Entre Avignon et Tarascon, il y a un petit massif calcaire qui s’appelle la Montagnette. Cette grande colline recouvre 6000 hectares et culmine à 168m (Rocher de Raous). C’est la frontière naturelle entre la Vallée du Rhône et de la Durance. Elle est principalement recouverte de pins d’Alep (un terrible incendie en a brulé une partie en 2022) et de thym.
Les routes provençales la contournent, pourtant elle cache un bel endroit, isolé dans un vallon sauvage au milieu des pins, des oliviers et des cyprès. C’est l’Abbaye de Frigolet.
L’Abbaye de Frigolet
Son nom vient de ferigoulou, le thym en provençal. Au XIIe siècle une première communauté religieuse s’installe sur le site pour s’éloigner des marais plus bas. Le Pape Adrien IV confirme cette installation en 1155. Plus tard au XIVe siècle, l’abbaye tombe à l’abandon et provoque le départ des chanoines. Ils font leur retour au XVIIe siècle, jusqu’à la Révolution. Après cette période de trouble, l’abbaye devient un collège, où étudiera d’ailleurs le célèbre poète provençale Frédéric Mistral. En 1858, l’abbaye est rachetée par le diocèse et des moines trappistes la font revivre. Mais en 1880, l’état français vote l’expulsion des congrégations. Cette loi a pour but de disperser sur tout le territoire les congrégations religieuses principalement masculines non autorisées, car ils sont soupçonnés de répandre une instruction contre-révolutionnaire. À Frigolet, les moines sont chassés par l’armée et partent se réfugier à l’Abbaye de Leffe en Belgique. C’est seulement en 1923 qu’ils pourront revenir dans leur abbaye. Depuis 2015, l’abbaye est classée aux monuments historiques.
L’abbaye est désormais habitée par les chanoines blancs. À la différence des moines qui vivent reclus et isolés du monde extérieur, les chanoines sont aussi au service des fidèles. Ils donnent des cours de chants grégoriens, accueillent des scouts et les personnes qui souhaitent réaliser une retraite spirituelle dans l’abbaye.
L’Abbaye de Frigolet peut se visiter. Les églises et les extérieurs sont en accès libre tous les jours. Si vous voulez visiter l’intérieur de l’abbaye, c’est uniquement le dimanche (entrée 7€). Plus d’infos ici
Il faut absolument rentrer dans le magasin monastique. Il propose un choix de livres religieux, d’artisanat monastique et provençal, et surtout, les célèbres sirops et liqueurs de Frigolet 🙂 La liqueur (43° d’alcool) est élaborée à partir d’une trentaine de plantes aromatiques et d’épices et de miel. La recette est religieusement tenue secrète. Elle se boit surtout en digestif, mais aussi en apéritif. Et même quelques gouttes dans une tisane. Quand on aime on ne compte pas 😉 Elle est produite dans la distillerie de Chateaurenard à une quinzaine de kilomètres de l’abbaye. En 1883, Joseph Isoard, un distillateur-liquoriste s’intéresse aux liqueurs et élixirs que les chanoines produisent dans l’Abbaye. Il industrialise le process, et hop 🙂 Vous pouvez aussi visiter cette distillerie et découvrir les autres produits proposés. (La Distillerie, 26 Rue Roland Inisan, 13160 Châteaurenard – Plus d’infos ici)
La basilique de l’Immaculée-Conception est consacrée en 1866. De style néo-gothique, elle est magnifique avec ses peintures murales à l’huile qui recouvrent toute la nef 🙂
La Chapelle Notre-Dame du Bon Remède abrite la Vierge de l’Abbaye de Frigolet.
Depuis l’abbaye on peut se promener dans ce joli paysage, suivre les sentiers et rejoindre les différents points de vue.
Vous pouvez aussi faire une pause gourmande au restaurant La Treille, juste à côté de l’Abbaye, et gouter leur fameux moelleux châtaigne avec une bière artisanale de l’abbaye (l’ambrée, miam) en terrasse 🙂
Barbentane
Le village de Barbentane est situé sur le versant nord de la Montagnette. Le village est dominé par la Tour Anglica. Elle est construite en 1365 à la demande de l’évêque Anglic de Grimoard (le frère du pape Urbain V à Avignon). Cette tour fortifiée de 28m de haut, était le donjon du petit château. Elle permettait de surveiller la vallée et protéger Barbentane si des ennemis approchaient. Ce serait au sommet de cette tour que le célèbre cartographe Cassini aurait commencé à dessiner les cartes de France au XVIIIe siècle.
À Barbentane, vous pourrez aussi visiter la résidence des Marquis de Barbentane, surnommé le « Petit Trianon du Soleil » ainsi que le vieux Moulin de Bretoule.
À proximité, vous pouvez aussi faire un tour à l’ancienne Carrière de Boulbon, qui est parfois utilisée comme scène de spectacle lors du Festival d’Avignon.
Laisser un commentaire