De passage sur Lyon, j’en ai profité pour découvrir un secteur que je ne connaissais pas du tout : le Massif du Pilat. J’ai vraiment eu un petit coup de cœur pour cette région et la beauté de ses paysages 🙂
Le Massif du Pilat, c’est une petite région montagneuse (rien à voir avec la Dune du Pilat hein) au sud-ouest de Lyon. On pourrait la délimiter par les villes de Vienne, Saint-Etienne et Annonay. Côté vallée du Rhône, les paysages font parfois penser au sud de la France, alors que sur le versant nord on se croirait dans les Vosges. L’origine du nom Pilat viendrait de Ponce Pilate! Une légende tenace raconte qu’après la mort de Jésus et son retour à Rome, il aurait été exilé en Gaule, dans la ville de Vienne. Il aurait alors trouvé la mort dans les montagnes, d’où le nom.
Voici les quelques lieux que j’ai eu le plaisir de découvrir, et j’espère que ça vous donnera à vous aussi l’envie d’y aller 🙂
Les Trois Dents du Pilat
Les Trois Dents du Pilat, c’est LA randonnée iconique du Massif du Pilat, le lieu incontournable autour de Lyon. Il s’agit d’une crête de montagne qui culmine à 1213m d’altitude, avec trois pointes rocheuses, les fameuses trois dents! Elles sont visibles à des kilomètres à la ronde et cette crête unique donne lieu à bien des légendes. La plus célèbre raconte qu’un jour, Ponce Pilate (encore lui), marche dans la montagne. Tout à coup un tremblement de terre se produit et fracasse la montagne face à lui, pour ne laisser que ces trois pics, lui rappelant les trois croix du calvaire de Jésus.
Pour découvrir ce lieu, il faut prendre la route pour rejoindre le Col du Gratteau. Un grand parking est aménagé au bord de la route. Vous pouvez simplement rester ici, car depuis cet endroit, vous avez déjà avoir un joli point de vue. Mais je vous conseille vraiment de faire la rando balade jusqu’aux Trois Dents. Il faut compter environ 3km de marche aller-retour sans difficultés. C’est vraiment une balade familiale. Il faut juste faire attention aux pierres et aux racines, normal quoi.
En prenant le petit escalier qui descend à gauche du parking, il suffit de suivre le sentier qui longe la crête. La marche se fait entre sous-bois et landes sèches. On ne peut pas se perdre 🙂 Quand on arrive aux dents, il faut crapahuter un peu et escalader les blocs de granit. C’est ludique et vraiment sans danger si on fait attention. En récompense, on a un magnifique panorama. Si on se retourne, on peut voir à droite la grande antenne de 80m de l’émetteur radio-télé du Crêt de l’Oeillon. C’est un des émetteurs les plus puissants de France. Plus loin au centre c’est le Crêt de la Botte, coiffé de sa tour militaire.
En continuant encore plus loin derrière, on arriverait au point culminant du Massif du Pilat, le Crêt de la Perdrix à 1432m.
De l’autre côté, depuis ce promontoire rocheux, on domine la grande vallée du Rhône et ses méandres. Ici on peut voir depuis Chavanay jusqu’à les Roches-de-Condrieu. Tout au fond à gauche on arrive à Vienne.
On ne se lasse pas de ce panorama 🙂
Pour le retour, c’est le même chemin. Profitez-en pour cueillir quelques myrtilles 😉
Pour vous prouver que c’est beau, hop, un dernier coup d’œil au Trois Dents, et bim! une petite mise en scène de Dame Nature pendant quelques secondes, avec un éclairage délicatement réalisé. Merci le soleil, merci la vie haha 🙂
Le lac et barrage du Ternay
Quand on arrive au lac du Ternay, on a presque l’impression d’avoir complètement changé de région! L’endroit est paradisiaque. Le lac est cerné d’arbres majestueux, des grands cèdres du Liban et même quelques séquoias centenaires. La baignade y est en théorie interdite, mais on peut quand même trouver des endroits où pique-niquer pour profiter des lieux. Si vous voulez vous faire plaisir, vous pouvez manger à l’Auberge du Lac et profiter de leur piscine avec vue sur le lac. Pour une atmosphère plus nature, simple et conviviale, direction le Bar les Cèdres 🙂 Un « Chemin de ronde » (idéal pour les promeneurs et les coureurs) fait le tour du lac sur 4km.
La rivière du Ternay alimente ce lac mais il n’est pas d’origine naturelle, c’est un lac de barrage. Ce barrage a été construit en 1867 pour alimenter la ville d’Annonay en eau douce, ainsi que de l’eau pour ses industries (les papiers Canson, c’est là-bas).
Le barrage mesure 41m de haut et 161m de long. C’est toujours impressionnant et vertigineux de s’y promener et d’imaginer la masse de matériaux qui retient cette énorme quantité d’eau!
La Tourbière de Gimel
Voici un endroit peu connu mais que j’ai particulièrement apprécié! En parcourant une jolie petite route de campagne près de Saint-Régis-du-Coin, un discret parking et un panneau annoncent la Tourbière de Gimel. La curiosité étant un joli défaut, allons voir ça 🙂
On découvre un charmant sentier en caillebotis de 800m qui serpente au milieu de la végétation. Il permet de se balader au cœur de la tourbière, les pieds au sec. La biodiversité est riche et fragile. Le site est protégé Natura 2000. Une des espèces rares dans cette tourbière, c’est la rossolis à feuilles rondes (ou droséra). C’est une petite plante carnivore avec des petites tiges qui se terminent par une bille rouge et gluante. Les insectes sont attirés et finissent englués et lentement digérés par les sucs de la plante.
L’origine de la Tourbière de Gimel remonte à 8000 ans. À l’époque, il y avait un lac. Il s’est peu à peu rempli de mousses et de végétation. Il est devenu ce marais rempli de tourbe (issu de la décomposition de végétaux dans un milieu saturé en eau). L’épaisseur de la tourbe atteint 2m et le site n’a jamais été utilisé pour son extraction (principalement utilisée pour le chauffage).
C’est vraiment une balade agréable et reposante dans un lieu calme. Idéal pour se ressourcer et découvrir un environnement qu’on ne rencontre pas souvent 🙂
Le Barrage du Gouffre d’Enfer
Au sud-est de Saint-Etienne, dans la vallée du Furan, il y a un véritable mastodonte avec un nom qui fait peur, c’est le Barrage du Gouffre d’Enfer! Il est inauguré en 1866 sous Napoléon III. À l’époque, c’est le plus haut barrage du monde avec un mur de 53m. Il a été créé pour protéger la ville des crues de la rivière et pour l’alimenter en eau douce. Rapidement, on s’est rendu compte que la quantité d’eau ne suffisait pas alors un autre barrage a été construit deux kilomètres plus haut (le barrage du Pas du Riot).
On se gare sur le petit parking au pied du barrage, après avoir roulé tout le long de la vallée encaissée. Le barrage est maintenant devenu un véritable site touristique qui propose plein d’activités 🙂
Un sentier sinueux taillé dans la roche permet de grimper jusqu’en haut du barrage et de se balader dessus, et pourquoi pas de partir en rando plus en profondeur dans la vallée. Le site propose aussi des parcours de via-ferrata.
Juste au-dessus du parking, il y la Roche Corbière. Ce pic rocheux aussi appelé « la dent du diable » est un spot réputé pour la pratique de l’escalade.
Que vous soyez amateur de patrimoine historique, de prouesse architecturale, de sensations fortes ou de balade dans la nature, une petite escapade au Barrage du Gouffre d’Enfer devrait vous faire plaisir 🙂
Tout au bout de la vallée au fond après la dernière colline, c’est Saint-Etienne 🙂
Balade dans la ville de Vienne
Je n’ai malheureusement passé que quelques heures dans la ville de Vienne, à l’entrée du Massif du Pilat, à une trentaine de kilomètres au sud de Lyon. Cette ville a une histoire assez incroyable! Pour commencer, son nom n’a jamais changé. Il y a trèèès longtemps, c’était la « capitale » du peuple gaulois des Allobroges, et elle s’appelait déjà Vienna. Plus tard, en -125 les romains battent les gaulois et s’implantent définitivement dans la ville. Lyon, ou plutôt Lugdunum n’existe même pas encore. Vienne est alors à la croisée des chemins vers les cols des Alpes et du Massif Central, et sur la voie fluviale permettant de commercer jusqu’aux ports de la Méditerranée. Cette position stratégique en fera une des cités gauloises les plus importantes de l’Antiquité. C’est richesse et prospérité à l’époque romaine 🙂
La ville avait même le droit d’avoir une muraille de 7km de long, la plus longue de Gaule! Après l’époque romaine, la ville conserve une grande importance avec le pouvoir de ses évêques. Après les guerres de religion et la Révolution, la ville perd nettement du terrain face à Lyon et Grenoble. Elle reste toutefois dynamique dans l’industrie (production d’épées, de livres, de tissus et la métallurgie).
Pour commencer la balade dans la ville, nous allons prendre de la hauteur 🙂 Une fois garé dans le parking du théâtre (bien pratique dans le centre ville), il faut grimper jusqu’au Pipet en passant par les marches de la petite ruelle du « Chemin des Amoureux ». Le Pipet, c’est le mont qui domine la ville à 277m d’altitude. Au sommet, il y avait un sanctuaire avec des temples à l’époque romaine. Ensuite pendant des siècle, c’était l’emplacement d’un donjon avec une forteresse. Tout a été rasé en 1633.
En 1858, on décide de consacrer ce sommet à la Vierge. Une grande tour en brique est construite avec au sommet une grande statue de la Vierge, en pierre de Volvic. Elle domine Vienne de toute sa hauteur. Cinq ans plus tard, une chapelle est rajoutée juste à coté. Sur l’esplanade devant la chapelle, vous avez un belvédère avec la plus belle vue sur la ville 🙂
Juste sous vos pieds, plus bas, c’est le Théâtre Antique de Vienne. C’est un incroyable vestige de l’époque où la ville débordait de richesses. Mais après deux millénaires, il était oublié, totalement enfoui sous des milliers de tonnes de terres. On pensait bien qu’il y avait quelque chose ici, mais on l’a véritablement (re)découvert lors de premières fouilles en 1908. Trente ans de restauration plus tard, il pouvait à nouveau ouvrir pour recevoir du public. (Plus d’infos sur le site officiel )
Avec une capacité de 13.000 spectateurs, c’était un des plus grands théâtres de l’empire romain. Il faut essayer de l’imaginer étincelant, ceinturé de grandes colonnes en marbres, de statues et de dorures. C’était vraiment le grand luxe à l’époque! Maintenant, il revit et accueille plein de spectacles. Le plus célèbre, c’est le grand festival Jazz à Vienne qui a lieu dans le théâtre antique tous les étés depuis 1981. Les infos sur la programmation sur leur site ici.
En redescendant dans le centre ville, on tombe sur le Jardin de Cybèle.
C’est un petit jardin public et archéologique avec des vestiges d’habitations et d’arcades qui bordaient l’antique Forum, le cœur de la cité romaine de Vienne.
Un peu plus bas, on découvre ce grand monument! C’est le Temple romain d’Auguste et de Livie. Il est construit au 1er siècle en l’honneur de l’empereur Auguste et de son épouse. C’est un miracle s’il est encore debout après deux mille ans d’existence! La majorité des antiques édifices romains ont été détruits car « païens » et aussi pour se servir en pierres déjà taillées. S’il a survécut, c’est car il a été très vite reconverti en église. Tous les espaces entre les colonnes ont été murés, et le monument est devenu l’église Sainte-Marie-la-Vieille
Après la Révolution, on lui trouve une nouvelle fonction de Temple de la Raison, de tribunal du commerce, puis de musée-bibliothèque de la ville. C’est seulement en 1880 après d’importants travaux de restauration, qu’il redevient ce qu’il était à l’origine : un grand temple romain. Il mesure 27m de long, 14m de large et 17m de haut. C’est le temple romain le mieux conservé de France avec la Maison Carrée à Nîmes. Plus loin dans la ville il y a un autre vestige romain, une petite pyramide qui sert de rond-point. On a longtemps cru que c’était le tombeau de Ponce Pilate mais en fait non. D’après une autre légende, le corps de Ponce Pilate aurait été jeté dans le puit de la Source du Gier, dans le Pilat (à la Jasserie).
L’autre grand monument de Vienne, c’est la Cathédrale Saint-Maurice. Elle est construite entre le XIIe siècle et 1529 où on pose la dernière pierre sur la façade. C’était le siège du puissant pouvoir des évêques de Vienne. La cathédrale est connue pour avoir hébergé le Concile de Vienne en 1311. Le Roi de France Philippe le Bel, le Pape Clément V, et les plus grands d’Europe se sont réunis ici pour décider la dissolution de l’Ordre du Temple (et tenter de récupérer les richesses des chevaliers templiers).
La cathédrale a beaucoup souffert pendant les Guerres de Religions. En 1562, toutes les statues de la façade sont détruites et les vitraux brisés. À la Révolution, elle est temporairement transformée en grenier puis en caserne! En 1790, l’archevêché de Vienne n’existe plus (la ville est rattachée à Grenoble) et la cathédrale devient une simple église.
De l’extérieur, la façade de la cathédrale semble avoir des dimensions modestes. Pourtant à l’intérieur on est surpris par l’espace 🙂 La nef fait 90m de long et 33m de large.
Au fond à droite de la cathédrale, il y a cette grande sculpture. C’est le Mausolée des archevêques de Vienne (Armand de Montmorin et Henri-Oswald de la Tour d’Auvergne) réalisé en 1747.
En sortant de la cathédrale, au bout du parking, vous verrez un pont suspendu sur le Rhône. Il n’a l’air de rien comme ça, mais des ponts sur le Rhône, pendant trèèèès longtemps, il n’y en avait quasiment pas!
Après la disparition au XVIIe siècle du vieux pont en pierres de Vienne après une énième crue du fleuve, on ne pouvait traverser le Rhône qu’en utilisant un bac! C’est seulement en 1829 que ce pont est construit. C’est d’ailleurs un des premiers ponts suspendu au monde. Il sera lui aussi plusieurs fois détruit par les crues du fleuve, et dynamité par les allemands en 1944. Il est finalement réparé et ouvert aux piétons et aux vélos sous le nom de pont maréchal Jean de Lattre de Tassigny. Un petit pont avec une grande histoire.
Il y a très probablement d’autres chouettes endroits à découvrir à Vienne, je n’ai malheureusement pas eu le temps d’explorer d’avantage. Une prochaine fois ! 🙂