Le Château de Montségur, symbole des Cathares

Direction l’Ariège pour découvrir un site étonnant qui a marqué l’histoire de France : le Château de Montségur!

Il faut donc rejoindre le tout petit village de Montségur situé à une trentaine de kilomètres de Foix et à 1h30 de Toulouse. « Montségur » en vieil occitan veut dire le « mont sûr ». Un petit parking (gratuit) aménagé sur les hauteurs du village vous permettra de partir à la découverte de ce fameux château. Il est perché à 1207 m d’altitude sur le pog (ancien nom ariégeois de ce sommet). Au pied de la petite montagne, on achète son billet (6€) au guichet et c’est parti pour la marche! Il faut compter ensuite environ 30 minutes de montée en suivant un petit sentier de montagne pour gravir les 180m de dénivelé. Prévoyez des bonnes baskets et de l’eau 🙂

(Suite à un problème technique, j’ai hélas perdu toutes mes photos du château, il ne me reste que celle-ci, et les vues du drone … réalisées avant que je ne découvre que c’était interdit …)

Une fois arrivé au sommet, en plus d’avoir un super panorama sur la région, vous pouvez découvrir les ruines de l’ancienne place forte des cathares 🙂

Pour comprendre Montségur, il faut se replonger rapidement dans l’histoire de l’époque. Préparez-vous pour un rapide retour en arrière pour comprendre les Cathares et la Croisade des Albigeois. Je vais faire vite, rassurez-vous 😉

Au fait le catharisme c’est quoi ?

Bonne question 🙂 Déjà il semblerait que le mot « cathare » et le terme d’hérésie cathare n’est apparut que récemment. À l’époque on les appelait les « albigeois » (Je vous conseille d’ailleurs de lire l’article sur la très jolie ville d’Albi 😉 ). C’est une autre forme de croyance de l’église qui s’est répandu en Europe vers l’an 1000 et qui s’est bien implantée dans le midi de la France. Ils considèrent qu’un Dieu bon régit le monde immatériel des esprits, et que le monde matériel est gouverné par un Dieu mauvais. Tout ce qui est sur terre est donc négatif par nature. Le but est d’élever son âme pour arriver au Salut et rejoindre le Dieu bon. En attendant, les âmes se réincarnent sur Terre. Elles peuvent se réintroduire aussi bien dans un corps humain que dans un animal. C’est pourquoi ils étaient végétariens. Tuer une poule était aussi grave que tuer un homme. Il ne fallait d’ailleurs pas tuer du tout, simplement se comporter en bons chrétiens, des bons hommes ou bonnes femmes comme ils s’appelaient. Ils y avaient les « croyants » (les gens normaux) et les « parfaits » qui prêchaient la bonne parole, baptisaient par imposition des mains (des enfants d’au moins 13 ans, capables de comprendre la signification du geste) et se dédiaient à fond dans leur doctrine. Ils étaient globalement contre la « reproduction » qui augmente le nombre d’âmes prisonnières sur terre et qui retarde le Salut. Il n’y avait rien de mal aux relations sexuelles (pour le plaisir entre personnes consentantes), ça retardait simplement le Salut. Le mariage était pratiqué, mais c’était un simple mariage d’amour. Les cathares partageaient leurs ressources et la richesse personnelle était proscrite. En gros, on dirait des sortes de hippies du moyen âge. Même s’ils étaient non-violents, ils s’autorisaient le droit de se défendre (même violemment) pour se protéger. Evidemment, l’église ne voyait pas ça d’un très bon œil, car ce mouvement était très populaire et même des seigneurs et des hommes d’église le rejoignaient. L’influence de l’église catholique et son pouvoir sur la société féodale était remise en cause.

La Croisade des Albigeois

L’église chrétienne essaiera d’abord d’utiliser la manière douce en essayant de leur faire changer d’avis, mais rien n’y fait. Au XIIe siècle, Raymond VI, le puissant comte de Toulouse dirige une grande province du Languedoc totalement « catharisée ». Le pape Innocent III envoie un représentant mais les négociations se passent mal. Le comte est excommunié. En 1208, la tension monte et un des officiers du comte assassine le représentant du pape. C’est la goutte de trop! En 1209, le pape décide d’utiliser la force et lance la Croisade des Albigeois pour combattre les hérétiques. C’est une aubaine pour de nombreux chevaliers de France qui s’y joignent. Ils y voient l’occasion rêvée de pouvoir piller la riche contrée du sud, accumuler gloire et richesses, sans avoir à faire un long voyage jusqu’en Terre Sainte. Pendant 20 ans, les croisés vont combattre les forces du comte de Toulouse qui fini par négocier la paix en 1229. Le pape charge ensuite l’inquisition de faire le ménage dans les campagnes et d’éradiquer les derniers groupes de cathares.

Montségur, le château cathare

Dès 1204, les cathares savent que des gros ennuis vont arriver et qu’ils leurs faut une base de repli fortifiée. Ils décident alors de réparer les ruines d’un vieux château du Xe siècle situé au sommet d’une montagne à Montségur. Des puissantes fortifications sont construites et Montségur devient une place forte très importante pour les cathares. La forteresse servira de refuge aux populations durant les croisades. En 1232, Montségur est désigné comme le siège et la capitale de l’Eglise Cathare. Le site est évidemment connu des croisés et il subira plusieurs sièges. Mais comme le château est trop bien défendu, les croisés ne s’y attarderont pas trop. Tout dérape en 1242. Une douzaine d’inquisiteurs sont dans la région. Montségur réagit immédiatement et une mission commando est lancée pour les massacrer. Dans la foulée, le comte de Toulouse en profite pour lancer une grande révolte et tente de reprendre du terrain. Mais il est lâché par tous ses alliés. Le roi de France Saint Louis décide de régler tout ça pour de bon. Il écrase les forces restantes et c’est la fin de l’indépendance du Comté de Toulouse. Il reste maintenant la question de Montségur à régler pour en finir une fois pour toute avec le problème cathare.

Le siège de Montségur

Les troupes du roi et les croisés arrivent devant la forteresse en mai 1243. Ils sont presque 6000 alors que la garnison du château compte moins d’une centaine de combattants cathares. Plusieurs centaines de populations cathares sont aussi retranchés derrière les murs fortifiés. Le rapport de force est écrasant. Après plusieurs mois de siège, les croisés arrivent à franchir les fortifications extérieures et s’approchent suffisamment du château. C’est la fin pour Montségur. Les croisés leurs donnent la possibilité de se rendre : les combattants seront « pardonnés » mais devront tout de même passer devant l’Inquisition pour une « éventuelle peine légère », les habitants auront la vie sauve s’ils renoncent à leur hérésie. Tout ceux qui refusent seront brûlés.

Finalement, 220 cathares refuseront de renier leur foie et seront brûlés vifs dans un grand bûcher. C’est la fin du catharisme en France. Les derniers cathares fuient le pays pour se réfugier en Lombardie (Italie).

Montségur III

Après la reddition des cathares de Montségur, le seigneur de Mirepoix prend possession de la forteresse en 1244. Il fait détruite toutes les fortifications extérieures et le village cathare. Il ne garde que le principal donjon qu’il réaménage pour y poster une petite garnison d’une trentaine d’hommes. Il y aura des soldats dans ce petit château jusqu’au XVIIe siècle. Il tombera ensuite en ruines et un peu dans l’oubli. Cette troisième version du château, après la première du Xe siècle et celle des cathares. On l’appelle Montségur III. C’est celle qu’on peut visiter de nos jours. Il est classé monument historique en 1862.

Le petit village actuel de Montségur au pied des ruines du château n’apparait que vers le XVIe siècle. Il accueille un petit musée qu’on peut visiter grâce au ticket acheté pour la visite de la forteresse. Depuis le village, plusieurs chemins de randonnées permettent de faire le tour du pog, grimper au sommet du Pic du Saint-Barthélémy (2348m) et du Pic du Soularac (2368), et sillonner les environs 🙂

Plus d’infos sur le site officiel.

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