Visiter la ville de Troyes, les incontournables

Troyes dans l’Aube, mesdames et messieurs! La capitale historique des comtes de Champagne, en voilà une ville qu’elle est chouette à découvrir !
Hop en route !
🙂

La ville de Troyes est pleine de charme. C’est vraiment une petite ville à taille humaine qu’on prend plaisir à découvrir le temps d’un weekend. Elle est riche d’un patrimoine architectural médiéval unique! Je vous propose de découvrir les incontournables dans le centre ville historique. Ce centre historique a d’ailleurs la forme d’un bouchon de champagne quand on regarde un plan de la ville. Haha c’est plutôt bon signe! 😉

La petite histoire de Troyes

Le nom même de la ville de Troyes remonte à l’époque gallo-romaine. Il vient de la tribu celte qui peuplait la région, les Tricasses. Après avoir survécu aux pillages vikings, la cité entre dans une relative prospérité à partir du XIIe siècle. C’est l’époque des Comtes de Champagne et des Croisades. L’ordre des Chevaliers Templiers est officiellement créé à Troyes en 1129. En 1420, c’est aussi à Troyes qu’est signé le traité indiquant que la future couronne du roi de France ira au roi d’Angleterre Henri V. Tous les ans, les grandes foires de Troyes attirent des marchands venus de toute l’Europe. La ville se spécialise dans la production de papiers et de tissus. En 1524, un terrible incendie ravage une bonne partie de la cité et freinera sa croissance. Troyes perd peu à peu de son importance et vit principalement grâce à l’industrie textile et la fabrication de bonnets. Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille le petit musée Musée de Vauluisant (4 Rue Vauluisant, 5euros l’entrée) sur Troyes et la bonneterie. Des siècles plus tard, malgré une crise du secteur textile dans les années 1960, les magasins d’usine à Troyes sont toujours aussi populaires et sont la promesse de bonnes affaires. Depuis les années 2000, le centre ville se refait une beauté et attire de plus en plus de touristes 🙂

La Cathédrale de Troyes

Le monument emblématique de la ville, c’est la cathédrale, située au centre de la tête du Bouchon de Troyes. Il s’agit d’ailleurs exactement de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes. Elle mesure 114m de long, 45m de large, et atteint 62m de haut. Ce n’est pas la plus grande de France, mais elle est renommée pour son élégance et compte parmi les chefs d’œuvres de l’art gothique. Pourtant, quand on est sur la place Saint-Pierre, devant la façade, on se rend bien compte qu’il manque quelque chose sur la droite 🙂 La construction de cette cathédrale n’a pas été une tâche facile.

Après le début de la christianisation des habitants de Troyes vers le IVe siècle, plusieurs cathédrales ont été construites et détruites (incendies, tempêtes, vikings, tout ça tout ça). Les travaux de la cathédrale gothique qu’on peut voir de nos jours débutent vers l’an 1200. Sa construction va s’étaler sur plus de cinq siècles! Autant dire que pendant ce laps de temps, les architectes et les évêques changent, les plans évoluent. Il faut aussi sans cesse trouver du financement, lutter contre les incendies et réparer ce qui a déjà été construit. Par exemple la grande rose du bras nord qui s’est déjà écroulée, est reconstruite en 1409 et consolidée des décennies plus tard avec une sorte d’aiguille au centre. Sur la façade, la tour St-Pierre est achevée en 1630, mais celle de St-Paul ne sera jamais réalisée par manque d’argent.

Il n’empêche, dès qu’on pénètre à l’intérieur, on tombe sous le charme 🙂 La cathédrale est élancée malgré des piliers massifs, et surtout, il y a de la lumière et des vitraux partout! Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme le plus bel ensemble de vitraux de France.

Sur plus de 1500m², on peut découvrir l’évolution de la peinture sur verre sur plusieurs siècles. Par chance, les vitraux n’ont pas trop souffert lors des guerres mondiales et ils ont pu être préservés quasi intacts jusqu’à nos jours.

En revanche lors de la Révolution Française, la cathédrale a été saccagée et pillée. Toutes les grandes statues qui ornaient la façade et l’intérieur ont été détruites. Malgré d’importantes rénovations au XIXe siècle, on a du mal à s’imaginer la richesse du bâtiment à l’époque.

En parlant de richesse, la cathédrale de Troyes était particulièrement renommée pour son trésor. On y retrouve entre autres, le crâne et le fémur de Saint Bernard (le fondateur de la célèbre Abbaye de Clairvaux, un des promoteurs des Croisades et des Chevaliers Templiers) ainsi qu’un morceau de la croix du Christ.

Une bonne partie du trésor était liée au butin rapporté lors de la Quatrième Croisade après la prise de Constantinople. Là aussi, les révolutionnaires se sont bien servis en 1789. On estime que l’équivalent de 800 kilos d’or provenant du trésor de la cathédrale de Troyes aurait été fondu!

Deux petites anecdotes peu connues sur la cathédrale de Troyes 🙂 La première concerne ses cloches. C’est la seule cathédrale de France qui possède quatre grosses cloches (pesant de 2 à 4.5 tonnes) avec une tonalité grave. Sa sonnerie est unique, tendez l’oreille! La deuxième anecdote concerne un certain Denis Bolori, horloger dans la ville. Son nom ne vous dit rien et pourtant, d’après la légende, il a réalisé un véritable exploit! En 1536, il se serait envolé du haut de la tour Saint-Pierre avec des ailes qu’il avait fabriqué. Il aurait volé plané sur plus d’un kilomètre! Avant de s’écraser et mourir dans un champ. Le premier homme volant de l’histoire était à Troyes, amazing!

En sortant de la cathédrale, deux musées s’offrent à vous de chaque côté de la place. D’un côté le Musée d’Art Moderne de Troyes dans l’ancien bâtiment de l’évêché et de l’autre côté, le Musée des Beaux-Arts (ou musée Saint Loup). À quelques pas, il y a aussi la Cité du Vitrail (5€, plus d’infos sur le site officiel). Ces musées sont gratuits le premier dimanche du mois 🙂

Pause romantique et artistique près du Canal

À la frontière entre le « corps » et la « tête » du Bouchon, il y a la jolie statue du « Cœur de Troyes ». Cette œuvre d’art de 3.5m de haut s’illumine de rouge le soir. Symbole du romantisme de Troyes, elle est devenue un des emblèmes de la ville 🙂

Ce côté romantique se prolonge tout le long d’un petit canal. On y découvre des sculptures mignonnes.

Par exemple sur la passerelle de l’ancien pont-tournant, un petit chien effraie un groupe d’oiseaux 🙂 C’est l’œuvre « Attendez-moi » de l’artiste belge Tom Frantzen.

Juste après, on rencontre la charmante « Lili, la dame au chapeau » qui attend on ne sait quoi, assise sur un banc 🙂

C’est une œuvre de l’artiste hongrois Andras Lapis.

Faisant face à Lili, on découvre une nouvelle réalisation humoristique et rafraichissante de l’artiste belge Tom Frantzen. Cette fois, c’est un groupe d’enfants qui se jettent dans l’eau avec des canards et le même petit chien. C’est la « Ribambelle Joyeuse » 🙂

On découvre aussi une péniche qui abrite un charmant restaurant (La Barge). On peut s’étonner de sa présence car elle n’ira pas bien loin cette péniche. Pas de croisière au menu, le Bassin de la Préfecture est en effet totalement bloqué.

En fait, ce bassin faisait parti du Canal de Haute-Seine décidé par Napoléon, et permettant la navigation de Paris à Troyes. On a un peu tendance à l’oublier, mais c’est bien la Seine qui coule à Troyes. Ce canal ne rencontrera jamais de succès. Il sera finalement abandonné et totalement bouché dans les années 1960. La ville de Troyes a décidé de conserver cette infime portion en souvenir 🙂

L’hôtel de ville de Troyes reconstruit après le grand incendie de 1524 possède une particularité. Si vous regardez bien la façade, sous la statue, vous verrez la devise « Unité, indivisibilité de la République, Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort«  ! On se demande presque s’il y a eu une erreur?!

On croit souvent (à tort), que la devise « Liberté Egalité Fraternité » est née avec la Révolution Française. En 1789, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dit juste que « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits« . C’est seulement en 1793 qu’une devise officielle est validée, et elle est plutôt radicale, puisque c’est la mort si on n’est pas d’accord ! 😐 Ce n’est qu’au retour de la IIe République en 1848 qu’on reprend officiellement la devise, est de façon plus sympathique cette fois, avec « Liberté, Egalité, Fraternité » 🙂

Une attraction qui est presque devenue un incontournable sur la place de l’Hôtel de Ville à Troyes, c’est le manège du Carrousel des Temps Modernes 🙂 Depuis presque trente ans, il fait tourner des générations de petits et grands!

Après avoir visité l’Office du Tourisme sur cette même place, il est temps de vous perdre dans les vieilles ruelles de Troyes 🙂

Les vieilles maisons de Troyes

Ce qui fait l‘identité visuelle de Troyes, ce sont toutes ces vieilles maisons à pans de bois. Quand la ville est détruite par l’incendie de 1524, on reconstruit la ville médiévale quasiment à l’identique. Ces « nouvelles » maisons à pans de bois du XVIe siècle repoussent partout. Elles côtoient aussi des hôtels particuliers en pierre, construit par les bourgeois. Dans les années 1960, toutes ces vieilles maisons avaient très mal vieillies, et on hésitait à tout raser pour refaire du neuf dans le centre-ville. Heureusement, la municipalité a pris conscience de cette richesse architecturale et l’a protégée. Après de couteuses rénovations, on peut maintenant redécouvrir cet héritage du passé 🙂

Il y a de beaux exemples un peu partout, comme dans le Square des Trois Godets derrière la cathédrale, ou à l’angle de la Rue Boucherat et de la Rue de la Cité.

Les murs sont parfois recouverts de de tuiles en bois (châtaigniers) qui sont sensées être imputrescibles.

Dans la Rue Passerat, on trouve un autre bel exemple de maisons à pans de bois. Cette fois, au lieu d’avoir un remplissage d’armature avec du torchis, on a utilisé des briques. Leur restauration date de 1978.

Qui dit construction en bois, dit bois qui travaille. Avec les siècles, on peut dire que le bois a bien travaillé. Il n’est vraiment pas rare de trouver des maisons qui ressemblent d’avantage à la Tour de Pise! Quelques exemples de maisons penchées à coté de la Basilique Saint Aubin.

La rue Champeaux, qui est sans doute la plus belle rue du centre historique de Troyes, abrite aussi une des plus belles maisons. C’est un hôtel particulier construit en 1618 pour un orfèvre de la cité. Cet édifice est donc appelé la Maison de l’Orfèvre.

Pour gagner de l’espace dans cette rue très prisée, le propriétaire avait fait construire un escalier à encorbellement dans une tourelle donnant sur la rue! Classée monument historique en 1961, cette maison avec son look unique est une des premières rénovées.

Au fait, est-ce qu’il faut dire maison à pans de bois ou maisons à colombages ? Dans les deux cas, la technique est la même. C’est une ossature à pans de bois qu’on remplit généralement avec du torchis. Les maisons à colombages sont en théorie réalisées avec des poutres régulières plus grandes. On utilise des pans de bois plus courts dans les constructions en ville. Cette méthode permet plus de souplesse dans les ruelles étroites. Elle permet aussi par exemple l’encorbellement quand les maisons ont plusieurs étages. Comme les taxes étaient payés sur la surface au sol, on en profitait pour agrandir la surface à chaque nouvel étage. L’inconvénient de cette méthode c’est que parfois ces encorbellements sont si proches les uns des autres que la ruelle est plongée dans le noir et n’est plus aérée. C’est aussi malheureusement une façon pour les incendies de se propager de maisons en maisons.

Une des ruelles les plus typiques à Troyes avec cet exemple d’encorbellement, c’est la célèbre Ruelle des chats 🙂 Son nom vient du fait qu’on disait qu’un chat pouvait facilement passer d’un toit à un autre tellement les étages se rejoignent presque. Emprunter cette ruelle sombre et étroite, pavée à l’ancienne avec une rigole au centre, c’est comme faire un saut dans le temps et se retrouver au moyen-âge! C’est d’ailleurs de là que vient l’expression « tenir le haut du pavé ». Marcher sur le bord, en haut du pavé, permettait de rester propre. Au centre, c’était le caniveau dégueulasse, welcome!

Juste derrière cette ruelle, vous trouverez le Jardin Juvénal des Ursins, récemment aménagé à la place d’un ancien taudis.

C’est un joli jardin au calme qui mélange modernité et constructions neuves se basant sur d’anciennes illustrations d’époque.

La gastronomie à Troyes 🙂

Une très chouette adresse pour manger ici dans la ruelle des chats, c’est le restaurant Chez Félix que je vous recommande ( comme Félix le chat évidemment 😉 ). Un autre excellent restaurant à vous conseiller, c’est Le Rocher 🙂 Troyes, c’est aussi le chocolat avec la Maison Caffet, reconnu comme un des meilleurs chocolatiers au monde! N’hésitez pas à vous faire plaisir dans le grand Marché des Halles. Vous y trouverez forcément quelque chose à votre gout.

De façon plus traditionnelle, vous pouvez gouter les spécialités locales, comme l’alcool de prunelles, du fromage Chaource, ou de l’andouillette de Troyes (heuuurk)!

L’église Sainte-Madeleine, la merveille cachée

En bonus, je vous conseille très vivement de visiter l’église Sainte-Madeleine. C’est la plus ancienne et sans doute une des plus belles églises de Troyes. Elle est située à l’angle de la rue Charles-de-Gaulle et la rue Madeleine. Elle est tellement petite et discrète qu’on peut presque passer à côté sans s’en apercevoir! Construite au XIIe siècle, elle est surmontée d’une grande tour carrée qui daterait de 1525.

On commence d’abord par découvrir le Jardin des Innocents. Il est aménagé à l’emplacement d’un ancien ancien cimetière (de la terre a été rajoutée par dessus un voile géotextile pour préserver l’ossuaire). C’est un très beau petit jardin vert à l’inspiration médiévale.

Quand on pénètre à l’intérieur de cette minuscule église on est stupéfait de découvrir un incroyable jubé! Au XIIIe siècle, il était courant d’avoir un jubé dans une église. Il permettait de faire la séparation entre la nef (avec les croyants) et le chœur (avec les prêtres et le divin). Cette mode disparaitra à partir du XVIe siècle.

L’église de Sainte-Madeleine à Troyes est une des rares églises de France à avoir conservé son jubé de pierre. Et ce jubé réalisé en 1517 dans le style gothique flamboyant est juste magnifique! C’est l’œuvre du maitre-maçon Jean Gailde. Il avait proposé un projet pour le portail de la cathédrale de Troyes alors en travaux, mais on n’a pas voulu de son talent. On raconte donc qu’il a voulu se venger en réalisant un véritable chef d’œuvre dans cette petite église. À l’origine, tout était peint en couleurs vives, mais tout sera blanchi au XVIIIe siècle.

Et si vous pensiez être au bout de vos surprises, détrompez-vous! Après avoir franchi le jubé, on arrive dans le chœur, et là, BIM! Des vitraux sublimes partout 🙂

Ces vitraux datant de l’époque du début de la Renaissance sont incroyablement riches et colorés. On a l’impression d’être devant une bande dessinée géante. Des panneaux explicatifs permettent de comprendre la signification des différentes scènes représentées. C’est vraiment une petite église qui ne paye pas de mine à l’extérieur mais qui est incroyablement riche à l’intérieur 🙂

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *