Le Tréport est une destination weekend par excellence en Normandie! De retour d’une jolie escapade, je vous propose de découvrir les belles choses à voir 🙂
À la découverte du Tréport 🙂
Pourquoi venir au Tréport ? pour s’ébahir devant les plus hautes falaises de craie d’Europe et se balader sur les longues plages de galets! Le Tréport c’est aussi les maisons colorées et bien sûr le plaisir sans cesse renouvelé d’être à la mer 🙂

Cette charmante station balnéaire aux portes de la Normandie se trouve dans l’estuaire du petit fleuve de la Bresle. L’histoire commence aux alentours du XIe siècle quand les normands fondent l’abbaye Saint-Michel du Tréport. Le nom Le Tréport voulait dire « le port avancé » ou « port au-delà » car c’est le dernier port de Normandie. La petite cité est détruite par les anglais en 1545 et la reconstruction se fera sous la houlette de François 1er. Attention, ce n’est pas le Roi de France hein, mais François 1er de Clèves. Les deux vivent pourtant à la même époque alors on s’y perd 😉 Le port s’agrandit, on allonge le quai, on creuse un grand bassin et on érige des fortifications. Le quartier des Cordiers prend naissance avec la construction de maisons de pêcheurs. Son nom viendrait des pêcheurs à ligne de cordes, car il n’avaient pas le droit de pêcher au filet. Le port accueillera la Reine Victoria d’Angleterre en 1843 avant son séjour au château d’Eu. Le XIXe siècle, c’est aussi l’époque où se lance la mode des bains de mer en partie grâce au roi Louis Philippe et sa famille qui résident justement à Eu. La bourgeoisie parisienne vient construire des beaux pavillons sur la côte.

Hélas, tout le front de mer du Tréport est détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. La ville se voit d’ailleurs décerner une Croix de Guerre pour les dégâts subis et sa résistance face à l’ennemi. Maintenant Le Tréport vit principalement au rythme de la pêche et du tourisme et ça tombe bien, nous y voila aussi 🙂
Quand on arrive au Tréport, on a immédiatement envie de longer le port, en passant par la halle aux poissons jusqu’au petit phare au bout de la jetée. Pour le logement, je vous conseille le sympathique hôtel La Villa Marine. Il est à côté de la gare, avec un grand parking gratuit, et idéalement situé à mi-chemin entre Le Tréport et Mers Les Bains 🙂 Pour se restaurer je vous conseille le classique mais très efficace restaurant Papa Poule en face du parking, vue sur le port 🙂 Et si vous en avez assez des moules frites et des resto de plage, il y a une belle découverte à faire avec le très bon restaurant italien Treamori (6 Pl. Charles de Gaulle). De la vraie bonne cuisine de Sardaigne, testé, validé et recommandé! 🙂
Le monument qui domine une bonne partie de la ville du Tréport, c’est l’Église Saint-Jacques.

La première église s’était écroulée en 1360, la deuxième a été détruite par les anglais. La troisième est plus chanceuse. Elle est construite plus haut, juste à côté de l’abbaye Saint-Michel. Cette église survivra à la Révolution, ce qui n’est pas le cas de l’abbaye qui a été complètement rasée.


Elle est longue de 44m avec un clocher massif de 15m de haut. Un grand porche en grès cache le portail principal.


La visite ne vous prendra pas longtemps, mais c’est un joli monument à visiter 🙂
Une attraction du Tréport, c’est son célèbre funiculaire 🙂 Il est inauguré en 1908, après le creusement d’un tunnel dans la falaise. C’est le succès immédiat, car il permet aux habitants de rejoindre la ville haute sans avoir à grimper péniblement 365 marches.

Après la Seconde Guerre Mondiale il n’est plus en service, il faudra attendre 2006 pour sa remise en marche. C’est vraiment pratique, en moins de 2 minutes, il parcourt 155m et grimpe 76m de dénivelé. Et hop, vous voilà en haut des falaises avec la plus belle vue sur Le Tréport!

N’hésitez pas à l’utiliser, il est gratuit 🙂

On a ensuite envie de se promener le long de la Côte d’Albâtre. Elle s’étire sur plus de 130km depuis Le Havre. C’est une succession de grandes falaises et de plages de galets. Et les plus hautes falaises sont au Tréport. Elles atteignent 110m de haut!
Malheureusement, il n’y a pas de chemin à suivre au bord des falaises. Après le petit parking à côté de la plaque commémorative de la guerre, il n’y a plus rien. En effet, les falaises sont fragiles et instables. L’érosion fait partout son œuvre et elles s’écroulent inexorablement.


Au niveau de la plage, il est d’ailleurs interdit de marcher à moins de 50m des falaises. Ca peut paraitre excessif mais quand on aperçoit les zones touchées par chaque chute de pan de falaise, on prend vraiment conscience du risque.
Sur les hauteurs du Tréport, si vous le pouvez, il faut visiter le Kahl-Burg. Derrière ce nom étrange (qui signifie « château-chauve » en allemand) se cache une importante construction. Et pourtant elle est invisible. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’armée allemande a fait creuser la falaise du Tréport par des centaines de prisonnières ukrainiennes, en utilisant aussi les briques de l’hôtel de luxe Le Trianon qu’ils ont fait sauter. Au prix de lourdes pertes, les prisonnières ont construit un réseau de galeries sur 270m de long et quatre niveaux, avec cinq ouvertures sur l’extérieur. Le but était d’y installer des systèmes de défense pour se protéger d’un débarquement. Le Tréport est en effet un des ports les plus proches des côtes anglaises, à 110km de distance. Après la guerre, le Kahl-Burg est laissé à l’abandon et pillé. Depuis 2001, il est de temps en temps ouvert au public. Plus d’infos sur les visites ici.
Pour égayer (ou pas, selon la chance) votre vie nocturne, il y a un casino au bord de la plage ! 🙂 Comme il ne m’a pas du tout porté chance, je ne m’étendrais pas sur le sujet grrr

Découvrons maintenant un autre des trois villes-soeurs.
La belle Mers-les-Bains
Pour rejoindre Mers-les-Bains (prononcez « mersse ») c’est facile! On traverse le port, on passe à côté de la gare, on marche une centaine de mètres le long de la plage, et hop on y est! 🙂

La plage de galets est longue de plus d’un kilomètre et s’arrête au pied des hautes falaises. Pour manger à Mers, je vous conseille le très sympathique bistrot d’Arya 🙂

Dans l’antiquité, un petit temple romain dédié au dieu Mars existait au sommet de la falaise. Ca a donné le nom à la commune (Mars = Mers) qui fut pendant des siècles un petit village de pécheurs et d’agriculteurs. En 1860, c’est l’essor fulgurant avec la mode des bains de mer et l’arrivée du chemin de fer en 1872. Les familles bourgeoises parisiennes s’empressent de se faire construire des villas balnéaires de style art nouveau aux façades étroites, hautes et colorées.

Ces bow-windows décorées de couleurs vives donnent au front de mer de la commune un visage unique 🙂


Ces maisons étaient hélas régulièrement submergées par les flots lors des grandes tempêtes. Heureusement en 2006, la petite ville a installé sur le rivage un immense tapis de grosses pierres pour amortir la houle et tenter d’enrayer les franchissements d’eau de mer.
Le long de votre promenade face à ces belles maisons colorées, vous verrez une élégante borne frontière en céramique. Elle délimite à la fois la limite entre Le Tréport et Mers-les-Bains, entre la Seine-Maritime et la Somme, entre la Normandie et la Picardie. Cette démarcation exacte entre les villes sœurs est parait-il un éternelle querelle de clochers 🙂
Une chose à voir à Mers, c’est Notre-Dame-de-la-Falaise.

C’est une statue de la Vierge construite en 1877. Elle est située sur le point le plus haut de la falaise à 92 mètres. Durant la guerre elle a été déplacée pour ne pas être détruite par les allemands qui prétendaient qu’elle servait de point de repère. Elle est finalement de nouveau dressée en 1955 au dessus d’un ancien blockhaus enterré.

On y accède en grimpant un sentier depuis Mers (l’option voiture est possible, avec un petit parking de quelques places au bout d’une petite route étroite). Depuis le sommet de la falaise, on a une très belle vue sur Mers, Le Tréport et Eu 🙂


De l’autre côté, les falaises s’étendent jusqu’au Ault. On devine ensuite les plages de galets de Cayeux, la Baie de Somme et les grandes étendues sableuses du Nord, tout là-bas.

Pour les plus motivés, en suivant sur 3.5km le sentier du littoral qui longe les falaises, on peut rejoindre le Bois de Cise.
Le Bois de Cise
Le Bois de Cise est un petit écrin de verdure presque caché le long de la côte, à quelques minutes à peine du Tréport. Il est discrètement indiqué quand on prend la route entre Eu et Saint-Valéry-sur-Somme.


C’est un bois résidentiel avec des villas des années 1900. Il y a même un petit accès à la mer. Après avoir traversé la forêt, au bout de l’unique route en cul-de-sac, on se gare autour du square. En descendant quelques marches, on peut rejoindre la plage de galets et le pied des falaises.
Eu
La troisième des villes sœurs, si vous avez bien retenu, c’est Eu. Elle est située un peu plus loin de la mer. Alors, est-ce qu’il y a des choses à voir à Eu ? La réponse est oui! Il y a principalement deux monuments à voir. Le premier se détache de loin dans le paysage quand on est sur la route en direction du Tréport.
Ce monument c’est l’immense Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Laurent. Elle est construite au XIIe siècle et faisait partie de la grande abbaye d’Eu. Elle est remaniée au XVe siècle après l’incendie de la ville et on lui rajoute une belle façade gothique. Lors de la Révolution, l’abbaye est totalement détruite et il ne reste plus que la collégiale qui sert maintenant d’église pour Eu. De loin, c’est un véritable vaisseau de pierre qui se dresse au dessus de la ville et rayonne. C’est vraiment imposant. Même le célèbre Viollet-le-Duc était impressionné, il disait : «J’ai vu plus grand, j’ai vu plus haut, mais je n’ai jamais vu plus beau ».

Le « Saint Laurent » de son nom vient de Saint Laurent O’Toole, un archevêque de Dublin. En 1186 il vient à Rouen pour défendre les intérêts de l’Irlande auprès du roi Henri II mais il tombe gravement malade. Il meurt à Eu et il est inhumé dans la collégiale. Rapidement, des miracles se produisent sur son tombeau et il devient un saint. La collégiale est alors agrandie pour accueillir la foule de pèlerins toujours plus grande. La collégiale atteint ces impressionnantes dimensions : 80m de long, 17m de large et 21m de haut.


Le crâne de Saint Laurent est toujours conservé dans un reliquaire un argent. La collégiale possède aussi une vaste crypte renfermant les tombeaux de la famille d’Artois. Hélas, le jour de notre passage, la crypte n’était pas ouverte à la visite …


La visite ne vous prendra pas longtemps (et c’est gratuit), ce serait dommage de passer à côté de cet immense monument 🙂

Face à la Collégiale, c’est le Château d’Eu. Il est situé sur les anciens terrains rachetés à l’abbaye.

Il date du XVIe siècle mais il a été transformé et agrandi de nombreuses fois. Par la cousine de Louis XIV, par le roi Louis Philippe, puis par Viollet-le-Duc pour le Comte de Paris. Depuis 1973, le château est devenu la marie d’Eu et abrite le musée Louis-Philippe. Plus d’infos sur les visites ici.

Derrière le château, il y a un joli jardin à la française avec une belle vue sur la vallée de la Bresles 🙂
Si vous vous interrogez sur le nom étrange de cette ville, il vient justement de l’ancien nom du fleuve qui traverse la vallée. Avant de s’appeler la Bresle, il s’appelait le Ou. Et donc Eu dans sa forme picarde, voilà, mystère résolu!
La Glass Vallée
On découvre aussi que Le Tréport et les communes voisines font partie de la Glass Vallée. En fait, dès le moyen-âge, une industrie du verre existe dans la vallée de la Bresle. Verre, vitres et vitraux sont produits en quantité. Petit à petit, l’industrie se spécialise dans le soufflage des flacons de luxe pour parfums et alcools. Au XIXe siècle, avec l’essor de la parfumerie pour la bourgeoisie parisienne, les affaires fleurissent. Par exemple Guerlain (le créateur du parfum du même nom) qui est originaire d’Abbeville, confectionnera ses flacons ici. La Glass Vallée regroupe toutes les industries du verre le long de la vallée. C’est le leader mondial. Votre flacon de parfum a forcément été fabriqué dans le coin 😉
Insolite, l’Arbre aux Loques de Sénarpont
Pour finir, je vous propose une curiosité locale étrange! Quand on quitte Le Tréport et qu’on suit la route départementale D1015, il y a un endroit à découvrir en sortant du village de Sénarpont. À la lisière de la forêt, juste au bord de la route, vous découvrirez cette scène bien mystérieuse : des vêtements accrochés aux arbres depuis des années. Mais pourquoi ??

La tradition remonte au XVe siècle. À cette époque, la peste ravage l’Europe. Miraculeusement, la peste s’arrête aux portes de Sénarpont, protégée par une petite chapelle dédiée à Saint Claude. Très rapidement cet endroit devient un lieu dédié à la guérison miraculeuse. Les habitants de la région prennent l’habitude de venir accrocher aux arbres des vêtements ayant touchés des malades pendant au moins 9 jours et récitent une prière à Saint Claude. Le village a aussi miraculeusement échappé à la Grippe Espagnole de 1918, Saint Claude fait vraiment du bon travail! La petite chapelle d’origine a été détruite pendant les guerres. Les ormes centenaires ont été abattus. Mais qu’importe, la tradition et les guérisons continuent 🙂
Et ensuite ? … et bien on part en exploration d’autres destinations en Normandie! N’hésitez pas à utiliser la carte interactive sur la page d’accueil!

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