Le Jardin Albert-Khan, un voyage insolite aux portes de Paris

Aux portes de Paris, il y a un jardin extraordinaire et pourtant peu connu. Ce petit coin de paradis se trouve à Boulogne-Billancourt, caché derrière une façade métallique et moderne, à deux pas de la station de métro Boulogne – Pont de Saint-Cloud sur la ligne 10. Il faut pénétrer à l’intérieur du Musée départemental Albert-Khan. Hop en route! 🙂

Ce musée abrite l’œuvre d’Albert Kahn. Aussi improbable que ça puisse l’être, c’était un banquier philanthrope et humaniste 🙂 Il né en 1860 en Alsace et fait fortune à Paris. En 1898, il offre des bourses de voyage à des jeunes diplômés pour découvrir le monde et enrichir leurs compétences. Lui même entreprend un long voyage de plusieurs mois autour du monde en 1908, il veut documenter la Terre et le vivant. Il prend déjà conscience des changements irrémédiables des sociétés et des modes de vie dans le monde. Il lance alors son grand projet des « Archives de la Planète ».

De 1909 à 1931, il va financer les voyages d’aventuriers et d’explorateurs aux quatre coins du monde. Il ne leur demande qu’une chose, « avoir les yeux grands ouverts »! Le but est de documenter, pour témoigner « des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine, dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps ». Le fruit de ce travail, c’est plus de 72.000 photographies couleurs sur plaques autochromes. C’est la plus importante collection au monde! Il y a aussi une centaine d’heures de films en noir et blanc et près de 4000 plaques stéréoscopiques en noir et blanc. C’est avec curiosité et plaisir qu’on peut découvrir ces photos couleurs des pays monde il y a un siècle. C’est un témoignage vraiment précieux sur la façon dont vivaient nos aïeux 🙂

En plus des riches archives du musée, vous pourrez découvrir l’incroyable jardin créé par Albert-Kahn! 🙂 En 1895, il achète un hôtel particulier à Boulogne. Puis, petit à petit, il va acquérir toutes les parcelles autour de sa propriété. En 1910 il se retrouve avec plus de 4 hectares de terrain qu’il veut transformer en jardin à scènes paysagères. Il fait alors appel à un architecte paysagiste prestigieux, Achille Duchêne, qui est lui même fil du célèbre jardiniste Henri Duchêne. On les surnommait « les princes des jardins et les jardiniers des princes« .

Au centre du jardin d’Albert Kahn, face à sa résidence, se trouve la premier paysage créé. Il s’agit d’un jardin à la française avec ses parterres bien symétriques. En suivant les allées rectilignes, on observe les rosiers bien taillés, le verger avec ses nombreux arbres fruitiers, et le jardin d’hiver.

Il est agrémenté d’une serre où on peut profiter de la terrasse ensoleillée et découvrir des expositions temporaires.

Juste à côté, on découvre un digne représentant de jardin à l’anglaise avec des grands arbres se dressant autour d’une pelouse.

Plus loin, on peut traverser une rareté dans un jardin privé. Le parc du jardin abrite trois bois ornementaux. Pour rappeler les paysages de l’enfance d’Albert Kahn, il y a une grande forêt vosgienne composée de pins, d’épicéas et de blocs de granits disséminés ça et là.

On trouve aussi une forêt bleue, avec des cèdres de l’Atlas et des épicéas du Colorados, aménagée autour d’un petit marais.

Et enfin, une forêt dorée composée de bouleaux et d’une prairie chatoyante et lumineuse l’été.

Au grè de votre promenade, vous découvrirez la salle des Plaques. Dans les années 1920, c’était l’endroit où les milliers de plaques autochromes étaient triées, classées et rangées.

Maintenant ce lieu abrite régulièrement des résidence d’artistes et des créations contemporaines en rapport avec la notion d’archive.

Le jardin abrite aussi un petit village traditionnel japonais avec des maisons en bois et papier de riz. C’est le fruit du deuxième voyage d’Albert Kahn au Japon en 1898. Il en reviendra avec des jardiniers et des charpentiers japonais.

Le Japon était sa nation de cœur et il tenait vraiment à recréer cet univers chez lui en France.

Le village japonais abritait aussi une grande pagode bouddhiste de cinq étages. Elle marquait l’entrée d’un sanctuaire japonais. Hélas, la grande pagode a brulée lors d’un incendie en 1953 et il n’en reste plus rien, tout comme le sanctuaire.

Pour remplacer cette partie du jardin un peu laissée à l’abandon, un nouveau jardin japonais contemporain a été aménagé dans les années 1990 par le paysagiste japonais Fumiaki Takano. Dans ce jardin, on trouve un grand cône de galets symbolisant la naissance.

Puis un cours d’eau représentant la vie et l’amour.

Le cours d’eau fini par s’achever dans une spirale de galets représentant la mort.

On peut se promener sur un pont en bois laqué rouge. C’est un hommage au célèbre pont japonais de Nikko, visité par Kahn en 1908.

Il y a partout des espaces pour la contemplation, des bancs pour se délasser et admirer la beauté des lieux. C’est vraiment un jardin où on peut y rester des heures, à flâner, lire un livre, écouter de la musique, regarder les reflets sur l’eau. Bref, un bel endroit 🙂

L’ensemble du grand jardin d’Albert Khan, achevé en 1910, est un véritable symbole de paix. En 1932, à la suite de la Grande Dépression, la banque Kahn fait faillite. La propriété est saisie. Mais heureusement, l’héritage du musée est conservé grâce à ses amis et relations. Albert Khan meurt quelques années plus tard, en 1940, au début de la guerre.

Le jardin Albert Khan attire chaque année près de 100.000 visiteurs. L’entrée est à 9 Eur (gratuit le premier dimanche du mois). Si vous recherchez une balade dépaysante et insolite à Paris, c’est vraiment le lieu idéal! 🙂

Pour préparer votre visite, connaître les horaires et les expositions du moment, plus d’infos sur le site officiel.

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