Balade entre Vallée d’Aspe (France) et Vallée d’Aragon (Espagne)

Lors d’un très chouette périple dans les Pyrénées espagnoles, j’ai eu le plaisir de découvrir cette partie du Haut Béarn à 1h au sud de Pau. Hop en route vers la frontière à travers cette belle région!

La belle Vallée d’Aspe vers l’Espagne

La Vallée d’Aspe est une des trois vallées du Haut Béarn. Elle suit la gave de l’Aspe sur une quarantaine de kilomètres. Pour rappel, une « gave » c’est le nom donnée aux rivières par les habitants du Béarn. La vallée d’Aspe est sauvage et peu peuplée. Si vous aimez les animaux, profitez de votre passage pour faire un arrêt dans la commune de Borce pour vous balader dans le Parc’Ours. C’est un beau refuge animalier à taille humaine. Les animaux (tous rescapés) vivent en semi-liberté dans un bel environnement naturel qui se découvre le long d’un parcours immersif. Je vous conseille d’y aller le matin pour voir plus d’animaux (l’après-midi ils préfèrent se cacher à l’ombre) et découvrir les deux stars du parc, deux ours bruns, nourris le midi (entrée 14 Eur, plus d’infos ici).

La Vallée d’Aspe est un point de passage connu depuis bien longtemps pour traverser les Pyrénées. Dans cette même vallée, les Wisigoths sont passés pour envahir la péninsule espagnole. Quelques siècles plus tard, les armées musulmanes ont fait le chemin inverse pour envahir la France. C’était aussi le chemin suivi par les pèlerins en direction de Saint-Jacques de Compostelle en suivant la Via Tolosane.

Le Fort du Portalet

En suivant la vallée vers l’Espagne, on est obligé de passer à proximité du Fort du Portalet perché sur sa falaise. Il est construit sur ordre du roi Louis-Philippe pour sécuriser la route du Col du Somport en cas de guerre avec le voisin espagnol. Les travaux de construction durent de 1842 à 1870. Il pouvait accueillir une garnison de 400 soldats. Après 1925, n’ayant jamais eu à s’en servir, l’armée quitte les lieux. Le fort devient une colonie de vacances.

En 1939, sous le régime de Vichy, il sert de prison politique. Dans ses cellules on enfermera Daladier, Reynaud, Mandel et Léon Blum entre autres. Apres la guerre, c’est au tour de Pétain d’y être emprisonné pendant 3mois. L’armée réinvestit les lieux jusqu’en 1962 puis il tombe peu à peu en ruines. Dans les années 2000, il est classé monument historique et des rénovations sont lancées.

Le fort est ouvert au public (en visite libre 7 Eur). Je vous conseille la visite guidée qui permet d’en apprendre et d’en voir plus (13 Eur). L’accès se fait par une passerelle et préparez vous à grimper beaucoup de marches! Plus d’infos sur le site.

Le vertigineux Chemin de la Mâture d’Etsaut

Juste en face du fort du Portalet, il y a un endroit incroyable à découvrir. C’est le chemin de la Mâture d’Etsaut. Comme son nom « mâture » l’indique (ou pas) c’était un chemin utilisé pour transporter les mâts de bateaux!

Son histoire commence sous Louis XV. Le royaume de France se construit une grande marine de guerre. Il faut des grands mâts pour les navires. Les ressources en bois commencent à s’épuiser, alors on exploite les forêts des Pyrénées de plus en plus loin. C’est ainsi que l’ingénieur de la Marine Paul-Marie Leroy décide d’exploiter les arbres de la forêt du Pacq sur les hauteurs d’Estaut. Il y a juste un léger problème, il faut leur faire traverser le grand ravin étroit des Gorges de l’Enfer!

Pas de problèmes, Leroy ordonne de faire creuser un passage par des bagnards à coup de pioches. Directement à flanc de falaise, il devra être suffisamment large pour des bœufs tirant des troncs. En 1772, les premiers arbres de la forêt passent par ce chemin vertigineux! Les sapins servent pour les mâts, les hêtres pour les poutres, et les buis pour les poulies. Ensuite, les grands mâts étaient assemblés en radeau et ils flottaient sur la rivière jusqu’au port de Bayonne, avant d’être finalement acheminés vers les arsenaux de Brest. Cet incroyable chemin sera utilisé pour le transport du bois jusqu’à l’épuisement des ressources en 1778.

Aujourd’hui, ce chemin chargé d’histoire qui remonte la vallée du Sescoué dans les gorges de l’enfer fait partie du sentier de randonnée GR10.

Il fait 3m de large, et à certains endroit le passage n’est pas plus haut que 1m80. Il faut vraiment être prudent, ne pas avoir le vertige et y aller par temps sec uniquement. Le moindre faux pas et c’est une chute de 200m! Il y a déjà eu plusieurs accidents mortels sur ce passage. Mais si on ne regarde pas trop en bas, tout devrait bien se passer 🙂

Depuis le minuscule parking du lieu-dit la Passette, vous pouvez simplement longer la partie la plus exposée du chemin sur la falaise sur environ 2km et faire demi-tour. Si vous avez plus de temps, alors il y a une jolie boucle à faire d’environ 8km (en 3-4h). Elle se prolonge après le passage des gorges, grimpe au Col d’Arras et revient vers la vallée d’Aspe et le parking du départ. Si vous cherchez une petite randonnée qui donne des sensations dans la région, alors le chemin de la mâture est pour vous! 🙂

Les Lacs d’Ayous

Bon, ce n’est pas exactement dans la vallée d’Aspe, mais dans la vallée d’Ossau, juste de l’autre côté de la montagne mais je vous en parle quand même ici haha. Si vous voulez voir des chouettes lacs de montagnes dans un superbe paysage, avec un peu de courage, vous pouvez rejoindre le Col d’Ayous (2288m). Soit en suivant le GR10, soit depuis le vallon de Larry au sud d’Urdos.

Dans tous les cas la montée sera longue et pénible. Mais vous aurez ces beaux paysages à l’arrivée 🙂 Si les lacs d’Ayous ça vous intéresse, je vous donne toutes les infos sur cette page.

Canfranc et sa gare internationale

Au bout de la vallée d’Aspe, on continue tout droit pour aller en Espagne 🙂 Le passage traditionnel utilisé depuis des millénaires, c’est de grimper par la route jusqu’au Col du Somport (1632m). Depuis 2003, il y a une alternative plus directe et rapide avec le Tunnel du Somport (8.6km de long). De l’autre côté, c’est l’Espagne. On arrive directement sur la petite commune de Canfranc qui a la particularité d’avoir une grande gare internationale qui ne sert à rien! Avec une longueur de 241m et 365 fenêtres, c’était une des plus grandes gares d’Europe!

Cette une histoire rocambolesque! Cette grande gare est inaugurée avec fierté en 1928 par le roi d’Espagne Alphonse XIII et le président français Gaston Doumergue. L’idée, c’était que cette gare soit le terminus parallèle des trains français et espagnols. Les voyageurs n’avaient qu’à sortir de leur wagon, recevoir un coup de tampon de la douane et passer dans le train sur l’autre voie et continuer leur voyage. C’était la solution trouvée car la largeur des rails n’est pas la même en France et en Espagne.

Côté France, le trafic ferroviaire est arrêté depuis 1970. N’ayant plus aucun voyageur français à récupérer, le trafic côté Espagne ne sert plus à rien. Cette grande gare devient alors un immense monument vide et à l’abandon…

Mais heureusement, en 2023, elle est entièrement rénovée et abrite maintenant un hôtel de luxe 5 étoiles, le Royal Hideway Hotel Canfranc Estacion! Si vous voulez vous faire plaisir, vous pouvez réserver une chambre sur leur site ici. Il est toujours possible de visiter gratuitement une partie de l’ancienne gare et se remémorer l’époque glorieuse où les trains circulaient encore 🙂

Pour ma part, Canfranc sera un village étape. La soirée à manger des tapas accompagnés d’une bonne bière à Mentidero (C. Albareda, 11), le seul resto du coin! Ambiance villageoise authentique et sans chichis 😉 Avec en fond sonore le rire des enfants qui jouent au foot sur la place de l’église, et les cris des ados qui jouent sur le terrain de pelote basque juste en face. Et pour la nuit, ce sera dans le petit hôtel tout simple Albergue-Refugio Sargantana.

Lisez les articles suivants pour la suite de ce périple dans la jolie province de Huesca 🙂

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