Un week-end pour découvrir la Baie de Somme ? Excellente idée! Partez à la découverte des grandes étendues, des phoques, des oiseaux migrateurs, des jolis villages, des plages de sable, des plages de galets et même des falaises! C’est parti, hop en route 🙂
La Baie de Somme est une immense étendue de 70km², là où le fleuve de la Somme se jette dans la Manche. Il y a en réalité deux estuaires de deux fleuves, celui de la Somme (au sud) et de la Maye (au nord). Dans ce vaste et magnifique paysage se mélangent des zones de slikke (de la vase recouverte par la mer à chaque marée) et de schorre ou pré-salé (recouvert seulement pendant les grandes marées). Chaque marée transforme la baie, mais une chose est certaine, elle s’ensable inexorablement. Alors il faut vite se dépêcher de profiter ce magnifique endroit 😉

Une façon originale de visiter la baie de somme, c’est à bord du train historique du Chemin de fer de la Baie de Somme 🙂 Depuis les années 1980, des passionnés continuent de faire vivre l’ancienne voie du réseau des bains de mer. Au rythme lent de 25km/h, une vielle locomotive à vapeur transporte les voyageurs curieux et nostalgiques entre Le Crotoy, Saint-Valery-sur-Somme et Cayeux-sur-Mer. Pour réserver ce voyage dans le temps, direction le site officiel.
Les phoques de la Baie de Somme
Vous aimez les phoques? 🙂 Vous serez heureux, car la plus grande colonie de phoques de France a élu domicile dans la Baie de Somme. Elle est particulièrement visible à marée basse quand ils viennent se reposer sur les bancs de sables en faisant des longues siestes. Ces périodes de repos et de siestes sont d’ailleurs vitales pour eux.

Pour les observer dans la baie de somme, la digue de galets de la pointe du Hourdel est un bon spot, mais il faudra des jumelles ou un bon zoom. Il est possible aussi de s’en approcher à marée basse en excursion à cheval ou en kayak.
Un rappel important : les phoques sont des animaux sauvages protégés. Il ne faut pas trop s’en approcher (risque d’attaque s’ils se sentent en danger ou transmission de maladies). Si par hasard, vous trouvez un bébé phoque qui fait la sieste sur la plage (ce qui est incroyablement mignon 😉 ), restez à l’écart, sinon sa mère pourrait ne plus vouloir le rejoindre et l’abandonner (ce qui serait incroyablement triste)! On considère qu’il faut respecter une distance de 300m pour les observer. En gros dès qu’un phoque lève la tête c’est qu’il vous a repéré. Il faut alors reculer sinon il filera dans l’eau!


On compte environ 400 phoques veaux-marins et 200 phoques gris. Les phoques gris, plus foncés et tachetés, peuvent atteindre jusqu’à 3m de long et 300kg!
Le Parc du Marquenterre
Au nord de la Baie de Somme, il y a un nom qui résonne forcément pour les amoureux de la nature, c’est le Parc du Marquenterre. C’est un haut lieu de l’ornithologie en Europe qui sert de refuge à des milliers d’oiseaux migrateurs. Au fil des saisons, plus de 300 espèces d’oiseaux peuvent être observées dans un espace protégé de 200 hectares.

Au début, cette zone appartenait à un agriculteur qui faisait pousser des fleurs. Dans les années 1970, il décide de convertir ses terrains pour en faire un lieu d’accueil idéal pour les oiseaux. C’est la naissance du Parc 🙂 On peut suivre un sentier balisé de 6km qui passe à travers les différents habitats aménagés. Il est ponctué de 12 postes d’observations. Tout le long du parcours, vous rencontrerez des bénévoles et des passionnés qui partagerons leurs connaissances. Prévoyez environ 2h30 de balade à travers les marais aménagés. Tarif 12 Eur, et ne pas oublier ses jumelles ou le téléobjectif 🙂
Voici quelques rencontres avec ces charmants volatiles 🙂 Des cigognes, des cignes de Bewick, des foulques macroules, et de nombreux canards.


Pour rappel, ce n’est pas un zoo ni un parc animalier. Il s’agit vraiment d’un espace naturel protégé et les oiseaux sont ici s’ils le veulent bien. Vous ne verrez peut être pas toutes les espèces qui vous font rêver, mais à n’importe quelle période de l’année, nos amis à plumes sont présents.


On peut croiser d’importants groupes d’aigrettes et de vanneaux huppés. Les avocettes élégantes (j’adore ce nom) avec leurs longs becs fins et recourbés vers le haut sont aussi présentes en grand nombre. Mon oiseau préféré reste la spatule blanche avec son long bec facilement reconnaissable en forme de spatule 🙂


Ne soyez pas trop surpris durant votre balade quand vous entendrez un vacarme étrange, comme une basse-cour remplie d’otaries! C’est tout à fait normal, il s’agit en fait d’une impressionnante et bruyante colonie de grands cormorans! 🙂


Il n’y a pas que des oiseaux dans le parc. Vous pourrez aussi croiser des moutons d’Ouessant et des vaches des Highlands, qui aident à préserver le site.
La maison du parc propose aussi un sympathique restaurant de cuisine locale avec une terrasse au milieu des pins. Cette pinède a été plantée dans les années 70 pour fixer les dunes.
Plus d’infos pour préparer votre visite sur le site officiel.
Le sentier d’accès à la mer, les Crocs
Il y a une magnifique randonnée à faire juste au nord du Parc du Marquenterre, près de Saint-Quentin-en-Tourmont. Il faut tout d’abord trouver le parking rue du Bout d’Amont. Ensuite, il suffit de suivre le sentier d’accès à la mer. C’est un parcours de 3.6km (qui peut être fatiguant à cause du sol sableux) en pleine nature à travers la pinède. Après une dernière montée éprouvante en sortant de la foret, il y a une véritable surprise, car d’un seul coup, vous avez ce paysage en récompense 🙂

Une vaste plage déserte et des dunes, appelées « les Crocs » en picard. Un magnifique panorama, une véritable impression de bout du monde. Bref, le bonheur 🙂


Il n’y a plus qu’à profiter de l’espace immense, et même pourquoi pas une baignade rafraichissante 😉

Il faut prévoir environ 2h aller-retour pour le sentier des Crocs. Si vous êtes vraiment motivé (et si c’est marée basse!), il y a une autre option pour le retour. Vous pouvez faire une grande boucle vers le sud en suivant le littoral. Cette traversée longera le Parc du Marquenterre avant de revenir en suivant la route jusqu’au parking.


Pour vous récompenser de cette marche, rien de mieux qu’un petit verre en terrasse en bord de mer à la petite station balnéaire de Quend-Plage, juste à côté 🙂
Le village de Saint-Valéry-sur-Somme
LE village touristique de la Baie de Somme, c’est Saint-Valéry-sur-Somme 🙂 Ne cherchez pas à vous garer dans le centre ville, c’est pratiquement mission impossible. Choisissez plutôt le Parking du canal à l’entrée de Saint-Valery-sur-Somme, c’est gratuit. Ensuite vous attendez une navette gratuite ou vous marchez environ 15min pour rejoindre le centre ville en longeant le Canal de la Somme.


Ce canal qui va jusqu’à Abbeville a été construit de 1786 à 1827. Il devait permettre le trafic commercial, mais l’ensablement de la baie a scellé son destin. C’est maintenant un canal utilisé pour la plaisance. Le chemin de halage est devenu une voie verte pour les piétons et les cyclistes.
L’histoire de cette petite ville remonte à il y a bien longtemps. Cet endroit niché sur un promontoire rocheux s’appelait Leuconay et il n’y avait pas grand monde pour faire face à la vaste baie. Au VIe siècle, le moine Valery qui a une solide réputation est envoyé pour évangéliser la Baie de Somme. Il créé un monastère, puis une abbaye. Sa renommée s’étend au delà des frontières, un bourg se créé près de l’abbaye, puis une petite ville. Après sa mort, ses reliques seront dispersées dans toute l’Europe. Le roi Hugues Capet fera même le voyage exprès pour en récupérer une partie. La petite ville s’appelle désormais Saint-Valery-sur-Somme 🙂
Saint-Valery-sur-Somme est composée d’une « ville haute », la vieille ville médiévale, et d’une « ville basse ». La ville basse, c’est le quartier de Courtgain, l’ancien quartier des pêcheurs. Son nom vient du peu d’argent qu’ils gagnaient, des courts gains. Ils péchaient principalement des crevettes grises, appelées sauterelles. À cause de l’ensablement de la baie, la pêche est de moins en moins pratiquée. Il reste les maisons colorées du quartier où il est agréable de flâner 🙂 On y trouve aussi l’office de tourisme, dans les anciens entrepôts des sels du XVIIIe siècle. Ils pouvaient stocker 20 tonnes de sel. Maintenant le bâtiment abrite aussi une salle de spectacle et un restaurant gastronomique, le Schorre. La majorité des restaurants et bars se trouvent dans ce quartier.


Après avoir passé la Place des Pilotes et le Tribunal de Commerce (où il y a régulièrement des expositions), on peut se promener le long d’un long magnifique quai. Il est bordé de belles villas du XIXe siècle construites par des riches armateurs. Pour profiter du soleil, vous pouvez vous arrêter manger au Quai N°5. Ce n’est pas un gastronomique, mais c’est l’endroit parfait pour manger loin de la foule, en plein air et au bord de la baie 😉
Au bout du long quai, c’est la grande plage de Saint-Valery-sur-Somme. Ici vous pouvez réserver des excursions en kayak dans la Baie de Somme. L’occasion unique de découvrir cette belle nature, les bancs de sable et les phoques! Pour vivre cette expérience unique, c’est sur ce site 🙂 Si vous ne voulez pas faire d’avantage d’efforts, la Buvette du Mouton vous attend pour boire un verre les doigts de pieds dans le sable, ambiance garantie!

Depuis la plage, un sentier grimpe vers la ville haute. D’ici, on a un magnifique panorama sur la baie. En s’éloignant un peu, on peut aller vers l’ancienne abbaye. Mais depuis la Révolution, il n’en reste pratiquement plus rien. Au milieu des champs, au sommet du Cap Hornu, vous pourrez découvrir la jolie Chapelle Saint Valery. Elle marque l’emplacement de la tombe du moine le plus connu de l’époque mérovingienne.
On pénètre dans la ville médiévale par les tours Guillaume. Elles ont ce nom depuis le passage de Guillaume le Conquérant. En 1066, les navires de ses armées patientent dans le port de Saint-Valéry-sur-Somme que la météo s’améliore. C’est en promenant les reliques de Valéry dans la ville que le miracle se produira. Ensuite, c’est la traversée de la Manche, et la Conquête de l’Angleterre, mais c’est une autre histoire 😉

On se balade avec plaisir dans la petite ville médiévale avec ses ruelles étroites et pavées. Le monument principal à voir, c’est l’église Saint Martin, au bord des remparts. Elle date du XIIIe siècle mais reconstruite au XVe siècle après avoir subit beaucoup de dégâts.


Elle possède des murs avec un damier de pierre calcaire et de silex. C’est quelque chose qu’on retrouve souvent sur le littoral en Picardie.


Pour quitter la ville médiéval et retrouver la ville basse, on longe l’église et on passe par l’autre porte fortifiée, la Porte de Nevers.

Une balade à Saint-Valéry-sur-Somme, c’est une étape obligatoire quand on visite la Baie de Somme 🙂 Pour planifier votre journée au milieu des valéricains (les habitants de la ville), vous trouverez plus d’infos sur le site officiel.
La Pointe du Hourdel
Au sud de la Baie de Somme, la Pointe du Hourdel marque la limite avec la mer. On rejoint le hameau du Hourdel et son petit port de plaisance pour se garer. Attention, les parkings ne sont pas très grands et les places sont chères (dans tous les sens du terme).


Après avoir pris une petite glace près du phare, on peut s’aventurer dans la nature.


Le dépaysement est immédiat et total. Toute la Baie de Somme s’offre à vous 🙂


Au Hourdel, impossible de manquer le Bunker le long de la route blanche. Cet immense bloc de béton abandonné sur la plage intrigue. C’est un des éléments du Mur de l’Atlantique érigé par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cet énorme blockhaus est officiellement la Casemate R612 composé de 380m3 de béton armé quasiment indestructible.

Alors on peut se poser la question : Pourquoi ce bunker est comme ça, échoué sur la plage? En fait à l’époque de sa construction il était bien caché à l’abri des dunes. Depuis 1943, la plage a reculé de 65m!
Cayeux-sur-Mer
Sous la pointe du Hourdel, on trouve Cayeux-sur-Mer. Pendant longtemps, c’est un village sauvage perdu au milieu des dunes. Depuis, c’est devenu une agréable station balnéaire familiale 🙂 Elle est célèbre pour son chemin de planche (le plus long d’Europe) avec plus de 500 cabines colorées sur 2km, fièrement dressées au bord de la plage. Cayeux-sur-Mer c’est aussi un spot pour pratiquer le kitesurf. Au nord de Cayeux, au milieu du XIXe siècle, une station balnéaire de luxe est construite par les anglais, le hameau de Brighton (si vous voulez découvrir la véritable Brighton anglaise, c’est sur cette page 😉 ).

Si vous voulez en savoir plus sur l’actualité de Cayeux-sur-Mer, c’est sur le site officiel.
Cayeux, c’est aussi les plages de galets. Des galets de silex à l’infini! Ils proviennent de l’érosion des falaises tout le long du littoral au sud. Ils sont poussés par les courants marins jusqu’ici et se retrouvent bloqués par le courant de la Baie de Somme. C’est un des principal gisement de galets de mer d’Europe. Comme ils sont très riches en silices, ils sont calcinés et réduits en poudre pour être utilisés dans la construction, ou simplement vendus à usage décoratif.
Au sud de Cayeux, on trouve le Hâble d’Ault. Cette grande zone humide protégée (qui est aussi une zone de chasse) est un important refuge pour de très nombreuses espèces d’oiseaux. Un sentier de 5km permet d’en faire le tour et de jouer à l’ornithologue depuis des postes d’observations aménagés. Avant d’être un marais, cet endroit était un refuge pour les navires de pêches au XVIIe siècle, quant le Hâble d’Ault était encore relié à la mer. Un signe de plus qui montre l’ensablement de la baie!
Les falaises d’Ault
En longeant la côte vers le sud on arrive à Ault. Cette petite commune marque la frontière entre les plages de galets depuis l’entrée de la Baie de Somme et les falaises qui se prolongent ensuite jusqu’à l’estuaire de la Seine au Havre. Ces grandes falaises de craie qui peuvent atteindre 50m de haut sont terriblement belles 🙂


Elles sont aussi malheureusement comme une épée de Damoclès pour la commune… En 1700, Ault était un important port de pêche et comptait plus de 5.000 habitants. Il y avait alors une ville basse et une ville haute. Mais l’érosion a fini par faire s’effondrer les falaises. La ville basse et le port ont complètement disparus!! Une bonne partie de la population est partie se réfugier au Tréport. Il ne restait plus que la ville haute. La population restante s’est tournée vers une nouvelle activité, la serrurerie. Au XIXe siècle, au nord de la commune, une station balnéaire est créée, Onival. Elle était très prisée et remplie de belle villas d’architectes parisien. Hélas, les guerres mondiales et les tempêtes les ont quasiment toutes détruites.
L’érosion des falaises est hélas inexorable. Elles sont composées à 90% de craie et 10% de silex. On estime qu’elles reculent en moyenne de 30cm par an! En un siècle on a observé au moins 70m de retrait. On le voit bien sur ces photos historiques où des quartiers entiers ont disparus!

Source – © 2008 S. Costa, Atelier EUCC-France Baie de Somme 2013 p.31
L’érosion est principalement causée par les infiltrations d’eau et les périodes de gel et dégel qui fragilisent les falaises. La mer apporte aussi sa contribution avec une érosion causée par les vagues. On tente de freiner cette érosion marines avec des galets, mais ils sont régulièrement emportés au large par les marées, et poussés vers le nord par les courants. L’eau de la mer a parfois une couleur laiteuse à cause de la dissolution du carbonate de calcium contenue dans la craie des falaises.
Ces falaises fragiles et éphémères sont terriblement belles. Elles sont un peu l’équivalent français des célèbres Seven Sisters, juste en face sur les côtes anglaises 🙂

Un sentier du littoral permet de faire une jolie balade 🙂 Mais restez prudent et ne vous approchez pas trop du bord! Au sud d’Ault, ne loupez pas le Bois-de-Cise. C’est un joli village-hameau, verdoyant et boisé. Il y a des belles villas au bord des falaises. Mais on sait déjà qu’elles sont condamnées à disparaitre à plus ou moins long terme…
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