Visiter Strasbourg, le guide complet

Ah Strasbourg, la capitale de l’Alsace, la capitale Européenne, la capitale de Noël. Cette grande ville de l’Est de la France est un véritable coup de cœur! Je vous embarque pour une visite touristique, historique, culturelle et insolite de la ville! C’est parti, hop en route 🙂

Une fois arrivé à Strasbourg, direction le centre ville historique. L’Office du Tourisme est d’ailleurs situé juste à côté de la Maison Kammerzell, qui est l’emblème de la maison à colombages 🙂

Commençons par un peu d’histoire car c’est toujours intéressant de connaître le passé de la ville!

Un peu d’histoire strasbourgeoise 😉

L’histoire de Strasbourg remonte à plus de 2000 ans. Les Celtes avaient une petite cité, Argentorate, puis les Romains y fondent le camp Argentoratum en l’an -15. Le camp devient une colonie militaire importante avant d’être détruit par Attila quand il envahit la gaulle en 451. Les Francs rebâtissent la cité en Stratiburg (château des routes). C’est alors une petite ville modeste à la croisée des routes commerciales sur un des rares ponts traversant le Rhin. Avec la montée en puissance du pouvoir des évêques, c’est l’essor au XIIe siècle. Strasbourg devient une des plus grandes ville du Saint-Empire Romain Germanique. On lance la construction d’une nouvelle et grandiose cathédrale, on agrandi les remparts. Devenue ville impériale libre, elle continue à gagner en richesse et en prospérité. En 1439, la flèche de la cathédrale est achevée, c’est le monument le plus haut de la chrétienté, un véritable symbole de puissance pour la ville! Grâce à l’invention de Gutenberg qui a vécut à Strasbourg, la ville devient un grand centre d’imprimerie et attire de plus en plus d’intellectuels. Elle est le berceau des idées de la Réforme, en conflit contre les richesses de l’église et les abus des évêques. La ville devient protestante en 1532 (la cathédrale est partagé en deux entre un évêque catholique et un protestant, ce qui créera beaucoup de conflits). Pendant la guerre de Trente Ans qui ravage toute l’Alsace, Strasbourg se tient à l’écart des problèmes, bien cachée derrière ses puissants remparts. L’empire germanique est battu et la ville se rend à Louis XIV en 1681. Elle est officiellement rattachée au royaume de France. Cependant, elle reste majoritairement protestante et on y parle allemand. Strasbourg est toujours prospère et rayonnante et son grande université est renommée. Apres la Révolution, le maire de Strasbourg demande un hymne à Rouget de l’sle pour la guerre contre la Prusse et l’Autriche. Il va composer un « Chant pour l’armée du Rhin », qui deviendra un symbole de la Révolution puis la fameuse Marseillaise, l’hymne national. Au XIXe siècle, la ville est à l’étroit dans son urbanisme médiéval. Des travaux sont lancés pour tenter de la moderniser. En 1870, c’est à nouveau la guerre. Les anciens remparts ne résistent pas longtemps devant l’artillerie moderne. La ville capitule et devient allemande. Elle va devenir une vitrine du savoir faire germanique. Elle est modernisée et sa surface triplée! Puis, c’est la Première Guerre Mondiale, et Strasbourg redevient française. Quand la Deuxième Guerre Mondiale arrive, la ville est évacuée dès 1939. En 1940, elle redevient allemande et les nazis n’acceptent que des habitants d’origines allemandes. Bombardée puis libérée en 1944 par le général Leclerc, Strasbourg redevient française. Après avoir changé 4 fois de nationalité en 75 ans, elle est un symbole de la réconciliation franco-allemande. On décide d’y installer les neuves institutions européennes. Depuis, Strasbourg est toujours florissante économiquement et attire de nombreux touristes qui veulent découvrir les charmes de l’Alsace et son joli centre ville historique préservé 🙂

La Cathédrale de Strasbourg

C’est la cathédrale de tous les records. C’est la cathédrale la plus visitée de France après Notre-Dame de Paris. Pendant deux siècles, c’était le plus haut bâtiment du monde! C’est aussi la cathédrale du torticolis! Contrairement à d’autres villes, il n’y a pas eu ici de véritable destructions autour pour dégager un grand parvis. Alors quand on est devant sa façade de 51m de large et ses 112m de longueur, on est un peu embêté haha 😉 Bombardée plusieurs fois, c’est un miracle si elle est toujours là. Découvrons ce « prodige du gigantesque et du délicat » comme disait Victor Hugo 🙂

Aux origines, il y avait ici un ancien sanctuaire celte ou romain, puis une précédente grande cathédrale romane brulée lors d’un incendie. Alors au XIIe siècle on lance les grands travaux pour une nouvelle cathédrale majestueuse en grès rose! D’abord construite dans un style Roman, l’arrivée d’un nouvel évêque en 1220 change tout, il veut absolument du Gothique. En 1360, elle ressemblait beaucoup à Notre-Dame de Paris avec ses deux tours. Mais changement de plan, on décide de remplir l’espace entre les deux tours! et on se dit « Pourquoi pas une grande flèche par dessus tout ça? » Banco! En 1399, la ville embauche l’architecte le plus réputé du moment, Ulrich d’Ensingen. Il a travaillé sur la grande cathédrale de Milan (que je vous présente sur cette page) et la grande cathédrale d’Ulm. La flèche est finalement achevée en 1439 et culmine à 142m. Strasbourg possède maintenant le plus haut bâtiment du monde! Evidemment, on aimerait une deuxième flèche, mais aucun projet ne sera retenu.

Quand la ville devient protestante, on retire les sculptures des Saints, on recouvre les fresques des murs, et on change le sol pour mettre un dallage sobre à la place des pierres tombales. En 1759, la foudre provoque un terrible incendie! À peine restaurée, la Révolution va provoquer des dégâts : 253 statues sont détruites, les bronzes du portail et les ornements métalliques sont arrachés et fondus. La grande flèche a même faillit être démolie! En 1806 commence la réparation des dégâts, on resculpte des statues, on restaure les vitraux. Mais patatra, en 1870 elle est visée par les obus de la Prusse et subit un nouvel incendie! Dans les années 1920, on se rend compte que la tour nord n’a pas les fondations nécessaire pour supporter le poids de la haute flèche, et que tout menace de s’effondrer! De justesse on consolide tout avec du béton.

Quand la Seconde Guerre Mondiale arrive, les vitraux sont mis à l’abri. D’abord cachés par la France en Dordogne, ils seront finalement rendus aux nazis et entreposés dans une mine de sel en Allemagne! Hitler projette de la transformer et d’en faire un Mémorial pour les Soldats Allemands. Ca faisait parti de son grand projet pour faire de Strasbourg une nouvelle mégalopole du Reich. En attendant, il y interdit le culte catholique et la cathédrale est fermée jusqu’à nouvel ordre. Finalement elle subira les bombardements des alliés en aout 1944. Enfin, de longs travaux de rénovation seront lancés dans les années 1960 et dureront des décennies! Ouf, maintenant la cathédrale est belle et elle n’attend plus que vous 🙂

Vous découvrirez par exemple la très belle chaire de pierre réalisée au XVe siècle pour le prédicateur Jean Geiler. C’est un formidable chef d’œuvre avec des sculptures fines et délicates. Insolite, cette chaire abrite un petit chien sculpté. Il a été rajouté en référence au chien du prédicateur qui l’accompagnait toujours quand il montait pour faire ses sermons. Depuis, cette sculpture est un peu devenue la mascotte de la cathédrale. Caressée par des millions de mains, la pierre du petit chien est devenue toute noire!

On peut aussi y admirer le célèbre Pilier des Anges. C’est un pilier en grès rose de 18m de haut, soutenant la charpente, construit vers 1230. On l’appelle aussi le Pilier du Jugement Dernier. En bas on trouve les 4 évangélistes, puis des anges qui sonnent les trompettes de l’Apocalypse et enfin le Christ au sommet. Derrière, éclairé par un projecteur, on aperçoit un homme accoudé à une balustrade qui semble regarder le pilier. Il est très connu mais on ne sait absolument pas qui est ce personnage 🙂 Le pilier a une légende. Un jour, alors que le que le diable chevauchait le vent à travers de Strasbourg, il passe devant la cathédrale. Curieux, il descend pour visiter l’intérieur, et contemple longuement le pilier. Il ne voit pas le temps passer et la messe commence. Il se retrouve alors immédiatement piégé à l’intérieur du pilier! Depuis, son cheval venteux l’attend toujours à l’extérieur, et c’est pour ça qu’il y a souvent du vent dans les ruelles autour de la cathédrale.

Une autre réalisation qui fait la renommée de cette cathédrale, c’est son horloge astronomique. Elle est achevée en 1574. Considérée comme un véritable chef d’œuvre de la Renaissance, cette horloge a aussi sa légende. On dit que le maire de Strasbourg, jaloux et voulant éviter que cette merveille puisse être reproduite ailleurs, a fait crever les yeux de son constructeur, le mathématicien Dasypodius. Rassurez-vous, ce n’est jamais arrivé 😉 Les rouages du mécanisme sont usés après trois siècles de fonctionnement, et un jour, l’horloge s’arrête! Un ingénieur strasbourgeois réussira à remplacer tout le mécanisme intérieur en 1842. Depuis, tous les jours à 12h30 précisément, les automates de l’horloge s’animent! 🙂 Pour assister à ce spectacle, il faut acheter sur place un billet à 4 Eur.

Les orgues magnifiquement décorés datent du XVIIIe siècle.

On peut aussi grimper au sommet (ou presque) de la cathédrale! Une fois le billet acheté (8 Eur), préparez vous à gravir les 332 marches pour atteindre la plateforme de la Tour Sud, à 66m de hauteur.

Depuis la maison du gardien construite en 1782 pour prévenir les risques d’incendie, on a une vue panoramique à couper le souffle sur le vieux Strasbourg 🙂

Depuis la plateforme on peut aussi admirer d’un peu plus près l’impressionnante flèche qui atteint 142m de haut. Une véritable dentelle de pierre, toute en finesse et en légèreté. On a du mal à s’imaginer le travail des derniers tailleurs de pierre perchés sur des échafaudage au dessus du vide. Il ne fallait vraiment pas avoir le vertige pour installer la dernière pierre!

Insolite, on peut aussi découvrir les innombrables graffitis gravés dans la pierre par les visiteurs entre 1818 et 1870! Parmi eux, on retrouve quelques noms célèbres comme Victor Hugo ou Goethe. Attention, maintenant c’est interdit, même si vous êtes « famous »! En revanche, vous pourrez toujours graver votre nom via un écran tactile sur un livre d’or virtuel 😉

Si ça vous intéresse, encore plus d’infos sur le site officiel.

Enfin, chaque été, la cathédrale s’illumine la nuit 🙂 C’est un merveilleux spectacle gratuit, qu’on ne se lasse pas d’admirer!

Le Palais Rohan

En face de la cathédrale, de l’autre côté de la place, il y a le Palais Rohan. Ce grand bâtiment date du XVIIIe siècle. Après avoir récupéré Strasbourg, Louis XIV arrive à faire nommer un jeune noble de la famille Rohan comme évêque, avec la tâche de ramener la population de la ville dans le catholicisme et la langue française. En parallèle, l’évêque Rohan, sans doute à l’étroit dans son ancien palais, achète plusieurs pâtés de maison et fait tout détruire. À la place, il fait bâtir ce grand palais! Il choisit le même style architectural que les grands hôtels parisiens. Après la Révolution, le palais accueille le Musée des Beaux-Arts, le Musée Archéologique et le Musée des Arts Décoratifs! L’entrée de chaque musée coûte 7.50 Eur. Vous pouvez choisir le Pass à la journée à 16 Eur pour visiter les trois musées (ou attendre le premier dimanche du mois, là c’est gratuit). Si vous avez la malchance d’avoir de la pluie, c’est la visite idéale!

En choisissant le Musée des Arts Décoratifs vous pourrez voir les « pièces historiques » du Palais. Après avoir traversé la cour d’honneur, on déambule notamment dans le Salon des Evêques et la Chambre du Roi. Pour information, ces pièces ne sont pas d’époque. Il s’agit de reproductions fidèles, car une bonne partie du Palais a été bombardée en 1944.

Le musée propose aussi d’innombrables « chefs d’œuvres » de faïences et de porcelaines, comme ce choux farci crémeux! haha 🙂 On y trouve aussi la première horloge astronomique de la cathédrale, qui date de 1354.

Au fait, le nom Rohan vous est peut être familier ? Alors aucun rapport avec Rahan, et encore moins avec Tolkien et le Seigneur des Anneaux (si vous avez la ref’ 😉 ). En fait la famille Rohan donnera 4 évêques de Strasbourg (et grand aumoniers de France). Pour, le dernier, pas de bol, il sera célèbre malgré lui en se faisant avoir en beauté dans le Scandale du Collier de la Reine !

Autour de la Place

Autour de la place, on trouve aussi le bâtiment du Musée de l’Œuvre Notre-Dame (du XIIIe siècle) qui abrite un musée médiéval (7.50 Eur aussi l’entrée). Juste à côté, c’est la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame (du XVIe siècle) avec son étrange portail, qui gère l’entretien de la cathédrale depuis 1224! On y trouve aussi un joli jardin médiéval … créé en 1937 🙂

Ne manquez pas le pilier de la minceur 😉 Il se trouve à l’angle de la rue Mercière et de la Place. Il y a un espace de 35cm entre le pilier et le mur. Selon une tradition qui remonte à 1567, chaque année, les membres du conseil de la ville devaient passer de profil dans cet espace, pour vérifier qu’ils n’avaient pas abusé de choucroutes et de bières. À votre tour maintenant! 🙂

Insolite, dans un coin de la place, vous verrez une plaque au sol. C’est la capsule temporelle de Strasbourg! En 1995, 14 bidons en plastique avec des milliers d’objets du quotidien des strasbourgeois ont été scellés sous terre dans un bunker en béton armé! La notice indique aux archéologues du futur qu’il ne faudra pas l’ouvrir avant 3790! Patience, Patience 🙂

La Place Kléber

Une autre place mérite le détour. C’est la grande Place Kléber (du nom de l’ancien général né à Strasbourg). C’est la plus grande place de Strasbourg. Tous les grands évènements populaires ont lieu ici, comme le grand sapin de noël, ou le traditionnel marché de noël depuis 1570. Ce soir là, c’était un chérubin géant qui volait au dessus de la place, tout à fait normal haha 🙂

La Place Kléber est bordée par le grand bâtiment de l’Aubette. Cette ancienne caserne où les ordres étaient donnés à l’aube (d’où son nom) est maintenant à moitié un centre commercial (L’Aubette shopping) et à moitié un musée (Aubette 1928, gratuit). À deux pas de la place, ne manquez pas la façade décorée de la pâtisserie Christian au 12 rue de l’Outre. Cette peinture en trompe l’œil date de 1987 lors de la restauration de cette bâtisse du XVIe siècle. Au passage, c’est aussi la pâtisserie la plus réputée de la ville, avis aux gourmands (la carte ici) 😉

Le quartier de La Petite France

LE quartier touristique de Strasbourg se trouve à l’ouest de la ville, c’est la célèbre Petite France. Des belles maisons à colombages, des canaux qui donnent un air de Venise, des chouettes restaurants. Tout est là pour en faire une carte postale idéale. Pourtant, la signification de la Petite France ne fait pas rêver! 🙂 Remontons dans le temps. En 1494, le roi Français Charles VIII part faire la guerre en Italie. Ses soldats fricotent avec les filles de joie napolitaines, et de retour au pays, ils sont couverts de furoncles. On découvre alors une nouvelle maladie, la syphilis, qu’on appelle à l’époque le « mal français ». Les mercenaires rentrés à Strasbourg sont placés à l’écart dans un hospice du quartier. On le surnommera plus tard la Petite France.

Le quartier abritait principalement des meuniers, des pêcheurs et des tanneurs. D’ailleurs la célèbre Maison des Tanneurs construite en 1572 est toujours là 🙂 Depuis 1949, c’est un restaurant traditionnel. Pour manger une bonne choucroute dans un bâtiment classé monument historique, pensez à réserver ici.

Ensuite, hop on enjambe le Pont du Faisan pour traverser la rivière de l’Ill. C’est un pont mobile construit en 1888, qui s’ouvre régulièrement pour laisser passer les bateaux-mouches. Il remplace l’antique pont en bois du XIVe siècle.

Une curiosité se cache près des écluses et des canaux. Elle se trouve derrière une baie vitrée de l’hôtel 5 étoiles du Régent (pour y réserver une chambre qui n’a pas de prix, c’est ici). Au moyen-âge il y avait là un grand moulin. Puis au XIXe siècle, on le remplace par des machineries complexes, les anciennes glacières de Strasbourg. Elles produisaient jusqu’à 200 pains de glaces par jour pour les brasseurs, les charcutiers, les restaurateurs et les particuliers. Elles sont fermées depuis 1990.

Juste à côté, on découvre les fameux Ponts Couverts de Strasbourg. Au XIIIe siècle, les bourgeois de la ville font construire quatre ponts couverts pour fermer l’accès à l’Ill et défendre la ville d’une attaque par la rivière. Pour être encore plus costauds, ils rajoutent cinq tours fortifiées (il n’en reste plus que quatre).

Plus tard, quand ce système de défense moyenâgeux devient obsolète et inutile, on remplace les ponts couverts par des ponts normaux (mais le nom est resté). Les tours sont conservées pour servir de prison jusqu’en 1823.

Juste en face, c’est le Barrage Vauban! Il est construit en 1688 pour moderniser la défense de la ville. C’est un pont écluse sur la rivière. L’idée est toute simple : si la ville est attaquée, il suffit de fermer les portes des arches, tous les terrains au sud seront inondés par la rivière et deviendront un marécage bloquant les troupes ennemies. Cette stratégie sera utilisée bien plus tard en 1870 quand l’armée de la Prusse fait le siège de Strasbourg. Le sud de la ville sera inondé et épargné, mais la cité sera sera capturée par le nord.

Depuis, le barrage Vauban est reconvertie en galerie couverte et terrasse panoramique 🙂

Avant de quitter ce joli quartier de la Petite France je vous propose de découvrir deux endroits insolites supplémentaires. Le premier, c’est le plus vieil arbre de Strasbourg 🙂 C’est un superbe platane qui date de 1667! On peut retrouver son énorme tronc au 3 quai de la Bruche.

Le deuxième, c’est la plus petite maison de la ville 🙂 Cette minuscule maison bleue digne d’un schtroumpf se trouve au 9 rue des Moulins, à côté de la terrasse du restaurant Chez l’Oncle Freddy.

Au fil de l’Ill 🙂

Suivons maintenant le bras de la rivière de l’Ill qui coule au sud de la grande île du centre ville historique de Strasbourg.

Visitons la vieille église Saint Thomas avec son allure de forteresse. Sa construction remonte au XIIe siècle, mais plus tard elle a longtemps été considérée comme la cathédrale du protestantisme français.

Dans l’église on peut découvrir l’ancien sarcophage en grés rose de l’évêque Adeloch mort en 1130. Mais c’est surtout le fond de l’église qui attire le regard, avec le magnifique mausolée du maréchal Maurice de Saxe. C’était un officier d’origine allemande (et protestant) qui a victorieusement commandé les troupes de Louis XV dans plusieurs conflits. Après sa mort en 1750 dans son Château de Chambord, on lui refuse le droit d’être enterré à Paris. On envoie donc sa dépouille dans la plus grande ville protestante du royaume, et le roi passera commande de ce grand mausolée qui mettra vingt ans à être sculpté!

L’église est aussi célèbre pour ses orgues splendides qui datent de 1741. Même Mozart qui a joué dessus en 1781 a vanté la beauté et la sonorité de l’instrument 🙂

La rivière passe maintenant sous le pont Saint Thomas qui date de 1841. C’est le plus ancien pont de fonte conservé en France.

Si on traverse le pont et qu’on va un peu plus au sud dans le quartier de Finkwiller, il y a un bel endroit à visiter!

Les caves historiques des Hospices de Strasbourg

En 1395, un nouvel hôpital est créé au sud de Strasbourg. Il se dote de grandes caves, car en plus des soins, les religieux qui dirigent l’institution proposent aussi à boire et à manger aux pèlerins et aux pauvres. On pouvait payer ses soins avec des dons en nature, ou des legs. Avec le temps, l’hôpital devient un des plus importants propriétaires fonciers d’Alsace! L’hôpital historique est détruit dans un incendie en 1716, mais les caves sont épargnées, ouf! Pour son 600e anniversaire en 1995, la cave devient une coopérative viticole. Une trentaine de vignerons mettent leur production en commun dans les grands tonneaux et récupèrent ensuite une partie des bouteilles, le « Vin des Hospices ». Le reste des bouteilles est vendue directement par la cave et les bénéfices servent à l’achat d’appareils médicaux.

On peut donc visiter cette grande cave voutée médiévale de 1200m². Le clou du spectacle c’est un tonneau de 300 litres datant de 1472 et qui a conservé le même vin blanc jusqu’en 2014! C’est le plus vieux vin du monde en tonneau! (Il a ensuite été transféré dans un nouveau tonneau, pour les siècles à venir).

Ce fameux millésime 1472 n’a été servi qu’à trois reprises : en 1576 (pour remercier les Zurichois venus au secours de la ville), en 1718 (après la reconstruction de l’hôpital) et en 1944 pour le Général Philippe Leclerc qui a libéré la ville. La cave abrite aussi un petit espace musée et on peut y découvrir un des plus grands tonneaux des hospices. Il date de 1881, avec une contenance de 26 080 litres. Ca en fait des bouteilles! La visite des caves historiques des hospices est libre et gratuite. La Cave se situe à l’intérieur de l’Hôpital Civil (côté centre-ville), au sous-sol du bâtiment de la Direction Générale (services administratifs). Il suffit de suivre le panneau. N’hésitez à déguster (avec modération) et acheter (sans modération) en boutique, c’est pour la bonne cause! 🙂
Plus d’infos sur le site officiel.

La rivière passe maintenant sous le pont Saint Nicolas, à côté de l’église protestante du même nom.

Sur le quai, on aperçoit un grand bâtiment, c’est l’ancienne douane de Strasbourg. En 1358, ces douanes servaient à contrôler, taxer et stocker les marchandises naviguant le long du Rhin tout proche (principalement de vin, poisson, sel et tabac). Pendant tout le moyen-âge, c’était le plus grand bâtiment civil de Strasbourg. En 1803, les douanes disparaissent et le grand bâtiment héberge des marchés. Il est pratiquement détruit par les bombardements de 1944, mais il sera reconstruit en 1966. Maintenant il abrite un restaurant, des ateliers et une salle exposition.

Attardons nous un peu sur le Quai des Bateliers avec une pause gourmande Aux Trois Chevaliers. Ce restaurant avec une carte traditionnelle alsacienne et une adresse emblématique du quartier. Un endroit que je vous recommande 😉 Pour réserver, voici leur site.

On peut maintenant découvrir cette Place du Corbeau avec le Musée Historique de la Ville de Strasbourg (entrée 7.50 eur) et l’embarcadère. Il y a aussi le Pont du Corbeau qui permet de relier le centre historique au quartier Krutenau. C’est un joli pont qui date de 1892, et en dessous passent les bateaux-mouches. C’est charmant 🙂 Mais au moyen-âge c’était totalement différent. Ici, il y avait un pont en bois, le Pont des Supplices. La jolie rivière de l’Ill était alors un véritable égout à ciel ouvert. On y noyait des condamnés dans une sorte de grand panier, le schandkorb. Ou alors, on les jetait simplement depuis le pont. Comme quasiment personne ne savait nager à l’époque, on mourrait noyé dans les matières fécales! C’est quand même bien plus sympathique maintenant 🙂

Et pourquoi corbeau au fait? Car ces oiseaux étaient nombreux dans le quartier pour venir picorer les dépouilles des condamnés… D’ailleurs en souvenir de cette belle époque, il y a une statue de corbeau à un angle de mur, juste avant de rentrer dans la discrète Cour du Corbeau.

La Cour du Corbeau est classée Monument Historique dès 1930. C’est un très bel exemple de maisons à pans de bois et encorbellements, datant du XVIe siècle.

Un peu plus loin dans le quartier, juste derrière le pont et l’église Sainte Madeleine, on peut trouver la Porte des Remparts.

C’est un des derniers vestiges des remparts construits au XIIe siècle pour protéger le sud de Strasbourg. Le portail a été creusé bien plus tard en 1913.

Après avoir dépassé la petite passerelle de l’Abreuvoir, on arrive au Pont Saint Guillaume bâti en 1892 (et son trottoir peint 🙂 ).

En s’éloignant un tout petit peu du pont en direction du centre ville, on arrive sur la Place Saint Etienne. C’est une jolie place médiévale pittoresque bordée des traditionnelles maisons à colombages. Entre deux tilleuls, au centre de la place, on trouve la fontaine du Meiselocker. C’est une statue reçue en 1929 de la part de la ville de Munich en échange de la statue du Père Rhin (Vater Rhein) qui ne plaisait pas du tout aux strasbourgeois (je vous laisse chercher une photo sur le net pour découvrir son fameux déhanché haha).

Cette statue représente un Meiselocker, un charmeur de mésanges. C’est un des surnoms des strasbourgeois. La tradition voulait qu’au printemps, les jeunes allaient à la campagne jouer de la flûte pour attirer et capturer des mésange, pour les vendre ensuite aux marchés en ville.

Depuis cette place, si vous continuez de remonter la rue de l’Arc-en-Ciel, vous arriverez à La Nouvelle Poste. C’est un bar vraiment cool que je vous recommande 😉

De retour sur le Pont Saint Guillaume, on peut découvrir la petite église protestante Saint Guillaume avec son étrange façade et son clocher de travers. Vous verrez, une fois devant, on se rend compte que quelque chose n’est pas droit. 😉

Plus loin, on arrive à la grande église Saint Paul qui ressemble à une cathédrale gothique. On la voit de loin avec les deux flèches de sa façade qui culminent à 76m de hauteur! Elle est récente car construite en 1897. Il y a 16 portes autour de l’église. La raison, c’est qu’elle a été bâtie pour la garnison allemande (protestante) stationnée à Strasbourg. Chaque porte correspond à un grade de l’armée allemande. Cette grande église fait partie du projet de la Neustadt.

La Neustadt de Strasbourg

En 1871, quand l’Alsace et la Lorraine changent de pays, les allemands projettent de transformer Strasbourg. Ils veulent littéralement créé une ville nouvelle, une Neustadt. Le but est d’agrandir les frontières de la ville qui n’ont pas bougées depuis le moyen-âge, accueillir tous les nouveaux résidents allemands, et faire de Strasbourg une vitrine du savoir faire germanique. Les travaux commencent en 1880. Cette nouvelle ville impériale prend naissance à l’est du centre historique. Fini les maisons à colombages, place à l’art nouveau, aux immeubles, aux villas et aux larges avenues. Malgré cette modernité, il y a des belles choses à voir dans cette partie de la ville 🙂

Un bel exemple, c’est le magnifique Lycée des Pontonniers, construit en 1902. Il sert tout d’abord de lycée de jeunes filles avant de devenir en 1979 un lycée international. Si vous voulez plus d’infos sur cet établissement, voici le site officiel.

Un autre bâtiment immanquable dans la ville nouvelle, c’est le Palais du Rhin, achevé en 1888. C’est avant tout un palais impérial qui de part sa masse imposante marque la présence allemande à Strasbourg dans la pierre. Il accueillera l’empereur Guillaume une dizaine de reprises.

Après avoi servi de Kommandantur pour les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale, il a faillit être détruit par la ville dans les années 1950. Finalement le palais sera conservé. Il abrite maintenant deux services administratifs (la Commission centrale pour la navigation sur le Rhin, et la Direction régionale des affaires cultures d’Alsace). Il est parfois ouvert au public, comme lors des journées du patrimoine.

À quelques minutes à pied du Palais du Rhin, on peut découvrir une curiosité architecturale: la « maison égyptienne ». C’est un immeuble situé au 10 rue du Général Rapp. Lors de sa construction en 1906, les architectes ont voulu mélanger art nouveau et touche d’exotisme avec cette belle fresque digne de l’Egypte ancienne 🙂

Un peu plus loin, au 5 rue Saint Léon, il y a un autre détail insolite à voir à la maison Muller Simonis. Dans cet immeuble qui abrite désormais Caritas Alsace (une structure du Secours Catholique), il y a un étrange personnage assis au 3e étage. C’est l’Elsässer, symbole de l’alsacien et du journal « Le Nouvel Alsacien » qui était imprimé dans la cour de l’immeuble.

De l’autre côté de la rue, on peut admirer le grand dôme en cuivre de la monumentale église catholique Saint Pierre-le-Jeune. L’église culmine à 56m de hauteur et le dôme a un diamètre intérieur de 18m. C’est la plus grande coupole d’Alsace.

Cette grande église en grès rose a été achevée en 1893. C’est une des constructions majeures de la Neustadt.

Au centre de l’église, il y a un grand lustre en couronne qui symbolise la Jérusalem céleste avec les douze portes et les douze apôtres. Plus d’infos sur le site officiel.

Plus loin, il y a le joli Parc de l’Orangerie de 26 hectares, accessible en tramway (Ligne E – Arrêt : Droits de l’Homme). Ce parc aurait été planté en 1801 d’après des plans d’André le Nôtre. En 1804 on y fait construire le Pavillon Joséphine. Il devait abriter une collection de 140 orangers confisqués lors de la Révolution au château de Bouxwiller. C’est l’origine du nom du parc 🙂 Le pavillon historique a été détruit par un incendie en 1968 et reconstruit à l’identique. C’est maintenant une salle municipale qui peut se louer.

Dans le parc il y a aussi le Buerehiesel, une ancienne maison à colombages construite vers 1600 … à Molsheim, à 25km d’ici! Elle a été démontée puis remontée pièce par pièce pour l’Exposition Industrielle et Artisanale de 1895. Cette belle maison abrite maintenant un restaurant gastronomique étoilé. Pour réserver votre table, c’est sur ce site.

C’est d’ailleurs à l’occasion de cette grande exposition de 1895 que le parc a été agrandi, avec un lac artificiel et sa cascade et une multitude de statues. C’est vraiment un parc magnifique où il fait bon se promener et se reposer 🙂 Avec un peu de chance, vous pourrez même y voir des cigognes!

À proximité du parc, il y a évidemment le Parlement Européen. Ce grand bâtiment a été inauguré en 1999 pour abriter le plus vaste hémicycle d’Europe avec 750 sièges. Avant sa construction, les députés européens siégeaient au Palais Universitaire, puis au Palais de l’Europe. Il est accessible en tramway (Ligne E – Arrêt ‘Parlement Européen’). Il peut se visiter gratuitement, plus d’infos sur ce site.

Beaucoup moins connu que le Parlement Européen, il y a la Cité Ungemach. C’est une cité-jardin de 140 pavillons créée dans les années 1920 par le riche industriel Léon Ungemach. Sous couvert de progrès social, ce projet relevait d’un idéal eugéniste qui pense que la sélection humaine peut amener à la formation d’une élite. Pour avoir le droit d’habiter dans une de ces maisons, il fallait être un « couple parfait » : être en bonne santé, avoir une bonne morale, avoir une épouse qui soit femme au foyer, avoir des enfants (au minimum trois), etc … Il y avait un règlement de 356 articles à respecter, un barème de points et des visites annuelles d’évaluation! Heureusement il n’y avait pas de critères de sélection physiques ou raciales. Dans les années 1980, la ville de Strasbourg devient propriétaire de la cité-jardin et applique le règlement classique des logements sociaux. Cette cité de logements avec jardin à prix modéré, juste à côté du Parlement Européen, continue de défier les promoteurs immobiliers 😉

Je vous emmène maintenant dans un endroit insolite, totalement de l’autre côté de la ville 🙂 À une dizaine de minutes de marche depuis la gare de Strasbourg, vous pouvez visiter un endroit unique, le château musée vodou! Déjà, l’endroit est surprenant, le musée se trouve dans l’ancien château d’eau de la gare, classé monument historique en 1984. Ensuite la thématique du musée est inédite, les mystères du vodou! 🙂

Après l’achat du billet d’entrée (14 eur) on peut découvrir la plus grande collection d’objets vodous africain au monde. Cette collection privée présente des pièces venant principalement du Bénin, du Togo, du Ghana et du Nigéria. Le vaudou représente un ensemble de divinités, leurs incarnations en iwas sous plusieurs formes, et les pratiques pour se mettre en relation avec ce monde invisible. Les pratiques magiques du vaudou ont survécus en secret malgré la répression des colonisations en Afrique, et elles se sont même propagées dans le monde à cause de l’esclavagisme.

C’est vraiment un musée très intéressant et qui pousse à la curiosité! C’est une visite que je vous recommande fortement et qui sort un peu de la carte postale Strasbourg alsacienne 😉
Plus d’infos sur le site officiel.

Il y a encore d’autres merveilles à découvrir dans cette très belle ville. En tout cas j’espère sincèrement que cette page vous aura donné envie d’aller la visiter 🙂

Balade à Obernai et au Mont Sainte-Odile

Hop en route pour une chouette balade en près de Strasbourg. Partons à la découverte de la jolie petite ville d’Obernai, et au sommet du Mont Sainte-Odile, sur les traces de la sainte patronne de l’Alsace. C’est parti! 🙂

Direction donc le pays du Mont Sainte-Odile, et la charmante petite ville d’Obernai, à 30min de route de Strasbourg.

Le belvédère dans les vignes

Pour commencer cette belle journée, je vous conseille un des plus beaux point de vue de la région. Depuis un belvédère caché dans les vignes, vous aurez ce magnifique panorama sur Obernai et la plaine alsacienne 🙂

En plus d’offrir cette jolie vue, ce belvédère accueille depuis 1956 un Mémorial National des Incorporés de Force. La croix érigée est en commémoration des 272 victimes du canton pendant la seconde guerre mondiale. Ils faisaient parti des tristement célèbres « malgré nous », quand en 1942, plus de 140.000 alsaciens et mosellans sont incorporés de force dans la Wehrmacht pour aller combattre sur le front de l’est en Russie…

Depuis ce magnifique belvédère on aperçoit les premiers monts du Massif des Vosges le sommet du Mont Sainte-Odile qu’on ira visiter un peu plus tard 🙂

Vous remarquerez aussi que ce belvédère est situé en plein milieu des vignes. C’est d’ailleurs le point de départ d’un petit sentier viticole qui fait le tour des vignes du côteau du Schenkenberg, exposé plein sud. Il faut rappeler qu’Obernai est une étape incontournable de la fameuse route des vins d’Alsace (pour explorer plus en détail, plus d’infos sur le site officiel) qui traverse la région du nord au sud sur 170km.

Le vignoble Obernois s’étale sur près de 300ha. Il est réputé pour la qualité de ses vins dès le moyen âge. On y retrouve les principaux cépages alsaciens : Sylvaner, Pinot blanc, Riesling, Pinot gris, Muscat, Gewurztraminer et Pinot noir. Si vous êtes dans les parages fin aout, sachez que la Corporation des Vignerons d’Obernai organise une promenade gastronomique avec des dégustations de vins sur ce sentier. À ne pas manquer donc 😉

Si vous préférez la bière, à Obernai il y a le plus grand centre brassicole de France (et un des plus grands d’Europe) avec la brasserie K2 de Kronenbourg.

La jolie ville d’Obernai

Obernai est la deuxième ville touristique du Bas-Rhin après Strasbourg. Aux origines, elle s’appelait Eheneim, qui signifie « le village sur l’Ehn » (du nom de la petite rivière qui coule ici). La ville apparait pour la première fois dans des textes en 778, comme domaine viticole lié aux abbayes de Hohenbourg et de Niedermunster. Au moyen-âge, la ville est riche et prospère. Avec son statut de ville impériale, elle possède des remparts puissants, des portes fortifiées et fait parti de l’alliance des dix cités impériales germaniques en Alsace, le décapole. Au XVIIe siècle, la guerre de Trente Ans ravage l’Alsace et va mettre un frein à son essor. Obernai fait désormais parti du royaume de France et ne bénéficie plus de ses privilèges. La ville se spécialise dans la manufacture et survit relativement bien aux différentes guerres. Ce riche héritage lui permet d’avoir un très beau centre ville historique 🙂

On prend plaisir à flâner dans les rues du centre et admirer les jolies maisons à colombages. Boutiques et restaurants n’attendent que vous 😉

Autour de la place du Marché on retrouve le monument emblématique d’Obernai, le Kappelturm qui mesure 60m de haut. C’était le clocher de l’ancienne chapelle de la Vierge construite en 1285 et détruite en 1873 (d’où son nom « tour de la chapelle »). Le monument devient ensuite le beffroi de la ville. Au XVIe siècle, on lui rajoute un 5e étage, avec une belle balustrade gothique, un toit pointu, et une horloge.

On peut aussi admirer la façade colorée de l’hôtel de ville en style Renaissance. Au centre de la place, il y a la fontaine Sainte-Odile, édifiée en 1904. Elle rappelle que Sainte Odile, la « patronne de l’Alsace » est née ici à Obernai.

En remontant la rue du Chanoine Gyss, on peut découvrir le célèbre puits à six seaux. Il est construit en 1579 dans le style Renaissance par des artisans strasbourgeois. C’est un joli monument décoré qui a fait la fierté de la ville pendant plus de 400 ans … jusqu’à ce qu’un jour en 1970, un camion rentre dedans et le détruit. Comme on ne pouvait pas laisser quatre siècles d’histoire en morceaux, le puits sera rapidement reconstruit à l’identique 🙂

L’autre monument immanquable d’Obernai, c’est l’église Saints Pierre et Paul. Erigée en 1872, elle remplace l’ancienne église démolie qui datait du XVe siècle. Ses dimensions sont impressionnantes. Avec 75m de long, c’est une des plus grandes églises catholique d’Alsace.

L’intérieur de l’église est magnifiquement décoré. Dorures, peintures, fresques et vitraux colorés. Tout est là pour embellir cet édifice qui mérite vraiment une visite!

Derrière l’église on trouve le petit cimetière d’Obernai. Lui aussi mérite une visite. On y trouve une curieuse crypte construite en 1517 par un riche marchand. Au dessus, il fait installer une belle sculpture de scène biblique (Jésus en prière au Mont des Oliviers).

Cette crypte sera le siège d’un miracle célèbre en 1691. Un soldat infirme vient y prier, la Vierge lui apparait et il retrouve l’usage de ses jambes. Une chapelle avec une statue de la Vierge est érigée et devient un lieu de pèlerinage. Les guérisons continuent jusqu’en 1793, quand la statue est jetée dans un grand feu par les révolutionnaires. Miraculeusement, la main de la sculpture évite la destruction et s’échappe du brasier. Depuis, la main de la Vierge douloureuse est conservée dans la chapelle, mais il n’y a pas eu d’autres miracles.

Le Mont Sainte-Odile

À 15 minutes de route en voiture depuis Obernai, on peut atteindre le sommet du Mont Sainte-Odile. Ce mont vosgien de 764m d’altitude était un territoire sacré pour les Celtes. Ils l’appelaient Altitona (la montagne haute) et y pratiquaient des cultes sur le plateau rocheux au sommet. Plus tard, au VIIe siècle, le puissant duc d’Alsace Etichon-Adalric y fait construire le château de Hohenbourg. Son histoire est ensuite liée à celui de Sainte Odile.

C’est le premier enfant du terrible duc. Il voulait un fils, il a une fille. Qui plus est, l’enfant est aveugle. Furieux, son père veut la tuer! Pour la protéger, sa mère l’envoie loin du duc. Elle grandit alors protégée et cachée. À l’âge de douze ans, lors de son baptême, elle retrouve la vue! On lui donne le nom de Odile, « fille de lumière ». Malgré ce miracle, le duc ne veut toujours pas revoir cet enfant. C’est finalement un de ses frères qui la ramène en secret au château. Quand le duc découvre cette manigance, de rage il tue son fils d’un coup de sceptre à la tête! Pris de remords, il accepte finalement de laisser Odile vivre dans une dépendance du château. Humblement, elle prie pour le duc et distribue de la nourriture aux pauvres et aux malades. Tout le monde l’aime et le duc finit par être touché par sa grâce. Il lui cède alors son château qu’il fait transformer en grand couvent. Puis le couvent devient officiellement l’abbaye de Hohenbourg, fondée en 680, dirigée par Sainte Odile.

C’est un succès immédiat, les fidèles affluent. Comme le lieu n’est pas facile d’accès pour les plus faibles, elle fait construire le Niedermünster plus bas sur la montagne, qui veut littéralement dire « le monastère d’en bas ». Après la mort de Sainte Odile en 720, son corps est enfermé dans un sarcophage. Au XIVe siècle, l’empereur Charles IV fait ouvrir le sarcophage afin d’y prélever des reliques pour la cathédrale de Prague. On découvre alors que le corps de sainte Odile est toujours très bien conservé! L’abbaye sera réduite en cendres à plusieurs reprises au cours des siècles et pillée une dernière fois lors de la Révolution. Mais elle est reconstruite à chaque fois 🙂 En 1946, le pape Pie XIII déclare Sainte Odile officiellement sainte patronne de l’Alsace.

On peut évidemment toujours visiter le sanctuaire du Mont Sainte-Odile 🙂 Ce site attire d’ailleurs chaque année plus d’un million de visiteurs! Des grands parkings gratuits sont à l’entrée. Pour les pèlerins ou les randonneurs, le sanctuaire propose un service d’hôtellerie et un espace restaurant buffet.

Dans la Chapelle de Sainte-Odile, on peut voir le fameux sarcophage du VIIIe siècle contenant les reliques de la Sainte.

Un autre lieu à découvrir à l’extérieur, la Chapelle des Larmes. Dans cette chapelle, Odile aurait pleuré à la mort de son père et prié pour le salut de son âme. Ses larmes auraient même creusées le sol.

Une grande terrasse plantée d’immenses tilleuls offre un panorama exceptionnel sur l’Alsace 🙂

>> Plus d’infos sur le sanctuaire du mont Sainte Odile sur le site officiel.

À une dizaine de minutes de marche du sanctuaire, on peut trouver la source miraculeuse de Sainte Odile. Selon la légende, un jour, alors qu’Odile remonte vers l’abbaye, elle croise un mendiant aveugle et qui a soif. Elle frappe un rocher, et source d’eau bienfaisante en jaillit. Depuis, la source continue de couler, et on dit que cette eau aurait des propriétés curatrices. Traditionnellement, les pèlerins s’y lavent les yeux.

Petite info insolite sur le Mont Sainte Odile 😉 Entre 2000 et 2002, il se passe quelque chose d’étrange au mont : plus de 1000 livres anciens disparaissent mystérieusement de la bibliothèque du monastère, et sans aucune trace d’effraction! Le mystère sera finalement résolu par la gendarmerie : c’est un professeur de Strasbourg qui avait trouvé l’existence d’un passage secret et l’avait utilisé pour ramener les ouvrages chez lui, par amour des livres 🙂

Beaucoup moins amusant, le mont Sainte Odile a aussi connu une catastrophe aérienne, quand un airbus A320 s’est écrasé et 1992 et faisant 87 morts…

Enfin, le mont Sainte Odile est connu pour son mur païen à découvrir dans la forêt. c’est une grande muraille de pierre qui fait onze kilomètres de long! Elle fait tout le tour du sommet. Son nom lui est donné au XIe siècle par le pape Léon IX. Il pensait que c’était une réalisation des Celtes. Les blocs de pierres sont énormes et on s’interroge toujours sur son histoire et ses origines. Des tenons en bois retrouvés lors de fouille sur une portion ‘restaurée’ du mur ont été datés du VII siècle. Mais l’origine de sa construction est sans doute bien plus ancienne. Mystèèère …

Le mythique château du Haut-Koenigsbourg, la visite!

Un des emblèmes de l’Alsace, c’est le grand château du Haut Koenigsbourg! Il parait imprenable et domine fièrement la plaine depuis son éperon rocheux à 757m d’altitude. C’est un des sites les plus visités d’Alsace! Allons découvrir cette merveille, hop en route! 🙂

Direction les contreforts des Vosges. Le Koenigsbourg se situe à 30min de Colmar et 1h de Strasbourg. Sur place, on peut se garer gratuitement le long de la route. Pour information, il existe aussi un service de navette (bus n°500) depuis la gare SNCF de Sélestat. Le prix du trajet est 2.50Eur et il y a un départ toutes les heures. Pour la visite du château, prévoyez environ deux heures. Le billet d’entrée plein tarif est à 12Eur.

Dès notre arrivée, on est juste bouche bée devant ce superbe panorama sur la plaine d’Alsace. D’ici on peut contempler Sélestat, les Vosges et la Forêt-Noire 🙂

Quand on s’approche du portail d’entrée, on est impressionné par les puissantes murailles en grès rose des Vosges, et par l’allure de véritable forteresse imprenable du château! Et pourtant, il n’a pas toujours eu la fière allure qu’il a maintenant …

Son histoire remonte il y a plus de 900 ans, au XIIe siècle. À l’époque, la puissante dynastie des Hohenstaufen érige de nombreux châteaux en Alsace, dont celui ci. En 1157, il prend le nom de Koenigsbourg (château du roi) quand Frederic 1er de Hohenstaufen devient empereur du Saint-Empire Romain Germanique. Après la chute de la dynastie Hohenstaufen au XIIIe siècle, le château est attaqué et détruit en 1462. Il devient alors la possession de la famille Tierstein. Il est reconstruit, agrandi et il devient un véritable grand château-fort. Le XVe siècle, c’est l’apogée du Koenigsbourg. Il passe ensuite aux mains des Habsbourg d’Autriche, mais le château n’est plus entretenu. En 1633, pendant la guerre de Trente Ans, les troupes suédoises conquièrent le Koenigsbourg, qui est détruit puis incendié. Pendant plus de deux siècles, l’ancien château n’est plus qu’un tas de ruines oubliées…

©DBV-Inventaire Alsace

Bien plus tard, en 1871, après la fin de la guerre contre l’Allemagne, la France perd l’Alsace et la Lorraine. En 1899, les ruines du château sont offertes par la ville de Sélestat à l’empereur Guillaume II. C’est l’occasion pour le Kaiser d’en faire un symbole de pouvoir, à la limite occidentale de l’empire allemand. Il entreprend de le faire restaurer pour que tout le monde puisse voir la puissance germanique dans ce nouveau territoire. Il fait alors appel à Bodo Edhardt, qui est un peu l’équivalent allemand de Viollet-le-Duc. Les travaux de reconstruction durent de 1901 à 1908, pour redonner au Koenigsbourg sa splendeur du XVe siècle, à l’époque des comtes de Tierstein. Régulièrement, l’empereur vient même en personne surveiller l’avancée des travaux!

Après la fin des travaux et l’inauguration de 1908, c’est au tour de la décoration intérieure du château par Leo Schnug, de 1909 à 1914. Il faut acheter du mobilier pour remplir cet immense cocon bien vide. Le but est de faire du Koenigsbourg un véritable musée médiéval. Diverses collections sont exposées (vieux coffres, armes anciennes,…). Le château est aussi modernisé et dispose désormais de l’eau courante et de l’électricité.

Après la Première Guerre Mondiale et le retour de l’Alsace en France, le château devient Palais National en 1919, et il sera classé monument historique en 1993. Depuis, il attire chaque année plus de 500.000 visiteurs 🙂

On commence la visite par la cour intérieure autour de laquelle les principaux espaces de vie sont organisés. Les belles galeries en bois du logis surplombent la petite place. On a presque l’impression d’être dans un petit village médiéval. On peut aussi y trouver les grandes cuisines du château et un puit profond de 62m!

On va naturellement vers la porte de l’escalier d’honneur hexagonal, avec les armoiries de la famille Tierstein.

Au premier étage, on peut visiter le logis, la salle des trophées de chasse et la salle d’armes.

Au deuxième étage, on découvre la grande salle du Kaiser. C’est la salle d’honneur et de prestige voulu par l’empereur. Il fallait faire de la place pour qu’elle soit plus grande qu’à l’origine. Pas de problème, le plafond est cassé, et la pièce fait désormais deux étages de hauteur. Forcément on lève les yeux vers ce haut plafond, au dessus des beaux lustres décorés.

Bien visible, il y a une grande peinture d’aigle, symbole impérial germanique. On retrouve d’autres peintures de Leo Schnug sur les murs de la salle.

À l’extérieur, un jardin entouré d’un chemin de ronde permet de faire le lien avec le bastion à l’ouest.

Le bastion est la partie la plus fortifiée du Koenigsbourg. Car à l’ouest du château, il y a une zone plane où une artillerie ennemie pouvait éventuellement s’installer. Dans le bastion, on peut d’ailleurs admirer plusieurs copies de canons de différentes époques.

On peu aussi admirer la magnifique vue sur le massif des Vosges qui s’étend vers le sud. On ne s’en lasse pas! 🙂

La vue la plus emblématique du Haut Koenigsbourg, c’est évidemment celle ci. Avec les remparts, et le grand donjon et sa tour carrée qui se détachent sur la plaine d’Alsace 🙂

C’est vraiment fou de comparer avec une photo du même point de vue, datant d’il y a plus d’un siècle.

©DBV-Inventaire Alsace

Avant les travaux de restauration il n’y avait vraiment pas grand chose… On se rend compte alors de l’énorme travail que ça a du représenter!

À l’extérieur des murs du château, on peut aussi visiter un petit jardin médiéval. Il est en accès libre toute l’année.

>> Pour préparer votre visite et avoir plus d’infos, voici le site officiel 🙂 <<

À quelques minutes de route à peine, vous pouvez aussi découvrir deux endroits insolites : la Montagne des Singes et la Volerie des Aigles.

Au fait, puisqu’il y a un « Haut Koenigsbourg », est-ce qu’il y a un « Petit Koenigsbourg » ?
La réponse est oui 🙂 C’est le château de l’Oedenbourg (qui signifie abandonné), ou du moins ce qu’il en reste. Ce petit fort totalement en ruines se trouve à quelques centaines de mètres vers l’ouest. Il faisait parti de l’ensemble fortifié du Koenigsbourg au XIIIe siècle. Ne vous donnez pas la peine d’y aller, il n’y a pratiquement rien à voir 😉

Le Jardin Albert-Khan, un voyage insolite aux portes de Paris

Aux portes de Paris, il y a un jardin extraordinaire et pourtant peu connu. Ce petit coin de paradis se trouve à Boulogne-Billancourt, caché derrière une façade métallique et moderne, à deux pas de la station de métro Boulogne – Pont de Saint-Cloud sur la ligne 10. Il faut pénétrer à l’intérieur du Musée départemental Albert-Khan. Hop en route! 🙂

Ce musée abrite l’œuvre d’Albert Kahn. Aussi improbable que ça puisse l’être, c’était un banquier philanthrope et humaniste 🙂 Il né en 1860 en Alsace et fait fortune à Paris. En 1898, il offre des bourses de voyage à des jeunes diplômés pour découvrir le monde et enrichir leurs compétences. Lui même entreprend un long voyage de plusieurs mois autour du monde en 1908, il veut documenter la Terre et le vivant. Il prend déjà conscience des changements irrémédiables des sociétés et des modes de vie dans le monde. Il lance alors son grand projet des « Archives de la Planète ».

De 1909 à 1931, il va financer les voyages d’aventuriers et d’explorateurs aux quatre coins du monde. Il ne leur demande qu’une chose, « avoir les yeux grands ouverts »! Le but est de documenter, pour témoigner « des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine, dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps ». Le fruit de ce travail, c’est plus de 72.000 photographies couleurs sur plaques autochromes. C’est la plus importante collection au monde! Il y a aussi une centaine d’heures de films en noir et blanc et près de 4000 plaques stéréoscopiques en noir et blanc. C’est avec curiosité et plaisir qu’on peut découvrir ces photos couleurs des pays monde il y a un siècle. C’est un témoignage vraiment précieux sur la façon dont vivaient nos aïeux 🙂

En plus des riches archives du musée, vous pourrez découvrir l’incroyable jardin créé par Albert-Kahn! 🙂 En 1895, il achète un hôtel particulier à Boulogne. Puis, petit à petit, il va acquérir toutes les parcelles autour de sa propriété. En 1910 il se retrouve avec plus de 4 hectares de terrain qu’il veut transformer en jardin à scènes paysagères. Il fait alors appel à un architecte paysagiste prestigieux, Achille Duchêne, qui est lui même fil du célèbre jardiniste Henri Duchêne. On les surnommait « les princes des jardins et les jardiniers des princes« .

Au centre du jardin d’Albert Kahn, face à sa résidence, se trouve la premier paysage créé. Il s’agit d’un jardin à la française avec ses parterres bien symétriques. En suivant les allées rectilignes, on observe les rosiers bien taillés, le verger avec ses nombreux arbres fruitiers, et le jardin d’hiver.

Il est agrémenté d’une serre où on peut profiter de la terrasse ensoleillée et découvrir des expositions temporaires.

Juste à côté, on découvre un digne représentant de jardin à l’anglaise avec des grands arbres se dressant autour d’une pelouse.

Plus loin, on peut traverser une rareté dans un jardin privé. Le parc du jardin abrite trois bois ornementaux. Pour rappeler les paysages de l’enfance d’Albert Kahn, il y a une grande forêt vosgienne composée de pins, d’épicéas et de blocs de granits disséminés ça et là.

On trouve aussi une forêt bleue, avec des cèdres de l’Atlas et des épicéas du Colorados, aménagée autour d’un petit marais.

Et enfin, une forêt dorée composée de bouleaux et d’une prairie chatoyante et lumineuse l’été.

Au grè de votre promenade, vous découvrirez la salle des Plaques. Dans les années 1920, c’était l’endroit où les milliers de plaques autochromes étaient triées, classées et rangées.

Maintenant ce lieu abrite régulièrement des résidence d’artistes et des créations contemporaines en rapport avec la notion d’archive.

Le jardin abrite aussi un petit village traditionnel japonais avec des maisons en bois et papier de riz. C’est le fruit du deuxième voyage d’Albert Kahn au Japon en 1898. Il en reviendra avec des jardiniers et des charpentiers japonais.

Le Japon était sa nation de cœur et il tenait vraiment à recréer cet univers chez lui en France.

Le village japonais abritait aussi une grande pagode bouddhiste de cinq étages. Elle marquait l’entrée d’un sanctuaire japonais. Hélas, la grande pagode a brulée lors d’un incendie en 1953 et il n’en reste plus rien, tout comme le sanctuaire.

Pour remplacer cette partie du jardin un peu laissée à l’abandon, un nouveau jardin japonais contemporain a été aménagé dans les années 1990 par le paysagiste japonais Fumiaki Takano. Dans ce jardin, on trouve un grand cône de galets symbolisant la naissance.

Puis un cours d’eau représentant la vie et l’amour.

Le cours d’eau fini par s’achever dans une spirale de galets représentant la mort.

On peut se promener sur un pont en bois laqué rouge. C’est un hommage au célèbre pont japonais de Nikko, visité par Kahn en 1908.

Il y a partout des espaces pour la contemplation, des bancs pour se délasser et admirer la beauté des lieux. C’est vraiment un jardin où on peut y rester des heures, à flâner, lire un livre, écouter de la musique, regarder les reflets sur l’eau. Bref, un bel endroit 🙂

L’ensemble du grand jardin d’Albert Khan, achevé en 1910, est un véritable symbole de paix. En 1932, à la suite de la Grande Dépression, la banque Kahn fait faillite. La propriété est saisie. Mais heureusement, l’héritage du musée est conservé grâce à ses amis et relations. Albert Khan meurt quelques années plus tard, en 1940, au début de la guerre.

Le jardin Albert Khan attire chaque année près de 100.000 visiteurs. L’entrée est à 9 Eur (gratuit le premier dimanche du mois). Si vous recherchez une balade dépaysante et insolite à Paris, c’est vraiment le lieu idéal! 🙂

Pour préparer votre visite, connaître les horaires et les expositions du moment, plus d’infos sur le site officiel.

Le Canal du Midi insolite au Seuil de Naurouze

Tout le monde ou presque connait le Canal du Midi. De passage dans le sud, vous avez probablement déjà longé ses rives. Mais est-ce que vous connaissez le Seuil de Naurouze ? Allez c’est parti, hop en route pour découvrir ce lieu qui a changé la France 🙂

On ne présente plus le célèbre Canal du Midi! Fierté du patrimoine français, chef d’œuvre d’ingénierie du XVIIe siècle, il permet de relier la ville de Sète à Toulouse. Et grâce au Canal de la Garonne qui débouche près de Bordeaux, une embarcation peut traverser tout le sud de la France et passer de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée et inversement. Ces deux canaux réunis forment le canal des deux-mers.

Le point clé du Canal du Midi se trouve sur la commune de Montferrand, près de Castelnaudary, à 40 min de route de Toulouse ou de Carcassonne. Cet endroit, c’est le Seuil de Naurouze!

Depuis longtemps, la construction de ce grand canal était envisagée mais paraissait toujours irréalisable!

Un beau jour de l’an 1662, le roi Louis XIV voit un nouveau projet de canal lui être présenté. Si ce projet est faisable ce serait alors un atout économique formidable pour le royaume de France. Les navires chargés des marchandises des ports de la Méditerranée n’auraient plus à faire le tour de la péninsule ibérique, de risquer les attaques des pirates, et de payer le passage du Détroit de Gibraltar contrôlé par les espagnols. Le roi cherche aussi à désenclaver Toulouse et à affermir son autorité royale dans les états du Languedoc. Enfin, cet ouvrage d’une taille sans précédent laisserait l’empreinte du Roi Soleil dans le royaume. Bref, ce projet retient son attention. Mais en quoi est-il différent des précédents ?

Ce projet est présenté par Pierre-Paul Riquet. C’est un prospère collecteur d’impôt royal originaire de Béziers. Son rêve est d’être celui qui construira ce grand canal. Après avoir longuement étudié la région, il pense avoir trouvé la solution au problème le plus épineux : faire franchir au canal le col de Naurouze à 194m d’altitude. En effet, cette hauteur est en plein milieu du trajet. Riquet explique que ce col correspond à la ligne de partage des eaux. C’est à dire que d’un côté du col, toute l’eau part naturellement vers l’océan Atlantique, et de l’autre côté du col, l’eau va vers la Méditerranée. Mais alors comment alimenter ce « point haut » avec de l’eau pour que la Canal soit toujours rempli ?

Son idée de génie est de se servir des eaux de pluie de la Montagne Noire située à 80km de là. Une rigole de la Montagne collectera les eaux qui s’écoulent sur le versant méditerranéen pour les ramener vers l’autre versant, et les déversera dans la rivière Sor. Ensuite, la rigole de la Plaine permettra de détourner les eaux de la rivière jusqu’au col. Et pour s’assurer qu’il y aura toujours assez d’eau à n’importe quelle saison de l’année, il faut un grand réservoir. Pour ça, pas de problème, il suffit de construire un barrage et créer un lac. Le ministre des finances du roi, le célèbre Colbert est intéressé et demande de prouver que c’est réalisable. Riquet fait rapidement creuser la fameuse rigole de la Plaine. En 1665, l’eau de la Sor arrive au Seuil de Narouze! Colbert est rassuré, les experts aussi, alors en 1666, le roi valide le projet, hop en route! 🙂

Malgré tout, les finances de l’état ne sont pas au mieux et les états du Languedoc rechignent un peu à mettre la main à la poche de peur que l’argent ne soit utilisé pour autre chose. En échange du droit de propriété et d’exploitation du Canal, Riquet s’engage à avancer l’argent pour couvrir les frais et lancer les travaux. C’est un pari risqué! Cet immense chantier commence et Riquet va révolutionner le monde du travail. Pour que les travaux avancent vite et bien, il ne veut pas de gens forcés de travailler par ordre du roi. Il embauche jusqu’à 12.000 ouvriers. Pour la première fois, des salaires mensuels sont versés. Il veut fidéliser les travailleurs et ne plus avoir à faire à des journaliers. Les ouvriers bénéficient d’une mini sécurité sociale, ont droit à un logement et sont même relativement bien payés. Entre 1667 et 1680, le plus grand barrage du monde (à l’époque) est construit et donne naissance au réservoir du lac de Saint-Ferréol.

La clé de voute du projet, le « brief de partage » du canal, c’est le fameux Seuil de Naurouze. On y creuse un grand bassin hexagonal de 400m sur 300m. Riquet avait de grands projets pour cet endroit. Il pensait bâtir autour une ville nouvelle, sorte de cité idéale. Dans le bassin, un port commercial, et au centre, une fontaine monumentale de Louis XIV dans un char tiré par des chevaux marins. Hélas, il ne verra rien de tout ça. Le chantier du canal est titanesque et Riquet meurt de maladie en 1681.

Le Canal du Midi est officiellement ouvert au trafic en 1683. Assez vite on remarque qu’il s’ensable fréquemment. Alors on fait appel à un autre génie français, Vauban. Il va peaufiner tout ça. Par exemple il va faire creuser un canal pour relier directement l’écluse de l’Océan et l’écluse de la Méditerranée, ce qui rend le bassin de Naurouze inutile. Il sera rapidement comblé mais on laissera un petit canal sur la périphérie pour en garder la mémoire.

Plus tard, en 1809 on y plante une grande allée de platanes. Ces arbres bicentenaires sont toujours là. C’est d’ailleurs une des plus belle allée de platanes de France avec 61 arbres de 45m de haut!

On y trouve aussi un bout de tête géante 🙂 Rien à voir avec la Statue de la Liberté! Ici, il s’agit d’un clin d’œil à Riquet. C’est un bout de la tête du Roi Soleil, Louis XIV, qui émerge du sol 😉

Tout près, on trouve l’Obélisque de Riquet de 20m de haut. Elle a été construite par ses héritiers en 1827 et porte la mention « À Pierre-Paul Riquet, baron de Bonrepos, auteur du canal des Deux Mers en Languedoc ». Pas rancuniers les héritiers, car ils ont du rembourser la dette de leur aïeul pendant 50 ans. Le pari financier de Riquet était mal calculé, les travaux ont coutés beaucoup plus chers que prévus.

Cette obélisque a été érigée sur les Pierres de Naurouze. Ces pierres étaient connues depuis l’antiquité sous le nom de Pierres d’Alzone. Elles étaient célèbres car une grande fissure traverse le bloc rocheux et se réduirait mystérieusement avec le temps. Une légende tenace annonce d’ailleurs que ce sera la fin du monde le jour où la fissure se refermera et les parois se toucheront!

Juste à côté du bassin du Seuil de Naurouze, il y a la belle Ecluse de l’Océan 🙂 C’est la première écluse de la « descente » vers Toulouse. Il suffit d’attendre un tout petit peu pour assister au spectacle fascinant du passage d’une péniche.

Il y a comme une espèce d’éloge de la lenteur. Tout se fait en douceur. La fermeture et l’ouverture des portes, le niveau de l’eau qui monte et qui descend. C’est presque de la poésie 😉

Ce spectacle fait partie intégrante du Canal du Midi, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Après un grand succès et une apogée commerciale en 1856, le Canal du Midi est peu à peu tombé dans l’oubli à cause de l’essor du chemin de fer et de la voiture. Il est maintenant surtout utilisé pour le tourisme. Si vous avez envie d’y naviguer, vous trouverez toutes les infos sur le site des Voies Navigables de France. Hop en route, marin d’eau douce! 😉

De l’autre côté, 5km plus loin, à l’Ecluse de la Méditerranée, la maison de l’éclusier a été transformée en la très chouette Guinguette du Canal 🙂 Pour passer un excellent moment convivial et bien manger sur le bord de canal, réserver sur ce site.

Et comme on parle de nourriture, il faut faire étape à Castelnaudary! Impossible de venir dans le coin sans déguster un pilier de la gastronomie française, le célèbre cassoulet! Et c’est bien connu, la capitale du cassoulet c’est Castelnaudary!

Loin des guerres intestines (hoho) entre restaurateurs de la ville, et sans vouloir me mettre à dos la Grande Confrérie du Cassoulet de Castelnaudary, si vous voulez manger un très bon cassoulet, ne cherchez plus 😉 Il faut aller Chez David (49 Rue du Général Dejean). Croyez-moi, vous ne le regretterez pas !

Randonnée autour de Estany de Sant Maurici dans les Encantats

Je vous propose une belle randonnée dans le Parc National d’Aigüestortes et du Lac Sant Maurici avec une ambiance de haute montagne et de nombreux lacs d’altitude. C’est un secteur splendide à découvrir dans les Pyrénées espagnoles. Je vous montre ça, hop en route! 🙂

Direction la vallée d’Espot, une des principales vallées à l’Est du Parc National d’Aigüestortes et du Lac Sant Maurici. Créé en 1955, c’est le seul parc national de Catalogne. Le massif montagneux de la région est aussi appelé les Encantats (les enchantés) vous verrez pourquoi un peu plus bas. En tout cas il y a vraiment de quoi être enchanté ici, car ce parc national regrope la plus grande concentration de lacs des Pyrénées! Le sol est principalement composé de granit imperméable qui retient l’eau. Au printemps, on compte près de 500 lacs de montagnes!

Après avoir dépassé la petite commune d’Espot et le camping Riu Gelat, on remonte la vallée où coule le rio Escrita. On arrive au bout de la route sur un grand parking gratuit (interdit aux camping-cars). Il vaut mieux arriver tôt pour être sur d’avoir de la place car sinon vous risquez de devoir laisser votre voiture à Espot et remonter la route à pied, ce qui n’est pas franchement pas idéal.

Le célèbre et populaire lac Saint Maurici est à seulement 3.5km du parking. Pour le rejoindre, il faut compter environ une petite heure de marche tranquille au milieu d’une belle forêt. Au début, le sentier emprunte la passerelle en bois du Pont de la Gorga. Longue de 500m de long, elle est adaptée aux fauteuils roulants. C’est vraiment une belle initiative. La promenade n’est jamais bien loin de la petite rivière Escrita. C’est bucolique, frais et très plaisant 🙂

En option, il est possible d’utiliser un service de navettes depuis le village d’Espot. Dans ce cas, il faut compter 11 euros par personne pour un aller-retour au lac Saint Maurici. Le trajet se fait en jeep, sur une piste réservée à cette usage et interdite à la circulation. Ne vous étonnez donc pas si vous croisez de nombreux 4×4 durant votre passage dans la vallée. Heureusement, le passage par la passerelle dans les bois permet de garder une impression de nature presque sauvage.

Au bout de la fameuse passerelle, le chemin suit la large piste de la Ruta de l’Isard et traverse une large prairie avant de replonger à l’ombre des pins.

Un peu plus loin en sortant de la forêt, on découvre l’ermitage Saint Maurici d’Espot (1837m) sous une petite falaise. Il a été construit à l’emplacement d’un ancien abri militaire abandonné.

Une toute dernière petite montée vous attend, et on arrive devant le lac Saint Maurici à 1910m d’altitude 🙂 C’est un lac d’origine glaciaire d’un kilomètre de long et 200m de large. Sa capacité de réservoir a été augmentée par la construction d’un petit barrage inauguré en 1959. Un conduit souterrain transporte l’eau jusqu’à une centrale hydroélectrique à Espot. C’est le plus grand lac de la vallée. Entouré de forêts de pins noirs et reflétant les sommets, il est vraiment joli 🙂 C’est le spot pour se détendre et pour prendre son pique-nique. La majorité des visiteurs s’arrêtent ici.

Face au lac se trouve la majestueuse montagne Els Encantats 🙂 Cette célèbre montagne est constituée de deux aiguilles jumelles, le Grand Encantat (2748m) et le Petit Encantat (2738m). Il y a une légende rattachée à cette montagne. On dit qu’il y a bien longtemps, lors d’un traditionnel pèlerinage annuel des habitants d’Espot, deux chasseurs décident de ne pas participer à la messe ni aux processions religieuses. Ils grimpent sur la montagne pour être les premiers à tuer des chamois. La brume envahit alors la vallée, un terrible orage se forme avec un terrible tonnerre. Puis quand l’orage et la brume disparaissent, on découvre la montagne partagée en deux pics. Les deux chasseurs ont été punis et pétrifiés!

Pour continuer la rando, il faut prendre le sentier qui longe la rive droite et grimpe vers la Cascade de Ratera à environ 30 min de marche depuis le lac. Il faudra un peu crapahuter dans les rochers pour s’en approcher. C’est une très belle cascade puissante qui mérite le détour 🙂

En continuant l’ascension, le sentier rejoint la large piste pour les 4×4 puis on arrive à Estany de Ratera (2130m). Ce petit lac de montagne est lui aussi absolument magnifique, avec le Pic de Bassiero (2904m) en arrière plan. Et ce n’est pas fini, un tout petit peu plus loin, le sentier passe à côté de l’Estany de la Bassa (2172m). Sa taille est beaucoup plus modeste, mais il est en partie envahit par la végétation ce qui lui donne un look unique par rapport aux autres lacs de la vallée.

Puis, on arrive au lac Estany Grand d’Amitges à 2363m d’altitude. Il est splendide avec derrière les deux Aiguilles d’Amitges qui se dressent à 2661m. Ce lac aussi a été agrandi avec un petit barrage pour servir de réservoir et participer au réseau qui alimente la centre hydroélectrique.

Sur la rive du lac, on trouve le refuge d’Amitges à 2380m. Dans les années 1950-1960 il servait de baraquement pour les ouvriers qui travaillaient sur le barrage. Après une période de rénovation il est ouvert comme refuge de montagne pour le public en 1984. C’est un grand et beau refuge avec une capacité de 74 places Pour réserver la votre, allez sur ce site.

Le cadre est à nouveau splendide 🙂 L’ambiance de montagne est garantie avec un univers de granit, de lacs d’altitude, et de sentiers qui partent vers les sommets. Ce refuge est d’ailleurs une étape du Carros de Foc, un célèbre circuit de randonnée qui relie tous les refuges du parc national.

En continuant la montée, on peut admirer ce superbe point de vue sur les 3 lacs (Estany de la Munyidera, Estany dels Barbs, et au fond Estany Gran d’Amitges) 🙂

Si on continue le chemin, on randonne dans un paysage de haute montagne jusqu’au col du Port de Ratera. Il permet de rejoindre ensuite le Cirque de Saboredo.

Mais comme je venais de faire la très chouette randonnée du Lac de Gerber le matin (en détail sur cette page) et qu’il me restait un peu de route en fin de journée, j’ai préféré m’arrêter ici et faire demi-tour. J’en ai quand même profité pour faire une petite pause et jeter mon appareil photo très haut en l’air pour prendre ces quelques clichés des alentours 😉

Une vue du sentier et du cirque de Saboredo et tous ses lacs. Le Lac de Gerber se cache dans la partie boisée tout au fond à droite.

À l’ouest, voici une vue du Cirque de Colomers.

On profite des grands espaces et des beaux sommets avant d’entamer la descente. Le retour au parking se fait par le même chemin.

Pour info, voici le tracé de cette belle rando de 18km de long et 895m de dénivelé 🙂


Visorando

Randonnée dans le Val de Gerber

Voici une belle randonnée dans les Pyrénées espagnoles! Vous verrez des belles montagnes, des beaux lacs, et le tout sans trop d’efforts. C’est une randonnée idéale pour une demi-journée de pur bonheur en pleine nature! Allons voir ça, hop en route! 🙂

Pour cette belle randonnée, direction les Pyrénées espagnoles, dans la région catalane du Pallars Sobirá en plein massif des Encantats (les enchantés en catalan). Depuis la petite ville de Vielha (ou depuis Sort), il faut rejoindre la grande vallée glaciaire de Bonaigua. Le point de départ se trouve sur le grand parking du télésiège de La Peülla (1900m). On est à 1h de route de la frontière française et 2h de route d’Andorre-la-Vieille.

Depuis le parking, le chemin est très bien indiqué. On suit le panneau direction Val Geber, on traverse la petite passerelle et c’est parti. Impossible de se perdre, il n’y a qu’un tracé, et c’est le même à l’aller et au retour 🙂

La rando

Pour cette charmante rando, il faut compter environ 7km de marche pour 335m de dénivelé. Ca devrait vous prendre environ 3h aller-retour. C’est idéal pour une petite balade familiale, ou pourquoi pas pour se mettre en jambe avant une autre randonnée dans la journée 😉

Après avoir grimpé la pente entre les genets, on pénètre dans une forêt puis on débouche sur un premier lac.

Les lacs de la Vallée de Gerber

Voici le lac Estanyola de Gerber (2030m). Le un décor est digne d’une carte postale! 🙂

C’est le début de la vallée de Gerber qui est aussi une vallée d’origine glaciaire, surélevée par rapport à la grande vallée glaciaire de Bonaigua. Elle se trouve à la périphérie du Parc National d’Aigüestortes et lac Saint-Maurice créé en 1955. Le sol de la région est principalement composé de granit imperméable. C’est pour ça qu’il y a de nombreux petits lacs disséminés un peu partout. Le Parc National d’Aigüestortes regroupe le plus grand nombre de lacs de toutes les Pyrénées. Les rochers aussi ont des formes arrondies et douces, presque lissés par les frottements des anciens glaciers. Le paysage est vraiment magnifique!

Un peu plus loin, on arrive au deuxième lac à 2120m d’altitude. C’est l’Estanyet de Gerber 🙂

Après l’avoir contourné par la gauche, il reste une dernière petite montée dans un couloir rocheux.

Après ce passage, c’est la récompense! Nous voici devant le grand lac de Gerber, à 2165m d’altitude 🙂 C’est le plus grand lac de la vallée. Il atteint 63m de profondeur.

Si vous êtes motivés, vous pouvez continuer le chemin indiqué vers le Refuge Mataro. C’est un petit refuge métallique gratuit, sans gardien, à 2474m d’altitude, et qui peut accueillir 8 personnes. C’est le point de départ idéal pour aller taquiner les sommets proches, comme le Puis de Gerber (2731m), le Pic de Bassiero (2904m) ou partir en vadrouille dans une autre vallée en franchissant le col!

Sinon, on peut tout simplement profiter de la beauté des lieux, se reposer sur les berges du lac et c’est très bien comme ça aussi 😉

Le retour se fait par le même chemin, et c’est toujours aussi agréable à l’œil!

Et plus loin ?

Une fois de retour au parking de La Peülla, il y a une petite curiosité à voir si vous repartez en direction de Baqueira. Vous connaissez La Garonne? Le grand fleuve Français qui traverse Toulouse et qui coule jusqu’à Bordeaux, ça vous parle? 😉 Et bien la source de la Garonne est justement ici! Il faut rejoindre le lieu-dit Plat de Beret, sur les hauteurs de la commune de Baqueira.

Si vous repartez dans l’autre sens, vous pourrez voir la rivière Bonaigua se jeter depuis le ravin de Gerber. C’est la jolie cascade de Salt de Comials, au milieu des arbres. Elle est facilement visible depuis la route avec ses 125m de hauteur! (et malheureusement j’ai perdu cette photo…)

Dans la vallée voisine, en plein Parc National d’Aigüestortes et lac Saint-Maurice, il y a encore une magnifique randonnée à réaliser. Je vous en parle dans l’article suivant 😉

Le grand sanctuaire de Torreciudad

Si vous visitez l’Aragon et la province de Huesca je vous conseille vraiment de faire un arrêt pour découvrir le sanctuaire de Torreciudad. C’est un endroit de toute beauté!
Je vous montre ça, allez hop en route 🙂

Pour rejoindre le sanctuaire situé à 75km de Huesca, vous devrez forcément atteindre le petit village d’El Grado. La route passe ensuite devant le grand barrage El Grado qui mesure 92m de haut. Il a été construit en 1969 sur le cours de la rivière Cinca qui prend sa source dans la magnifique vallée de la Pineta (que je vous conseille absolument de visiter! plus d’infos sur cette page 😉 ).

Ce barrage sert à produire de l’électricité, mais c’est surtout le point de départ du grand canal de Cinca utilisé pour irriguer les terres agricoles du nord de l’Aragon.

La route longe les eaux du le lac de réservoir El Grado qui s’étend sur 1273 hectares. L’eau est d’un bleu magnifique et contraste de façon splendide avec la végétation des collines avoisinantes. C’est vraiment beau! 🙂

Un peu plus en amont, il y a le barrage El Mediano construit en 1973. Son lac a noyé cinq villages dont celui de Mediano. Le clocher de l’ancienne église qui dépasse les eaux est devenue une curiosité locale et même un spot de plongée.

Quelques minutes après le barrage El Grado, on découvre ce paysage de toute beauté! 🙂

Sur la gauche, perché sur un promontoire rocheux, il y a l’ancien ermitage Notre Dame des Anges. À côté, on voit les ruines de la Torre de señales et enfin à droite le Sanctuaire de Torreciudad.

L’ancienne tour de garde date de l’époque arabe, il y a plus de mille ans. Elle servait à contrôler le passage dans cette vallée (avant que les eaux du barrage ne la remplisse). C’est elle qui a donné son nom au lieu (Turri Civitatis, tour de la ville, torre-ciudad). Depuis l’an 1084, l’ermitage gardait précieusement une statuette romane de la Vierge. Après la Reconquista, l’ermitage devient le principal lieu de pèlerinage de la région. Les habitants vénèrent cette statuette et lui attribuent des miracles. Cette dévotion dure depuis un millénaire! On peut encore visiter l’ermitage qui a été restauré et par exemple découvrir un livre d’or avec plus de 44.000 pages de témoignages de pèlerins!

Bien plus tard, en 1902, le jeune Josémaria Escrivá alors âgé de deux ans et né près d’ici, est amené par ses parents devant la statuette de la Vierge de l’ermitage, car il est gravement malade. Il sera guéri! En 1928, il fondera le célèbre Opus Dei (une organisation religieuse permettant de trouver Dieu dans la vie ordinaire). Il n’a pas oublié cette statue dans le vieil ermitage. Vers la fin de sa vie, il demandera expressément la création d’un nouveau grand sanctuaire pour abriter la Vierge.

C’est le nouveau sanctuaire qu’on peut visiter aujourd’hui. Il est inauguré en 1975. C’est l’œuvre de l’architecte espagnol Heliodoro Dols. Il est ouvert tous les jours de l’année et l’accès est gratuit. La grande esplanade à l’entrée du sanctuaire peut accueillir des milliers de personnes durant les célébrations en l’honneur de la Vierge au mois d’aout.

On est tout de suite surpris par l’architecture résolument moderne de ce sanctuaire. La brique apparente et omniprésente lui donne un aspect unique et chaleureux.

Si l’extérieur peut surprendre, l’intérieur donne une véritable claque visuelle! On a presque du mal à savoir où on est, tellement on se croirait dans un décor de film de science-fiction ou à l’intérieur d’un vaisseau spatial futuriste. C’est vraiment grand et impressionnant!

L’orgue est lui aussi immense avec plus de 4000 tuyaux. Il y a d’ailleurs chaque été un festival international de musique d’orgue à Torreciudad.

Pour se rappeler qu’on est à l’intérieur d’un grand sanctuaire dédié à la Vierge Marie, il y a le monumental retable en albâtre. C’est l’œuvre du sculpteur catalan Joan Mayné qui s’est inspiré des retables traditionnels des cathédrales aragonaises. Il représente des scènes de vie de la Vierge. Au centre, dans une alcôve, il y a la fameuse petite statuette sacrée de Notre Dame des Anges de Terraciudad. Sur la gauche, une statue de Josémaria Escrivá a été rajoutée en 1994.

La statuette est une vierge noire qui date du XIe siècle. La Vierge est en position assise et tient l’enfant Jésus dans ses bras. Les vierges noires sont communes. Une des hypothèses, c’est qu’au vieux moyen-âge, quand les statues étaient en bois, il fallait les protéger des insectes, parasites et moisissures. Une des solutions, c’était d’enduire le bois de résine et de bitume. Les statues étaient parfois peintes par dessus, mais avec le temps, la peinture laisse place au bois noir.

On retrouve une réplique de cette statue dans une des chapelles à l’intérieur du sanctuaire. On peut aussi découvrir un grand Jésus Christ crucifié en bronze doré dans la chapelle du Saint Sacrement (il est représenté encore vivant, avant le coup de lance).

À l’arrière du grand retable, sur un grand mur richement décoré, on peut voir un petit médaillon usé. Auparavant, il était attaché à la statuette. Il a été retiré et placé sur ce mur pour éviter d’endommager la statuette et ainsi laisser la possibilité aux fidèles de continuer de vénérer la Vierge en touchant et baisant ce médaillon sacré.

Dans le sanctuaire on peut assister à une expérience multimédia et immersive intitulée « Vivre l’expérience de la foi » (durée 45min, tarif 9 euros). Il y a aussi une intéressante galerie qui expose des images et statues de la Vierge provenant de différentes régions du monde.

Enfin, il y a régulièrement un spectacle son et lumière, avec un très beau mapping vidéo sur le retable. C’est le spectacle « Le retable se raconte » qui dure une petite dizaine de minute. C’est gratuit et ça vaut le coup 🙂

Qu’on soit croyant ou non, la visite du sanctuaire est vraiment intéressante. Les paysages, l’architecture, le calme et la beauté des lieux. Il y aura forcément quelque chose qui raisonnera en vous 🙂

Si cette visite du sanctuaire vous intéresse, vous trouverez plus d’infos sur le site officiel.

Le Sanctuaire de Torreciudad fait parti du chemin de la Route Mariale. C’est un itinéraire en boucle qui relie les principaux lieux dédiés à la Vierge autour des Pyrénées. Le parcours part de Saragosse et la Basilique El Pilar, puis le sanctuaire de Torreciudad, puis le sanctuaire de Lourdes, puis Merixtell et enfin Montserrat.
Si jamais vous ne savez pas quoi faire ensuite … sinon je vous invite à lire mes autres articles sur les chouettes endroits à découvrir dans le nord de l’Espagne 😉

Visiter Saragosse, la capitale de l’Aragon

Bienvenue à Saragosse, capitale de l’Aragon et cinquième plus grande ville d’Espagne. Elle est située à mi-chemin entre Madrid et Barcelone, sur les bords de l’Ebre. Les principaux points d’intérêts se trouvent dans le centre historique qui se visite facilement et rapidement à pied. Allons découvrir ça, hop en route! 🙂

Saragosse était une étape lors d’un road-trip dans le nord de l’Espagne et je n’ai pas pu y rester aussi longtemps que je l’aurais souhaité. Mais même avec une petite demi-journée sur place, j’ai particulièrement apprécié cette ville. Si vous arrivez à Saragosse en voiture, ne cherchez pas, garez vous au nord sur le grand parking Macanaz. Vous êtes à deux pas du centre et en plus le stationnement est gratuit! Et pour commencer, tout d’abord un peu d’histoire 😉

Un peu d’histoire

Au tout début, il y avait ici la petite cité-état de Salduie, du peuple ibère des Sedetani. Ils deviennent alliés des romains dans la région. Sous le règne d’Octave Auguste, la cité se transforme en Caesaraugusta, avec l’honneur de porter le nom complet de l’empereur romain. Elle abrite alors de nombreux vétérans des légions romaines. Plus tard, viennent les envahisseurs Wisigoths, puis les Maures. La ville devient alors Saraqusta. Elle gagne en puissance et en prestige, c’est la plus grande ville du nord de l’Espagne contrôlée par les musulmans. Quatre siècles plus tard, c’est la reconquista, elle est reprise par les chrétiens. Elle souffrira durement pendant la Guerre d’Indépendance Espagnole en 1809. Les armées françaises finissent par capturer Saragosse après un long siège et une intense guérilla urbaine. Le siège de Saragosse est considéré comme une des batailles les plus brutales des guerres napoléoniennes. Le résultat est terrible: la moitié des habitants sont morts et la ville est en partie détruite. Durant ces affrontements, une légende née, celle d’Augustina d’Aragon, célébrée comme la Jeanne d’Arc espagnole. C’est une jeune femme qui apportait des pommes en ravitaillement aux défenseurs des remparts. Mais à son arrivée, ils sont déjà tous morts et les troupes de Napoléon sont aux portes de la ville. N’écoutant que son courage, elle se précipite, charge un canon à elle toute seule, et fauche une colonne entière de soldats français quasiment à bout portant! En voyant son geste héroïque, d’autres défenseurs espagnols la rejoignent et ensemble, ils arrivent à repousser les français pour un temps. Durant le XIXe siècle, la ville soignera ses plaies et se reconstruira peu à peu.

La ville de Saragosse a la particularité unique au monde d’avoir deux cathédrales (ou plutôt deux co-cathédrales)! Commençons donc la visite par la plus ancienne.

La Cathédrale Saint-Sauveur

La cathédrale Saint-Sauveur de Saragosse est surnommée la Seo (en référence au siège épiscopal). À cet emplacement, il y avait d’abord l’antique forum romain, puis plus tard la grande mosquée de Saragosse (la plus ancienne d’Espagne). Juste devant, on trouve aussi un monument en l’honneur de Francisco de Goya, le célèbre peintre qui a grandi et étudié à Saragosse, ainsi que le Musée Forum Caesaraugusta.

Mais revenons à cet édifice. Il y a bien longtemps, quand la ville est reprise par les chrétiens en 1118, l’ancienne mosquée est transformée et agrandie pour devenir une cathédrale. L’entrée correspond d’ailleurs toujours à celle de la mosquée. La cathédrale mélange de nombreux styles. Elle est passée du style Roman, au style Mudéjar puis Renaissance. Elle a aussi une façade de style baroque italien du XVIIIe siècle. La tour actuelle qui se trouve au même endroit que l’ancien minaret a été reconstruite en 1704.

L’entrée de la cathédrale est payante (10 Eur) et les photos sont interdites à l’intérieur (hem…). Mystérieusement, j’en ai retrouvé sur mon appareil photo, peut-être une forme de miracle, allez savoir… Et bien cette cathédrale, dès qu’on rentre à l’intérieur, on est bluffé! C’est grand, c’est beau, et c’est très lumineux. On comprend pourquoi tous les rois d’Aragon se faisaient couronner ici.

Il y a de très nombreuses chapelles, toutes magnifiquement décorées!

Dans la chapelle principale surmontée d’une grande coupole qui illumine le maitre-autel, on peut découvrir le grand retable avec pour thème l’Epiphanie. Magnifiquement sculpté dans de l’albâtre, c’est une des plus grandes œuvres sculpturales gothiques d’Europe!

Entre le maitre-autel et le chœur, il y a un impressionnant espace avec pas moins de 117 sièges en chênes (oui je les ai tous comptés haha).

Tout n’est pas idyllique dans cette cathédrale. Par exemple en 1485, Pedro de Arbues, le chef de l’Inquisition en Aragon est assassiné alors qu’il était en prière. Les habitants de Saragosse voyaient vraiment d’un très mauvais œil la possibilité de perdre certains de leurs privilèges à cause de cet inquisiteur.

On retiendra aussi la Chapelle de Santiago qui est sans doute la plus belle de toutes 🙂 Avec son grand portail imposant et spectaculaire on ne peut pas la louper! De style baroque et recouverte de peintures, on repère surtout le grand baldaquin avec des colonnes salomoniques comme dans la basilique Saint Pierre de Rome.

On pourrait croire que toutes les innombrables sculptures et décorations de cette cathédrale sont faites avec du marbre immaculé. En réalité, il a fallut faire vite pour les décorations baroques et elles sont principalement en plâtre.

La cathédrale abrite aussi un Musée de la Tapisserie. Il parait que c’est une des plus grandes collections au monde, mais personnellement je ne suis pas très fan.

En sortant de la cathédrale, ne loupez pas le célèbre Mur de Parrioqueta sur une des façades. C’est un véritable trésor de l’art mudéjar composé d’innombrables céramiques colorées et de motifs géométriques.

La Cathédrale Basilique Notre Dame du Pilar

Si on doit résumer une ville par son monument le plus célèbre, alors pour Saragosse, c’est la Cathédrale Basilique Notre Dame du Pilar. Selon la légende, il faut remonter à l’époque romaine, en l’an 40. En ces temps là, Jacques le Majeur (un des douze disciples de Jésus) serait en Espagne pour tenter de convertir les habitants à la nouvelle religion. Mais hélas, ça ne marche pas bien du tout et il est découragé. C’est à ce moment qu’un miracle se produit, alors qu’il se trouve à Caesaraugusta, sur les rives de l’Ebre. Il aperçoit la Vierge Marie debout sur un pilier, entourée d’anges (pourtant à ce moment là, elle n’est pas morte et vit toujours à Jérusalem). Elle le réconforte, lui redonne du courage et lui demande de bâtir un temple à l’endroit où se tient la colonne, pour que jamais la foi ne disparaisse d’Espagne. Il construit donc une petite chapelle pour protéger le fameux pilier. C’est la création du premier sanctuaire dédié à la Vierge de la chrétienté. Et donc selon cette légende, ce fameux pilier saint est à la même place depuis deux mille ans.

Au fil des siècle, des édifices de plus en plus grands se sont succédés pour protéger la chapelle et le pilier. Suite à un nouvel incendie et pour faire face à l’afflux de pèlerins, on décide de tout reconstruire, et en beaucoup plus grand! L’idée sera aussi de rivaliser avec le plus grand monument religieux de Saragosse, la cathédrale Saint Sauveur. Les travaux commencent en 1681 et elle est inaugurée en 1754. À ce moment là, elle ne possède qu’une seule tour au lieu de quatre, le toit n’est pas décoré et la coupole centrale n’est pas encore terminée. Les dernières tours (92m de haut) seront achevées seulement en 1961! La visite est gratuite, alors on ne se prive pas 🙂

Dès qu’on pénètre à l’intérieur, on est surpris par les dimensions. C’est vraiment immense! Elle mesure 130m de long pour 76m de large.

De par son aspect intérieur, elle fait beaucoup penser à la magnifique Basilique Saint Pierre à Rome. On attrape rapidement un torticolis à force d’avoir le nez en l’air 😉

Une des premières merveilles qu’on aperçoit, c’est le retable principal. Cette grande sculpture en albâtre est un véritable joyau artistique de la Renaissance. C’est un héritage de l’ancien édifice, conservé dans le nouveau.

Bien évidemment, on arrive à la fameuse Sainte Chapelle de la Vierge 🙂 C’est un véritable temple à l’intérieur d’un temple! C’est l’architecte Ventura Rordiguez qui s’en charge, de 1725 à 1765 (il décorera aussi la chapelle du Palais Royal à Madrid). C’est un superbe exemple de style baroque espagnol!

Au centre, on voit une grande sculpture qui semble jaillir d’entre les colonnes. C’est la Vierge, portée par des anges. Elle a sa tête dirigée vers une alcôve où se trouve un petit groupe sculpté (c’est celui de l’apôtre Jacques et de sept convertis). Le bras de la Vierge indique l’autre alcôve, celle où se trouve le fameux pilier, symbole de la foi chrétienne en Espagne.

Ce sacro saint pilar est en fait assez petit et passerait presque inaperçu au milieu de toute cette opulence! Derrière lui se trouve une grande plaque de marbre vert constellé de 72 joyaux étoilés. Il est surmonté d’une petite statuette de la Vierge (datant de 1443) entourée d’une couronne d’or et de diamants. Le tout est souvent habillé d’une grande robe blanche qui cache en partie le pilier. On se demande comment quelqu’un pourrait vraiment tenir debout sur ce pilier en jaspe de 24cm de diamètre, mais que voulez-vous, les voies de Dieu sont impénétrables! En tout cas, l’architecte a réalisé un véritable exploit car il a réussi à construire cette magnifique chapelle sans déplacer la colonne!

À l’extérieur de la Sainte Chapelle, une petite ouverture a été creusée dans un mur pour permettre aux fidèles de pouvoir toucher du doigt la sainte colonne! 🙂 Et si par hasard vous êtes dans le coin le 12 octobre, sachez que c’est la grande fête du Pilar dans les rues de Saragosse avec des dizaines de milliers de personnes! D’ailleurs à ce sujet, il y a un musée intéressant à visiter : le Museo de los Faroles y Rosario de Cristal (Pl. de San Pedro Nolasco, s/n, Casco Antiguo) où on peut admirer les incroyables réalisations en verres colorés qui défilent dans les rues lors de ces processions.

Dans cette superbe basilique, il y a aussi un ascenseur qui permet de grimper à 62m de hauteur dans l’une des quatre tours. Depuis ce sommet, on a une magnifique vue panoramique sur le centre historique de Saragosse 🙂 Pas de chance pour moi, le jour de ma visite, l’ascenseur était en maintenance, snif …

Vous pourrez aussi admirer des fresques peintes par Goya et visiter le musée Pilarista avec les différents trésors de la basilique! Bref c’est tout simplement un monument incroyable.

La basilique est encore plus belle depuis le vieux pont 🙂

Le voici ce Puente de Piedra. Après l’époque romaine, il n’y avait plus aucun moyen de traverser le fleuve autrement qu’avec une embarcation. Ce n’est que vers 1440 que le Pont de Pierre de 225m de long a été bâti (à l’emplacement supposé de l’antique pont romain).

Partiellement détruit par des inondations en 1643, il sera reconstruit et consolidé pour survivre jusqu’à nos jours 🙂

À voir en ville

Sur la grande Plaza del Pilar on ne peut pas manquer la Fuente de la Hispanidad. C’est une grande fontaine installée en 1991 qui représente l’hispanité. Sur un plan incliné la fissure représente l’Amérique Centrale qui se prolonge sur la place pour l’Amérique du Sud. Trois blocs de marbres à côté représentent les caravelles des Christophe Colomb. Car hasard du calendrier, Christophe Colomb a découvert les Amériques en 1492, un 12 octobre, le même jour que la fête de la Vierge du Pilier de Saragosse.

Sur un mur dans la rue vous pourrez voir une représentation d’un des monuments les plus célèbres de Saragosse, mais aujourd’hui disparu. C’est la célèbre Tour Penchée de Saragosse construite en 1504. C’était une grande tour de style mudéjar haute de 80m qui servait d’horloge. Mais construite bien trop vite, elle se met rapidement à pencher sérieusement. C’était un peu la Tour de Pise espagnole! Finalement en 1892 la municipalité décida de la démolir et ses briques furent vendues pour la construction de nouvelles maisons en ville.

Sur la charmante petite Plaza del Justicia, on peut admirer des superbes sculptures en albâtre. Elles sont sur la façade baroque de la jolie église San Cayetano (dédiée à Sainte Isabelle de Portugal, née à Saragosse) construite en 1704. Cette ancienne église est très rarement ouverte, et seulement à l’occasion de concerts de musique classique.

Avant de quitter le centre historique de la ville, on pourra aussi découvrir les vestiges des impressionnantes murailles romaines hautes d’une dizaine de mètres qui entouraient Caesaraugusta il y a bien longtemps.

Un peu plus éloigné du vieux centre historique et touristique, il y a d’autres endroits à découvrir.

Parmi eux le principal est sans doute le très beau Palais de l’Aljaferia. Il est construit au XIe siècle comme palais fortifié pour l’émir de Saragosse. Il sera plus tard transformé en forteresse, tout en gardant son architecture islamique unique, pour devenir la résidence des rois d’Aragon. On peut aussi citer le parc Grande José Antonio Labordeta. C’est un grand parc vert, décoré de statues et de fontaines. Plus loin encore, il y a le site de l’Expo 2008 de Saragosse. Il en reste un héritage d’architecture moderne et intéressant à visiter. On y trouve aussi le plus grand aquarium fluvial d’Europe, avec des espèces provenant des plus grands fleuves du monde.

Et un peu plus loin autour ?

Vous savez qu’à moins d’1h30 de route de Saragosse, il y a un endroit incroyable à découvrir, le désert des Bardenas Reales ?

Si ça vous intéresse, je vous explique tout ça sur cette page, hop en route! 😉

Découvrez le désert des Bardenas Reales

Est-ce que vous savez qu’un grand désert avec des paysages dignes des plus grands westerns se trouve au pied des Pyrénées? C’est le désert des Bardenas Reales en Navarre! Si vous cherchez un dépaysement radical, vous serez servi. Allez, hop en route vers ce lieu unique en Europe 🙂

Le désert des Bardenas Reales

Vous ne rêvez pas, il y a bien un grand désert près des Pyrénées, à moins de deux heures de la frontière avec la France. Le désert des Bardenas Reales, c’est une des plus vastes zones désertiques d’Espagne qui s’étend sur 392km². Pas de dunes de sables géantes comme dans le Sahara, ici le désert c’est une grande étendue aride et plane. Des anciens fleuves et lacs se sont asséchés il y a bien longtemps en laissant d’importants dépôts de sédiments. Le sol est pauvre, plat, balayé par les vents et cuit par le soleil. Bref, c’est le désert! 🙂

Il n’y a jamais eu d’habitations dans ce lieu inhospitalier. Cependant, depuis des siècles et des siècles, ce désert accueille des milliers de brebis en hiver. La transhumance de ces troupeaux venant des contreforts des Pyrénées est marquée chaque année par la fête de la Samiguelada. Ce rituel a lieu le jour de la San Miguel le 18 septembre et marque l’entrée des bêtes dans le nord du désert au lieu dit « El Paso ». Les Bardenas étaient aussi connues comme un lieu de refuge pour les bandits. Le plus célèbre d’entre eux était Sanchicorrota (ou Sancho de Rota), un bandit légendaire du XVe siècle, qui s’était auto proclamé roi des Bardenas! Avec sa bande, il terrorisait les voyageurs et les villages aux alentours. Excédé, le roi de Navarre Jean II d’Aragon enverra une armée de plus de 200 chevaliers pour en finir avec lui. Il se suicidera plutôt que de se laisser prendre. Sa dépouille sera ensuite exposée dans toute la région. Bien plus tard, en 1951, l’armée de l’air espagnole décide d’installer en plein milieu du désert une base militaire avec un polygone de tir. Ne soyez donc pas surpris si vous entendez quelques coups de canons ou si un avion de chasse vient larguer une petite bombe haha Dans les années 1980, ce désert relativement anonyme commence enfin à attirer l’attention des touristes et des voyageurs. Pour protéger cet environnement unique et fragile, un parc naturel est créé en 1999. Puis l’année suivante, le désert des Bardenas Reales est inscrit comme Réserve Biosphère à l’Unesco.

Le désert des Bardenas Reales est divisé en trois zones :

  • El Plano : La partie la plus au nord, un large plateau principalement utilisé pour l’agriculture, avec un grand plan d’eau artificiel, El Ferial.
  • La Bardena Blanca : La zone centrale, la partie la plus basse du désert. C’est cette partie du désert qui est la plus connue, la plus spectaculaire et donc la plus visitée 🙂
  • La Bardena Negra : Au sud, avec des collines et des plateaux élevés, des ravins, et des parties boisées de pins et de chênes.

Pour découvrir ces paysage uniques, je vous conseille de faire une halte au petit village d’Arguedas, aux portes du désert (à 80km de Pampelune et 15km de Tudela). Pour le logement vous pouvez choisir la maison rurale Casa Rural La Bardena Blanca (C. San Francisco Javier, 11) et manger au petit bar-resto du village, au Bar Navarro-Callejas (Plaza de los Fueros, 7). Sur cette même place de Los Fueros, il y a une petite boutique pour touristes avec des produits locaux, au Dezerto Bardenas. Un petit village typique et sans chichi 🙂

Les accès au désert et les règles à suivre

Avant de pénétrer dans le désert des Bardenas Reales il y a plusieurs points à connaître et des règles à suivre. L’accès au désert est gratuit et libre. L’entrée est autorisée de 8h à une heure avant le coucher du soleil. Il est interdit d’y rester la nuit. Dans le désert, une piste permet de faire une grande boucle de 25km. La vitesse est limitée à 40km/h. Il est interdit de rouler hors de cette piste (pas de 4×4 sauvage). La piste est non goudronnée mais pas de soucis pour y rouler. En revanche, s’il y a des gros orages et des pluies juste avant votre visite, laissez tomber car l’environnement change complètement. Il y a régulièrement des voitures prises au piège dans la boue. Ca parait évident mais c’est toujours bon à rappeler : il n’y a pas de stations services dans le désert, l’accès aux zones militaires est strictement interdit, et il est aussi interdit de faire voler des drones (risques de collisions avec des avions militaires qui peuvent voler à très basse altitude). Pour faire respecter ces règles qui peuvent paraitre un peu strictes, il y a des patrouilles de police qui sillonnent régulièrement le désert.

Une fois ces règles bien en tête, c’est parti pour la découverte! 🙂

L’accès dans le désert se fait traditionnellement depuis le village Arguedas. En quelques kilomètres à peine on rentre dans La Blanca.


L’autre accès pour cette zone, se fait depuis le nord, en partant du village de Carcastillo, en direction d’El Paso.

Vadrouiller le long de la piste principale en voiture vous prendra environ 2h. Si les pistes autorisées aux voitures sont très limitées, il y en a d’autres autorisées aux vélos. Enfin, si vous êtes à pied, quasiment l’intégralité des sentiers du déserts sont accessibles 🙂 De quoi agrémenter votre parcours de quelques balades supplémentaires!

Hop en route pour la découverte de la Bardena Blanca! Quelques kilomètres après l’entrée depuis Arguedas, il y a un centre d’information pour les touristes et un premier mirador qui vous dévoile une partie de la région 🙂

On est très rapidement frappé par la beauté des lieux, on se croirait dans un véritable décor de western! Le désert c’est avant tout une atmosphère globale, le vide, une impression d’immensité. Il y a tout de même plusieurs points d’intérêts que je vais vous présenter.

Castildetierra

Peu après le mirador, à un carrefour, il est temps de quitter la route goudronnée qui mène jusqu’à la base militaire. Prenez sur la gauche pour suivre la piste en terre. On arrive ensuite à l’emblème du désert des Bardenas Reales : Castildetierra! C’est une étonnante formation rocheuse, une cheminée de fée au milieu de nul part. Il s’agit en fait d’une ancienne colline d’argile dont il ne reste plus qu’un bloc de grès au sommet. Tout le reste a disparu après des millénaires et des millénaires d’érosion!

C’est la star incontestable du désert, ce site attire des milliers de visiteurs et vous ne serez probablement pas seuls au moment de prendre la photo. Ce véritable château de terre de 30m de haut est très fragile. Même si c’est tentant, il ne faut pas monter dessus. Si vous voulez vous dégourdir les jambes, alors c’est plutôt l’occasion de descendre dans le Barranco de Cortinas. C’est un petit canyon qu’on peut explorer sur quelques centaines de mètres et qui se trouve juste derrière ce monument.

À partir de maintenant, on va faire la boucle autour de la zone militaire. En suivant la piste un peu plus loin sur la droite, on découvre l’Embalse de Cortinas.

C’est un des quelques rares endroits qui conserve un peu d’eau de pluie. Ce contraste de verdure avec le sol grillé juste à côté est vraiment saisissant! Comme une mini oasis dans le désert 🙂

Cabezo de las Cortinillas

Un peu plus loin, sur la gauche de la piste, c’est Cabezo de las Cortinillas qui se détache du paysage. Les cabezo, c’est le nom donné aux petites collines au sommet totalement plat qu’on retrouve dans toute la région.

Le sommet de cette colline culmine à 369m d’altitude. Les marches pour y grimper ne sont pas forcément bien indiquées ou parfois simplement détruites par les intempéries. Mais en cherchant un peu, on trouve toujours un moyen d’arriver au plateau et de profiter de la belle vue depuis le sommet 🙂

Embalse de Zapata

Quelques kilomètres plus loin, après avoir dépassé la base militaire, on arrive à proximité du réservoir de Zapata. Avec une superficie de seulement 4 hectares, il abrite un nombre inattendu d’espèces animales.

Si vous aimez les oiseaux et si vous avez des jumelles avec vous, ce sera un très bon spot d’observation 🙂

Sanchicorrota

La piste longe ensuite le polygone de tir en remontant vers le nord. À un moment sur votre droite vous apercevrez les ruines du Corral de Mendigacha. D’ici on aperçoit la colline de Sanchicorrota.

D’après la légende c’est dans cette cette colline que le célèbre bandit Sancho de Rota avait sa cachette dans une grotte. Il l’aurait creusé avec l’aide d’habitants des villages avant de les tuer pour qu’ils ne dévoilent pas son repère!

Mirador de Juan Obispo

Un tout petit peu plus loin, une bifurcation sur la droite grimpe vers le mirador de Juan Obispo. D’ici, on aperçoit bien les falaises sculptées par la nature qui forment comme un mur au nord du désert. C’est le secteur qui correspond à Pisquerra, Rallon et Ralla. On a très envie d’y aller, de se faufiler dans les canyons et grimper sur chaque sommets. Mais …

Ce secteur est très souvent interdit d’accès. En effet, c’est dans ces falaises que les grands rapaces de la région ont choisi de construire leurs nids. En général de mars à septembre, il est interdit de s’en approcher. Une fois qu’on constate le départ des jeunes vautours et que les nids sont abandonnés, alors ces zones sont réouvertes. Durant les périodes autorisées, on ne peut y aller qu’à pied uniquement, et en suivant bien les petits sentiers (en théorie). Dans la pratique, pas mal de randonneurs marchent un peu où ils veulent. À vos risques et périls si une patrouille passe dans le coin. En tout cas lors de mon passage en juillet, cette zone était hélas interdite. Avec un peu de chance, vous apercevrez peut-être des vautours fauves, des vautours gypaètes barbus, et des percnoptères (des vautours blancs, mes préférés).

Puis la piste revient vers le sud. C’est le chemin du retour, passant par Casteldetierra et direction la sortie vers Arguedas. Mon passage dans le désert des Bardenas était une étape (en fait un bon détour haha) d’un chouette road-trip dans les Pyrénées espagnoles. Je n’ai donc pas pu explorer tous les coins qui m’intéressaient.

Il y a de nombreux autres endroits à découvrir, mais le temps est un véritable luxe, et hélas toutes les bonnes choses ont une fin. En tout cas, j’ai très envie d’y retourner, ce qui est bon signe 😉

Pena del Fraile

En bonus, je vous présente un autre endroit très beau à découvrir. Cette fois, il faut se rendre dans la Bardena Negra, à une quarantaine de kilomètres d’Arguedas. Ici, le site qu’il faut voir, c’est Pena del Fraile. C’est un joli sommet qui culmine à 557m, au dessus de la Bardena Negra. Une chouette petite randonnée permet d’y grimper.

Le point de départ se fait depuis un petit parking qu’on rejoint en voiture après une piste un peu chaotique. La rando n’est pas bien compliquée, il faut juste suivre les cairns qui indiquent le sentier à suivre. On serpente dans les ravines puis on grimpe un petit dénivelé de 200m pour atteindre le sommet. Il faut compter environ 2h de marche aller/retour.

Au passage on découvre quelques vieilles ruines de l’ancien château de Sancho Abarca, détruit en 1512 par le cardinal Cisneros. Mais ce qui intéresse vraiment ici, c’est la vue qu’on a depuis le sommet. Et on n’est pas déçu! La Bardena Negra s’étend tout autour avec ses étonnantes cabezo à perte de vue 🙂

Au cas où, voici le tracé de la rando :

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Après cette chouette rando matinale, ma prochaine étape c’est Saragosse. Si comme moi vous prenez la route dans cette direction, vous aurez une petite surprise! La route c’est la NA-126, toute lisse toute belle. Mais dès qu’on passe le panneau de la frontière, qu’on quitte la province de Navarre pour rentrer en Aragon, cette route devient absolument toute pourrie! Quand on est lancé et qu’on n’est pas prêt (et pas forcément bien réveillé haha), ça peut surprendre 😉

Enfin, si vous voulez d’avantages d’infos sur le désert des Bardenas Reales et être informé des dernières news, je vous conseille fortement cet excellent site web tenu par un passionné!

Foz de Lumbier, les belles gorges à découvrir en Navarre

La Foz de Lumbier est un canyon spectaculaire situé en Navarre, au nord de l’Espagne, à une trentaine de kilomètres à l’est de Pampelune. Creusée par la rivière Irati, cette gorge étroite est un paradis pour les randonneurs, les amateurs de nature brute et les passionnés d’oiseaux. Allons-y, hop en route! 🙂

Direction le village de Lumbier, proche de Pampelune. En suivant les panneaux Foz de Lumbier, on arrive sur une petite route de campagne. Il faut s’arrêter au parking obligatoire (payant en haute saison, 3 Eur). Il dispose d’une aire de pique-nique et de toilettes publiques. En marchant quelques centaines de mètres sur la petite route on arrive à l’entrée du canyon. L’accès au canyon est gratuit, il fait même partie d’une voie verte qui suit en partie le tracé d’une ancienne voie de chemin de fer.

Le Canyon Foz de Lumbier

Le canyon Foz de Lumbier est une grande faille rocheuse de 1300m de long. Si on ne visite que le canyon, c’est une courte balade facile qu’on peut même faire en poussette. Un aller-retour par le même chemin et hop! 🙂

Sinon, il est aussi possible de faire un parcours en boucle, un peu plus long, qui passera dans la garrigue et les hauteurs. Voici le tracé :

Dès le début, il faudra traverser un premier tunnel (167m de long). Il y a un autre tunnel (206m) un peu plus loin. Ils ne sont pas éclairés, alors pensez à la lampe de votre téléphone. Ces tunnels ont été creusés pour permettre le passage du train « El Irati ».

Ce train était une véritable petite révolution lors de sa mise en service en 1911. C’était le premier train électrique d’Espagne. Il était alimenté par caténaire. Silencieux et propre, c’était vraiment la classe par rapports aux locomotives à vapeur de l’époque. Il reliait Pampelune, Aioz et Sanguesa sur un trajet de 66km. Son exploitation durera jusqu’en 1955.

Par chance, la voie est restée non utilisée, et le canyon a pu retrouver sa quiétude. Son isolement et sa beauté lui ont valu d’être classé comme réserve naturelle en 1987. On ne peut que tomber sous le charme de ces falaises aux roches colorées tombant à pic dans les eaux limpides du torrent Irati. C’est vraiment beau! 🙂

Ces parois rocheuses escarpées et creusées de trous sont un refuge idéal pour la nidification des oiseaux. Le canyon est donc devenu logiquement le plus grand sanctuaire de rapaces de Navarre. Des centaines de majestueux volatiles vivent dans le canyon et survolent constamment les environs.

Les plus nombreux et les plus remarqués sont les vautours fauves. Des gypaètes barbus et des vautours percnoptères (tout blancs) vivent aussi dans les parages. Il y a aussi plein d’autres espèces emplumées que j’aurai bien du mal à identifier. En tout cas, si vous aimez les oiseaux, vous serez comblés 🙂

L’extrémité du canyon est marquée par les vestiges du Pont du Diable, datant du XVe siècle. Une partie de son arche est toujours en équilibre à 15m au dessus de la rivière (faites bien attention à ne pas chuter).

Ce pont a été détruit par les Français en 1812 durant la Guerre d’Indépendance. Comme d’habitude, dès qu’un pont parait bien compliqué à construire, on se dit que ça n’a pu être réalisé que grâce a l’aide du diable, c’est fou ça!

Intervention maléfique ou pas, le canyon débouche sur la large rivière qui continue son périple à travers la campagne avant de rejoindre la rivière Aragon quelques kilomètres plus loin. Si vous ne visitez que le canyon, il est maintenant temps de faire demi-tour pour retourner au parking.

Si vous avez choisi de faire la boucle, il faut continuer sur le sentier. Après une petite montée à travers la végétation grillée par le soleil ibérique, on longe la crête du massif de Trinidad.

Ce massif est connu des randonneurs car il abrite deux grandes arches naturelles. Rejoindre l’arche de Liroz et l’arche de Lumbier n’est pas vraiment une partie de plaisir. Si vous souhaitez les voir, ce sera une autre randonnée! 🙂 Depuis le parking de la piscine municipale de Lumbier (ou alors depuis le parking du canyon), il faudra gravir le massif jusqu’à l’ermitage de la Trinidad. Ensuite, il faudra suivre un sentier balisé de points rouges au sol, et pas forcément facile à suivre dans la végétation. En longeant de très près le précipice, il faudra descendre par quelques passages à la limite de l’escalade en s’aidant de chaines fixées dans la roche.

Sans forcément s’aventurer jusqu’aux arches, la montée jusqu’au balcon de l’Ermita de la Trinidad à 740m d’altitude peut valoir le coup. Il offre une vue splendide sur Foz de Lumbier.

La montée vers cette chapelle du XVIe siècle emprunte d’ailleurs un chemin de croix de 1.7km. Depuis le XIXe siècle, il est traversé par une procession annuelle des pénitents de la confrérie « Los Cruceros ». Partant du village, vêtus de noir et portant une croix sur l’épaule, ils gravissent la pente (parfois pieds nus) jusqu’au sommet. Cette célébration a lieu le dimanche qui suit la Pentecôte.

Le Canyon Arbaiun

Si vous en avez l’occasion, à une vingtaine de minutes en voiture à peine depuis Foz de Lumbier, il y a un autre canyon à découvrir. Et ce n’est pas n’importe quoi, c’est le canyon Arbaiun. Cette fois, c’est l’œuvre de l’érosion réalisée par le fleuve Salazar. Le résultat c’est un canyon de 6km de long avec des falaises qui atteignent une hauteur de 400m! C’est juste le plus grand canyon de Navarre. Il y a même un magnifique point de vue très facilement accessible en voiture. C’est le Mirador de Iso. Malheureusement, ce n’était pas sur ma route cette fois là, mais je vous promets, ça vaut le coup! 🙂

Le village fantôme d’Esco

À une trentaine de kilomètres vers l’est, on quitte brièvement la province de Navarre pour rentrer en Aragon. Là, se trouve le grand lac de barrage de Yesa. Avec une longueur de 10km et une largeur de 2km, ce lac artificiel est parfois surnommé la mer des Pyrénées. Même si ce vaste projet devant permettre l’irrigation de nombreuses terres de la région a vu le jour en 1926, ce n’est qu’en 1959 seulement que le barrage a été inauguré. Sa mise a l’eau a forcé l’abandon de trois villages : Ruesta, Tiermas et Esco.

C’est justement un de ces villages que je vous propose de découvrir : le village fantôme d’Esco!

Il est perché à 568m d’altitude sur une petite colline. Il n’a jamais été submergé par les eaux du lac, mais pourtant tous les habitants ont été exproprié. Pour forcer la ruine du village et éviter que d’autres personnes tentent de s’y installer, les autorités ont volontairement défoncées toutes les toitures des maisons.

Aujourd’hui c’est endroit est complètement abandonné. On peut y accéder facilement depuis une petite route en terre battue. C’est une expérience vraiment étrange de se promener dans ces ruelles désertes.

Tenter d’imaginer la vie d’avant, et comment les habitants ont du abandonner le village de leurs ancêtres…

Toujours sur les berges du lac Yesa, il y a un autre endroit insolite. Si le niveau du lac est assez bas, roulez jusqu’aux ruines de Tiermas. Vous y découvrirez les ruines d’une ancienne station thermale. Il y a en effet ici une source d’eau chaude sulfureuse. Déjà connue à l’époque romaine, cette eau qui jaillit à 42 degrés était réputée pour ses propriétés thérapeutiques. Il est toujours possible de se baigner dans ses eaux et prendre un bain de boue! Enfin si le niveau du lac est bas, bref, vous verrez bien si vous la voyez ou pas 😉

Et un peu plus loin ?

Si vous êtes dans les parages, ne manquez surtout pas la découverte du désert des Bardenas Reales, à environ 1h30 de route vers le sud, près de Tuleda 🙂

C’est un endroit vraiment unique avec des paysages qu’on ne croise vraiment pas souvent! À voir absolument! Je vous explique tout ça sur cette page!

Les superbes cascades de Cinca, randonnée dans la vallée de Pineta

La Vallée de Pineta est une des merveilles espagnoles du Parc National d’Ordesa et du Mont-Perdu. Elle est même considérée comme une des plus belles vallées des Pyrénées. Paysages incroyables, hauts sommets et cascades au programme, ça vous tente ? Hop en route! 🙂

Depuis la France, on peut facilement accéder à la vallée de Pineta en empruntant le tunnel de Bielsa-Aragnouet en direction de la petite ville de Bielsa. Ensuite, il suffit de suivre la route qui s’enfonce dans la vallée de Pineta. C’est à seulement deux petites heures de route de Tarbes.

La vallée de Pineta

La vallée de Pinata est une large et belle vallée glaciaire longue de 12km, bordée de hautes crêtes montagneuses abruptes entre 2500-3000m d’altitude. Le fond de la vallée donne sur un grand cirque rocheux avec de magnifiques cascades, le tout dominé par la face nord du Mont Perdu (3355m).

La route qui traverse la vallée donne envie de s’arrêter toutes les 5 minutes tellement le paysage est beau! Finalement la route s’arrête pratiquement au bout de la vallée, sur un grand parking payant (3 euros, pas de limite de durée). Sur place vous découvrirez l’Ermita de Nuestra Señora de Pineta, une petite chapelle du XIXe siècle qui renferme la Vierge de Pineta. La légende dit que des anges auraient transporté la statue de la vierge depuis la vallée de Barèges en France. Apres plusieurs miracles dans la vallée de Pineta, les bergers refusent de la rendre, mais sympas, ils l’installent dans une chapelle et la placent avec le regard dirigé vers la vallée française 😉 Juste après la chapelle, il y a un bel hôtel, le Parador de Bielsa. Si vous voulez réserver la plus belle chambre dans la plus belle vallée des Pyrénées, voici leur site. Enfin, non loin d’un petit centre d’info touristique, il y a le très sympathique petit bar Borda de Pineta. Le bon endroit pour boire une bonne bière, avec du bon fromage et de la bonne musique.

Il est temps maintenant de partir vadrouiller un peu dans la nature pour découvrir les beautés de la région!

La rando des cascades

La rando que je vous propose est une boucle d’environ 10km, pour 3-4h de marche et 500m de dénivelé. Idéale pour se dégourdir les jambes l’après-midi 🙂 Une escapade jusqu’aux cascades de Cinca, puis un retour par la plaine de Larri avant de redescendre. Si vous en voulez plus, il est possible de monter plus et d’avoir bien plus spectaculaire après les cascades. Si en voulez moins, alors juste l’aller-retour à la plaine de Larri devrait vous suffire.

Dans tous les cas, c’est dans au milieu de ce splendide paysage naturel que vous marcherez 🙂


Visorando

Les itinéraires sont tous parfaitement indiqués et balisés, il est impossible de se perdre. C’est un endroit assez populaire, vous ne serez pas seuls sur les pistes.

Malgré l’affluence du site, j’ai tout de même rencontré quelque spécimens de la faune locale en chemin : plusieurs marmottes curieuses et une belle grande vipère péliade.

Les cascades de Cinca

Plutôt que suivre la grande et large piste forestière qui monte vers les cascades de Cinca, je vous conseille de prendre le sentier qui suit le rio Cinca jusqu’au pont traversant la rivière. Le sentier sera plus tranquille et naturel. En cheminant à travers l’épaisse forêt verdoyante de pins, sapins et hêtres, vous aurez toujours le bruit de la rivière à proximité. Puis enfin, on émerge de la végétation, et la c’est la claque visuelle! Les photos ont du mal à rendre la majesté du site. C’est vraiment un des plus beaux sites naturels que j’ai eu la chance de voir, sans hésiter! 🙂

En se retournant, on peut aussi contempler la verte vallée de Pineta qui s’étend entre les sommets. Sa réputation n’est vraiment pas usurpée. Ce paysage majestueux respire la pureté et la fraîcheur, c’est vraiment une belle vallée 🙂

Mais revenons à ces magnifiques cascades! C’est la rivière Cinca qui saute joyeusement de cascade en cascade. Elle prend sa source plus haut, dans le glacier du Marboré.

On peut s’en approcher au plus près et se prendre une bonne douche fraîche! 😉

On a envie de graver ces images dans la rétine à chaque pas. C’est vraiment un coup de cœur, et cette petite rando suffit déjà largement à s’en mettre plein la vue!

Si vous voulez un peu plus de challenge, alors il faut prendre le sentier qui grimpe vers le Balcon de Pineta (2600m). Ce ne sera plus du tout la même randonnée! Le sentier grimpe dans une succession d’interminables lacets pour gravir la pente très raide.

Il faut vraiment être en bonne condition physique. Pour atteindre le Balcon de Pineta depuis le parking de Parador, c’est au moins 3-4h de montée non-stop et plus de 1400m de dénivelé. Mais une fois arrivé au sommet, depuis la corniche rocheuse, vous aurez cette vue, en mieux! 🙂

Dans les hauteurs, vous marcherez au milieu des neiges du glacier de Marboré et vous pourrez faire le tour du lac de fonte. Il existe aussi le minuscule Refuge de Tucarroya, niché entre deux parois rocheuses, et situé pile à la frontière. Il sert souvent d’étape à ceux qui grimpent depuis la France par le Cirque d’Estaubé.

Les prairies de Larri

Pour la suite du parcours, en redescendant des magnifiques cascades de Cinca, on prend direction Llianos de Larri. Il suffit de suivre cette fois la large piste qui grimpe en suivant une pente douce. Vous croiserez quelques fontaines pour remplir les gourdes et des petites cascades pour le plaisir des yeux.

En arrivant au refuge de Larri, cette nouvelle et belle vallée s’offre au regard 🙂

Des prairies à perte de vue, et tout au fond la bas, on devine une cascade. Ces grandes étendues herbeuses sont le spot idéal pour un pique nique. La marche jusqu’ici ne présente pas de difficulté. C’est idéal pour les familles. En une petite heure depuis le parking, on est arrivé.

Un sentier mène jusqu’au pied de la belle cascade de Larri 🙂 Pour les plus courageux et les moins frileux, il y a des bassins naturel où on peut tenter de se baigner!

Il faut bien avouer qu’en comparaison des cascades de Cinca, elle ne joue pas dans la même catégorie. En revanche, cette grande plaine où paissent tranquillement des chevaux et des vaches, ça donne tout de suite un cachet champêtre très agréable. Le retour se fait tranquillement en suivant la grande piste jusqu’au parking.

Alors vous voila convaincu, hop en route direction la Vallée de Pineta ? 😉