepôts des sels du XVIIIe siècle. Ils pouvaient stocker 20 tonnes de sel. Maintenant le bâtiment abrite aussi une salle de spectacle et un restaurant gastronomique, le Schorre. La majorité des restaurants et bars se trouvent dans ce quartier.

Après avoir passé la Place des Pilotes et le Tribunal de Commerce (où il y a régulièrement des expositions), on peut se promener le long d’un long magnifique quai. Il est bordé de belles villas du XIXe siècle construites par des riches armateurs. Pour profiter du soleil, vous pouvez vous arrêter manger au Quai N°5. Ce n’est pas un gastronomique, mais c’est l’endroit parfait pour manger loin de la foule, en plein air et au bord de la baie 😉

Au bout du long quai, c’est la grande plage de Saint-Valery-sur-Somme. Ici vous pouvez réserver des excursions en kayak dans la Baie de Somme. L’occasion unique de découvrir cette belle nature, les bancs de sable et les phoques! Pour vivre cette expérience unique, c’est sur ce site 🙂 Si vous ne voulez pas faire d’avantage d’efforts, la Buvette du Mouton vous attend pour boire un verre les doigts de pieds dans le sable, ambiance garantie!

Depuis la plage, un sentier grimpe vers la ville haute. D’ici, on a un magnifique panorama sur la baie. En s’éloignant un peu, on peut aller vers l’ancienne abbaye. Mais depuis la Révolution, il n’en reste pratiquement plus rien. Au milieu des champs, au sommet du Cap Hornu, vous pourrez découvrir la jolie Chapelle Saint Valery. Elle marque l’emplacement de la tombe du moine le plus connu de l’époque mérovingienne.

On pénètre dans la ville médiévale par les tours Guillaume. Elles ont ce nom depuis le passage de Guillaume le Conquérant. En 1066, les navires de ses armées patientent dans le port de Saint-Valéry-sur-Somme que la météo s’améliore. C’est en promenant les reliques de Valéry dans la ville que le miracle se produira. Ensuite, c’est la traversée de la Manche, et la Conquête de l’Angleterre, mais c’est une autre histoire 😉

On se balade avec plaisir dans la petite ville médiévale avec ses ruelles étroites et pavées. Le monument principal à voir, c’est l’église Saint Martin, au bord des remparts. Elle date du XIIIe siècle mais reconstruite au XVe siècle après avoir subit beaucoup de dégâts.

Elle possède des murs avec un damier de pierre calcaire et de silex. C’est quelque chose qu’on retrouve souvent sur le littoral en Picardie.

Pour quitter la ville médiéval et retrouver la ville basse, on longe l’église et on passe par l’autre porte fortifiée, la Porte de Nevers.

Une balade à Saint-Valéry-sur-Somme, c’est une étape obligatoire quand on visite la Baie de Somme 🙂 Pour planifier votre journée au milieu des valéricains (les habitants de la ville), vous trouverez plus d’infos sur le site officiel.

La Pointe du Hourdel

Au sud de la Baie de Somme, la Pointe du Hourdel marque la limite avec la mer. On rejoint le hameau du Hourdel et son petit port de plaisance pour se garer. Attention, les parkings ne sont pas très grands et les places sont chères (dans tous les sens du terme).

Après avoir pris une petite glace près du phare, on peut s’aventurer dans la nature.

Le dépaysement est immédiat et total. Toute la Baie de Somme s’offre à vous 🙂

Au Hourdel, impossible de manquer le Bunker le long de la route blanche. Cet immense bloc de béton abandonné sur la plage intrigue. C’est un des éléments du Mur de l’Atlantique érigé par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cet énorme blockhaus est officiellement la Casemate R612 composé de 380m3 de béton armé quasiment indestructible.

Alors on peut se poser la question : Pourquoi ce bunker est comme ça, échoué sur la plage? En fait à l’époque de sa construction il était bien caché à l’abri des dunes. Depuis 1943, la plage a reculé de 65m!

Cayeux-sur-Mer

Sous la pointe du Hourdel, on trouve Cayeux-sur-Mer. Pendant longtemps, c’est un village sauvage perdu au milieu des dunes. Depuis, c’est devenu une agréable station balnéaire familiale 🙂 Elle est célèbre pour son chemin de planche (le plus long d’Europe) avec plus de 500 cabines colorées sur 2km, fièrement dressées au bord de la plage. Cayeux-sur-Mer c’est aussi un spot pour pratiquer le kitesurf. Au nord de Cayeux, au milieu du XIXe siècle, une station balnéaire de luxe est construite par les anglais, le hameau de Brighton (si vous voulez découvrir la véritable Brighton anglaise, c’est sur cette page 😉 ).

Si vous voulez en savoir plus sur l’actualité de Cayeux-sur-Mer, c’est sur le site officiel.

Cayeux, c’est aussi les plages de galets. Des galets de silex à l’infini! Ils proviennent de l’érosion des falaises tout le long du littoral au sud. Ils sont poussés par les courants marins jusqu’ici et se retrouvent bloqués par le courant de la Baie de Somme. C’est un des principal gisement de galets de mer d’Europe. Comme ils sont très riches en silices, ils sont calcinés et réduits en poudre pour être utilisés dans la construction, ou simplement vendus à usage décoratif.

Au sud de Cayeux, on trouve le Hâble d’Ault. Cette grande zone humide protégée (qui est aussi une zone de chasse) est un important refuge pour de très nombreuses espèces d’oiseaux. Un sentier de 5km permet d’en faire le tour et de jouer à l’ornithologue depuis des postes d’observations aménagés. Avant d’être un marais, cet endroit était un refuge pour les navires de pêches au XVIIe siècle, quant le Hâble d’Ault était encore relié à la mer. Un signe de plus qui montre l’ensablement de la baie!

Les falaises d’Ault

En longeant la côte vers le sud on arrive à Ault. Cette petite commune marque la frontière entre les plages de galets depuis l’entrée de la Baie de Somme et les falaises qui se prolongent ensuite jusqu’à l’estuaire de la Seine au Havre. Ces grandes falaises de craie qui peuvent atteindre 50m de haut sont terriblement belles 🙂

Elles sont aussi malheureusement comme une épée de Damoclès pour la commune… En 1700, Ault était un important port de pêche et comptait plus de 5.000 habitants. Il y avait alors une ville basse et une ville haute. Mais l’érosion a fini par faire s’effondrer les falaises. La ville basse et le port ont complètement disparus!! Une bonne partie de la population est partie se réfugier au Tréport. Il ne restait plus que la ville haute. La population restante s’est tournée vers une nouvelle activité, la serrurerie. Au XIXe siècle, au nord de la commune, une station balnéaire est créée, Onival. Elle était très prisée et remplie de belle villas d’architectes parisien. Hélas, les guerres mondiales et les tempêtes les ont quasiment toutes détruites.

L’érosion des falaises est hélas inexorable. Elles sont composées à 90% de craie et 10% de silex. On estime qu’elles reculent en moyenne de 30cm par an! En un siècle on a observé au moins 70m de retrait. On le voit bien sur ces photos historiques où des quartiers entiers ont disparus!

Source – © 2008 S. Costa, Atelier EUCC-France Baie de Somme 2013 p.31

L’érosion est principalement causée par les infiltrations d’eau et les périodes de gel et dégel qui fragilisent les falaises. La mer apporte aussi sa contribution avec une érosion causée par les vagues. On tente de freiner cette érosion marines avec des galets, mais ils sont régulièrement emportés au large par les marées, et poussés vers le nord par les courants. L’eau de la mer a parfois une couleur laiteuse à cause de la dissolution du carbonate de calcium contenue dans la craie des falaises.

Ces falaises fragiles et éphémères sont terriblement belles. Elles sont un peu l’équivalent français des célèbres Seven Sisters, juste en face sur les côtes anglaises 🙂

Un sentier du littoral permet de faire une jolie balade 🙂 Mais restez prudent et ne vous approchez pas trop du bord! Au sud d’Ault, ne loupez pas le Bois-de-Cise. C’est un joli village-hameau, verdoyant et boisé. Il y a des belles villas au bord des falaises. Mais on sait déjà qu’elles sont condamnées à disparaitre à plus ou moins long terme…

La visite de Dijon, capitale de la Bourgogne

Ah Dijon, la capitale des ducs de Bourgogne, la cité des ducs, la ville aux cents clochers, la capitale de la gastronomie. Cette ville possède plein de surnoms et mérite réellement une visite avec un centre ville historique classé au patrimoine de l’Unesco. Découvrons Dijon, hop en route! 🙂

Dijon a vraiment été une très belle découverte, et j’ai envie de vous partager mon enthousiasme pour cette ville. Depuis Paris, il faut 3h de voiture ou 1h30 de train pour arriver à la préfecture du département de la Côte d’or. Comme à mon habitude, j’aime présenter un rapide portrait historique avant de partir en balade 😉

Un peu d’histoire dijonnaise

À l’origine il y avait ici une petite cité fortifiée gallo-romaine, appelée Divio, au milieu d’une plaine fertile. Elle traverse le moyen-âge sous le nom de Dijon. Au XIe siècle elle rejoint le duché de Bourgogne dont elle devient la capitale. Les ducs de Bourgogne vont faire de cette province une grande puissance. Au XVe siècle, c’est l’apogée et la construction des principaux monuments de la ville. La Bourgogne s’étend alors jusqu’aux Pays-Bas. Elle tente même de devenir un royaume indépendant! Après une longue lutte de pouvoir et la guerre de Cents Ans, elle est finalement rattachée au Royaume de France. En 1513, le Saint Empire Romain Germanique tente de prendre Dijon et fait un long siège avec une armée composée de mercenaires suisses. Le gouverneur de la ville arrivera a faire lever le siège en promettant une forte somme d’argent aux suisses. Dijon abrite le Parlement de Bourgogne et la noblesse fait construire de nombreux hôtels particuliers à travers la cité. Plus tard, c’est le règne des Princes de Condé. Quand arrive la Révolution, de nombreux monuments sont détruits (la Charteuse de Champmol, la Rotonde Saint-Bénigne, la Sainte-Chapelle, et la grande statue en bronze de louis XIV). La petite ville sort de son carcan médiéval et s’agrandit. Les anciens remparts et le château sont démolis. Par chance, la ville de Dijon ne souffre pas trop lors des Guerres Mondiales. Elle offre maintenant un joli centre historique vraiment très agréable à visiter 🙂

Commençons la visite depuis la Gare de Dijon. On rejoint la Place Darcy et son joli jardin avec des fontaines et des cascades. Il y a d’ailleurs une anecdote étonnante à ce sujet! En 1840, un aqueduc souterrain est creusé pour alimenter un grand réservoir sous le sol. Il permet d’alimenter toutes les fontaines de la ville et d’amener l’eau aux étages de toutes les maisons. À l’époque, Dijon est la deuxième ville d’Europe après Rome à avoir l’eau courante!

Le centre historique de Dijon

Le centre historique de Dijon est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il est principalement piéton 🙂 Rentrons par la Porte Guillaume, surnommée l’Arc de Triomphe de Dijon. Cette porte symbolise l’entrée de la ville. Elle est construite en 1788 en hommage au Prince de Condé, à l’emplacement d’une ancienne porte des remparts du moyen-âge. Elle sera renommée plus tard en hommage à Guillaume de Volpiano, l’abbé de l’ancienne abbaye Saint-Bénigne du XIe siècle.

La Porte Guillaume donne sur la Rue de la Liberté. C’est la principale rue piétonne et commerçante de la ville. C’est le lieu de promenade obligatoire des dijonnais. La balade amène naturellement devant la célèbre Maison aux trois visages. Ce bâtiment qui date de 1470 est sans doute le plus bel exemple de maison à colombages de la ville 🙂

Un peu plus loin, on arrive à la Place Rude. C’est une jolie place pittoresque et touristique. Maisons à colombages, manège ancien, sol pavé, et des belles terrasses. Tout est là pour en faire une véritable carte postale 🙂 Elle est nommée en hommage au célèbre sculpteur François Rude qui est né dans une maison juste à coté. Je vous en reparle un peu plus tard sur cette page.

Cette place porte aussi un nom étrange : la place du Bareuzai. Ce nom fait référence à une petite statue de la fontaine située sur la place. Cette statue représente un vendangeur foulant du raisin avec ses pieds. Ceux qui faisaient cette activité avaient le bas des jambes teinté de rose. Ils avaient alors les bas rosé, et on les appelait donc les « bareuzai« . Hop le mystère est résolu! 🙂

La Place de la Libération

La longue Rue de la Liberté fini par déboucher sur la Place de la Libération. C’est la grande place royale du centre de la ville. Il y avait là une grande statue équestre en bronze de louis XIV. À cause de son poids (26 tonnes) et du mauvais état des routes, il avait fallu des années pour la transporter de Paris jusqu’ici! Comme tant d’autres choses, cette grande statue sera détruite lors de la Révolution…

Maintenant, chaque année au centre de la place, il y a le grand sapin des féeries de noël. Ce sapin monumental n’est en fait un pas un véritable grand sapin. C’est une structure métallique sur laquelle on installe 361 petits sapins en provenance du Morvan. Ils sont assemblés pour faire cette incroyable cône végétal 🙂 Pour profiter pleinement de cette ambiance de fêtes, vous trouverez plus d’infos sur le programme des Féeries de noël de Dijon sur le site officiel.

Le Palais des Ducs de Bourgogne

La Place de la Libération s’ouvre sur le Palais des Ducs de Bourgogne. Ce grand ensemble architectural est le cœur de Dijon. Il abrite actuellement l’Hôtel de Ville de Dijon et le Musée des Beaux Arts. Son histoire remonte au XIVe siècle, quand les ducs décident d’agrandir leur château. Il sera considérablement transformé au fil des siècles. Il devient le palais des gouverneurs de Dijon, puis une résidence royale quand un roi de France est de passage en bourgogne.

La partie la plus ancienne du palais c’est la tour du Bar (ou Tour Philippe le Bon). Elle est construite en 1460 d’abord comme tour de guet. Avec ses 6 étages et une hauteur de 46m, elle domine le centre ville. C’était un véritable symbole de puissance des ducs de Bourgogne visible par tous. On peut grimper au sommet pour avoir une belle vue panoramique sur la ville (tarif 6 euros, réservation obligatoire à l’Office du Tourisme au 11 rue des Forges).

À l’arrière du Palais, il y a le joli square des Ducs avec ses grands arbres centenaires. Ce jardin à l’anglaise remodelé au XIXe siècle, c’est tout ce qu’il reste du grand jardin médiéval de Marguerite de Flandres, épouse du Duc Philippe le Hardi. Elle avait fait aménager un grand parc avec une véritable animalerie (oiseaux, chevreuils et sangliers). Dans un grand bassin d’eaux vives, il y avait même un marsouin! Pour rappel, un marsouin est un cousin du dauphin. Amazing!

Dans ce square on trouve une grande statue. C’est Philippe Le Bon. Au XVe siècle, ce Duc de Bourgogne fait alliance avec les anglais pendant la guerre de Cent Ans, car il estime que le roi de France est responsable de l’assassinat de son père (Jean sans Peur). Les armées de Philippe le Bon captureront Jeanne d’Arc et la livreront aux anglais. Plus tard, réconcilié avec le Roi de France, il deviendra un des seigneurs les plus puissant d’Europe et fera briller la Cour de Bourgogne. Je vous rappelle les noms de cette fameuse lignée des ducs de Bourgogne issues de la Maison de Valois. De pères en fils, ils firent les grandes heures de la Bourgogne : Philippe le Hardi, Jean Sans Peur, Philippe le Bon, et Charles le Téméraire.

La ville aux cents clochers

Dijon est aussi surnommée la Ville aux Cents Clochers en raison des nombreuses églises construites. Je vous rassure, il n’y en a pas cent, et je ne vais pas vous faire la visite de toutes 😉

Commençons par visiter la principale, l’église Notre Dame de Dijon (et sa chouette). Elle se trouve juste à coté du Square des Ducs. Cette église est une magnifique réalisation de l’architecture gothique du XIIIe siècle. Même Eugène Viollet-le-Duc a dit que Notre Dame de Dijon était « un chef-d’œuvre de raison ». Elle mesure 65m de long et sa flèche atteint 83m de haut. Ce qui marque le plus, c’est sa façade vraiment unique. C’est la seule église gothique de France avec cette apparence, comme un écran!

On compte 51 gargouilles sur cette étonnante façade. Elles sont juste pour la déco, car elles ne servent pas à recracher l’eau de pluie. D’ailleurs, elles ne devraient même plus être visibles. On raconte qu’en 1240, un jeune couple allait rentrer dans l’église pour se marier. Et paf! une gargouille tombe sur la tête du futur marié, le tuant sur le coup! La ville a alors décidé de retirer toutes les gargouilles (sauf une). Ce n’est que lors d’une restauration de l’église en 1882 que des sculpteurs ont taillés à nouveau ce bestiaire fantastique en pierre. Et cette fois, elles sont bien fixées! Enfin on espère 😉

Sur le toit de l’église, il y a un campanile avec une horloge. Mais il y a surtout le Jacquemart. Il s’agit d’une prise de guerre de Philippe le Hardi. En 1382, alors qu’il guerroyait à Coutrai en Belgique, il décide de faire démonter la grosse cloche de la ville et surtout son automate qui été connu dans toute la région. Une fois de retour en Bourgogne, l’automate est installé au sommet de l’église de Dijon. Il sonnera la cloche toutes les heures. Deux siècle plus tard, on lui rajoute une copine, une automate femme. C’est Jacqueline, qui frappe les heures avec lui. Au bout de cent ans, ils ont un enfant! Il y a un nouveau petit automate, Jacquelinet, pour sonner les demi-heures. Enfin, encore un siècle plus tard en 1884, une petite sœur Jacquelinette le rejoint! La petite famille ne s’est pas agrandi depuis 🙂

À l’intérieur de cette église on trouve la statue Notre-Dame de Bon-Espoir. C’est une statue en bois de la vierge qui date du XIe siècle. Ce serait une des plus anciennes statues de la Vierge en France. Elle a été peinte en noir au XVe siècle, sans qu’on sache pourquoi. Elle est souvent habillée d’une grande robe brillante. On lui attribue le « miracle » de la levée du Siege de Dijon de 1513. Un autre miracle, après une messe à la Vierge, Dijon est libérée en 1944. Un 11 septembre, exactement la même date que pour le fameux Siège quatre siècles plus tôt. Incroyable! 🙂

Ne loupez pas au niveau du portail de l’église, la petite tête de diable. Elle est enchainée pour montrer que le mal reste à l’entrée et ne peut pas rentrer!

Ce qui rend cette église célèbre, c’est aussi la chouette! Cette fameuse chouette, c’est une pierre sculptée dans un angle à l’extérieur de l’église. Elle est devenu l’emblème de la ville. En fait, on ne sait absolument pas qui l’a sculpté, ni quand, ni pourquoi. On n’est pas vraiment sûr non plus que ce soit véritablement une chouette. Comme elle se trouve à l’angle de la rue de la Chouette, ça paraissait logique que ce soit elle. Elle est terriblement usée à cause d’une tradition ancienne disant qu’il faut caresser la chouette de la main gauche et faire un vœu 😉

(Pour info la pierre actuelle de la chouette est une pierre polie réalisée à partir d’un ancien moulage. Car en 2001, un détraqué l’a abimé à coups de marteau! pfff … elle est maintenant surveillée par caméras)

Juste à coté de l’église Notre Dame, vous pourrez découvrir le plus bel hôtel particulier de Dijon. Il s’agit de l’hôtel de Vogüé avec sa jolie toiture en tuiles vernissées de bourgogne.

Il a été bâti en 1614 par un riche conseiller du Parlement de Bourgogne.

L’autre grande église de Dijon, c’est la monumentale église Saint Michel. Elle remplace la précédente église qui était devenue trop petite. À partir de 1497, on lance les travaux. Elle est consacrée en 1529 mais les tours de la façade ne seront achevées qu’en 1667. Sa façade aussi est unique car elle mélange le style gothique et Renaissance!

J’ai omis la Cathédrale Saint-Bénigne de Dijon, une ancienne abbaye devenue cathédrale en 1792. En fait je ne l’ai pas trouvé très intéressante … mais elle a une magnifique toiture en tuiles vernissées de Bourgogne! 😉

Le Musée des Beaux Arts de Dijon

Alors mesdames et messieurs, s’il y a bien un endroit à visiter à Dijon, c’est celui là! Le Musée des Beaux Arts de Dijon est absolument incroyable! Déjà, c’est un des plus vieux musées de France. Il est ouvert gratuitement au public dès 1787 (bien avant le Louvre). C’est surtout un musée incroyablement riche. Je ne m’attendais vraiment pas à voir autant de belles choses 🙂

Comme expliqué un peu plus haut dans l’article, il est est installé dans les ailes du Palais des Ducs de Bourgogne. L’entrée donne le ton avec un escalier monumental! Après une collection sur l’antiquité, on arrive dans la galerie Bellegarde avec sa collection médiévale.

Parmi toutes œuvres présentées, mention spéciale pour les magnifiques retables du XIVe siècle par le célèbre sculpteur flamand Jacques de Baerze.

Ils étaient auparavant dans la Chartreuse de Champmol. C’était le grand édifice construit par Philippe Le Hardi pour avoir une nécropole des ducs de bourgogne qui pourrait rivaliser avec celle des rois de France à Saint Denis. La Chartreuse de Champmol a été en partie détruite par la Révolution puis est devenue un hôpital. Heureusement, une grande partie des ses œuvres d’art ont survécus et sont exposées ici.

Dans les musées, j’aime aussi prendre en photo les pires ratés! La peinture à l’époque médiévale, c’était pas si facile 😉

Je vous présente donc les terrifiant dragons qui affrontent Sainte Marguerite, le bœuf de la Nativité sous ecstasy, le Christ avec des soucis de vertèbres cervicales et un soldat romain derrière lui avec un air vraiment trop cheulou!

On peut aussi voir un moulage en provenance du Puits de Moïse de la Chartreuse de Champmol. Avec surprise, on découvre que Moïse est cornu! Ces cornes mystérieuses proviennent d’une mauvaise traduction de l’Ancien Testament, et ça a pas mal embêté les artistes pendant des siècles!

On arrive ensuite dans l’ancienne grande salle d’apparat du Palais avec sa cheminée monumentale. C’est ici que sont exposés les tombeaux des Ducs Bourgogne. Ils étaient eux aussi dans la Chartreuse de Champmol. Détruits en morceaux à la Révolution, ils sont restaurés en 1827. Ce ne sont en réalité que des statues peintes (les véritables dépouilles des Ducs reposent dans des caveaux de la cathédrale). On peut voir les gisants de Philippe le Hardi, Jean Sans Peur et son épouse Marguerite de Bavière. Les suivants n’ont pas continué la tradition.

Après avoir croisé une impressionnante sculpture de la mort du XVIe siècle en provenance de l’ancienne abbaye de Clairvaux, on déambule à travers une multitude d’œuvres de la renaissance. Puis, on arrive dans la magnifique salle des statues!

Il y a ici le très beau Gladiateur Combattant (1786) de Pierre Petitot, inspiré du célèbre gladiateur antique Borghèse du Louvre. Coup de cœur pour Hébé et l’aigle de Jupiter (1857). C’est une œuvre de François Rude. Cet artiste à Dijon est célèbre pour avoir sculpté entre autre la grande Marseillaise de 11m de haut sur l’Arc de Triomphe à Paris.

On trouve d’autres belles réalisations de François Rude, comme le Jeune pécheur napolitain et Louis XIII enfant.

Plus loin, derrière la belle statue du Faucheur d’Henri Bouchard, on peut découvrir la collection des œuvres du XIXe siècle.

Là aussi quelques coups de cœur avec par exemple Félix Trutat et le Portrait de l’artiste et sa mère, un jeune peintre dijonnais mort de la tuberculose à 24 ans en 1848.

Ou Alphonse Legros avec cette étude de tête.

Une autre icône de l’art, c’est le Pompon! 🙂 Enfin il s’agit plutôt des sculptures animalières de François Pompon, né à Dijon en 1855. Ses œuvres sont facilement reconnaissables avec un style novateur et des surfaces simples lisses et polies.

Le Musée des Beaux Arts de Dijon possède aussi une partie contemporaine et moderne avec par exemple des œuvres de Maria Helena Vieira da Silva, l’éclatement de Judit Reigl ou la Vache-paysage de Samuel Buri.

Si vous voulez aussi découvrir ce très beaux musée (et bien sûr que vous en avez envie), retrouvez toutes les infos sur le site officiel. Ah oui en plus, il est gratuit! 😉

La gastronomie à Dijon!

Dijon est aussi la capitale de la gastronomie! La Bourgogne regorge de spécialités culinaires comme le bœuf bourguignon, le jambon persillé, les escargots de Bourgogne, les œufs meurettes, les gougères, etc … il semblerait par contre que la fondue bourguignonne soit en réalité d’origine suisse mais avec de la viande originaire de Bourgogne. Ouf, l’honneur est sauf!

Bien évidemment il y a la célèbre moutarde de Dijon! Elle était déjà populaire au XIIIe siècle. Son appellation n’est pas protégée. En fait « Moutarde de Dijon », ça correspond à une méthode de fabrication, pas un terroir. On peut faire de la moutarde de Dijon partout. Mais comme c’est plus sympa d’en faire à Dijon, il est possible de participer à un atelier de création de votre véritable moutarde 🙂 Pour ça, il faut réserver en ligne. Ca se passe dans une ancienne moutarderie (86 Rue Monge), en association avec la maison Edmond Fallot, dernier moutardier artisanal de Dijon. On peut visiter une boutique-atelier (16 Rue de la Chouette).

Tout le monde connait le Kir? Ce mélange de vin blanc (bourgogne aligoté) et de crème de cassis a été inventé à Dijon. Il a hérité du nom de Félix Kir, le maire de Dijon de 1945 à 1968. À boire avec modération (ou pas 😉 ), accompagné de bonnes gougères, un classique!

Si vous cherchez où boire des bons cocktails à Dijon, ne cherchez plus! Il y a une adresse incontournable, c’est Monsieur Moutarde (40 rue des Forges). Installé dans une ancienne bâtisse du XIIIe siècle, avec une déco parfaite, c’est l’endroit idéal pour venir se poser après une journée de visite. Allez-y vous ne le regretterez pas 😉

Si vous préférez le chocolat, alors je vous conseille la boutique Fabrice Gillotte (21 rue du Bourg), meilleur ouvrier chocolatier de France 😉

Il y a aussi les grandes halles de Dijon, inscrites aux monuments historiques, pour y faire son marché et gouter les meilleures spécialités. Tout autour des halles, c’est une succession de restaurants et de bars. Vous y trouverez votre bonheur 🙂

Enfin, Dijon possède maintenant la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Plus d’infos sur le site officiel. Je ne l’ai pas visité et à vrai dire pour la gastronomie et le vin, je préfère aller directement dans les restaurants haha

Un peu plus à découvrir ?

Vous pouvez aller à l’ancienne Chartreuse de Champmol voir le fameux Puits de Moïse. Ce grand socle sculpté de 7m de haut a survécu à la Révolution. Si vous avez envie de verdure, une balade dans le Jardin Botanique de l’Arquebuse est toujours agréable! Enfin on n’oublie pas le vin, car à moins d’une heure de route, il y a les Hospices de Beaune à découvrir!

Le Château de Vincennes, une forteresse royale à Paris!

Aux portes de Paris se trouve un château de tous les records. À la fois résidence royale pendant des siècles, forteresse et prison. C’est un monument important de l’histoire de France. Hop en route pour découvrir le Château de Vincennes 🙂

Pour découvrir ce joyau d’histoire, on prend la ligne 1 du métro et on descend à la station « Château de Vincennes » (ou avec le RER A, station Vincennes). Une fois le billet d’entrée en poche (13 eur), faisons un grand pas dans l’histoire de France!

Remontons à l’époque du moyen-âge à l’est de Paris. Il y a une vaste forêt que les rois Francs transforment en réserve de chasse. Ils y font construire un manoir royal qui leur sert de résidence secondaire. On dit même que le roi Saint Louis (1214-1270) y rendait la justice assis sous un chêne. Plus tard, en pleine Guerre de Cent Ans, ayant vu les émeutiers attaquer le Palais de la Cité à Paris, le roi Charles V décide de transformer le manoir royal de Vincennes en une véritable forteresse! Désormais le Palais de la Cité ne sera plus utiliser que pour des banquets royaux. À Vincennes, il fait construire un grand donjon et y emménage dès1368. Cette résidence royale sous forme de cité fortifiée est entourée d’un mur d’enceinte de 11m de haut et de plus d’un kilomètre de longueur. Les murailles sont renforcées par 9 grandes tours fortifiées de 40m de haut.

Les grandes douves du château sont alimentées par un petit ruisseau venant des coteaux de Montreuil. Le trop plein se jetait dans le lac de Saint Mandé. Dans l’enceinte du château il fait construire une Sainte Chapelle et différents bâtiments pour abriter la cour royale, l’administration, une armée, etc… En 1380, c’est une véritable petite ville dans le plus vaste château d’Europe.

Les tours fortifiées et le grand donjon du château de Vincennes étaient visibles de loin. Avec 52m de haut, c’est le plus haut donjon d’Europe. Il devait abriter le roi en cas de danger, à l’abri derrière des murs de 3m d’épaisseur. Il est entouré de douves, on y accède par un pont-levis, c’est une véritable place forte à l’intérieur du château.

Au rez-de-chaussée du donjon on trouvait les réserves de provisions. Une grande salle de réception accueillait les invités au premier étage. La chambre du roi, la plus confortable, était au deuxième étage.

Le donjon devient aussi une prison d’état pour les prisonniers de haute naissance. Il ne peut garder que 14 détenus. Parmi les nombreux prisonniers qui seront retenus dans le donjon de Vincennes, il y a quelques noms célèbres comme Voltaire, le marquis de Sade ou Mirabeau.

En visitant ces anciennes cellules, on peut découvrir les graffitis laissés par les prisonniers à travers les époques. Il y a par exemple une fresque dessinée par Monseigneur Boulogne, évêque de Troyes, emprisonné par Napoléon.

Le château de Vincennes abrite aussi une merveille de l’art gothique. Le roi Charles V avait le projet de faire construire une Sainte Chapelle, comme son ancêtre Saint Louis l’avait fait avant lui avec la Sainte Chapelle au Palais de la Cité à Paris. Les travaux commencent en 1379 mais le roi meurt avant la fin. Elle est inaugurée seulement en 1552 sous le règne du roi Henri II.

Elle devait conserver les reliques de la Passion du Christ, avec la Couronne d’épines et un morceau de la Vraie Croix. Construite dans le style gothique flamboyant, la Sainte Chapelle de Vincennes mesure 40m de long et 20m de haut.

Lors de Révolution, les riches décors intérieurs sont détruits. Parmi les trésors conservés dans la Sainte Chapelle, il y avait un bassin précieux, d’origine orientale. Il était utilisé pour le baptême des enfants royaux. On l’a appelé le baptistère de Saint Louis même s’il n’avait aucun rapport avec ce roi.

De nos jours, ce joyau de pierre et de verre (avec des magnifiques vitraux représentant l’Apocalypse) accueille régulièrement des installations artistiques 🙂

Après plusieurs siècles, le château médiéval commence à manquer de confort. En 1658, le jeune roi Louis XIV fait construire le Pavillon du Roi, suivi du Pavillon de la Reine. Mais il trouve que la situation du château de Vincennes est toujours trop proche de Paris et de sa population menaçante. Il décide finalement de faire construire un château plus moderne loin d’ici, à Versailles. Le Roi et la cour quittent le château de Vincennes en 1682.

Plus tard, le roi Louis XV trouve une nouvelle utilité pour le château de Vincennes délaissé. En 1740 il y autorise l’installation d’une fabrique de porcelaine, et une école militaire en 1751. La manufacture de Vincennes devient rapidement une des plus réputées d’Europe. Victime de son succès, elle déménage en 1756 pour s’installer dans l’ouest parisien et deviendra la célèbre Manufacture de Sèvres.

Apres la Révolution, on se demande s’il faut encore conserver ce château. On décide d’y installer l’arsenal de Paris qui deviendra le principal site de production de munitions pour les armées de Napoléon. Vincennes est alors une véritable place forte militaire On fait réduire la hauteur des tours fortifiées pour y installer des batteries d’artillerie au sommet.

En 1814, le reste de l’Europe fait alliance pour affronter Napoléon. La ville de Paris se rend et les troupes prussiennes veulent évidemment s’emparer de l’arsenal du château de Vincennes. Pas de chance, à ce moment, l’arsenal est sous le commandement de l’intrépide et courageux général Pierre Dausmenil. Quand on lui demande de se rendre, ce fidèle de Napoléon répond  « Quand vous me rendrez ma jambe, je vous rendrai ma place ! ». Comme le général avait perdu sa jambe dans une précédente bataille, vous imaginez la suite! Après 5 mois de siège et de résistance acharnée, il finit par se rendre et sort de la forteresse en portant fièrement le drapeau tricolore. Une véritable légende de Vincennes! 🙂

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les nazis détruisent des dépôts de munitions lors de la libération de paris en 1944. Un grand incendie détruit les pavillons du Roi et de la Reine. Ils seront reconstruit pour abriter le Service Historique de l’Armée de Terre de l’Air et de la Marine. En 1958, le président Charles de Gaulle avait le projet de quitter le Palais de l’Elysée et d’installer la présidence française au château de Vincennes. Finalement ce projet sera abandonné. Toutefois, il reste toujours un autre projet, le « Plan Escale ». Si un jour la Seine devait avoir une crue centenaire qui inonderait tout Paris, un plan spécial d’évacuation est prévu pour déménager les services de l’Élysée à Vincennes.

Je vous partage aussi quelques photos d’illuminations dans le château. Il y a régulièrement de chouettes évènements organisés 🙂

Pour connaitre le calendrier des actualités et préparer votre visite, le site officiel.

Un dernier regard sur la Tour du Village, la dernière des 9 tours fortifiées de Charles V, et hop en route vers de nouvelles aventures 😉

Visiter Strasbourg, le guide complet

Ah Strasbourg, la capitale de l’Alsace, la capitale Européenne, la capitale de Noël. Cette grande ville de l’Est de la France est un véritable coup de cœur! Je vous embarque pour une visite touristique, historique, culturelle et insolite de la ville! C’est parti, hop en route 🙂

Une fois arrivé à Strasbourg, direction le centre ville historique. L’Office du Tourisme est d’ailleurs situé juste à côté de la Maison Kammerzell, qui est l’emblème de la maison à colombages 🙂

Commençons par un peu d’histoire car c’est toujours intéressant de connaître le passé de la ville!

Un peu d’histoire strasbourgeoise 😉

L’histoire de Strasbourg remonte à plus de 2000 ans. Les Celtes avaient une petite cité, Argentorate, puis les Romains y fondent le camp Argentoratum en l’an -15. Le camp devient une colonie militaire importante avant d’être détruit par Attila quand il envahit la gaulle en 451. Les Francs rebâtissent la cité en Stratiburg (château des routes). C’est alors une petite ville modeste à la croisée des routes commerciales sur un des rares ponts traversant le Rhin. Avec la montée en puissance du pouvoir des évêques, c’est l’essor au XIIe siècle. Strasbourg devient une des plus grandes ville du Saint-Empire Romain Germanique. On lance la construction d’une nouvelle et grandiose cathédrale, on agrandi les remparts. Devenue ville impériale libre, elle continue à gagner en richesse et en prospérité. En 1439, la flèche de la cathédrale est achevée, c’est le monument le plus haut de la chrétienté, un véritable symbole de puissance pour la ville! Grâce à l’invention de Gutenberg qui a vécut à Strasbourg, la ville devient un grand centre d’imprimerie et attire de plus en plus d’intellectuels. Elle est le berceau des idées de la Réforme, en conflit contre les richesses de l’église et les abus des évêques. La ville devient protestante en 1532 (la cathédrale est partagé en deux entre un évêque catholique et un protestant, ce qui créera beaucoup de conflits). Pendant la guerre de Trente Ans qui ravage toute l’Alsace, Strasbourg se tient à l’écart des problèmes, bien cachée derrière ses puissants remparts. L’empire germanique est battu et la ville se rend à Louis XIV en 1681. Elle est officiellement rattachée au royaume de France. Cependant, elle reste majoritairement protestante et on y parle allemand. Strasbourg est toujours prospère et rayonnante et son grande université est renommée. Apres la Révolution, le maire de Strasbourg demande un hymne à Rouget de l’sle pour la guerre contre la Prusse et l’Autriche. Il va composer un « Chant pour l’armée du Rhin », qui deviendra un symbole de la Révolution puis la fameuse Marseillaise, l’hymne national. Au XIXe siècle, la ville est à l’étroit dans son urbanisme médiéval. Des travaux sont lancés pour tenter de la moderniser. En 1870, c’est à nouveau la guerre. Les anciens remparts ne résistent pas longtemps devant l’artillerie moderne. La ville capitule et devient allemande. Elle va devenir une vitrine du savoir faire germanique. Elle est modernisée et sa surface triplée! Puis, c’est la Première Guerre Mondiale, et Strasbourg redevient française. Quand la Deuxième Guerre Mondiale arrive, la ville est évacuée dès 1939. En 1940, elle redevient allemande et les nazis n’acceptent que des habitants d’origines allemandes. Bombardée puis libérée en 1944 par le général Leclerc, Strasbourg redevient française. Après avoir changé 4 fois de nationalité en 75 ans, elle est un symbole de la réconciliation franco-allemande. On décide d’y installer les neuves institutions européennes. Depuis, Strasbourg est toujours florissante économiquement et attire de nombreux touristes qui veulent découvrir les charmes de l’Alsace et son joli centre ville historique préservé 🙂

La Cathédrale de Strasbourg

C’est la cathédrale de tous les records. C’est la cathédrale la plus visitée de France après Notre-Dame de Paris. Pendant deux siècles, c’était le plus haut bâtiment du monde! C’est aussi la cathédrale du torticolis! Contrairement à d’autres villes, il n’y a pas eu ici de véritable destructions autour pour dégager un grand parvis. Alors quand on est devant sa façade de 51m de large et ses 112m de longueur, on est un peu embêté haha 😉 Bombardée plusieurs fois, c’est un miracle si elle est toujours là. Découvrons ce « prodige du gigantesque et du délicat » comme disait Victor Hugo 🙂

Aux origines, il y avait ici un ancien sanctuaire celte ou romain, puis une précédente grande cathédrale romane brulée lors d’un incendie. Alors au XIIe siècle on lance les grands travaux pour une nouvelle cathédrale majestueuse en grès rose! D’abord construite dans un style Roman, l’arrivée d’un nouvel évêque en 1220 change tout, il veut absolument du Gothique. En 1360, elle ressemblait beaucoup à Notre-Dame de Paris avec ses deux tours. Mais changement de plan, on décide de remplir l’espace entre les deux tours! et on se dit « Pourquoi pas une grande flèche par dessus tout ça? » Banco! En 1399, la ville embauche l’architecte le plus réputé du moment, Ulrich d’Ensingen. Il a travaillé sur la grande cathédrale de Milan (que je vous présente sur cette page) et la grande cathédrale d’Ulm. La flèche est finalement achevée en 1439 et culmine à 142m. Strasbourg possède maintenant le plus haut bâtiment du monde! Evidemment, on aimerait une deuxième flèche, mais aucun projet ne sera retenu.

Quand la ville devient protestante, on retire les sculptures des Saints, on recouvre les fresques des murs, et on change le sol pour mettre un dallage sobre à la place des pierres tombales. En 1759, la foudre provoque un terrible incendie! À peine restaurée, la Révolution va provoquer des dégâts : 253 statues sont détruites, les bronzes du portail et les ornements métalliques sont arrachés et fondus. La grande flèche a même faillit être démolie! En 1806 commence la réparation des dégâts, on resculpte des statues, on restaure les vitraux. Mais patatra, en 1870 elle est visée par les obus de la Prusse et subit un nouvel incendie! Dans les années 1920, on se rend compte que la tour nord n’a pas les fondations nécessaire pour supporter le poids de la haute flèche, et que tout menace de s’effondrer! De justesse on consolide tout avec du béton.

Quand la Seconde Guerre Mondiale arrive, les vitraux sont mis à l’abri. D’abord cachés par la France en Dordogne, ils seront finalement rendus aux nazis et entreposés dans une mine de sel en Allemagne! Hitler projette de la transformer et d’en faire un Mémorial pour les Soldats Allemands. Ca faisait parti de son grand projet pour faire de Strasbourg une nouvelle mégalopole du Reich. En attendant, il y interdit le culte catholique et la cathédrale est fermée jusqu’à nouvel ordre. Finalement elle subira les bombardements des alliés en aout 1944. Enfin, de longs travaux de rénovation seront lancés dans les années 1960 et dureront des décennies! Ouf, maintenant la cathédrale est belle et elle n’attend plus que vous 🙂

Vous découvrirez par exemple la très belle chaire de pierre réalisée au XVe siècle pour le prédicateur Jean Geiler. C’est un formidable chef d’œuvre avec des sculptures fines et délicates. Insolite, cette chaire abrite un petit chien sculpté. Il a été rajouté en référence au chien du prédicateur qui l’accompagnait toujours quand il montait pour faire ses sermons. Depuis, cette sculpture est un peu devenue la mascotte de la cathédrale. Caressée par des millions de mains, la pierre du petit chien est devenue toute noire!

On peut aussi y admirer le célèbre Pilier des Anges. C’est un pilier en grès rose de 18m de haut, soutenant la charpente, construit vers 1230. On l’appelle aussi le Pilier du Jugement Dernier. En bas on trouve les 4 évangélistes, puis des anges qui sonnent les trompettes de l’Apocalypse et enfin le Christ au sommet. Derrière, éclairé par un projecteur, on aperçoit un homme accoudé à une balustrade qui semble regarder le pilier. Il est très connu mais on ne sait absolument pas qui est ce personnage 🙂 Le pilier a une légende. Un jour, alors que le que le diable chevauchait le vent à travers de Strasbourg, il passe devant la cathédrale. Curieux, il descend pour visiter l’intérieur, et contemple longuement le pilier. Il ne voit pas le temps passer et la messe commence. Il se retrouve alors immédiatement piégé à l’intérieur du pilier! Depuis, son cheval venteux l’attend toujours à l’extérieur, et c’est pour ça qu’il y a souvent du vent dans les ruelles autour de la cathédrale.

Une autre réalisation qui fait la renommée de cette cathédrale, c’est son horloge astronomique. Elle est achevée en 1574. Considérée comme un véritable chef d’œuvre de la Renaissance, cette horloge a aussi sa légende. On dit que le maire de Strasbourg, jaloux et voulant éviter que cette merveille puisse être reproduite ailleurs, a fait crever les yeux de son constructeur, le mathématicien Dasypodius. Rassurez-vous, ce n’est jamais arrivé 😉 Les rouages du mécanisme sont usés après trois siècles de fonctionnement, et un jour, l’horloge s’arrête! Un ingénieur strasbourgeois réussira à remplacer tout le mécanisme intérieur en 1842. Depuis, tous les jours à 12h30 précisément, les automates de l’horloge s’animent! 🙂 Pour assister à ce spectacle, il faut acheter sur place un billet à 4 Eur.

Les orgues magnifiquement décorés datent du XVIIIe siècle.

On peut aussi grimper au sommet (ou presque) de la cathédrale! Une fois le billet acheté (8 Eur), préparez vous à gravir les 332 marches pour atteindre la plateforme de la Tour Sud, à 66m de hauteur.

Depuis la maison du gardien construite en 1782 pour prévenir les risques d’incendie, on a une vue panoramique à couper le souffle sur le vieux Strasbourg 🙂

Depuis la plateforme on peut aussi admirer d’un peu plus près l’impressionnante flèche qui atteint 142m de haut. Une véritable dentelle de pierre, toute en finesse et en légèreté. On a du mal à s’imaginer le travail des derniers tailleurs de pierre perchés sur des échafaudage au dessus du vide. Il ne fallait vraiment pas avoir le vertige pour installer la dernière pierre!

Insolite, on peut aussi découvrir les innombrables graffitis gravés dans la pierre par les visiteurs entre 1818 et 1870! Parmi eux, on retrouve quelques noms célèbres comme Victor Hugo ou Goethe. Attention, maintenant c’est interdit, même si vous êtes « famous »! En revanche, vous pourrez toujours graver votre nom via un écran tactile sur un livre d’or virtuel 😉

Si ça vous intéresse, encore plus d’infos sur le site officiel.

Enfin, chaque été, la cathédrale s’illumine la nuit 🙂 C’est un merveilleux spectacle gratuit, qu’on ne se lasse pas d’admirer!

Le Palais Rohan

En face de la cathédrale, de l’autre côté de la place, il y a le Palais Rohan. Ce grand bâtiment date du XVIIIe siècle. Après avoir récupéré Strasbourg, Louis XIV arrive à faire nommer un jeune noble de la famille Rohan comme évêque, avec la tâche de ramener la population de la ville dans le catholicisme et la langue française. En parallèle, l’évêque Rohan, sans doute à l’étroit dans son ancien palais, achète plusieurs pâtés de maison et fait tout détruire. À la place, il fait bâtir ce grand palais! Il choisit le même style architectural que les grands hôtels parisiens. Après la Révolution, le palais accueille le Musée des Beaux-Arts, le Musée Archéologique et le Musée des Arts Décoratifs! L’entrée de chaque musée coûte 7.50 Eur. Vous pouvez choisir le Pass à la journée à 16 Eur pour visiter les trois musées (ou attendre le premier dimanche du mois, là c’est gratuit). Si vous avez la malchance d’avoir de la pluie, c’est la visite idéale!

En choisissant le Musée des Arts Décoratifs vous pourrez voir les « pièces historiques » du Palais. Après avoir traversé la cour d’honneur, on déambule notamment dans le Salon des Evêques et la Chambre du Roi. Pour information, ces pièces ne sont pas d’époque. Il s’agit de reproductions fidèles, car une bonne partie du Palais a été bombardée en 1944.

Le musée propose aussi d’innombrables « chefs d’œuvres » de faïences et de porcelaines, comme ce choux farci crémeux! haha 🙂 On y trouve aussi la première horloge astronomique de la cathédrale, qui date de 1354.

Au fait, le nom Rohan vous est peut être familier ? Alors aucun rapport avec Rahan, et encore moins avec Tolkien et le Seigneur des Anneaux (si vous avez la ref’ 😉 ). En fait la famille Rohan donnera 4 évêques de Strasbourg (et grand aumoniers de France). Pour, le dernier, pas de bol, il sera célèbre malgré lui en se faisant avoir en beauté dans le Scandale du Collier de la Reine !

Autour de la Place

Autour de la place, on trouve aussi le bâtiment du Musée de l’Œuvre Notre-Dame (du XIIIe siècle) qui abrite un musée médiéval (7.50 Eur aussi l’entrée). Juste à côté, c’est la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame (du XVIe siècle) avec son étrange portail, qui gère l’entretien de la cathédrale depuis 1224! On y trouve aussi un joli jardin médiéval … créé en 1937 🙂

Ne manquez pas le pilier de la minceur 😉 Il se trouve à l’angle de la rue Mercière et de la Place. Il y a un espace de 35cm entre le pilier et le mur. Selon une tradition qui remonte à 1567, chaque année, les membres du conseil de la ville devaient passer de profil dans cet espace, pour vérifier qu’ils n’avaient pas abusé de choucroutes et de bières. À votre tour maintenant! 🙂

Insolite, dans un coin de la place, vous verrez une plaque au sol. C’est la capsule temporelle de Strasbourg! En 1995, 14 bidons en plastique avec des milliers d’objets du quotidien des strasbourgeois ont été scellés sous terre dans un bunker en béton armé! La notice indique aux archéologues du futur qu’il ne faudra pas l’ouvrir avant 3790! Patience, Patience 🙂

La Place Kléber

Une autre place mérite le détour. C’est la grande Place Kléber (du nom de l’ancien général né à Strasbourg). C’est la plus grande place de Strasbourg. Tous les grands évènements populaires ont lieu ici, comme le grand sapin de noël, ou le traditionnel marché de noël depuis 1570. Ce soir là, c’était un chérubin géant qui volait au dessus de la place, tout à fait normal haha 🙂

La Place Kléber est bordée par le grand bâtiment de l’Aubette. Cette ancienne caserne où les ordres étaient donnés à l’aube (d’où son nom) est maintenant à moitié un centre commercial (L’Aubette shopping) et à moitié un musée (Aubette 1928, gratuit). À deux pas de la place, ne manquez pas la façade décorée de la pâtisserie Christian au 12 rue de l’Outre. Cette peinture en trompe l’œil date de 1987 lors de la restauration de cette bâtisse du XVIe siècle. Au passage, c’est aussi la pâtisserie la plus réputée de la ville, avis aux gourmands (la carte ici) 😉

Le quartier de La Petite France

LE quartier touristique de Strasbourg se trouve à l’ouest de la ville, c’est la célèbre Petite France. Des belles maisons à colombages, des canaux qui donnent un air de Venise, des chouettes restaurants. Tout est là pour en faire une carte postale idéale. Pourtant, la signification de la Petite France ne fait pas rêver! 🙂 Remontons dans le temps. En 1494, le roi Français Charles VIII part faire la guerre en Italie. Ses soldats fricotent avec les filles de joie napolitaines, et de retour au pays, ils sont couverts de furoncles. On découvre alors une nouvelle maladie, la syphilis, qu’on appelle à l’époque le « mal français ». Les mercenaires rentrés à Strasbourg sont placés à l’écart dans un hospice du quartier. On le surnommera plus tard la Petite France.

Le quartier abritait principalement des meuniers, des pêcheurs et des tanneurs. D’ailleurs la célèbre Maison des Tanneurs construite en 1572 est toujours là 🙂 Depuis 1949, c’est un restaurant traditionnel. Pour manger une bonne choucroute dans un bâtiment classé monument historique, pensez à réserver ici.

Ensuite, hop on enjambe le Pont du Faisan pour traverser la rivière de l’Ill. C’est un pont mobile construit en 1888, qui s’ouvre régulièrement pour laisser passer les bateaux-mouches. Il remplace l’antique pont en bois du XIVe siècle.

Une curiosité se cache près des écluses et des canaux. Elle se trouve derrière une baie vitrée de l’hôtel 5 étoiles du Régent (pour y réserver une chambre qui n’a pas de prix, c’est ici). Au moyen-âge il y avait là un grand moulin. Puis au XIXe siècle, on le remplace par des machineries complexes, les anciennes glacières de Strasbourg. Elles produisaient jusqu’à 200 pains de glaces par jour pour les brasseurs, les charcutiers, les restaurateurs et les particuliers. Elles sont fermées depuis 1990.

Juste à côté, on découvre les fameux Ponts Couverts de Strasbourg. Au XIIIe siècle, les bourgeois de la ville font construire quatre ponts couverts pour fermer l’accès à l’Ill et défendre la ville d’une attaque par la rivière. Pour être encore plus costauds, ils rajoutent cinq tours fortifiées (il n’en reste plus que quatre).

Plus tard, quand ce système de défense moyenâgeux devient obsolète et inutile, on remplace les ponts couverts par des ponts normaux (mais le nom est resté). Les tours sont conservées pour servir de prison jusqu’en 1823.

Juste en face, c’est le Barrage Vauban! Il est construit en 1688 pour moderniser la défense de la ville. C’est un pont écluse sur la rivière. L’idée est toute simple : si la ville est attaquée, il suffit de fermer les portes des arches, tous les terrains au sud seront inondés par la rivière et deviendront un marécage bloquant les troupes ennemies. Cette stratégie sera utilisée bien plus tard en 1870 quand l’armée de la Prusse fait le siège de Strasbourg. Le sud de la ville sera inondé et épargné, mais la cité sera sera capturée par le nord.

Depuis, le barrage Vauban est reconvertie en galerie couverte et terrasse panoramique 🙂

Avant de quitter ce joli quartier de la Petite France je vous propose de découvrir deux endroits insolites supplémentaires. Le premier, c’est le plus vieil arbre de Strasbourg 🙂 C’est un superbe platane qui date de 1667! On peut retrouver son énorme tronc au 3 quai de la Bruche.

Le deuxième, c’est la plus petite maison de la ville 🙂 Cette minuscule maison bleue digne d’un schtroumpf se trouve au 9 rue des Moulins, à côté de la terrasse du restaurant Chez l’Oncle Freddy.

Au fil de l’Ill 🙂

Suivons maintenant le bras de la rivière de l’Ill qui coule au sud de la grande île du centre ville historique de Strasbourg.

Visitons la vieille église Saint Thomas avec son allure de forteresse. Sa construction remonte au XIIe siècle, mais plus tard elle a longtemps été considérée comme la cathédrale du protestantisme français.

Dans l’église on peut découvrir l’ancien sarcophage en grés rose de l’évêque Adeloch mort en 1130. Mais c’est surtout le fond de l’église qui attire le regard, avec le magnifique mausolée du maréchal Maurice de Saxe. C’était un officier d’origine allemande (et protestant) qui a victorieusement commandé les troupes de Louis XV dans plusieurs conflits. Après sa mort en 1750 dans son Château de Chambord, on lui refuse le droit d’être enterré à Paris. On envoie donc sa dépouille dans la plus grande ville protestante du royaume, et le roi passera commande de ce grand mausolée qui mettra vingt ans à être sculpté!

L’église est aussi célèbre pour ses orgues splendides qui datent de 1741. Même Mozart qui a joué dessus en 1781 a vanté la beauté et la sonorité de l’instrument 🙂

La rivière passe maintenant sous le pont Saint Thomas qui date de 1841. C’est le plus ancien pont de fonte conservé en France.

Si on traverse le pont et qu’on va un peu plus au sud dans le quartier de Finkwiller, il y a un bel endroit à visiter!

Les caves historiques des Hospices de Strasbourg

En 1395, un nouvel hôpital est créé au sud de Strasbourg. Il se dote de grandes caves, car en plus des soins, les religieux qui dirigent l’institution proposent aussi à boire et à manger aux pèlerins et aux pauvres. On pouvait payer ses soins avec des dons en nature, ou des legs. Avec le temps, l’hôpital devient un des plus importants propriétaires fonciers d’Alsace! L’hôpital historique est détruit dans un incendie en 1716, mais les caves sont épargnées, ouf! Pour son 600e anniversaire en 1995, la cave devient une coopérative viticole. Une trentaine de vignerons mettent leur production en commun dans les grands tonneaux et récupèrent ensuite une partie des bouteilles, le « Vin des Hospices ». Le reste des bouteilles est vendue directement par la cave et les bénéfices servent à l’achat d’appareils médicaux.

On peut donc visiter cette grande cave voutée médiévale de 1200m². Le clou du spectacle c’est un tonneau de 300 litres datant de 1472 et qui a conservé le même vin blanc jusqu’en 2014! C’est le plus vieux vin du monde en tonneau! (Il a ensuite été transféré dans un nouveau tonneau, pour les siècles à venir).

Ce fameux millésime 1472 n’a été servi qu’à trois reprises : en 1576 (pour remercier les Zurichois venus au secours de la ville), en 1718 (après la reconstruction de l’hôpital) et en 1944 pour le Général Philippe Leclerc qui a libéré la ville. La cave abrite aussi un petit espace musée et on peut y découvrir un des plus grands tonneaux des hospices. Il date de 1881, avec une contenance de 26 080 litres. Ca en fait des bouteilles! La visite des caves historiques des hospices est libre et gratuite. La Cave se situe à l’intérieur de l’Hôpital Civil (côté centre-ville), au sous-sol du bâtiment de la Direction Générale (services administratifs). Il suffit de suivre le panneau. N’hésitez à déguster (avec modération) et acheter (sans modération) en boutique, c’est pour la bonne cause! 🙂
Plus d’infos sur le site officiel.

La rivière passe maintenant sous le pont Saint Nicolas, à côté de l’église protestante du même nom.

Sur le quai, on aperçoit un grand bâtiment, c’est l’ancienne douane de Strasbourg. En 1358, ces douanes servaient à contrôler, taxer et stocker les marchandises naviguant le long du Rhin tout proche (principalement de vin, poisson, sel et tabac). Pendant tout le moyen-âge, c’était le plus grand bâtiment civil de Strasbourg. En 1803, les douanes disparaissent et le grand bâtiment héberge des marchés. Il est pratiquement détruit par les bombardements de 1944, mais il sera reconstruit en 1966. Maintenant il abrite un restaurant, des ateliers et une salle exposition.

Attardons nous un peu sur le Quai des Bateliers avec une pause gourmande Aux Trois Chevaliers. Ce restaurant avec une carte traditionnelle alsacienne et une adresse emblématique du quartier. Un endroit que je vous recommande 😉 Pour réserver, voici leur site.

On peut maintenant découvrir cette Place du Corbeau avec le Musée Historique de la Ville de Strasbourg (entrée 7.50 eur) et l’embarcadère. Il y a aussi le Pont du Corbeau qui permet de relier le centre historique au quartier Krutenau. C’est un joli pont qui date de 1892, et en dessous passent les bateaux-mouches. C’est charmant 🙂 Mais au moyen-âge c’était totalement différent. Ici, il y avait un pont en bois, le Pont des Supplices. La jolie rivière de l’Ill était alors un véritable égout à ciel ouvert. On y noyait des condamnés dans une sorte de grand panier, le schandkorb. Ou alors, on les jetait simplement depuis le pont. Comme quasiment personne ne savait nager à l’époque, on mourrait noyé dans les matières fécales! C’est quand même bien plus sympathique maintenant 🙂

Et pourquoi corbeau au fait? Car ces oiseaux étaient nombreux dans le quartier pour venir picorer les dépouilles des condamnés… D’ailleurs en souvenir de cette belle époque, il y a une statue de corbeau à un angle de mur, juste avant de rentrer dans la discrète Cour du Corbeau.

La Cour du Corbeau est classée Monument Historique dès 1930. C’est un très bel exemple de maisons à pans de bois et encorbellements, datant du XVIe siècle.

Un peu plus loin dans le quartier, juste derrière le pont et l’église Sainte Madeleine, on peut trouver la Porte des Remparts.

C’est un des derniers vestiges des remparts construits au XIIe siècle pour protéger le sud de Strasbourg. Le portail a été creusé bien plus tard en 1913.

Après avoir dépassé la petite passerelle de l’Abreuvoir, on arrive au Pont Saint Guillaume bâti en 1892 (et son trottoir peint 🙂 ).

En s’éloignant un tout petit peu du pont en direction du centre ville, on arrive sur la Place Saint Etienne. C’est une jolie place médiévale pittoresque bordée des traditionnelles maisons à colombages. Entre deux tilleuls, au centre de la place, on trouve la fontaine du Meiselocker. C’est une statue reçue en 1929 de la part de la ville de Munich en échange de la statue du Père Rhin (Vater Rhein) qui ne plaisait pas du tout aux strasbourgeois (je vous laisse chercher une photo sur le net pour découvrir son fameux déhanché haha).

Cette statue représente un Meiselocker, un charmeur de mésanges. C’est un des surnoms des strasbourgeois. La tradition voulait qu’au printemps, les jeunes allaient à la campagne jouer de la flûte pour attirer et capturer des mésange, pour les vendre ensuite aux marchés en ville.

Depuis cette place, si vous continuez de remonter la rue de l’Arc-en-Ciel, vous arriverez à La Nouvelle Poste. C’est un bar vraiment cool que je vous recommande 😉

De retour sur le Pont Saint Guillaume, on peut découvrir la petite église protestante Saint Guillaume avec son étrange façade et son clocher de travers. Vous verrez, une fois devant, on se rend compte que quelque chose n’est pas droit. 😉

Plus loin, on arrive à la grande église Saint Paul qui ressemble à une cathédrale gothique. On la voit de loin avec les deux flèches de sa façade qui culminent à 76m de hauteur! Elle est récente car construite en 1897. Il y a 16 portes autour de l’église. La raison, c’est qu’elle a été bâtie pour la garnison allemande (protestante) stationnée à Strasbourg. Chaque porte correspond à un grade de l’armée allemande. Cette grande église fait partie du projet de la Neustadt.

La Neustadt de Strasbourg

En 1871, quand l’Alsace et la Lorraine changent de pays, les allemands projettent de transformer Strasbourg. Ils veulent littéralement créé une ville nouvelle, une Neustadt. Le but est d’agrandir les frontières de la ville qui n’ont pas bougées depuis le moyen-âge, accueillir tous les nouveaux résidents allemands, et faire de Strasbourg une vitrine du savoir faire germanique. Les travaux commencent en 1880. Cette nouvelle ville impériale prend naissance à l’est du centre historique. Fini les maisons à colombages, place à l’art nouveau, aux immeubles, aux villas et aux larges avenues. Malgré cette modernité, il y a des belles choses à voir dans cette partie de la ville 🙂

Un bel exemple, c’est le magnifique Lycée des Pontonniers, construit en 1902. Il sert tout d’abord de lycée de jeunes filles avant de devenir en 1979 un lycée international. Si vous voulez plus d’infos sur cet établissement, voici le site officiel.

Un autre bâtiment immanquable dans la ville nouvelle, c’est le Palais du Rhin, achevé en 1888. C’est avant tout un palais impérial qui de part sa masse imposante marque la présence allemande à Strasbourg dans la pierre. Il accueillera l’empereur Guillaume une dizaine de reprises.

Après avoi servi de Kommandantur pour les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale, il a faillit être détruit par la ville dans les années 1950. Finalement le palais sera conservé. Il abrite maintenant deux services administratifs (la Commission centrale pour la navigation sur le Rhin, et la Direction régionale des affaires cultures d’Alsace). Il est parfois ouvert au public, comme lors des journées du patrimoine.

À quelques minutes à pied du Palais du Rhin, on peut découvrir une curiosité architecturale: la « maison égyptienne ». C’est un immeuble situé au 10 rue du Général Rapp. Lors de sa construction en 1906, les architectes ont voulu mélanger art nouveau et touche d’exotisme avec cette belle fresque digne de l’Egypte ancienne 🙂

Un peu plus loin, au 5 rue Saint Léon, il y a un autre détail insolite à voir à la maison Muller Simonis. Dans cet immeuble qui abrite désormais Caritas Alsace (une structure du Secours Catholique), il y a un étrange personnage assis au 3e étage. C’est l’Elsässer, symbole de l’alsacien et du journal « Le Nouvel Alsacien » qui était imprimé dans la cour de l’immeuble.

De l’autre côté de la rue, on peut admirer le grand dôme en cuivre de la monumentale église catholique Saint Pierre-le-Jeune. L’église culmine à 56m de hauteur et le dôme a un diamètre intérieur de 18m. C’est la plus grande coupole d’Alsace.

Cette grande église en grès rose a été achevée en 1893. C’est une des constructions majeures de la Neustadt.

Au centre de l’église, il y a un grand lustre en couronne qui symbolise la Jérusalem céleste avec les douze portes et les douze apôtres. Plus d’infos sur le site officiel.

Plus loin, il y a le joli Parc de l’Orangerie de 26 hectares, accessible en tramway (Ligne E – Arrêt : Droits de l’Homme). Ce parc aurait été planté en 1801 d’après des plans d’André le Nôtre. En 1804 on y fait construire le Pavillon Joséphine. Il devait abriter une collection de 140 orangers confisqués lors de la Révolution au château de Bouxwiller. C’est l’origine du nom du parc 🙂 Le pavillon historique a été détruit par un incendie en 1968 et reconstruit à l’identique. C’est maintenant une salle municipale qui peut se louer.

Dans le parc il y a aussi le Buerehiesel, une ancienne maison à colombages construite vers 1600 … à Molsheim, à 25km d’ici! Elle a été démontée puis remontée pièce par pièce pour l’Exposition Industrielle et Artisanale de 1895. Cette belle maison abrite maintenant un restaurant gastronomique étoilé. Pour réserver votre table, c’est sur ce site.

C’est d’ailleurs à l’occasion de cette grande exposition de 1895 que le parc a été agrandi, avec un lac artificiel et sa cascade et une multitude de statues. C’est vraiment un parc magnifique où il fait bon se promener et se reposer 🙂 Avec un peu de chance, vous pourrez même y voir des cigognes!

À proximité du parc, il y a évidemment le Parlement Européen. Ce grand bâtiment a été inauguré en 1999 pour abriter le plus vaste hémicycle d’Europe avec 750 sièges. Avant sa construction, les députés européens siégeaient au Palais Universitaire, puis au Palais de l’Europe. Il est accessible en tramway (Ligne E – Arrêt ‘Parlement Européen’). Il peut se visiter gratuitement, plus d’infos sur ce site.

Beaucoup moins connu que le Parlement Européen, il y a la Cité Ungemach. C’est une cité-jardin de 140 pavillons créée dans les années 1920 par le riche industriel Léon Ungemach. Sous couvert de progrès social, ce projet relevait d’un idéal eugéniste qui pense que la sélection humaine peut amener à la formation d’une élite. Pour avoir le droit d’habiter dans une de ces maisons, il fallait être un « couple parfait » : être en bonne santé, avoir une bonne morale, avoir une épouse qui soit femme au foyer, avoir des enfants (au minimum trois), etc … Il y avait un règlement de 356 articles à respecter, un barème de points et des visites annuelles d’évaluation! Heureusement il n’y avait pas de critères de sélection physiques ou raciales. Dans les années 1980, la ville de Strasbourg devient propriétaire de la cité-jardin et applique le règlement classique des logements sociaux. Cette cité de logements avec jardin à prix modéré, juste à côté du Parlement Européen, continue de défier les promoteurs immobiliers 😉

Je vous emmène maintenant dans un endroit insolite, totalement de l’autre côté de la ville 🙂 À une dizaine de minutes de marche depuis la gare de Strasbourg, vous pouvez visiter un endroit unique, le château musée vodou! Déjà, l’endroit est surprenant, le musée se trouve dans l’ancien château d’eau de la gare, classé monument historique en 1984. Ensuite la thématique du musée est inédite, les mystères du vodou! 🙂

Après l’achat du billet d’entrée (14 eur) on peut découvrir la plus grande collection d’objets vodous africain au monde. Cette collection privée présente des pièces venant principalement du Bénin, du Togo, du Ghana et du Nigéria. Le vaudou représente un ensemble de divinités, leurs incarnations en iwas sous plusieurs formes, et les pratiques pour se mettre en relation avec ce monde invisible. Les pratiques magiques du vaudou ont survécus en secret malgré la répression des colonisations en Afrique, et elles se sont même propagées dans le monde à cause de l’esclavagisme.

C’est vraiment un musée très intéressant et qui pousse à la curiosité! C’est une visite que je vous recommande fortement et qui sort un peu de la carte postale Strasbourg alsacienne 😉
Plus d’infos sur le site officiel.

Il y a encore d’autres merveilles à découvrir dans cette très belle ville. En tout cas j’espère sincèrement que cette page vous aura donné envie d’aller la visiter 🙂

Balade à Obernai et au Mont Sainte-Odile

Hop en route pour une chouette balade en près de Strasbourg. Partons à la découverte de la jolie petite ville d’Obernai, et au sommet du Mont Sainte-Odile, sur les traces de la sainte patronne de l’Alsace. C’est parti! 🙂

Direction donc le pays du Mont Sainte-Odile, et la charmante petite ville d’Obernai, à 30min de route de Strasbourg.

Le belvédère dans les vignes

Pour commencer cette belle journée, je vous conseille un des plus beaux point de vue de la région. Depuis un belvédère caché dans les vignes, vous aurez ce magnifique panorama sur Obernai et la plaine alsacienne 🙂

En plus d’offrir cette jolie vue, ce belvédère accueille depuis 1956 un Mémorial National des Incorporés de Force. La croix érigée est en commémoration des 272 victimes du canton pendant la seconde guerre mondiale. Ils faisaient parti des tristement célèbres « malgré nous », quand en 1942, plus de 140.000 alsaciens et mosellans sont incorporés de force dans la Wehrmacht pour aller combattre sur le front de l’est en Russie…

Depuis ce magnifique belvédère on aperçoit les premiers monts du Massif des Vosges le sommet du Mont Sainte-Odile qu’on ira visiter un peu plus tard 🙂

Vous remarquerez aussi que ce belvédère est situé en plein milieu des vignes. C’est d’ailleurs le point de départ d’un petit sentier viticole qui fait le tour des vignes du côteau du Schenkenberg, exposé plein sud. Il faut rappeler qu’Obernai est une étape incontournable de la fameuse route des vins d’Alsace (pour explorer plus en détail, plus d’infos sur le site officiel) qui traverse la région du nord au sud sur 170km.

Le vignoble Obernois s’étale sur près de 300ha. Il est réputé pour la qualité de ses vins dès le moyen âge. On y retrouve les principaux cépages alsaciens : Sylvaner, Pinot blanc, Riesling, Pinot gris, Muscat, Gewurztraminer et Pinot noir. Si vous êtes dans les parages fin aout, sachez que la Corporation des Vignerons d’Obernai organise une promenade gastronomique avec des dégustations de vins sur ce sentier. À ne pas manquer donc 😉

Si vous préférez la bière, à Obernai il y a le plus grand centre brassicole de France (et un des plus grands d’Europe) avec la brasserie K2 de Kronenbourg.

La jolie ville d’Obernai

Obernai est la deuxième ville touristique du Bas-Rhin après Strasbourg. Aux origines, elle s’appelait Eheneim, qui signifie « le village sur l’Ehn » (du nom de la petite rivière qui coule ici). La ville apparait pour la première fois dans des textes en 778, comme domaine viticole lié aux abbayes de Hohenbourg et de Niedermunster. Au moyen-âge, la ville est riche et prospère. Avec son statut de ville impériale, elle possède des remparts puissants, des portes fortifiées et fait parti de l’alliance des dix cités impériales germaniques en Alsace, le décapole. Au XVIIe siècle, la guerre de Trente Ans ravage l’Alsace et va mettre un frein à son essor. Obernai fait désormais parti du royaume de France et ne bénéficie plus de ses privilèges. La ville se spécialise dans la manufacture et survit relativement bien aux différentes guerres. Ce riche héritage lui permet d’avoir un très beau centre ville historique 🙂

On prend plaisir à flâner dans les rues du centre et admirer les jolies maisons à colombages. Boutiques et restaurants n’attendent que vous 😉

Autour de la place du Marché on retrouve le monument emblématique d’Obernai, le Kappelturm qui mesure 60m de haut. C’était le clocher de l’ancienne chapelle de la Vierge construite en 1285 et détruite en 1873 (d’où son nom « tour de la chapelle »). Le monument devient ensuite le beffroi de la ville. Au XVIe siècle, on lui rajoute un 5e étage, avec une belle balustrade gothique, un toit pointu, et une horloge.

On peut aussi admirer la façade colorée de l’hôtel de ville en style Renaissance. Au centre de la place, il y a la fontaine Sainte-Odile, édifiée en 1904. Elle rappelle que Sainte Odile, la « patronne de l’Alsace » est née ici à Obernai.

En remontant la rue du Chanoine Gyss, on peut découvrir le célèbre puits à six seaux. Il est construit en 1579 dans le style Renaissance par des artisans strasbourgeois. C’est un joli monument décoré qui a fait la fierté de la ville pendant plus de 400 ans … jusqu’à ce qu’un jour en 1970, un camion rentre dedans et le détruit. Comme on ne pouvait pas laisser quatre siècles d’histoire en morceaux, le puits sera rapidement reconstruit à l’identique 🙂

L’autre monument immanquable d’Obernai, c’est l’église Saints Pierre et Paul. Erigée en 1872, elle remplace l’ancienne église démolie qui datait du XVe siècle. Ses dimensions sont impressionnantes. Avec 75m de long, c’est une des plus grandes églises catholique d’Alsace.

L’intérieur de l’église est magnifiquement décoré. Dorures, peintures, fresques et vitraux colorés. Tout est là pour embellir cet édifice qui mérite vraiment une visite!

Derrière l’église on trouve le petit cimetière d’Obernai. Lui aussi mérite une visite. On y trouve une curieuse crypte construite en 1517 par un riche marchand. Au dessus, il fait installer une belle sculpture de scène biblique (Jésus en prière au Mont des Oliviers).

Cette crypte sera le siège d’un miracle célèbre en 1691. Un soldat infirme vient y prier, la Vierge lui apparait et il retrouve l’usage de ses jambes. Une chapelle avec une statue de la Vierge est érigée et devient un lieu de pèlerinage. Les guérisons continuent jusqu’en 1793, quand la statue est jetée dans un grand feu par les révolutionnaires. Miraculeusement, la main de la sculpture évite la destruction et s’échappe du brasier. Depuis, la main de la Vierge douloureuse est conservée dans la chapelle, mais il n’y a pas eu d’autres miracles.

Le Mont Sainte-Odile

À 15 minutes de route en voiture depuis Obernai, on peut atteindre le sommet du Mont Sainte-Odile. Ce mont vosgien de 764m d’altitude était un territoire sacré pour les Celtes. Ils l’appelaient Altitona (la montagne haute) et y pratiquaient des cultes sur le plateau rocheux au sommet. Plus tard, au VIIe siècle, le puissant duc d’Alsace Etichon-Adalric y fait construire le château de Hohenbourg. Son histoire est ensuite liée à celui de Sainte Odile.

C’est le premier enfant du terrible duc. Il voulait un fils, il a une fille. Qui plus est, l’enfant est aveugle. Furieux, son père veut la tuer! Pour la protéger, sa mère l’envoie loin du duc. Elle grandit alors protégée et cachée. À l’âge de douze ans, lors de son baptême, elle retrouve la vue! On lui donne le nom de Odile, « fille de lumière ». Malgré ce miracle, le duc ne veut toujours pas revoir cet enfant. C’est finalement un de ses frères qui la ramène en secret au château. Quand le duc découvre cette manigance, de rage il tue son fils d’un coup de sceptre à la tête! Pris de remords, il accepte finalement de laisser Odile vivre dans une dépendance du château. Humblement, elle prie pour le duc et distribue de la nourriture aux pauvres et aux malades. Tout le monde l’aime et le duc finit par être touché par sa grâce. Il lui cède alors son château qu’il fait transformer en grand couvent. Puis le couvent devient officiellement l’abbaye de Hohenbourg, fondée en 680, dirigée par Sainte Odile.

C’est un succès immédiat, les fidèles affluent. Comme le lieu n’est pas facile d’accès pour les plus faibles, elle fait construire le Niedermünster plus bas sur la montagne, qui veut littéralement dire « le monastère d’en bas ». Après la mort de Sainte Odile en 720, son corps est enfermé dans un sarcophage. Au XIVe siècle, l’empereur Charles IV fait ouvrir le sarcophage afin d’y prélever des reliques pour la cathédrale de Prague. On découvre alors que le corps de sainte Odile est toujours très bien conservé! L’abbaye sera réduite en cendres à plusieurs reprises au cours des siècles et pillée une dernière fois lors de la Révolution. Mais elle est reconstruite à chaque fois 🙂 En 1946, le pape Pie XIII déclare Sainte Odile officiellement sainte patronne de l’Alsace.

On peut évidemment toujours visiter le sanctuaire du Mont Sainte-Odile 🙂 Ce site attire d’ailleurs chaque année plus d’un million de visiteurs! Des grands parkings gratuits sont à l’entrée. Pour les pèlerins ou les randonneurs, le sanctuaire propose un service d’hôtellerie et un espace restaurant buffet.

Dans la Chapelle de Sainte-Odile, on peut voir le fameux sarcophage du VIIIe siècle contenant les reliques de la Sainte.

Un autre lieu à découvrir à l’extérieur, la Chapelle des Larmes. Dans cette chapelle, Odile aurait pleuré à la mort de son père et prié pour le salut de son âme. Ses larmes auraient même creusées le sol.

Une grande terrasse plantée d’immenses tilleuls offre un panorama exceptionnel sur l’Alsace 🙂

>> Plus d’infos sur le sanctuaire du mont Sainte Odile sur le site officiel.

À une dizaine de minutes de marche du sanctuaire, on peut trouver la source miraculeuse de Sainte Odile. Selon la légende, un jour, alors qu’Odile remonte vers l’abbaye, elle croise un mendiant aveugle et qui a soif. Elle frappe un rocher, et source d’eau bienfaisante en jaillit. Depuis, la source continue de couler, et on dit que cette eau aurait des propriétés curatrices. Traditionnellement, les pèlerins s’y lavent les yeux.

Petite info insolite sur le Mont Sainte Odile 😉 Entre 2000 et 2002, il se passe quelque chose d’étrange au mont : plus de 1000 livres anciens disparaissent mystérieusement de la bibliothèque du monastère, et sans aucune trace d’effraction! Le mystère sera finalement résolu par la gendarmerie : c’est un professeur de Strasbourg qui avait trouvé l’existence d’un passage secret et l’avait utilisé pour ramener les ouvrages chez lui, par amour des livres 🙂

Beaucoup moins amusant, le mont Sainte Odile a aussi connu une catastrophe aérienne, quand un airbus A320 s’est écrasé et 1992 et faisant 87 morts…

Enfin, le mont Sainte Odile est connu pour son mur païen à découvrir dans la forêt. c’est une grande muraille de pierre qui fait onze kilomètres de long! Elle fait tout le tour du sommet. Son nom lui est donné au XIe siècle par le pape Léon IX. Il pensait que c’était une réalisation des Celtes. Les blocs de pierres sont énormes et on s’interroge toujours sur son histoire et ses origines. Des tenons en bois retrouvés lors de fouille sur une portion ‘restaurée’ du mur ont été datés du VII siècle. Mais l’origine de sa construction est sans doute bien plus ancienne. Mystèèère …

Le mythique château du Haut-Koenigsbourg, la visite!

Un des emblèmes de l’Alsace, c’est le grand château du Haut Koenigsbourg! Il parait imprenable et domine fièrement la plaine depuis son éperon rocheux à 757m d’altitude. C’est un des sites les plus visités d’Alsace! Allons découvrir cette merveille, hop en route! 🙂

Direction les contreforts des Vosges. Le Koenigsbourg se situe à 30min de Colmar et 1h de Strasbourg. Sur place, on peut se garer gratuitement le long de la route. Pour information, il existe aussi un service de navette (bus n°500) depuis la gare SNCF de Sélestat. Le prix du trajet est 2.50Eur et il y a un départ toutes les heures. Pour la visite du château, prévoyez environ deux heures. Le billet d’entrée plein tarif est à 12Eur.

Dès notre arrivée, on est juste bouche bée devant ce superbe panorama sur la plaine d’Alsace. D’ici on peut contempler Sélestat, les Vosges et la Forêt-Noire 🙂

Quand on s’approche du portail d’entrée, on est impressionné par les puissantes murailles en grès rose des Vosges, et par l’allure de véritable forteresse imprenable du château! Et pourtant, il n’a pas toujours eu la fière allure qu’il a maintenant …

Son histoire remonte il y a plus de 900 ans, au XIIe siècle. À l’époque, la puissante dynastie des Hohenstaufen érige de nombreux châteaux en Alsace, dont celui ci. En 1157, il prend le nom de Koenigsbourg (château du roi) quand Frederic 1er de Hohenstaufen devient empereur du Saint-Empire Romain Germanique. Après la chute de la dynastie Hohenstaufen au XIIIe siècle, le château est attaqué et détruit en 1462. Il devient alors la possession de la famille Tierstein. Il est reconstruit, agrandi et il devient un véritable grand château-fort. Le XVe siècle, c’est l’apogée du Koenigsbourg. Il passe ensuite aux mains des Habsbourg d’Autriche, mais le château n’est plus entretenu. En 1633, pendant la guerre de Trente Ans, les troupes suédoises conquièrent le Koenigsbourg, qui est détruit puis incendié. Pendant plus de deux siècles, l’ancien château n’est plus qu’un tas de ruines oubliées…

©DBV-Inventaire Alsace

Bien plus tard, en 1871, après la fin de la guerre contre l’Allemagne, la France perd l’Alsace et la Lorraine. En 1899, les ruines du château sont offertes par la ville de Sélestat à l’empereur Guillaume II. C’est l’occasion pour le Kaiser d’en faire un symbole de pouvoir, à la limite occidentale de l’empire allemand. Il entreprend de le faire restaurer pour que tout le monde puisse voir la puissance germanique dans ce nouveau territoire. Il fait alors appel à Bodo Edhardt, qui est un peu l’équivalent allemand de Viollet-le-Duc. Les travaux de reconstruction durent de 1901 à 1908, pour redonner au Koenigsbourg sa splendeur du XVe siècle, à l’époque des comtes de Tierstein. Régulièrement, l’empereur vient même en personne surveiller l’avancée des travaux!

Après la fin des travaux et l’inauguration de 1908, c’est au tour de la décoration intérieure du château par Leo Schnug, de 1909 à 1914. Il faut acheter du mobilier pour remplir cet immense cocon bien vide. Le but est de faire du Koenigsbourg un véritable musée médiéval. Diverses collections sont exposées (vieux coffres, armes anciennes,…). Le château est aussi modernisé et dispose désormais de l’eau courante et de l’électricité.

Après la Première Guerre Mondiale et le retour de l’Alsace en France, le château devient Palais National en 1919, et il sera classé monument historique en 1993. Depuis, il attire chaque année plus de 500.000 visiteurs 🙂

On commence la visite par la cour intérieure autour de laquelle les principaux espaces de vie sont organisés. Les belles galeries en bois du logis surplombent la petite place. On a presque l’impression d’être dans un petit village médiéval. On peut aussi y trouver les grandes cuisines du château et un puit profond de 62m!

On va naturellement vers la porte de l’escalier d’honneur hexagonal, avec les armoiries de la famille Tierstein.

Au premier étage, on peut visiter le logis, la salle des trophées de chasse et la salle d’armes.

Au deuxième étage, on découvre la grande salle du Kaiser. C’est la salle d’honneur et de prestige voulu par l’empereur. Il fallait faire de la place pour qu’elle soit plus grande qu’à l’origine. Pas de problème, le plafond est cassé, et la pièce fait désormais deux étages de hauteur. Forcément on lève les yeux vers ce haut plafond, au dessus des beaux lustres décorés.

Bien visible, il y a une grande peinture d’aigle, symbole impérial germanique. On retrouve d’autres peintures de Leo Schnug sur les murs de la salle.

À l’extérieur, un jardin entouré d’un chemin de ronde permet de faire le lien avec le bastion à l’ouest.

Le bastion est la partie la plus fortifiée du Koenigsbourg. Car à l’ouest du château, il y a une zone plane où une artillerie ennemie pouvait éventuellement s’installer. Dans le bastion, on peut d’ailleurs admirer plusieurs copies de canons de différentes époques.

On peu aussi admirer la magnifique vue sur le massif des Vosges qui s’étend vers le sud. On ne s’en lasse pas! 🙂

La vue la plus emblématique du Haut Koenigsbourg, c’est évidemment celle ci. Avec les remparts, et le grand donjon et sa tour carrée qui se détachent sur la plaine d’Alsace 🙂

C’est vraiment fou de comparer avec une photo du même point de vue, datant d’il y a plus d’un siècle.

©DBV-Inventaire Alsace

Avant les travaux de restauration il n’y avait vraiment pas grand chose… On se rend compte alors de l’énorme travail que ça a du représenter!

À l’extérieur des murs du château, on peut aussi visiter un petit jardin médiéval. Il est en accès libre toute l’année.

>> Pour préparer votre visite et avoir plus d’infos, voici le site officiel 🙂 <<

À quelques minutes de route à peine, vous pouvez aussi découvrir deux endroits insolites : la Montagne des Singes et la Volerie des Aigles.

Au fait, puisqu’il y a un « Haut Koenigsbourg », est-ce qu’il y a un « Petit Koenigsbourg » ?
La réponse est oui 🙂 C’est le château de l’Oedenbourg (qui signifie abandonné), ou du moins ce qu’il en reste. Ce petit fort totalement en ruines se trouve à quelques centaines de mètres vers l’ouest. Il faisait parti de l’ensemble fortifié du Koenigsbourg au XIIIe siècle. Ne vous donnez pas la peine d’y aller, il n’y a pratiquement rien à voir 😉

Le Jardin Albert-Khan, un voyage insolite aux portes de Paris

Aux portes de Paris, il y a un jardin extraordinaire et pourtant peu connu. Ce petit coin de paradis se trouve à Boulogne-Billancourt, caché derrière une façade métallique et moderne, à deux pas de la station de métro Boulogne – Pont de Saint-Cloud sur la ligne 10. Il faut pénétrer à l’intérieur du Musée départemental Albert-Khan. Hop en route! 🙂

Ce musée abrite l’œuvre d’Albert Kahn. Aussi improbable que ça puisse l’être, c’était un banquier philanthrope et humaniste 🙂 Il né en 1860 en Alsace et fait fortune à Paris. En 1898, il offre des bourses de voyage à des jeunes diplômés pour découvrir le monde et enrichir leurs compétences. Lui même entreprend un long voyage de plusieurs mois autour du monde en 1908, il veut documenter la Terre et le vivant. Il prend déjà conscience des changements irrémédiables des sociétés et des modes de vie dans le monde. Il lance alors son grand projet des « Archives de la Planète ».

De 1909 à 1931, il va financer les voyages d’aventuriers et d’explorateurs aux quatre coins du monde. Il ne leur demande qu’une chose, « avoir les yeux grands ouverts »! Le but est de documenter, pour témoigner « des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine, dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps ». Le fruit de ce travail, c’est plus de 72.000 photographies couleurs sur plaques autochromes. C’est la plus importante collection au monde! Il y a aussi une centaine d’heures de films en noir et blanc et près de 4000 plaques stéréoscopiques en noir et blanc. C’est avec curiosité et plaisir qu’on peut découvrir ces photos couleurs des pays monde il y a un siècle. C’est un témoignage vraiment précieux sur la façon dont vivaient nos aïeux 🙂

En plus des riches archives du musée, vous pourrez découvrir l’incroyable jardin créé par Albert-Kahn! 🙂 En 1895, il achète un hôtel particulier à Boulogne. Puis, petit à petit, il va acquérir toutes les parcelles autour de sa propriété. En 1910 il se retrouve avec plus de 4 hectares de terrain qu’il veut transformer en jardin à scènes paysagères. Il fait alors appel à un architecte paysagiste prestigieux, Achille Duchêne, qui est lui même fil du célèbre jardiniste Henri Duchêne. On les surnommait « les princes des jardins et les jardiniers des princes« .

Au centre du jardin d’Albert Kahn, face à sa résidence, se trouve la premier paysage créé. Il s’agit d’un jardin à la française avec ses parterres bien symétriques. En suivant les allées rectilignes, on observe les rosiers bien taillés, le verger avec ses nombreux arbres fruitiers, et le jardin d’hiver.

Il est agrémenté d’une serre où on peut profiter de la terrasse ensoleillée et découvrir des expositions temporaires.

Juste à côté, on découvre un digne représentant de jardin à l’anglaise avec des grands arbres se dressant autour d’une pelouse.

Plus loin, on peut traverser une rareté dans un jardin privé. Le parc du jardin abrite trois bois ornementaux. Pour rappeler les paysages de l’enfance d’Albert Kahn, il y a une grande forêt vosgienne composée de pins, d’épicéas et de blocs de granits disséminés ça et là.

On trouve aussi une forêt bleue, avec des cèdres de l’Atlas et des épicéas du Colorados, aménagée autour d’un petit marais.

Et enfin, une forêt dorée composée de bouleaux et d’une prairie chatoyante et lumineuse l’été.

Au grè de votre promenade, vous découvrirez la salle des Plaques. Dans les années 1920, c’était l’endroit où les milliers de plaques autochromes étaient triées, classées et rangées.

Maintenant ce lieu abrite régulièrement des résidence d’artistes et des créations contemporaines en rapport avec la notion d’archive.

Le jardin abrite aussi un petit village traditionnel japonais avec des maisons en bois et papier de riz. C’est le fruit du deuxième voyage d’Albert Kahn au Japon en 1898. Il en reviendra avec des jardiniers et des charpentiers japonais.

Le Japon était sa nation de cœur et il tenait vraiment à recréer cet univers chez lui en France.

Le village japonais abritait aussi une grande pagode bouddhiste de cinq étages. Elle marquait l’entrée d’un sanctuaire japonais. Hélas, la grande pagode a brulée lors d’un incendie en 1953 et il n’en reste plus rien, tout comme le sanctuaire.

Pour remplacer cette partie du jardin un peu laissée à l’abandon, un nouveau jardin japonais contemporain a été aménagé dans les années 1990 par le paysagiste japonais Fumiaki Takano. Dans ce jardin, on trouve un grand cône de galets symbolisant la naissance.

Puis un cours d’eau représentant la vie et l’amour.

Le cours d’eau fini par s’achever dans une spirale de galets représentant la mort.

On peut se promener sur un pont en bois laqué rouge. C’est un hommage au célèbre pont japonais de Nikko, visité par Kahn en 1908.

Il y a partout des espaces pour la contemplation, des bancs pour se délasser et admirer la beauté des lieux. C’est vraiment un jardin où on peut y rester des heures, à flâner, lire un livre, écouter de la musique, regarder les reflets sur l’eau. Bref, un bel endroit 🙂

L’ensemble du grand jardin d’Albert Khan, achevé en 1910, est un véritable symbole de paix. En 1932, à la suite de la Grande Dépression, la banque Kahn fait faillite. La propriété est saisie. Mais heureusement, l’héritage du musée est conservé grâce à ses amis et relations. Albert Khan meurt quelques années plus tard, en 1940, au début de la guerre.

Le jardin Albert Khan attire chaque année près de 100.000 visiteurs. L’entrée est à 9 Eur (gratuit le premier dimanche du mois). Si vous recherchez une balade dépaysante et insolite à Paris, c’est vraiment le lieu idéal! 🙂

Pour préparer votre visite, connaître les horaires et les expositions du moment, plus d’infos sur le site officiel.

Le Canal du Midi insolite au Seuil de Naurouze

Tout le monde ou presque connait le Canal du Midi. De passage dans le sud, vous avez probablement déjà longé ses rives. Mais est-ce que vous connaissez le Seuil de Naurouze ? Allez c’est parti, hop en route pour découvrir ce lieu qui a changé la France 🙂

On ne présente plus le célèbre Canal du Midi! Fierté du patrimoine français, chef d’œuvre d’ingénierie du XVIIe siècle, il permet de relier la ville de Sète à Toulouse. Et grâce au Canal de la Garonne qui débouche près de Bordeaux, une embarcation peut traverser tout le sud de la France et passer de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée et inversement. Ces deux canaux réunis forment le canal des deux-mers.

Le point clé du Canal du Midi se trouve sur la commune de Montferrand, près de Castelnaudary, à 40 min de route de Toulouse ou de Carcassonne. Cet endroit, c’est le Seuil de Naurouze!

Depuis longtemps, la construction de ce grand canal était envisagée mais paraissait toujours irréalisable!

Un beau jour de l’an 1662, le roi Louis XIV voit un nouveau projet de canal lui être présenté. Si ce projet est faisable ce serait alors un atout économique formidable pour le royaume de France. Les navires chargés des marchandises des ports de la Méditerranée n’auraient plus à faire le tour de la péninsule ibérique, de risquer les attaques des pirates, et de payer le passage du Détroit de Gibraltar contrôlé par les espagnols. Le roi cherche aussi à désenclaver Toulouse et à affermir son autorité royale dans les états du Languedoc. Enfin, cet ouvrage d’une taille sans précédent laisserait l’empreinte du Roi Soleil dans le royaume. Bref, ce projet retient son attention. Mais en quoi est-il différent des précédents ?

Ce projet est présenté par Pierre-Paul Riquet. C’est un prospère collecteur d’impôt royal originaire de Béziers. Son rêve est d’être celui qui construira ce grand canal. Après avoir longuement étudié la région, il pense avoir trouvé la solution au problème le plus épineux : faire franchir au canal le col de Naurouze à 194m d’altitude. En effet, cette hauteur est en plein milieu du trajet. Riquet explique que ce col correspond à la ligne de partage des eaux. C’est à dire que d’un côté du col, toute l’eau part naturellement vers l’océan Atlantique, et de l’autre côté du col, l’eau va vers la Méditerranée. Mais alors comment alimenter ce « point haut » avec de l’eau pour que la Canal soit toujours rempli ?

Son idée de génie est de se servir des eaux de pluie de la Montagne Noire située à 80km de là. Une rigole de la Montagne collectera les eaux qui s’écoulent sur le versant méditerranéen pour les ramener vers l’autre versant, et les déversera dans la rivière Sor. Ensuite, la rigole de la Plaine permettra de détourner les eaux de la rivière jusqu’au col. Et pour s’assurer qu’il y aura toujours assez d’eau à n’importe quelle saison de l’année, il faut un grand réservoir. Pour ça, pas de problème, il suffit de construire un barrage et créer un lac. Le ministre des finances du roi, le célèbre Colbert est intéressé et demande de prouver que c’est réalisable. Riquet fait rapidement creuser la fameuse rigole de la Plaine. En 1665, l’eau de la Sor arrive au Seuil de Narouze! Colbert est rassuré, les experts aussi, alors en 1666, le roi valide le projet, hop en route! 🙂

Malgré tout, les finances de l’état ne sont pas au mieux et les états du Languedoc rechignent un peu à mettre la main à la poche de peur que l’argent ne soit utilisé pour autre chose. En échange du droit de propriété et d’exploitation du Canal, Riquet s’engage à avancer l’argent pour couvrir les frais et lancer les travaux. C’est un pari risqué! Cet immense chantier commence et Riquet va révolutionner le monde du travail. Pour que les travaux avancent vite et bien, il ne veut pas de gens forcés de travailler par ordre du roi. Il embauche jusqu’à 12.000 ouvriers. Pour la première fois, des salaires mensuels sont versés. Il veut fidéliser les travailleurs et ne plus avoir à faire à des journaliers. Les ouvriers bénéficient d’une mini sécurité sociale, ont droit à un logement et sont même relativement bien payés. Entre 1667 et 1680, le plus grand barrage du monde (à l’époque) est construit et donne naissance au réservoir du lac de Saint-Ferréol.

La clé de voute du projet, le « brief de partage » du canal, c’est le fameux Seuil de Naurouze. On y creuse un grand bassin hexagonal de 400m sur 300m. Riquet avait de grands projets pour cet endroit. Il pensait bâtir autour une ville nouvelle, sorte de cité idéale. Dans le bassin, un port commercial, et au centre, une fontaine monumentale de Louis XIV dans un char tiré par des chevaux marins. Hélas, il ne verra rien de tout ça. Le chantier du canal est titanesque et Riquet meurt de maladie en 1681.

Le Canal du Midi est officiellement ouvert au trafic en 1683. Assez vite on remarque qu’il s’ensable fréquemment. Alors on fait appel à un autre génie français, Vauban. Il va peaufiner tout ça. Par exemple il va faire creuser un canal pour relier directement l’écluse de l’Océan et l’écluse de la Méditerranée, ce qui rend le bassin de Naurouze inutile. Il sera rapidement comblé mais on laissera un petit canal sur la périphérie pour en garder la mémoire.

Plus tard, en 1809 on y plante une grande allée de platanes. Ces arbres bicentenaires sont toujours là. C’est d’ailleurs une des plus belle allée de platanes de France avec 61 arbres de 45m de haut!

On y trouve aussi un bout de tête géante 🙂 Rien à voir avec la Statue de la Liberté! Ici, il s’agit d’un clin d’œil à Riquet. C’est un bout de la tête du Roi Soleil, Louis XIV, qui émerge du sol 😉

Tout près, on trouve l’Obélisque de Riquet de 20m de haut. Elle a été construite par ses héritiers en 1827 et porte la mention « À Pierre-Paul Riquet, baron de Bonrepos, auteur du canal des Deux Mers en Languedoc ». Pas rancuniers les héritiers, car ils ont du rembourser la dette de leur aïeul pendant 50 ans. Le pari financier de Riquet était mal calculé, les travaux ont coutés beaucoup plus chers que prévus.

Cette obélisque a été érigée sur les Pierres de Naurouze. Ces pierres étaient connues depuis l’antiquité sous le nom de Pierres d’Alzone. Elles étaient célèbres car une grande fissure traverse le bloc rocheux et se réduirait mystérieusement avec le temps. Une légende tenace annonce d’ailleurs que ce sera la fin du monde le jour où la fissure se refermera et les parois se toucheront!

Juste à côté du bassin du Seuil de Naurouze, il y a la belle Ecluse de l’Océan 🙂 C’est la première écluse de la « descente » vers Toulouse. Il suffit d’attendre un tout petit peu pour assister au spectacle fascinant du passage d’une péniche.

Il y a comme une espèce d’éloge de la lenteur. Tout se fait en douceur. La fermeture et l’ouverture des portes, le niveau de l’eau qui monte et qui descend. C’est presque de la poésie 😉

Ce spectacle fait partie intégrante du Canal du Midi, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Après un grand succès et une apogée commerciale en 1856, le Canal du Midi est peu à peu tombé dans l’oubli à cause de l’essor du chemin de fer et de la voiture. Il est maintenant surtout utilisé pour le tourisme. Si vous avez envie d’y naviguer, vous trouverez toutes les infos sur le site des Voies Navigables de France. Hop en route, marin d’eau douce! 😉

De l’autre côté, 5km plus loin, à l’Ecluse de la Méditerranée, la maison de l’éclusier a été transformée en la très chouette Guinguette du Canal 🙂 Pour passer un excellent moment convivial et bien manger sur le bord de canal, réserver sur ce site.

Et comme on parle de nourriture, il faut faire étape à Castelnaudary! Impossible de venir dans le coin sans déguster un pilier de la gastronomie française, le célèbre cassoulet! Et c’est bien connu, la capitale du cassoulet c’est Castelnaudary!

Loin des guerres intestines (hoho) entre restaurateurs de la ville, et sans vouloir me mettre à dos la Grande Confrérie du Cassoulet de Castelnaudary, si vous voulez manger un très bon cassoulet, ne cherchez plus 😉 Il faut aller Chez David (49 Rue du Général Dejean). Croyez-moi, vous ne le regretterez pas !

Randonnée autour de Estany de Sant Maurici dans les Encantats

Je vous propose une belle randonnée dans le Parc National d’Aigüestortes et du Lac Sant Maurici avec une ambiance de haute montagne et de nombreux lacs d’altitude. C’est un secteur splendide à découvrir dans les Pyrénées espagnoles. Je vous montre ça, hop en route! 🙂

Direction la vallée d’Espot, une des principales vallées à l’Est du Parc National d’Aigüestortes et du Lac Sant Maurici. Créé en 1955, c’est le seul parc national de Catalogne. Le massif montagneux de la région est aussi appelé les Encantats (les enchantés) vous verrez pourquoi un peu plus bas. En tout cas il y a vraiment de quoi être enchanté ici, car ce parc national regrope la plus grande concentration de lacs des Pyrénées! Le sol est principalement composé de granit imperméable qui retient l’eau. Au printemps, on compte près de 500 lacs de montagnes!

Après avoir dépassé la petite commune d’Espot et le camping Riu Gelat, on remonte la vallée où coule le rio Escrita. On arrive au bout de la route sur un grand parking gratuit (interdit aux camping-cars). Il vaut mieux arriver tôt pour être sur d’avoir de la place car sinon vous risquez de devoir laisser votre voiture à Espot et remonter la route à pied, ce qui n’est pas franchement pas idéal.

Le célèbre et populaire lac Saint Maurici est à seulement 3.5km du parking. Pour le rejoindre, il faut compter environ une petite heure de marche tranquille au milieu d’une belle forêt. Au début, le sentier emprunte la passerelle en bois du Pont de la Gorga. Longue de 500m de long, elle est adaptée aux fauteuils roulants. C’est vraiment une belle initiative. La promenade n’est jamais bien loin de la petite rivière Escrita. C’est bucolique, frais et très plaisant 🙂

En option, il est possible d’utiliser un service de navettes depuis le village d’Espot. Dans ce cas, il faut compter 11 euros par personne pour un aller-retour au lac Saint Maurici. Le trajet se fait en jeep, sur une piste réservée à cette usage et interdite à la circulation. Ne vous étonnez donc pas si vous croisez de nombreux 4×4 durant votre passage dans la vallée. Heureusement, le passage par la passerelle dans les bois permet de garder une impression de nature presque sauvage.

Au bout de la fameuse passerelle, le chemin suit la large piste de la Ruta de l’Isard et traverse une large prairie avant de replonger à l’ombre des pins.

Un peu plus loin en sortant de la forêt, on découvre l’ermitage Saint Maurici d’Espot (1837m) sous une petite falaise. Il a été construit à l’emplacement d’un ancien abri militaire abandonné.

Une toute dernière petite montée vous attend, et on arrive devant le lac Saint Maurici à 1910m d’altitude 🙂 C’est un lac d’origine glaciaire d’un kilomètre de long et 200m de large. Sa capacité de réservoir a été augmentée par la construction d’un petit barrage inauguré en 1959. Un conduit souterrain transporte l’eau jusqu’à une centrale hydroélectrique à Espot. C’est le plus grand lac de la vallée. Entouré de forêts de pins noirs et reflétant les sommets, il est vraiment joli 🙂 C’est le spot pour se détendre et pour prendre son pique-nique. La majorité des visiteurs s’arrêtent ici.

Face au lac se trouve la majestueuse montagne Els Encantats 🙂 Cette célèbre montagne est constituée de deux aiguilles jumelles, le Grand Encantat (2748m) et le Petit Encantat (2738m). Il y a une légende rattachée à cette montagne. On dit qu’il y a bien longtemps, lors d’un traditionnel pèlerinage annuel des habitants d’Espot, deux chasseurs décident de ne pas participer à la messe ni aux processions religieuses. Ils grimpent sur la montagne pour être les premiers à tuer des chamois. La brume envahit alors la vallée, un terrible orage se forme avec un terrible tonnerre. Puis quand l’orage et la brume disparaissent, on découvre la montagne partagée en deux pics. Les deux chasseurs ont été punis et pétrifiés!

Pour continuer la rando, il faut prendre le sentier qui longe la rive droite et grimpe vers la Cascade de Ratera à environ 30 min de marche depuis le lac. Il faudra un peu crapahuter dans les rochers pour s’en approcher. C’est une très belle cascade puissante qui mérite le détour 🙂

En continuant l’ascension, le sentier rejoint la large piste pour les 4×4 puis on arrive à Estany de Ratera (2130m). Ce petit lac de montagne est lui aussi absolument magnifique, avec le Pic de Bassiero (2904m) en arrière plan. Et ce n’est pas fini, un tout petit peu plus loin, le sentier passe à côté de l’Estany de la Bassa (2172m). Sa taille est beaucoup plus modeste, mais il est en partie envahit par la végétation ce qui lui donne un look unique par rapport aux autres lacs de la vallée.

Puis, on arrive au lac Estany Grand d’Amitges à 2363m d’altitude. Il est splendide avec derrière les deux Aiguilles d’Amitges qui se dressent à 2661m. Ce lac aussi a été agrandi avec un petit barrage pour servir de réservoir et participer au réseau qui alimente la centre hydroélectrique.

Sur la rive du lac, on trouve le refuge d’Amitges à 2380m. Dans les années 1950-1960 il servait de baraquement pour les ouvriers qui travaillaient sur le barrage. Après une période de rénovation il est ouvert comme refuge de montagne pour le public en 1984. C’est un grand et beau refuge avec une capacité de 74 places Pour réserver la votre, allez sur ce site.

Le cadre est à nouveau splendide 🙂 L’ambiance de montagne est garantie avec un univers de granit, de lacs d’altitude, et de sentiers qui partent vers les sommets. Ce refuge est d’ailleurs une étape du Carros de Foc, un célèbre circuit de randonnée qui relie tous les refuges du parc national.

En continuant la montée, on peut admirer ce superbe point de vue sur les 3 lacs (Estany de la Munyidera, Estany dels Barbs, et au fond Estany Gran d’Amitges) 🙂

Si on continue le chemin, on randonne dans un paysage de haute montagne jusqu’au col du Port de Ratera. Il permet de rejoindre ensuite le Cirque de Saboredo.

Mais comme je venais de faire la très chouette randonnée du Lac de Gerber le matin (en détail sur cette page) et qu’il me restait un peu de route en fin de journée, j’ai préféré m’arrêter ici et faire demi-tour. J’en ai quand même profité pour faire une petite pause et jeter mon appareil photo très haut en l’air pour prendre ces quelques clichés des alentours 😉

Une vue du sentier et du cirque de Saboredo et tous ses lacs. Le Lac de Gerber se cache dans la partie boisée tout au fond à droite.

À l’ouest, voici une vue du Cirque de Colomers.

On profite des grands espaces et des beaux sommets avant d’entamer la descente. Le retour au parking se fait par le même chemin.

Pour info, voici le tracé de cette belle rando de 18km de long et 895m de dénivelé 🙂


Visorando

Randonnée dans le Val de Gerber

Voici une belle randonnée dans les Pyrénées espagnoles! Vous verrez des belles montagnes, des beaux lacs, et le tout sans trop d’efforts. C’est une randonnée idéale pour une demi-journée de pur bonheur en pleine nature! Allons voir ça, hop en route! 🙂

Pour cette belle randonnée, direction les Pyrénées espagnoles, dans la région catalane du Pallars Sobirá en plein massif des Encantats (les enchantés en catalan). Depuis la petite ville de Vielha (ou depuis Sort), il faut rejoindre la grande vallée glaciaire de Bonaigua. Le point de départ se trouve sur le grand parking du télésiège de La Peülla (1900m). On est à 1h de route de la frontière française et 2h de route d’Andorre-la-Vieille.

Depuis le parking, le chemin est très bien indiqué. On suit le panneau direction Val Geber, on traverse la petite passerelle et c’est parti. Impossible de se perdre, il n’y a qu’un tracé, et c’est le même à l’aller et au retour 🙂

La rando

Pour cette charmante rando, il faut compter environ 7km de marche pour 335m de dénivelé. Ca devrait vous prendre environ 3h aller-retour. C’est idéal pour une petite balade familiale, ou pourquoi pas pour se mettre en jambe avant une autre randonnée dans la journée 😉

Après avoir grimpé la pente entre les genets, on pénètre dans une forêt puis on débouche sur un premier lac.

Les lacs de la Vallée de Gerber

Voici le lac Estanyola de Gerber (2030m). Le un décor est digne d’une carte postale! 🙂

C’est le début de la vallée de Gerber qui est aussi une vallée d’origine glaciaire, surélevée par rapport à la grande vallée glaciaire de Bonaigua. Elle se trouve à la périphérie du Parc National d’Aigüestortes et lac Saint-Maurice créé en 1955. Le sol de la région est principalement composé de granit imperméable. C’est pour ça qu’il y a de nombreux petits lacs disséminés un peu partout. Le Parc National d’Aigüestortes regroupe le plus grand nombre de lacs de toutes les Pyrénées. Les rochers aussi ont des formes arrondies et douces, presque lissés par les frottements des anciens glaciers. Le paysage est vraiment magnifique!

Un peu plus loin, on arrive au deuxième lac à 2120m d’altitude. C’est l’Estanyet de Gerber 🙂

Après l’avoir contourné par la gauche, il reste une dernière petite montée dans un couloir rocheux.

Après ce passage, c’est la récompense! Nous voici devant le grand lac de Gerber, à 2165m d’altitude 🙂 C’est le plus grand lac de la vallée. Il atteint 63m de profondeur.

Si vous êtes motivés, vous pouvez continuer le chemin indiqué vers le Refuge Mataro. C’est un petit refuge métallique gratuit, sans gardien, à 2474m d’altitude, et qui peut accueillir 8 personnes. C’est le point de départ idéal pour aller taquiner les sommets proches, comme le Puis de Gerber (2731m), le Pic de Bassiero (2904m) ou partir en vadrouille dans une autre vallée en franchissant le col!

Sinon, on peut tout simplement profiter de la beauté des lieux, se reposer sur les berges du lac et c’est très bien comme ça aussi 😉

Le retour se fait par le même chemin, et c’est toujours aussi agréable à l’œil!

Et plus loin ?

Une fois de retour au parking de La Peülla, il y a une petite curiosité à voir si vous repartez en direction de Baqueira. Vous connaissez La Garonne? Le grand fleuve Français qui traverse Toulouse et qui coule jusqu’à Bordeaux, ça vous parle? 😉 Et bien la source de la Garonne est justement ici! Il faut rejoindre le lieu-dit Plat de Beret, sur les hauteurs de la commune de Baqueira.

Si vous repartez dans l’autre sens, vous pourrez voir la rivière Bonaigua se jeter depuis le ravin de Gerber. C’est la jolie cascade de Salt de Comials, au milieu des arbres. Elle est facilement visible depuis la route avec ses 125m de hauteur! (et malheureusement j’ai perdu cette photo…)

Dans la vallée voisine, en plein Parc National d’Aigüestortes et lac Saint-Maurice, il y a encore une magnifique randonnée à réaliser. Je vous en parle dans l’article suivant 😉

Le grand sanctuaire de Torreciudad

Si vous visitez l’Aragon et la province de Huesca je vous conseille vraiment de faire un arrêt pour découvrir le sanctuaire de Torreciudad. C’est un endroit de toute beauté!
Je vous montre ça, allez hop en route 🙂

Pour rejoindre le sanctuaire situé à 75km de Huesca, vous devrez forcément atteindre le petit village d’El Grado. La route passe ensuite devant le grand barrage El Grado qui mesure 92m de haut. Il a été construit en 1969 sur le cours de la rivière Cinca qui prend sa source dans la magnifique vallée de la Pineta (que je vous conseille absolument de visiter! plus d’infos sur cette page 😉 ).

Ce barrage sert à produire de l’électricité, mais c’est surtout le point de départ du grand canal de Cinca utilisé pour irriguer les terres agricoles du nord de l’Aragon.

La route longe les eaux du le lac de réservoir El Grado qui s’étend sur 1273 hectares. L’eau est d’un bleu magnifique et contraste de façon splendide avec la végétation des collines avoisinantes. C’est vraiment beau! 🙂

Un peu plus en amont, il y a le barrage El Mediano construit en 1973. Son lac a noyé cinq villages dont celui de Mediano. Le clocher de l’ancienne église qui dépasse les eaux est devenue une curiosité locale et même un spot de plongée.

Quelques minutes après le barrage El Grado, on découvre ce paysage de toute beauté! 🙂

Sur la gauche, perché sur un promontoire rocheux, il y a l’ancien ermitage Notre Dame des Anges. À côté, on voit les ruines de la Torre de señales et enfin à droite le Sanctuaire de Torreciudad.

L’ancienne tour de garde date de l’époque arabe, il y a plus de mille ans. Elle servait à contrôler le passage dans cette vallée (avant que les eaux du barrage ne la remplisse). C’est elle qui a donné son nom au lieu (Turri Civitatis, tour de la ville, torre-ciudad). Depuis l’an 1084, l’ermitage gardait précieusement une statuette romane de la Vierge. Après la Reconquista, l’ermitage devient le principal lieu de pèlerinage de la région. Les habitants vénèrent cette statuette et lui attribuent des miracles. Cette dévotion dure depuis un millénaire! On peut encore visiter l’ermitage qui a été restauré et par exemple découvrir un livre d’or avec plus de 44.000 pages de témoignages de pèlerins!

Bien plus tard, en 1902, le jeune Josémaria Escrivá alors âgé de deux ans et né près d’ici, est amené par ses parents devant la statuette de la Vierge de l’ermitage, car il est gravement malade. Il sera guéri! En 1928, il fondera le célèbre Opus Dei (une organisation religieuse permettant de trouver Dieu dans la vie ordinaire). Il n’a pas oublié cette statue dans le vieil ermitage. Vers la fin de sa vie, il demandera expressément la création d’un nouveau grand sanctuaire pour abriter la Vierge.

C’est le nouveau sanctuaire qu’on peut visiter aujourd’hui. Il est inauguré en 1975. C’est l’œuvre de l’architecte espagnol Heliodoro Dols. Il est ouvert tous les jours de l’année et l’accès est gratuit. La grande esplanade à l’entrée du sanctuaire peut accueillir des milliers de personnes durant les célébrations en l’honneur de la Vierge au mois d’aout.

On est tout de suite surpris par l’architecture résolument moderne de ce sanctuaire. La brique apparente et omniprésente lui donne un aspect unique et chaleureux.

Si l’extérieur peut surprendre, l’intérieur donne une véritable claque visuelle! On a presque du mal à savoir où on est, tellement on se croirait dans un décor de film de science-fiction ou à l’intérieur d’un vaisseau spatial futuriste. C’est vraiment grand et impressionnant!

L’orgue est lui aussi immense avec plus de 4000 tuyaux. Il y a d’ailleurs chaque été un festival international de musique d’orgue à Torreciudad.

Pour se rappeler qu’on est à l’intérieur d’un grand sanctuaire dédié à la Vierge Marie, il y a le monumental retable en albâtre. C’est l’œuvre du sculpteur catalan Joan Mayné qui s’est inspiré des retables traditionnels des cathédrales aragonaises. Il représente des scènes de vie de la Vierge. Au centre, dans une alcôve, il y a la fameuse petite statuette sacrée de Notre Dame des Anges de Terraciudad. Sur la gauche, une statue de Josémaria Escrivá a été rajoutée en 1994.

La statuette est une vierge noire qui date du XIe siècle. La Vierge est en position assise et tient l’enfant Jésus dans ses bras. Les vierges noires sont communes. Une des hypothèses, c’est qu’au vieux moyen-âge, quand les statues étaient en bois, il fallait les protéger des insectes, parasites et moisissures. Une des solutions, c’était d’enduire le bois de résine et de bitume. Les statues étaient parfois peintes par dessus, mais avec le temps, la peinture laisse place au bois noir.

On retrouve une réplique de cette statue dans une des chapelles à l’intérieur du sanctuaire. On peut aussi découvrir un grand Jésus Christ crucifié en bronze doré dans la chapelle du Saint Sacrement (il est représenté encore vivant, avant le coup de lance).

À l’arrière du grand retable, sur un grand mur richement décoré, on peut voir un petit médaillon usé. Auparavant, il était attaché à la statuette. Il a été retiré et placé sur ce mur pour éviter d’endommager la statuette et ainsi laisser la possibilité aux fidèles de continuer de vénérer la Vierge en touchant et baisant ce médaillon sacré.

Dans le sanctuaire on peut assister à une expérience multimédia et immersive intitulée « Vivre l’expérience de la foi » (durée 45min, tarif 9 euros). Il y a aussi une intéressante galerie qui expose des images et statues de la Vierge provenant de différentes régions du monde.

Enfin, il y a régulièrement un spectacle son et lumière, avec un très beau mapping vidéo sur le retable. C’est le spectacle « Le retable se raconte » qui dure une petite dizaine de minute. C’est gratuit et ça vaut le coup 🙂

Qu’on soit croyant ou non, la visite du sanctuaire est vraiment intéressante. Les paysages, l’architecture, le calme et la beauté des lieux. Il y aura forcément quelque chose qui raisonnera en vous 🙂

Si cette visite du sanctuaire vous intéresse, vous trouverez plus d’infos sur le site officiel.

Le Sanctuaire de Torreciudad fait parti du chemin de la Route Mariale. C’est un itinéraire en boucle qui relie les principaux lieux dédiés à la Vierge autour des Pyrénées. Le parcours part de Saragosse et la Basilique El Pilar, puis le sanctuaire de Torreciudad, puis le sanctuaire de Lourdes, puis Merixtell et enfin Montserrat.
Si jamais vous ne savez pas quoi faire ensuite … sinon je vous invite à lire mes autres articles sur les chouettes endroits à découvrir dans le nord de l’Espagne 😉

Visiter Saragosse, la capitale de l’Aragon

Bienvenue à Saragosse, capitale de l’Aragon et cinquième plus grande ville d’Espagne. Elle est située à mi-chemin entre Madrid et Barcelone, sur les bords de l’Ebre. Les principaux points d’intérêts se trouvent dans le centre historique qui se visite facilement et rapidement à pied. Allons découvrir ça, hop en route! 🙂

Saragosse était une étape lors d’un road-trip dans le nord de l’Espagne et je n’ai pas pu y rester aussi longtemps que je l’aurais souhaité. Mais même avec une petite demi-journée sur place, j’ai particulièrement apprécié cette ville. Si vous arrivez à Saragosse en voiture, ne cherchez pas, garez vous au nord sur le grand parking Macanaz. Vous êtes à deux pas du centre et en plus le stationnement est gratuit! Et pour commencer, tout d’abord un peu d’histoire 😉

Un peu d’histoire

Au tout début, il y avait ici la petite cité-état de Salduie, du peuple ibère des Sedetani. Ils deviennent alliés des romains dans la région. Sous le règne d’Octave Auguste, la cité se transforme en Caesaraugusta, avec l’honneur de porter le nom complet de l’empereur romain. Elle abrite alors de nombreux vétérans des légions romaines. Plus tard, viennent les envahisseurs Wisigoths, puis les Maures. La ville devient alors Saraqusta. Elle gagne en puissance et en prestige, c’est la plus grande ville du nord de l’Espagne contrôlée par les musulmans. Quatre siècles plus tard, c’est la reconquista, elle est reprise par les chrétiens. Elle souffrira durement pendant la Guerre d’Indépendance Espagnole en 1809. Les armées françaises finissent par capturer Saragosse après un long siège et une intense guérilla urbaine. Le siège de Saragosse est considéré comme une des batailles les plus brutales des guerres napoléoniennes. Le résultat est terrible: la moitié des habitants sont morts et la ville est en partie détruite. Durant ces affrontements, une légende née, celle d’Augustina d’Aragon, célébrée comme la Jeanne d’Arc espagnole. C’est une jeune femme qui apportait des pommes en ravitaillement aux défenseurs des remparts. Mais à son arrivée, ils sont déjà tous morts et les troupes de Napoléon sont aux portes de la ville. N’écoutant que son courage, elle se précipite, charge un canon à elle toute seule, et fauche une colonne entière de soldats français quasiment à bout portant! En voyant son geste héroïque, d’autres défenseurs espagnols la rejoignent et ensemble, ils arrivent à repousser les français pour un temps. Durant le XIXe siècle, la ville soignera ses plaies et se reconstruira peu à peu.

La ville de Saragosse a la particularité unique au monde d’avoir deux cathédrales (ou plutôt deux co-cathédrales)! Commençons donc la visite par la plus ancienne.

La Cathédrale Saint-Sauveur

La cathédrale Saint-Sauveur de Saragosse est surnommée la Seo (en référence au siège épiscopal). À cet emplacement, il y avait d’abord l’antique forum romain, puis plus tard la grande mosquée de Saragosse (la plus ancienne d’Espagne). Juste devant, on trouve aussi un monument en l’honneur de Francisco de Goya, le célèbre peintre qui a grandi et étudié à Saragosse, ainsi que le Musée Forum Caesaraugusta.

Mais revenons à cet édifice. Il y a bien longtemps, quand la ville est reprise par les chrétiens en 1118, l’ancienne mosquée est transformée et agrandie pour devenir une cathédrale. L’entrée correspond d’ailleurs toujours à celle de la mosquée. La cathédrale mélange de nombreux styles. Elle est passée du style Roman, au style Mudéjar puis Renaissance. Elle a aussi une façade de style baroque italien du XVIIIe siècle. La tour actuelle qui se trouve au même endroit que l’ancien minaret a été reconstruite en 1704.

L’entrée de la cathédrale est payante (10 Eur) et les photos sont interdites à l’intérieur (hem…). Mystérieusement, j’en ai retrouvé sur mon appareil photo, peut-être une forme de miracle, allez savoir… Et bien cette cathédrale, dès qu’on rentre à l’intérieur, on est bluffé! C’est grand, c’est beau, et c’est très lumineux. On comprend pourquoi tous les rois d’Aragon se faisaient couronner ici.

Il y a de très nombreuses chapelles, toutes magnifiquement décorées!

Dans la chapelle principale surmontée d’une grande coupole qui illumine le maitre-autel, on peut découvrir le grand retable avec pour thème l’Epiphanie. Magnifiquement sculpté dans de l’albâtre, c’est une des plus grandes œuvres sculpturales gothiques d’Europe!

Entre le maitre-autel et le chœur, il y a un impressionnant espace avec pas moins de 117 sièges en chênes (oui je les ai tous comptés haha).

Tout n’est pas idyllique dans cette cathédrale. Par exemple en 1485, Pedro de Arbues, le chef de l’Inquisition en Aragon est assassiné alors qu’il était en prière. Les habitants de Saragosse voyaient vraiment d’un très mauvais œil la possibilité de perdre certains de leurs privilèges à cause de cet inquisiteur.

On retiendra aussi la Chapelle de Santiago qui est sans doute la plus belle de toutes 🙂 Avec son grand portail imposant et spectaculaire on ne peut pas la louper! De style baroque et recouverte de peintures, on repère surtout le grand baldaquin avec des colonnes salomoniques comme dans la basilique Saint Pierre de Rome.

On pourrait croire que toutes les innombrables sculptures et décorations de cette cathédrale sont faites avec du marbre immaculé. En réalité, il a fallut faire vite pour les décorations baroques et elles sont principalement en plâtre.

La cathédrale abrite aussi un Musée de la Tapisserie. Il parait que c’est une des plus grandes collections au monde, mais personnellement je ne suis pas très fan.

En sortant de la cathédrale, ne loupez pas le célèbre Mur de Parrioqueta sur une des façades. C’est un véritable trésor de l’art mudéjar composé d’innombrables céramiques colorées et de motifs géométriques.

La Cathédrale Basilique Notre Dame du Pilar

Si on doit résumer une ville par son monument le plus célèbre, alors pour Saragosse, c’est la Cathédrale Basilique Notre Dame du Pilar. Selon la légende, il faut remonter à l’époque romaine, en l’an 40. En ces temps là, Jacques le Majeur (un des douze disciples de Jésus) serait en Espagne pour tenter de convertir les habitants à la nouvelle religion. Mais hélas, ça ne marche pas bien du tout et il est découragé. C’est à ce moment qu’un miracle se produit, alors qu’il se trouve à Caesaraugusta, sur les rives de l’Ebre. Il aperçoit la Vierge Marie debout sur un pilier, entourée d’anges (pourtant à ce moment là, elle n’est pas morte et vit toujours à Jérusalem). Elle le réconforte, lui redonne du courage et lui demande de bâtir un temple à l’endroit où se tient la colonne, pour que jamais la foi ne disparaisse d’Espagne. Il construit donc une petite chapelle pour protéger le fameux pilier. C’est la création du premier sanctuaire dédié à la Vierge de la chrétienté. Et donc selon cette légende, ce fameux pilier saint est à la même place depuis deux mille ans.

Au fil des siècle, des édifices de plus en plus grands se sont succédés pour protéger la chapelle et le pilier. Suite à un nouvel incendie et pour faire face à l’afflux de pèlerins, on décide de tout reconstruire, et en beaucoup plus grand! L’idée sera aussi de rivaliser avec le plus grand monument religieux de Saragosse, la cathédrale Saint Sauveur. Les travaux commencent en 1681 et elle est inaugurée en 1754. À ce moment là, elle ne possède qu’une seule tour au lieu de quatre, le toit n’est pas décoré et la coupole centrale n’est pas encore terminée. Les dernières tours (92m de haut) seront achevées seulement en 1961! La visite est gratuite, alors on ne se prive pas 🙂

Dès qu’on pénètre à l’intérieur, on est surpris par les dimensions. C’est vraiment immense! Elle mesure 130m de long pour 76m de large.

De par son aspect intérieur, elle fait beaucoup penser à la magnifique Basilique Saint Pierre à Rome. On attrape rapidement un torticolis à force d’avoir le nez en l’air 😉

Une des premières merveilles qu’on aperçoit, c’est le retable principal. Cette grande sculpture en albâtre est un véritable joyau artistique de la Renaissance. C’est un héritage de l’ancien édifice, conservé dans le nouveau.

Bien évidemment, on arrive à la fameuse Sainte Chapelle de la Vierge 🙂 C’est un véritable temple à l’intérieur d’un temple! C’est l’architecte Ventura Rordiguez qui s’en charge, de 1725 à 1765 (il décorera aussi la chapelle du Palais Royal à Madrid). C’est un superbe exemple de style baroque espagnol!

Au centre, on voit une grande sculpture qui semble jaillir d’entre les colonnes. C’est la Vierge, portée par des anges. Elle a sa tête dirigée vers une alcôve où se trouve un petit groupe sculpté (c’est celui de l’apôtre Jacques et de sept convertis). Le bras de la Vierge indique l’autre alcôve, celle où se trouve le fameux pilier, symbole de la foi chrétienne en Espagne.

Ce sacro saint pilar est en fait assez petit et passerait presque inaperçu au milieu de toute cette opulence! Derrière lui se trouve une grande plaque de marbre vert constellé de 72 joyaux étoilés. Il est surmonté d’une petite statuette de la Vierge (datant de 1443) entourée d’une couronne d’or et de diamants. Le tout est souvent habillé d’une grande robe blanche qui cache en partie le pilier. On se demande comment quelqu’un pourrait vraiment tenir debout sur ce pilier en jaspe de 24cm de diamètre, mais que voulez-vous, les voies de Dieu sont impénétrables! En tout cas, l’architecte a réalisé un véritable exploit car il a réussi à construire cette magnifique chapelle sans déplacer la colonne!

À l’extérieur de la Sainte Chapelle, une petite ouverture a été creusée dans un mur pour permettre aux fidèles de pouvoir toucher du doigt la sainte colonne! 🙂 Et si par hasard vous êtes dans le coin le 12 octobre, sachez que c’est la grande fête du Pilar dans les rues de Saragosse avec des dizaines de milliers de personnes! D’ailleurs à ce sujet, il y a un musée intéressant à visiter : le Museo de los Faroles y Rosario de Cristal (Pl. de San Pedro Nolasco, s/n, Casco Antiguo) où on peut admirer les incroyables réalisations en verres colorés qui défilent dans les rues lors de ces processions.

Dans cette superbe basilique, il y a aussi un ascenseur qui permet de grimper à 62m de hauteur dans l’une des quatre tours. Depuis ce sommet, on a une magnifique vue panoramique sur le centre historique de Saragosse 🙂 Pas de chance pour moi, le jour de ma visite, l’ascenseur était en maintenance, snif …

Vous pourrez aussi admirer des fresques peintes par Goya et visiter le musée Pilarista avec les différents trésors de la basilique! Bref c’est tout simplement un monument incroyable.

La basilique est encore plus belle depuis le vieux pont 🙂

Le voici ce Puente de Piedra. Après l’époque romaine, il n’y avait plus aucun moyen de traverser le fleuve autrement qu’avec une embarcation. Ce n’est que vers 1440 que le Pont de Pierre de 225m de long a été bâti (à l’emplacement supposé de l’antique pont romain).

Partiellement détruit par des inondations en 1643, il sera reconstruit et consolidé pour survivre jusqu’à nos jours 🙂

À voir en ville

Sur la grande Plaza del Pilar on ne peut pas manquer la Fuente de la Hispanidad. C’est une grande fontaine installée en 1991 qui représente l’hispanité. Sur un plan incliné la fissure représente l’Amérique Centrale qui se prolonge sur la place pour l’Amérique du Sud. Trois blocs de marbres à côté représentent les caravelles des Christophe Colomb. Car hasard du calendrier, Christophe Colomb a découvert les Amériques en 1492, un 12 octobre, le même jour que la fête de la Vierge du Pilier de Saragosse.

Sur un mur dans la rue vous pourrez voir une représentation d’un des monuments les plus célèbres de Saragosse, mais aujourd’hui disparu. C’est la célèbre Tour Penchée de Saragosse construite en 1504. C’était une grande tour de style mudéjar haute de 80m qui servait d’horloge. Mais construite bien trop vite, elle se met rapidement à pencher sérieusement. C’était un peu la Tour de Pise espagnole! Finalement en 1892 la municipalité décida de la démolir et ses briques furent vendues pour la construction de nouvelles maisons en ville.

Sur la charmante petite Plaza del Justicia, on peut admirer des superbes sculptures en albâtre. Elles sont sur la façade baroque de la jolie église San Cayetano (dédiée à Sainte Isabelle de Portugal, née à Saragosse) construite en 1704. Cette ancienne église est très rarement ouverte, et seulement à l’occasion de concerts de musique classique.

Avant de quitter le centre historique de la ville, on pourra aussi découvrir les vestiges des impressionnantes murailles romaines hautes d’une dizaine de mètres qui entouraient Caesaraugusta il y a bien longtemps.

Un peu plus éloigné du vieux centre historique et touristique, il y a d’autres endroits à découvrir.

Parmi eux le principal est sans doute le très beau Palais de l’Aljaferia. Il est construit au XIe siècle comme palais fortifié pour l’émir de Saragosse. Il sera plus tard transformé en forteresse, tout en gardant son architecture islamique unique, pour devenir la résidence des rois d’Aragon. On peut aussi citer le parc Grande José Antonio Labordeta. C’est un grand parc vert, décoré de statues et de fontaines. Plus loin encore, il y a le site de l’Expo 2008 de Saragosse. Il en reste un héritage d’architecture moderne et intéressant à visiter. On y trouve aussi le plus grand aquarium fluvial d’Europe, avec des espèces provenant des plus grands fleuves du monde.

Et un peu plus loin autour ?

Vous savez qu’à moins d’1h30 de route de Saragosse, il y a un endroit incroyable à découvrir, le désert des Bardenas Reales ?

Si ça vous intéresse, je vous explique tout ça sur cette page, hop en route! 😉