Jour 3 – Seljalandsfoss – Skógafoss – Sólheimajökull – Kirkjufjara
Réveil en douceur suite à notre nuit passée au Leirubakki, on est frais beaux et pimpants, prêts à affronter l’Islande haha! Mais dès qu’on met le nez dehors, on est calmé direct : de la pluie de la pluie et encore de la pluie! Météo Islande 1 – 0 Nous. Vainqueur par KO!
Allez c’est pas grave, hop! en route! On rejoint enfin la grande route numéro 1, c’est celle qui fait la grande boucle autour de l’île, et d’ailleurs on en profite pour repartir en direction de l’est pour notre boucle ? et bien non. On fait un petit retour en arrière pour voir la chute de Urriðafoss (la cascade de la truite ou du saumon) le long du fleuve Þjórsá (le plus long fleuve d’Islande, 230km).
Même si en terme de hauteur, elle est un peu ridicule en comparaison de celles qu’on a déjà pu voir jusqu’ici, elle reste l’une des plus importantes en terme de volume (plus de 360m3/s) car ici le fleuve est très large. Pendant longtemps il y a eu un projet de barrage hydroélectrique à cet emplacement. Heureusement pour nous, des habitants se sont battus pour préserver cet environnement et le projet n’a jamais abouti. Ces questions liées au besoin de développement et d’infrastructures en Islande sont toujours d’actualité et reviennent régulièrement sur le devant de la scène.
Comme on peut le voir, ce matin là, la petite rivière qui se jette dedans était littéralement rouge. J’imagine que c’est la conséquence des pluies incessantes et des terres chargées de fer autour qui donnaient cette couleur, à moins qu’une grande usine de ketchup se trouve dans les environs mais je ne pense pas. Si vous avez la véritable information pour cette couleur je suis preneur.
Allez hop, on repart vers l’est, et on fait une boucle par la route 264 qui se transforme en piste. La lumière change rapidement, c’est magnifique, et des poney islandais gambadent en pleine nature. C’est le kif ici 🙂
Le but de ce détour ? c’est d’aller voir Keldur, un hameau agricole, où se seraient installés les premiers colons vikings en Islande. Il est connu pour sa vieille église datant de 1875 et surtout pour ses petites maisons recouvertes de tourbe. C’est ici qu’on trouverait le plus vieux bâtiment d’Islande.
L’endroit est splendide mais on avait vraiment l’impression d’être chez quelqu’un. A côté du site « historique » il y a une ferme en activité où des vrais gens vivent et travaillent, et ce matin là, on s’est vraiment senti comme des intrus venant chez eux sans permission. C’est probablement idiot vu que des milliers de touristes passent ici chaque année, et que des visites organisées sont même possibles (en juillet-aout), mais on n’a pas voulu trop déranger et on n’a pas trop exploré les lieux.
Nous revoilà sur la route 1, et maintenant, nous découvrons la magnifique chute de Seljalandsfoss.
Elle fait 65m de haut, et sa particularité c’est qu’un passage permet de se retrouver derrière la cascade. Si vous avez de la chance et que vous avez du soleil, venez plutôt en fin de journée, car vous aurez un festival d’arc en ciel au pied de le cascade. Pour nous c’est un festival de goutte de pluie dans la figure haha 🙂
Le site est vraiment au bord de la route. C’est ce qui est génial et aussi cruellement trompeur quand on voit ces photos, car on s’imagine une cascade perdue et accessible uniquement pour des aventuriers qui marchent pendant des heures dans des chemins impossibles. Et bien non, c’est à 100m de la route principale, visible à des kilomètres à la ronde, avec des grands parkings pouvant recevoir des dizaines de bus à touristes. C’est assez étrange, car comme de nombreux sites naturels magnifiques islandais, on a l’impression de voir des gens être comme devant un « bien de consommation facile » : on se gare devant, on prend sa photo (limite depuis le bus), on facebook / instagram / twitter, et on file ailleurs. Un peu perturbant … et on se demande à quel point on rentre ou pas dans ce schéma.
Nous sommes chanceux dans notre malheur, car comme le temps est toujours pluvieux et le vent assez fort (la magie de la photo fait qu’on ne voit pas ça sur les images),ce matin là, il n’y a quasiment personne! Tant mieux pour nous, on peut se balader tranquillement le long des falaises autour de la cascade.
On reprend la route et quand on vous dit qu’il y a du vent … mêmes les petites cascades sur les falaises n’arrivent plus à atteindre le sol et l’eau se fait littéralement disperser en plein vol. On croise les doigts pour que notre petit 4×4 ne subisse pas le même sort !
Un peu plus loin, sur votre gauche, en bas de la falaise, vous verrez la grotte de Rútshellir. C’est une des plus anciennes grottes habitées par l’homme en Islande. Elle est maintenant aménagée en abri pour les petites familles de moutons, brebis et agneaux 🙂
Il y a en fait deux petites grottes creusées par l’homme. La première fait environ 20m de long sur 2m de haut, et elle était utilisée pour stocker du fourrage. La deuxième, plus petite, fait 8m de long et servait probablement de fumoir. Il y a un petit conduit reliant ces 2 grottes.
Selon la légende c’est ici que vivait un géant nommé Ruth, qui dormait dans la grande grotte, et la petite grotte aurait été la cellule de ses esclaves. Ils auraient utilisés le petit conduit pour le tuer discrètement dans son sommeil.
En 1936, les troupes SS de Ahnenerbe (spécialisées dans les sciences occultes) auraient fouillées de fond en comble ces grottes en espérant y trouver d’anciennes traces de temples.
Plus loin, toujours le long de la route 1, on arrive devant Skógafoss. Probablement la plus belle cascade d’Islande!
Encore une fois, l’avantage de cette météo catastrophique c’est qu’il n’y a personne! Nous sommes hyper chanceux et je crois que c’est un vrai miracle car ce site est en principe rempli de visiteurs. On se sent donc hyper privilégiés, seuls face à ce monumental rideau d’eau et dans ce décor de folie (c’est embêtant d’écrire sur l’Islande, car on doit utiliser des superlatifs, tout le temps! :-)) Là aussi, d’après les légendes, quand il fait soleil, un double arc en ciel est facilement visible ici .. il parait. Je suis de plus en plus persuadé que « beau temps ensoleillé » en islandais se traduit par « publicité mensongère pour attirer les voyageurs »!
Selon une autre légende, le viking Þrasi Þórólfsson aurait caché un trésor, un coffre rempli d’or, derrière la chute, et il y a longtemps un enfant aurait réussi à se faufiler derrière et trouver le coffre du trésor, mais il n’aurait réussit qu’à attraper la poignée du coffre qui aurait disparut ensuite dans les profondeurs de la cascade, et la poignée serait restée dans sa main. Cette fameuse poignée est visible dans le Skógar museum.
Skogafoss c’est la chute d’eau, sur la rivière Skoga, à côté du village de Skogar. 62m de hauteur, 25m de large.
Et prenez vraiment le temps (vraiment!) de prendre le petit chemin qui grimpe sur la droite, car ensuite c’est une super randonnée, le long de la rivière Skoga en direction du massif montagneux de Þórsmörk. Une succession de cascades dans un décor magique. C’est le point de départ d’un des treks les plus réputés d’Islande et qui peut prendre jusqu’à 12 jours dans sa version la plus longue. Mais nous n’avons ni le temps ni l’équipement pour, alors nous avons simplement marché aussi loin que nous pouvions, et je vous conseille de faire pareil.
Normalement avec ces photos, vous ne devriez pas manquer de motivation pour faire cette superbe randonnée! 🙂
De retour à la voiture, après quelques kilomètres à peine sur la route 1, on reprend la route à gauche, sur la 221, pour rejoindre le glacier Sólheimajökull.
Ce glacier d’une dizaine de kilomètres de longueur n’est en fait qu’un bras de la calotte glacière du grand glacier Mýrdalsjökull, qui n’est lui même que le 4e glacier du pays! et pourtant, c’est déjà gigantesque! Vous pouvez vous balader un peu dessus mais il faut être bien équipé, ce serait dommage de glisser et tomber dans une crevasse ou finir dans l’eau glacée du lac de fonte de glace. Des randonnées avec guide sont possibles (crampons et piolets fournis).
On est loin de l’image du glacier immaculé, blanc de neige et de glace. Ici il y a énormément de cendres issues de la dernière éruption du Eyjafjallajökull. Le glacier recule d’avantage chaque année à cause du réchauffement climatique, et des odeurs d’œufs pourris caractéristique des émanations de soufre viennent parfois chatouiller nos narines. Malgré tout, ça reste un spectacle dont il faut profiter pleinement. Comme vient nous le rappeler un énorme corbeau qui survolait le glacier.
On reprend la route, toujours le long de la 1, et on prend ensuite à droite sur la 218 pour voir la superbe plage de sable noir de Kirkjufjara.
Malgré les apparences cette plage est réputée très dangereuse. Il y a fréquemment des éboulements au bord des falaises, en particulier lors des journées pluvieuses. Et régulièrement, une vague plus forte que les autres nettoie la plage et emporte tout ce qu’elle trouve dessus. En cas de mauvais temps et grand vent, il est donc déconseillé de se promener sur cette plage (ou alors être réellement vigilant).
L’accès à la plage est d’ailleurs parfois fermé comme en novembre 2015 après l’éboulement d’une falaise et en janvier 2017 quand une touriste est morte noyée, emportée par une vague …
Un peu plus loin en prenant la 215 on peut accéder à la plage et admirer la grotte basaltique Hálsanefshellir.
De retour dans la voiture et sur la route 1 (quelle surprise), on reprend le chemin de notre boucle vers l’est. Le paysage est rapidement plongé dans le brouillard et se change en une lande désertique parsemée d’innombrables petits monticules de lave qui ressemblent à autant de cairns créés par des fées et des lutins. C’est particulièrement marquant à Laufskálavarða. Cette partie du trajet m’a réellement parut glauque, l’atmosphère était assez étrange, tout était très fantomatique, mais je devais sans doute être un peu fatigué …
Allez, il est déjà 21h, vite on se dépêche et on finit par trouver refuge au camping de Kirkjubæjarklaustur (il y a une station service dans ce petit village, ouf!). On grignote rapidement dans la petite kitchenette du camping en examinant notre carte et on s’installe comme on peut dans la voiture pour essayer de dormir quelques heures.
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