Partons à la découverte des plus beaux endroits du Médoc. Direction le nord de Bordeaux, dans la région située entre l’océan Atlantique et l’estuaire de la Gironde. Cette terre a toujours été un peu spéciale. D’une part, elle est historiquement habitée depuis toujours par les Médules, une peuplade aux origines ibériques-basques. Ils n’avaient rien à voir avec les gaulois (même Jules César le disait). D’une autre part, elle a une géographie particulière entre océan et fleuve, battue par les vents, baignée de marais et envahie par les sables. Le médoc rime évidemment avec le vin (principalement le cabernet sauvignon). Entre quelques dégustations, il y a aussi d’autres endroits à découvrir. Hop en route! 🙂
La Pointe de Grave
Commençons par l’extrémité nord de cette région, là où la terre s’arrête, à la Pointe de Grave. C’est un paysage avec un littoral qui se transforme littéralement au gré des vents, des tempêtes, des courants et des marées.
Des villages ont même disparus, envahis par les sables. La commune de Soulac-sur-mer est un exemple. Au moyen-âge la commune n’était pas du côté océan, mais du côté fleuve! Les villageois ont du migrer à cause de l’ensablement. En 1842, la basilique sur la place du village n’était qu’une ruine recouverte de sable dont émergeait à peine le clocher! L’océan grignote inlassablement la côte et les tempêtes déplacent des tonnes de sable. On estime que la plage recule de 4m par an. Il y a bien des tentatives pour tenter de fixer le paysage et briser le courant. Pour les dunes, on plante le pin des landes. Pour le rivage on tente avec des énormes blocs de pierres. C’est le cas dans le port de Verdon-sur-mer, d’où le nom de « port bloc ».
Le paysage de la pointe de Grave est naturel et sauvage. En face, nos yeux se posent de l’autre côté de l’estuaire à 6km, c’est la ville de Royan.
Si vous voulez y aller et éviter un petit détour de 200km, vous pouvez prendre le bac de Verdon-sur-Mer et vous y êtes en 25 minutes (mais c’est tout de même 37€ la voiture et 5€ par passager. Plus d’infos ici).
En regardant vers le large, à quelques kilomètres, on distingue un phare.
Le Phare de Cordouan
Le Phare de Cordouan, c’est LE grand phare qui sécurise l’entrée dans l’estuaire de la Gironde. On le surnomme « le roi des phares ». Il est sur un haut fond rocheux qui a bien changé au cours des siècles. Avant, il y avait des habitations et une tour médiévale, la Tour du Prince Noir où des ermites allumaient des feux. Elle fini par tomber en ruine et on décide la construction d’un nouvel édifice en 1584. Le premier phare de Cordouan mesure 37m et possède un dôme. Il est en partie détruit après une forte tempête. On le consolide et on le réhausse jusqu’à une hauteur de 68m. Le reste de l’îlot disparait peu à peu. Il ne reste plus que ce grand phare qui semble perdu en mer.
Au premier étage du phare, il y a « l’appartement du roi » décoré façon Louis XIV (aucun roi n’y est jamais venu). Au deuxième étage, il y a une chapelle décorée. C’est le seul phare au monde qui en possède une! Si vous avez de la chance, vous pourrez le visiter 🙂 Plus d’infos sur le site officiel.
Il y a un autre phare, plus timide, qui émerge de la forêt, c’est le Phare de Grave. C’est le troisième construit sur la pointe, à cause de l’instabilité du sol. Il date de 1823 et mesure 29m.
Une session Urbex en forêt!
Une petite exploration urbaine insolite ? C’est possible! Ce lieu hors des routes touristiques est caché dans la forêt sur la plus haute dune (34m) des environs. Il faut suivre le chemin forestier qui longe l’ancienne ligne de chemin de fer en direction de la Guinguette de Paupiette.
Garez-vous à ces coordonnées 45°32’46.2″N 1°05’43.6″W. Juste après sur la droite, un sentier grimpe dans la forêt. Après quelques minutes de marche, vous pourrez découvrir des ruines dans la végétation sur votre gauche. Il s’agit des restes de la principale station radar de la côte Atlantique, construite par les allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Son petit nom c’est « station de radar Ratibor Gi 305 ». Elle était utilisée par la Luftwaffe pour détecter les avions ennemis jusqu’à 700km de distance et guider la chasse allemande ainsi que la défense antiaérienne. On peut pénétrer à l’intérieur des anciens bunkers et jouer à l’explorateur dans ce dédale souterrain en béton 🙂
À quelques dizaine de mètres, vous trouverez une autre ruine, celle de l’ancien sémaphore.
L’église Saint-Vivien-du-Médoc et le moulin de Vensac
Je vous propose la découverte de deux monuments historiques à découvrir à 5km l’un de l’autre dans le haut médoc. Le premier est l’église Saint-Vivien-du-Médoc, dans le village du même nom. Cette église mélange deux styles radicalement opposés. Une partie est de style roman du XIIe siècle. Le clocher lui est totalement moderne. Pendant la guerre, les nazis ont détruits l’ancien clocher pour qu’il ne serve pas de repère. En 1957, on reconstruit un clocher moderne en béton, qui rappelle les constructions d’Auguste Perret au Havre. Le résultat est assez surprenant!
Le second monument c’est le moulin de Vensac. C’est un authentique moulin à vent du XVIIIe siècle. Il a été entièrement démonté et reconstruit 2km plus loin en 1858. Les descendants de la famille du meunier continuent de le faire fonctionner. On peut encore y acheter de la farine fabriquée à l’ancienne 🙂
Le Phare de Richard
Direction la commune de Jau-Dignac-et-Loirac sur le bord de l’estuaire de la Gironde. Ici poussait un arbre exceptionnel, « l’arbre Richard ». On disait que ce peuplier était le plus grand arbre d’Europe. Pendant longtemps, il a servi de repère aux navigateurs sur la Gironde pour éviter le grand banc de sable. Malheureusement l’arbre est finalement abattu par une tempête, alors une pétition est lancée pour la construction d’un phare pour le remplacer. C’est la construction du Phare Richard en 1843. Il ne mesure que 18m. Rapidement, il sera épaulé par un autre phare métallique bien plus grand de 31m, qui a été totalement détruit ensuite. Le petit phare de Richard survit et cesse son activité en 1953. Il est sauvé de la ruine par des passionnés de la commune. Il abrite désormais un musée sur son histoire et les activités maritimes et ostréicoles de la région.
C’est vraiment un bel endroit calme, naturel, avec un beau panorama. C’est le lieu idéal pour un pique-nique et une promenade le long de la Gironde. En été, une guinguette s’installe sur les lieux pour rajouter de l’ambiance 🙂
Juste à côté, vous pourrez aussi découvrir des carrelets, ces fameuses cabanes sur pilotis servant à la pêche dans la Gironde. Photo de carte postale garantie 🙂
La Réserve naturelle de l’étang de Cousseau
Une belle promenade dans la nature vous attend à quelques kilomètres de Lacanau 🙂 Entre dunes boisées et marais, venez découvrir la réserve naturelle de l’étang de Cousseau (créée en 1976). Depuis le grand parking il faut marcher environ 3km pour rejoindre l’étang.
On est surpris de découvrir du relief. C’est le flanc du cordon dunaire du littoral stabilisé par la forêt des landes. Une portion de la forêt est d’ailleurs bien plus ancienne que celle plantée au XIXe siècle. Fini les interminables pins maritimes à l’infini, on traverse avec étonnement une zone peuplée de chênes verts et d’arbousiers.
Le sentier permet de rejoindre des tours d’observation (comme la Tour Lespéron). Vous aurez un magnifique panorama sur l’étang de Cousseau (50 ha). Derrière, c’est le marais de Talaris.
La réserve est un véritable concentré de faune et de flore sauvage dans des grands espaces vierges. On apprécie vraiment le calme sauvage qui se dégage de ce paysage. C’est une véritable belle sortie pour faire le plein de nature 🙂
Profiter de la plage à Lacanau 🙂
Il faut absolument venir profiter de la plage à Lacanau 🙂 Depuis Lacanau-ville, direction Lacanau-Océan, la station balnéaire créée en 1906 pour le plus grand bonheur des touristes. Une bande de sable fin vous attend sur 16km de plage. Entre la plage centrale (directement accessible depuis le centre ville), la plage du nord ou la plage du sud, vous ne saurez que choisir. La plage du sud est réputée plus sauvage.
Tout est paradisiaque, mais il faut faire un tout petit peu attention. La plage est face à la houle. Les vagues sont fortes et régulières. On se bat pour rentrer dans l’eau 🙂 Il faut aussi rester dans les zones de baignades surveillées pour ne pas se faire surprendre par le courant des baïnes.
Une baïne c’est une sorte de piscine naturelle formée par des bancs de sable à marée basse. À marée haute, un phénomène de vidange naturel expulse le trop plein d’eau vers le large avec un fort courant. C’est ce courant de sortie de baïne qui provoque chaque année des noyades. Si vous êtes pris au piège, ce n’est même pas la peine de résister. Il faut se laisser entrainer et appeler à l’aide. Le courant se calme à une centaine de mètre de la plage. Ensuite il faut attendre les secours ou tenter de rejoindre la plage en nageant vers le sud en suivant le courant du large.
Les vagues de Lacanau accueillent chaque année en aout la plus vieille compétition de surf professionnelle en France, le Caraïbos Lacanau Pro. Si vous n’êtes pas très doué en surf, vous pouvez tenter une autre compétition qui se déroule aussi à Lacanau : le championnat du monde de lancer de tong 🙂 Le record est tout de même à plus de 39m. Bon courage 😉
Après toutes ces épreuves, quoi de mieux que de savourer un coucher de soleil sur l’océan en sirotant un verre les pieds dans le sable ? 🙂 Il y a un très chouette endroit pour ça, c’est le Sunset Café Lacanau avec ses 1000m² de terrasse aménagée. Ambiance décontractée et festive garantie 🙂
Le fort Médoc
Près de la commune de Cussac, il y a un monument historique classé à découvrir. C’est le fort Médoc, construit en 1694 pour protéger Bordeaux des risques d’attaques par le fleuve. Pour compléter le dispositif, Vauban fait construire le fort Paté sur un minuscule ilot au milieu de fleuve. Enfin, en face sur l’autre rive à 3km de distance, c’est la grande citadelle de Blaye. C’est 3 éléments forment le « verrou Vauban » voulu par Louis XIV. Le fort pouvait loger 300 soldats. Il n’a pas servi une seule fois dans son histoire.
Le seul accès se fait par la porte Royale orientée vers l’ouest. On distingue sur le fronton le roi soleil, symbole de Louis XIV. Autour d’une large esplanade gazonnée, les bâtiments des salles d’armes, de stockage et les deux casernes peuvent se visiter. On y découvre aussi un musée sur Vauban et des expositions. Quand le fort venait d’être construit, il était au cœur d’un marais et les conditions de vie étaient bien pénible pour la garnison qui avait la malchance d’y être cantonnée.
Depuis le ponton du fort, des balades fluviales sont proposées. Le fort propose une visite en réalité augmentée via une application à télécharger sur son smartphone. Il y a aussi un jeu de piste pour les enfants.
Juste à côté à quelques kilomètres à peine se trouve un autre monument qui mérite une attention particulière, c’est l’église Saint-Seurin de la Lamarque bâtie en 1870. Tel un phare, elle se repère de loin au dessus des vignobles. Son clocher de 35 de haut est surmonté par un dôme panoramique qui fait la fierté du village.
Le dôme et l’escalier pour y accéder ont été entièrement restaurés en 2005. La visite du dôme se fait uniquement sur rendez-vous, il faut contacter la mairie de Lamarque (0556589012 –
mairie-de-lamarque@wanadoo.fr).
Et bien sûr, on prolonge la visite en découvrant la jolie ville de Bordeaux 🙂