Balade à Obernai et au Mont Sainte-Odile

Hop en route pour une chouette balade en près de Strasbourg. Partons à la découverte de la jolie petite ville d’Obernai, et au sommet du Mont Sainte-Odile, sur les traces de la sainte patronne de l’Alsace. C’est parti! 🙂

Direction donc le pays du Mont Sainte-Odile, et la charmante petite ville d’Obernai, à 30min de route de Strasbourg.

Le belvédère dans les vignes

Pour commencer cette belle journée, je vous conseille un des plus beaux point de vue de la région. Depuis un belvédère caché dans les vignes, vous aurez ce magnifique panorama sur Obernai et la plaine alsacienne 🙂

En plus d’offrir cette jolie vue, ce belvédère accueille depuis 1956 un Mémorial National des Incorporés de Force. La croix érigée est en commémoration des 272 victimes du canton pendant la seconde guerre mondiale. Ils faisaient parti des tristement célèbres « malgré nous », quand en 1942, plus de 140.000 alsaciens et mosellans sont incorporés de force dans la Wehrmacht pour aller combattre sur le front de l’est en Russie…

Depuis ce magnifique belvédère on aperçoit les premiers monts du Massif des Vosges le sommet du Mont Sainte-Odile qu’on ira visiter un peu plus tard 🙂

Vous remarquerez aussi que ce belvédère est situé en plein milieu des vignes. C’est d’ailleurs le point de départ d’un petit sentier viticole qui fait le tour des vignes du côteau du Schenkenberg, exposé plein sud. Il faut rappeler qu’Obernai est une étape incontournable de la fameuse route des vins d’Alsace (pour explorer plus en détail, plus d’infos sur le site officiel) qui traverse la région du nord au sud sur 170km.

Le vignoble Obernois s’étale sur près de 300ha. Il est réputé pour la qualité de ses vins dès le moyen âge. On y retrouve les principaux cépages alsaciens : Sylvaner, Pinot blanc, Riesling, Pinot gris, Muscat, Gewurztraminer et Pinot noir. Si vous êtes dans les parages fin aout, sachez que la Corporation des Vignerons d’Obernai organise une promenade gastronomique avec des dégustations de vins sur ce sentier. À ne pas manquer donc 😉

Si vous préférez la bière, à Obernai il y a le plus grand centre brassicole de France (et un des plus grands d’Europe) avec la brasserie K2 de Kronenbourg.

La jolie ville d’Obernai

Obernai est la deuxième ville touristique du Bas-Rhin après Strasbourg. Aux origines, elle s’appelait Eheneim, qui signifie « le village sur l’Ehn » (du nom de la petite rivière qui coule ici). La ville apparait pour la première fois dans des textes en 778, comme domaine viticole lié aux abbayes de Hohenbourg et de Niedermunster. Au moyen-âge, la ville est riche et prospère. Avec son statut de ville impériale, elle possède des remparts puissants, des portes fortifiées et fait parti de l’alliance des dix cités impériales germaniques en Alsace, le décapole. Au XVIIe siècle, la guerre de Trente Ans ravage l’Alsace et va mettre un frein à son essor. Obernai fait désormais parti du royaume de France et ne bénéficie plus de ses privilèges. La ville se spécialise dans la manufacture et survit relativement bien aux différentes guerres. Ce riche héritage lui permet d’avoir un très beau centre ville historique 🙂

On prend plaisir à flâner dans les rues du centre et admirer les jolies maisons à colombages. Boutiques et restaurants n’attendent que vous 😉

Autour de la place du Marché on retrouve le monument emblématique d’Obernai, le Kappelturm qui mesure 60m de haut. C’était le clocher de l’ancienne chapelle de la Vierge construite en 1285 et détruite en 1873 (d’où son nom « tour de la chapelle »). Le monument devient ensuite le beffroi de la ville. Au XVIe siècle, on lui rajoute un 5e étage, avec une belle balustrade gothique, un toit pointu, et une horloge.

On peut aussi admirer la façade colorée de l’hôtel de ville en style Renaissance. Au centre de la place, il y a la fontaine Sainte-Odile, édifiée en 1904. Elle rappelle que Sainte Odile, la « patronne de l’Alsace » est née ici à Obernai.

En remontant la rue du Chanoine Gyss, on peut découvrir le célèbre puits à six seaux. Il est construit en 1579 dans le style Renaissance par des artisans strasbourgeois. C’est un joli monument décoré qui a fait la fierté de la ville pendant plus de 400 ans … jusqu’à ce qu’un jour en 1970, un camion rentre dedans et le détruit. Comme on ne pouvait pas laisser quatre siècles d’histoire en morceaux, le puits sera rapidement reconstruit à l’identique 🙂

L’autre monument immanquable d’Obernai, c’est l’église Saints Pierre et Paul. Erigée en 1872, elle remplace l’ancienne église démolie qui datait du XVe siècle. Ses dimensions sont impressionnantes. Avec 75m de long, c’est une des plus grandes églises catholique d’Alsace.

L’intérieur de l’église est magnifiquement décoré. Dorures, peintures, fresques et vitraux colorés. Tout est là pour embellir cet édifice qui mérite vraiment une visite!

Derrière l’église on trouve le petit cimetière d’Obernai. Lui aussi mérite une visite. On y trouve une curieuse crypte construite en 1517 par un riche marchand. Au dessus, il fait installer une belle sculpture de scène biblique (Jésus en prière au Mont des Oliviers).

Cette crypte sera le siège d’un miracle célèbre en 1691. Un soldat infirme vient y prier, la Vierge lui apparait et il retrouve l’usage de ses jambes. Une chapelle avec une statue de la Vierge est érigée et devient un lieu de pèlerinage. Les guérisons continuent jusqu’en 1793, quand la statue est jetée dans un grand feu par les révolutionnaires. Miraculeusement, la main de la sculpture évite la destruction et s’échappe du brasier. Depuis, la main de la Vierge douloureuse est conservée dans la chapelle, mais il n’y a pas eu d’autres miracles.

Le Mont Sainte-Odile

À 15 minutes de route en voiture depuis Obernai, on peut atteindre le sommet du Mont Sainte-Odile. Ce mont vosgien de 764m d’altitude était un territoire sacré pour les Celtes. Ils l’appelaient Altitona (la montagne haute) et y pratiquaient des cultes sur le plateau rocheux au sommet. Plus tard, au VIIe siècle, le puissant duc d’Alsace Etichon-Adalric y fait construire le château de Hohenbourg. Son histoire est ensuite liée à celui de Sainte Odile.

C’est le premier enfant du terrible duc. Il voulait un fils, il a une fille. Qui plus est, l’enfant est aveugle. Furieux, son père veut la tuer! Pour la protéger, sa mère l’envoie loin du duc. Elle grandit alors protégée et cachée. À l’âge de douze ans, lors de son baptême, elle retrouve la vue! On lui donne le nom de Odile, « fille de lumière ». Malgré ce miracle, le duc ne veut toujours pas revoir cet enfant. C’est finalement un de ses frères qui la ramène en secret au château. Quand le duc découvre cette manigance, de rage il tue son fils d’un coup de sceptre à la tête! Pris de remords, il accepte finalement de laisser Odile vivre dans une dépendance du château. Humblement, elle prie pour le duc et distribue de la nourriture aux pauvres et aux malades. Tout le monde l’aime et le duc finit par être touché par sa grâce. Il lui cède alors son château qu’il fait transformer en grand couvent. Puis le couvent devient officiellement l’abbaye de Hohenbourg, fondée en 680, dirigée par Sainte Odile.

C’est un succès immédiat, les fidèles affluent. Comme le lieu n’est pas facile d’accès pour les plus faibles, elle fait construire le Niedermünster plus bas sur la montagne, qui veut littéralement dire « le monastère d’en bas ». Après la mort de Sainte Odile en 720, son corps est enfermé dans un sarcophage. Au XIVe siècle, l’empereur Charles IV fait ouvrir le sarcophage afin d’y prélever des reliques pour la cathédrale de Prague. On découvre alors que le corps de sainte Odile est toujours très bien conservé! L’abbaye sera réduite en cendres à plusieurs reprises au cours des siècles et pillée une dernière fois lors de la Révolution. Mais elle est reconstruite à chaque fois 🙂 En 1946, le pape Pie XIII déclare Sainte Odile officiellement sainte patronne de l’Alsace.

On peut évidemment toujours visiter le sanctuaire du Mont Sainte-Odile 🙂 Ce site attire d’ailleurs chaque année plus d’un million de visiteurs! Des grands parkings gratuits sont à l’entrée. Pour les pèlerins ou les randonneurs, le sanctuaire propose un service d’hôtellerie et un espace restaurant buffet.

Dans la Chapelle de Sainte-Odile, on peut voir le fameux sarcophage du VIIIe siècle contenant les reliques de la Sainte.

Un autre lieu à découvrir à l’extérieur, la Chapelle des Larmes. Dans cette chapelle, Odile aurait pleuré à la mort de son père et prié pour le salut de son âme. Ses larmes auraient même creusées le sol.

Une grande terrasse plantée d’immenses tilleuls offre un panorama exceptionnel sur l’Alsace 🙂

>> Plus d’infos sur le sanctuaire du mont Sainte Odile sur le site officiel.

À une dizaine de minutes de marche du sanctuaire, on peut trouver la source miraculeuse de Sainte Odile. Selon la légende, un jour, alors qu’Odile remonte vers l’abbaye, elle croise un mendiant aveugle et qui a soif. Elle frappe un rocher, et source d’eau bienfaisante en jaillit. Depuis, la source continue de couler, et on dit que cette eau aurait des propriétés curatrices. Traditionnellement, les pèlerins s’y lavent les yeux.

Petite info insolite sur le Mont Sainte Odile 😉 Entre 2000 et 2002, il se passe quelque chose d’étrange au mont : plus de 1000 livres anciens disparaissent mystérieusement de la bibliothèque du monastère, et sans aucune trace d’effraction! Le mystère sera finalement résolu par la gendarmerie : c’est un professeur de Strasbourg qui avait trouvé l’existence d’un passage secret et l’avait utilisé pour ramener les ouvrages chez lui, par amour des livres 🙂

Beaucoup moins amusant, le mont Sainte Odile a aussi connu une catastrophe aérienne, quand un airbus A320 s’est écrasé et 1992 et faisant 87 morts…

Enfin, le mont Sainte Odile est connu pour son mur païen à découvrir dans la forêt. c’est une grande muraille de pierre qui fait onze kilomètres de long! Elle fait tout le tour du sommet. Son nom lui est donné au XIe siècle par le pape Léon IX. Il pensait que c’était une réalisation des Celtes. Les blocs de pierres sont énormes et on s’interroge toujours sur son histoire et ses origines. Des tenons en bois retrouvés lors de fouille sur une portion ‘restaurée’ du mur ont été datés du VII siècle. Mais l’origine de sa construction est sans doute bien plus ancienne. Mystèèère …

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *