Découvrez le désert des Bardenas Reales

Est-ce que vous savez qu’un grand désert avec des paysages dignes des plus grands westerns se trouve au pied des Pyrénées? C’est le désert des Bardenas Reales en Navarre! Si vous cherchez un dépaysement radical, vous serez servi. Allez, hop en route vers ce lieu unique en Europe 🙂

Le désert des Bardenas Reales

Vous ne rêvez pas, il y a bien un grand désert près des Pyrénées, à moins de deux heures de la frontière avec la France. Le désert des Bardenas Reales, c’est une des plus vastes zones désertiques d’Espagne qui s’étend sur 392km². Pas de dunes de sables géantes comme dans le Sahara, ici le désert c’est une grande étendue aride et plane. Des anciens fleuves et lacs se sont asséchés il y a bien longtemps en laissant d’importants dépôts de sédiments. Le sol est pauvre, plat, balayé par les vents et cuit par le soleil. Bref, c’est le désert! 🙂

Il n’y a jamais eu d’habitations dans ce lieu inhospitalier. Cependant, depuis des siècles et des siècles, ce désert accueille des milliers de brebis en hiver. La transhumance de ces troupeaux venant des contreforts des Pyrénées est marquée chaque année par la fête de la Samiguelada. Ce rituel a lieu le jour de la San Miguel le 18 septembre et marque l’entrée des bêtes dans le nord du désert au lieu dit « El Paso ». Les Bardenas étaient aussi connues comme un lieu de refuge pour les bandits. Le plus célèbre d’entre eux était Sanchicorrota (ou Sancho de Rota), un bandit légendaire du XVe siècle, qui s’était auto proclamé roi des Bardenas! Avec sa bande, il terrorisait les voyageurs et les villages aux alentours. Excédé, le roi de Navarre Jean II d’Aragon enverra une armée de plus de 200 chevaliers pour en finir avec lui. Il se suicidera plutôt que de se laisser prendre. Sa dépouille sera ensuite exposée dans toute la région. Bien plus tard, en 1951, l’armée de l’air espagnole décide d’installer en plein milieu du désert une base militaire avec un polygone de tir. Ne soyez donc pas surpris si vous entendez quelques coups de canons ou si un avion de chasse vient larguer une petite bombe haha Dans les années 1980, ce désert relativement anonyme commence enfin à attirer l’attention des touristes et des voyageurs. Pour protéger cet environnement unique et fragile, un parc naturel est créé en 1999. Puis l’année suivante, le désert des Bardenas Reales est inscrit comme Réserve Biosphère à l’Unesco.

Le désert des Bardenas Reales est divisé en trois zones :

  • El Plano : La partie la plus au nord, un large plateau principalement utilisé pour l’agriculture, avec un grand plan d’eau artificiel, El Ferial.
  • La Bardena Blanca : La zone centrale, la partie la plus basse du désert. C’est cette partie du désert qui est la plus connue, la plus spectaculaire et donc la plus visitée 🙂
  • La Bardena Negra : Au sud, avec des collines et des plateaux élevés, des ravins, et des parties boisées de pins et de chênes.

Pour découvrir ces paysage uniques, je vous conseille de faire une halte au petit village d’Arguedas, aux portes du désert (à 80km de Pampelune et 15km de Tudela). Pour le logement vous pouvez choisir la maison rurale Casa Rural La Bardena Blanca (C. San Francisco Javier, 11) et manger au petit bar-resto du village, au Bar Navarro-Callejas (Plaza de los Fueros, 7). Sur cette même place de Los Fueros, il y a une petite boutique pour touristes avec des produits locaux, au Dezerto Bardenas. Un petit village typique et sans chichi 🙂

Les accès au désert et les règles à suivre

Avant de pénétrer dans le désert des Bardenas Reales il y a plusieurs points à connaître et des règles à suivre. L’accès au désert est gratuit et libre. L’entrée est autorisée de 8h à une heure avant le coucher du soleil. Il est interdit d’y rester la nuit. Dans le désert, une piste permet de faire une grande boucle de 25km. La vitesse est limitée à 40km/h. Il est interdit de rouler hors de cette piste (pas de 4×4 sauvage). La piste est non goudronnée mais pas de soucis pour y rouler. En revanche, s’il y a des gros orages et des pluies juste avant votre visite, laissez tomber car l’environnement change complètement. Il y a régulièrement des voitures prises au piège dans la boue. Ca parait évident mais c’est toujours bon à rappeler : il n’y a pas de stations services dans le désert, l’accès aux zones militaires est strictement interdit, et il est aussi interdit de faire voler des drones (risques de collisions avec des avions militaires qui peuvent voler à très basse altitude). Pour faire respecter ces règles qui peuvent paraitre un peu strictes, il y a des patrouilles de police qui sillonnent régulièrement le désert.

Une fois ces règles bien en tête, c’est parti pour la découverte! 🙂

L’accès dans le désert se fait traditionnellement depuis le village Arguedas. En quelques kilomètres à peine on rentre dans La Blanca.


L’autre accès pour cette zone, se fait depuis le nord, en partant du village de Carcastillo, en direction d’El Paso.

Vadrouiller le long de la piste principale en voiture vous prendra environ 2h. Si les pistes autorisées aux voitures sont très limitées, il y en a d’autres autorisées aux vélos. Enfin, si vous êtes à pied, quasiment l’intégralité des sentiers du déserts sont accessibles 🙂 De quoi agrémenter votre parcours de quelques balades supplémentaires!

Hop en route pour la découverte de la Bardena Blanca! Quelques kilomètres après l’entrée depuis Arguedas, il y a un centre d’information pour les touristes et un premier mirador qui vous dévoile une partie de la région 🙂

On est très rapidement frappé par la beauté des lieux, on se croirait dans un véritable décor de western! Le désert c’est avant tout une atmosphère globale, le vide, une impression d’immensité. Il y a tout de même plusieurs points d’intérêts que je vais vous présenter.

Castildetierra

Peu après le mirador, à un carrefour, il est temps de quitter la route goudronnée qui mène jusqu’à la base militaire. Prenez sur la gauche pour suivre la piste en terre. On arrive ensuite à l’emblème du désert des Bardenas Reales : Castildetierra! C’est une étonnante formation rocheuse, une cheminée de fée au milieu de nul part. Il s’agit en fait d’une ancienne colline d’argile dont il ne reste plus qu’un bloc de grès au sommet. Tout le reste a disparu après des millénaires et des millénaires d’érosion!

C’est la star incontestable du désert, ce site attire des milliers de visiteurs et vous ne serez probablement pas seuls au moment de prendre la photo. Ce véritable château de terre de 30m de haut est très fragile. Même si c’est tentant, il ne faut pas monter dessus. Si vous voulez vous dégourdir les jambes, alors c’est plutôt l’occasion de descendre dans le Barranco de Cortinas. C’est un petit canyon qu’on peut explorer sur quelques centaines de mètres et qui se trouve juste derrière ce monument.

À partir de maintenant, on va faire la boucle autour de la zone militaire. En suivant la piste un peu plus loin sur la droite, on découvre l’Embalse de Cortinas.

C’est un des quelques rares endroits qui conserve un peu d’eau de pluie. Ce contraste de verdure avec le sol grillé juste à côté est vraiment saisissant! Comme une mini oasis dans le désert 🙂

Cabezo de las Cortinillas

Un peu plus loin, sur la gauche de la piste, c’est Cabezo de las Cortinillas qui se détache du paysage. Les cabezo, c’est le nom donné aux petites collines au sommet totalement plat qu’on retrouve dans toute la région.

Le sommet de cette colline culmine à 369m d’altitude. Les marches pour y grimper ne sont pas forcément bien indiquées ou parfois simplement détruites par les intempéries. Mais en cherchant un peu, on trouve toujours un moyen d’arriver au plateau et de profiter de la belle vue depuis le sommet 🙂

Embalse de Zapata

Quelques kilomètres plus loin, après avoir dépassé la base militaire, on arrive à proximité du réservoir de Zapata. Avec une superficie de seulement 4 hectares, il abrite un nombre inattendu d’espèces animales.

Si vous aimez les oiseaux et si vous avez des jumelles avec vous, ce sera un très bon spot d’observation 🙂

Sanchicorrota

La piste longe ensuite le polygone de tir en remontant vers le nord. À un moment sur votre droite vous apercevrez les ruines du Corral de Mendigacha. D’ici on aperçoit la colline de Sanchicorrota.

D’après la légende c’est dans cette cette colline que le célèbre bandit Sancho de Rota avait sa cachette dans une grotte. Il l’aurait creusé avec l’aide d’habitants des villages avant de les tuer pour qu’ils ne dévoilent pas son repère!

Mirador de Juan Obispo

Un tout petit peu plus loin, une bifurcation sur la droite grimpe vers le mirador de Juan Obispo. D’ici, on aperçoit bien les falaises sculptées par la nature qui forment comme un mur au nord du désert. C’est le secteur qui correspond à Pisquerra, Rallon et Ralla. On a très envie d’y aller, de se faufiler dans les canyons et grimper sur chaque sommets. Mais …

Ce secteur est très souvent interdit d’accès. En effet, c’est dans ces falaises que les grands rapaces de la région ont choisi de construire leurs nids. En général de mars à septembre, il est interdit de s’en approcher. Une fois qu’on constate le départ des jeunes vautours et que les nids sont abandonnés, alors ces zones sont réouvertes. Durant les périodes autorisées, on ne peut y aller qu’à pied uniquement, et en suivant bien les petits sentiers (en théorie). Dans la pratique, pas mal de randonneurs marchent un peu où ils veulent. À vos risques et périls si une patrouille passe dans le coin. En tout cas lors de mon passage en juillet, cette zone était hélas interdite. Avec un peu de chance, vous apercevrez peut-être des vautours fauves, des vautours gypaètes barbus, et des percnoptères (des vautours blancs, mes préférés).

Puis la piste revient vers le sud. C’est le chemin du retour, passant par Casteldetierra et direction la sortie vers Arguedas. Mon passage dans le désert des Bardenas était une étape (en fait un bon détour haha) d’un chouette road-trip dans les Pyrénées espagnoles. Je n’ai donc pas pu explorer tous les coins qui m’intéressaient.

Il y a de nombreux autres endroits à découvrir, mais le temps est un véritable luxe, et hélas toutes les bonnes choses ont une fin. En tout cas, j’ai très envie d’y retourner, ce qui est bon signe 😉

Pena del Fraile

En bonus, je vous présente un autre endroit très beau à découvrir. Cette fois, il faut se rendre dans la Bardena Negra, à une quarantaine de kilomètres d’Arguedas. Ici, le site qu’il faut voir, c’est Pena del Fraile. C’est un joli sommet qui culmine à 557m, au dessus de la Bardena Negra. Une chouette petite randonnée permet d’y grimper.

Le point de départ se fait depuis un petit parking qu’on rejoint en voiture après une piste un peu chaotique. La rando n’est pas bien compliquée, il faut juste suivre les cairns qui indiquent le sentier à suivre. On serpente dans les ravines puis on grimpe un petit dénivelé de 200m pour atteindre le sommet. Il faut compter environ 2h de marche aller/retour.

Au passage on découvre quelques vieilles ruines de l’ancien château de Sancho Abarca, détruit en 1512 par le cardinal Cisneros. Mais ce qui intéresse vraiment ici, c’est la vue qu’on a depuis le sommet. Et on n’est pas déçu! La Bardena Negra s’étend tout autour avec ses étonnantes cabezo à perte de vue 🙂

Au cas où, voici le tracé de la rando :

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Après cette chouette rando matinale, ma prochaine étape c’est Saragosse. Si comme moi vous prenez la route dans cette direction, vous aurez une petite surprise! La route c’est la NA-126, toute lisse toute belle. Mais dès qu’on passe le panneau de la frontière, qu’on quitte la province de Navarre pour rentrer en Aragon, cette route devient absolument toute pourrie! Quand on est lancé et qu’on n’est pas prêt (et pas forcément bien réveillé haha), ça peut surprendre 😉

Enfin, si vous voulez d’avantages d’infos sur le désert des Bardenas Reales et être informé des dernières news, je vous conseille fortement cet excellent site web tenu par un passionné!

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