Saint-Emilion, découverte du village médiévale au cœur des vignobles

Situé à 40 min de Bordeaux dans le pays Libournais, le village de Saint-Emilion est mondialement connu. Il doit d’abord sa renommée à son vin qui compte les plus grands crus du monde. Mais c’est aussi un beau village médiéval qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs.
On y va, hop en route!
🙂

Un brin d’histoire

Même si le site de l’actuel Saint-Emilion est habité depuis l’époque gallo-romaine, son histoire commence réellement au VIIe siècle. À cette époque, un moine breton nommé Emilion cherche la solitude et l’isolement. Après un long voyage, il s’installe dans la forêt des Combes qui recouvre la région, à l’intérieur d’une grotte naturelle dans une petite falaise. Sa renommée de faiseurs de miracles finira par attirer de nombreux fidèles. Après sa mort, son ermitage devient un site monastique et un lieu de pèlerinage. Le village de Saint-Emilion est né! On commence à y planter des vignes. Plus tard au moyen-âge, la petite cité s’entoure de remparts pour protéger sa prospérité. L’histoire de Saint-Emilion, c’est aussi la Jurade. Cette institution est créée en 1199 par le roi d’Angleterre Jean sans Terre. Il offre aux bourgeois de la cité la possibilité de gérer eux-mêmes leurs affaires. En échange, l’Angleterre recevra les vins fins de Saint-Emilion. La Jurade devient la grande confrérie qui gère la ville et qui valide la qualité des vins. Son activité continue jusqu’à la Révolution. Elle sera refondée en 1948. Cette confrérie est maintenant composée de 140 passionnés qui participent activement à la vie de la ville et à sa renommée viticole dans le monde entier. On ne peut pas les louper avec leur longue robe rouge 🙂

Saint-Emilion, le vin!

Saint-Emilion, c’est évidemment d’abord le vin. Le village situé sur un plateau calcaire est littéralement au centre d’un océan de vignes plantées sur 5400 hectares qui s’étend à perte de vue. Il y a deux appellations, l’AOC Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand cru. Les deux appellations partagent la même zone géographique mais les vins classés « grand cru » sont réputés les meilleurs. Les assemblages des vins de Saint-Emilion utilisent principalement les cépages merlot, cabernet franc et cabernet sauvignon. Le village regorgent de caves et d’endroits pour faire des dégustations. Le lieu principal est sans doute la Maison du Vin de Saint-Emilion. Plus d’infos sur les dégustations ici. Et n’oubliez pas, avec modération, tout ça tout ça 😉

En arrivant à l’entrée du village, on découvre dans les vignes les Grandes Murailles. Ce nom est donné depuis le XIXe siècle, mais il s’agit en fait des restes d’un immense couvent dominicain du XIIIe siècle.

L’église collégiale de Saint-Emilion

On arrive ensuite naturellement à l’édifice le plus imposant du village. C’est l’église collégiale de Saint-Emilion. Cette église du XIIe siècle a été construite pour la communauté de chanoines qui géraient la vie religieuse de la cité.

Après plusieurs restaurations, elle est classée Monument historique en 1840 et c’est maintenant l’église paroissiale de Saint-Emilion. C’est une des plus grandes églises de Gironde.

L’église abrite aussi un grand et beau cloître du XIVe siècle. On peut visiter les galeries couvertes de charpente en bois. Sur les murs sud et est, on peut découvrir des tombes de notables et de religieux.

Vous pourrez aussi découvrir une œuvre d’art monumentale dans le cloître de la collégiale, l’Apocalypse de l’artiste François Peltier. C’est une peinture à l’huile, sur différents types de bois qui mesure 38m de long sur 5m de haut. L’Office de Tourisme se trouve dans un ancien réfectoire, collé au cloître.

Juste en face, c’est la place du Clocher et la très belle vue sur le village Saint-Emilion.

C’est à ce moment qu’on comprend bien qu’à Saint-Emilion, il y a une ville-haute et une ville-basse 🙂 Cette distinction se faisait aussi sur la population. La partie « haute » était celle des religieux, et la « basse » celle des laïcs.

On rejoint la ville-basse en empruntant des ruelles tortueuses (des tertres) datant de l’époque médiévale. Ne manquez pas la rue de la cadène. Vous pourrez y voir la dernière maison à pan de de bois du village qui date du XVIe siècle.

L’église monolithe

Une église monolithe, c’est une église creusée dans la pierre. L’église monolithe de Saint-Emilion est une des plus grandes du monde. Elle est creusée dans le flanc de la colline au XIIe siècle. En plus d’abriter les fidèles de la cité, le but est aussi d’attirer une partie des pèlerins en route vers Compostelle vers le tombeau de Saint-Emilion. Le volume creusée dans la roche s’étend sur 38m de long et 12m de haut. Impressionnant! Le clocher de 53m de haut est rajouté seulement au XVIe siècle. Après la Révolution, elle devient une fabrique de salpêtre, et les murs sont raclés pour pouvoir fabriquer de la poudre à canon. Elle est finalement sauvée de la ruine en 1886 quand elle est classée monument historique. Depuis 1999 elle est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle ne se visite qu’avec un guide à des horaires réservés en achetant un billet « Saint-Emilion souterrain » (entrée 15€, plus d’infos ici). Le clocher peut se visiter en grimpant 196 marches! Attention, il n’est pas compris dans le billet précédent. Il faut acheter un billet (2€) à l’office du tourisme.

Le cloître des Cordeliers

Un chouette endroit dans la ville-haute pour se détendre un peu à l’écart de la foule des touristes, c’est le Cloître des Cordeliers. Vous serez à l’ombre des vieilles pierres du XIIIe siècle où les moines franciscains (surnommés les cordeliers à cause de la grosse corde à nœuds de leur tenue) ont vécu jusqu’à la Révolution. À partir de 1892, les caves des Cordeliers se spécialisent dans la production de vins effervescents, en suivant la méthode champenoise (pour rappel, la dénomination de « champagne » est strictement réservées aux vins de Champagne près de Reims).

Le bar du cloître permet aussi de se préparer un beau panier pique-nique pour accompagner sa dégustation. Le tout se fait dans un chouette un esprit convivial qui fait plaisir 🙂

Plus d’infos sur l’établissement et les visites privées ici.

Les remparts et la Porte Brunet

Des remparts du XIIe siècle qui entouraient le village, il n’en reste plus grand chose. Ils sont détruits pendant les guerres de religion ou pendant l’aménagement du village et la construction de nouvelles routes. Il y a toujours la marque de fossés profonds d’où a été extrait la pierre pour construire une muraille de 1.5km de long. Il reste cependant la Porte Brunet qui était l’entrée principale de Saint-Emilion.

On peut en avoir une jolie vue depuis un étroit passage dans la rue de la porte Sainte-Marie.

La Tour du Roy

L’autre point culminant de Saint-Emilion, c’est la Tour du Roy, haute de 14m. Elle est isolée du reste de la ville-basse par un fossé creusé dans la roche. C’est le reste d’un donjon du XIIIe siècle qui dominait la petite cité. Est-ce que c’est le roi de France ou d’Angleterre qui a ordonné sa construction durant la période trouble de la Guerre de Cent Ans? En fait il semblerait que cette tour soit une réalisation de la Jurade. Le donjon aurait aussi servi de beffroi municipal, l’hôtel de ville de l’époque.

Pour 2€, vous pouvez grimper les 118 marches pour accéder au toit panorama avec une vue imprenable sur la cité! Si vous ne voulez pas payer et grimper, il y a tout de même une jolie vue sur le village depuis la rue 😉

Derrière la tour, il y a une parcelle de vigne qui a été plantée au XIXe siècle à l’intérieur des remparts. C’est l’emplacement de l’ancien couvent des Ursulines.

Saint-Emilion Underground!

Il y a le « Saint-Emilion souterrain », la version officielle. Je vous propose une version un peu moins officielle, « Saint-Emilion underground »! 🙂 Il faut aller derrière la tour du Roy, où on retrouve le fossé défensif qui entourait le village. Large de 20m et profond de 10m, il devait bien remplir son rôle. On peut le voir très clairement rue des douves (le nom est trompeur puisqu’il n’y a jamais eu d’eau dans ce fossé).

Au XVIIIe siècle, il ne sert plus à défendre, alors on creuse pour en faire des carrières qui s’étendent loin sous la ville. C’est là où ça devient chouette, car il y a plus de 100km de galeries sur 4 étages! Après l’arrêt des carrières au XIXe siècle, les galeries sont reconverties en champignonnières, caves à vin ou simplement abandonnées.

L’accès y est en principe interdit mais il est facile de trouver une ouverture. On arrive ensuite dans un autre monde!

Si vous voulez explorer ce monde souterrain, n’oubliez pas de prendre de la lumière (avec de la batterie), car au bout de quelques mètres, il fait totalement noir. Et on se retrouve souvent par surprise au bord d’une fossé de plusieurs mètres! Soyez prudents!

C’est un véritable labyrinthe et il est vraiment facile de s’y perdre! J’y ai facilement passé une bonne heure à explorer des endroits mystérieux. Le contraste est saisissant avec le Saint-Emilion très touristique qui se trouve quelque mètres plus haut.

Si vous voulez tenter cette expérience de cataphile insolite et totalement dépaysante (je ne vous encourage évidemment pas hein) faites attention et ne vous aventurez pas trop loin 🙂

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