Visiter Strasbourg, le guide complet

Ah Strasbourg, la capitale de l’Alsace, la capitale Européenne, la capitale de Noël. Cette grande ville de l’Est de la France est un véritable coup de cœur! Je vous embarque pour une visite touristique, historique, culturelle et insolite de la ville! C’est parti, hop en route 🙂

Une fois arrivé à Strasbourg, direction le centre ville historique. L’Office du Tourisme est d’ailleurs situé juste à côté de la Maison Kammerzell, qui est l’emblème de la maison à colombages 🙂

Commençons par un peu d’histoire car c’est toujours intéressant de connaître le passé de la ville!

Un peu d’histoire strasbourgeoise 😉

L’histoire de Strasbourg remonte à plus de 2000 ans. Les Celtes avaient une petite cité, Argentorate, puis les Romains y fondent le camp Argentoratum en l’an -15. Le camp devient une colonie militaire importante avant d’être détruit par Attila quand il envahit la gaulle en 451. Les Francs rebâtissent la cité en Stratiburg (château des routes). C’est alors une petite ville modeste à la croisée des routes commerciales sur un des rares ponts traversant le Rhin. Avec la montée en puissance du pouvoir des évêques, c’est l’essor au XIIe siècle. Strasbourg devient une des plus grandes ville du Saint-Empire Romain Germanique. On lance la construction d’une nouvelle et grandiose cathédrale, on agrandi les remparts. Devenue ville impériale libre, elle continue à gagner en richesse et en prospérité. En 1439, la flèche de la cathédrale est achevée, c’est le monument le plus haut de la chrétienté, un véritable symbole de puissance pour la ville! Grâce à l’invention de Gutenberg qui a vécut à Strasbourg, la ville devient un grand centre d’imprimerie et attire de plus en plus d’intellectuels. Elle est le berceau des idées de la Réforme, en conflit contre les richesses de l’église et les abus des évêques. La ville devient protestante en 1532 (la cathédrale est partagé en deux entre un évêque catholique et un protestant, ce qui créera beaucoup de conflits). Pendant la guerre de Trente Ans qui ravage toute l’Alsace, Strasbourg se tient à l’écart des problèmes, bien cachée derrière ses puissants remparts. L’empire germanique est battu et la ville se rend à Louis XIV en 1681. Elle est officiellement rattachée au royaume de France. Cependant, elle reste majoritairement protestante et on y parle allemand. Strasbourg est toujours prospère et rayonnante et son grande université est renommée. Apres la Révolution, le maire de Strasbourg demande un hymne à Rouget de l’sle pour la guerre contre la Prusse et l’Autriche. Il va composer un « Chant pour l’armée du Rhin », qui deviendra un symbole de la Révolution puis la fameuse Marseillaise, l’hymne national. Au XIXe siècle, la ville est à l’étroit dans son urbanisme médiéval. Des travaux sont lancés pour tenter de la moderniser. En 1870, c’est à nouveau la guerre. Les anciens remparts ne résistent pas longtemps devant l’artillerie moderne. La ville capitule et devient allemande. Elle va devenir une vitrine du savoir faire germanique. Elle est modernisée et sa surface triplée! Puis, c’est la Première Guerre Mondiale, et Strasbourg redevient française. Quand la Deuxième Guerre Mondiale arrive, la ville est évacuée dès 1939. En 1940, elle redevient allemande et les nazis n’acceptent que des habitants d’origines allemandes. Bombardée puis libérée en 1944 par le général Leclerc, Strasbourg redevient française. Après avoir changé 4 fois de nationalité en 75 ans, elle est un symbole de la réconciliation franco-allemande. On décide d’y installer les neuves institutions européennes. Depuis, Strasbourg est toujours florissante économiquement et attire de nombreux touristes qui veulent découvrir les charmes de l’Alsace et son joli centre ville historique préservé 🙂

La Cathédrale de Strasbourg

C’est la cathédrale de tous les records. C’est la cathédrale la plus visitée de France après Notre-Dame de Paris. Pendant deux siècles, c’était le plus haut bâtiment du monde! C’est aussi la cathédrale du torticolis! Contrairement à d’autres villes, il n’y a pas eu ici de véritable destructions autour pour dégager un grand parvis. Alors quand on est devant sa façade de 51m de large et ses 112m de longueur, on est un peu embêté haha 😉 Bombardée plusieurs fois, c’est un miracle si elle est toujours là. Découvrons ce « prodige du gigantesque et du délicat » comme disait Victor Hugo 🙂

Aux origines, il y avait ici un ancien sanctuaire celte ou romain, puis une précédente grande cathédrale romane brulée lors d’un incendie. Alors au XIIe siècle on lance les grands travaux pour une nouvelle cathédrale majestueuse en grès rose! D’abord construite dans un style Roman, l’arrivée d’un nouvel évêque en 1220 change tout, il veut absolument du Gothique. En 1360, elle ressemblait beaucoup à Notre-Dame de Paris avec ses deux tours. Mais changement de plan, on décide de remplir l’espace entre les deux tours! et on se dit « Pourquoi pas une grande flèche par dessus tout ça? » Banco! En 1399, la ville embauche l’architecte le plus réputé du moment, Ulrich d’Ensingen. Il a travaillé sur la grande cathédrale de Milan (que je vous présente sur cette page) et la grande cathédrale d’Ulm. La flèche est finalement achevée en 1439 et culmine à 142m. Strasbourg possède maintenant le plus haut bâtiment du monde! Evidemment, on aimerait une deuxième flèche, mais aucun projet ne sera retenu.

Quand la ville devient protestante, on retire les sculptures des Saints, on recouvre les fresques des murs, et on change le sol pour mettre un dallage sobre à la place des pierres tombales. En 1759, la foudre provoque un terrible incendie! À peine restaurée, la Révolution va provoquer des dégâts : 253 statues sont détruites, les bronzes du portail et les ornements métalliques sont arrachés et fondus. La grande flèche a même faillit être démolie! En 1806 commence la réparation des dégâts, on resculpte des statues, on restaure les vitraux. Mais patatra, en 1870 elle est visée par les obus de la Prusse et subit un nouvel incendie! Dans les années 1920, on se rend compte que la tour nord n’a pas les fondations nécessaire pour supporter le poids de la haute flèche, et que tout menace de s’effondrer! De justesse on consolide tout avec du béton.

Quand la Seconde Guerre Mondiale arrive, les vitraux sont mis à l’abri. D’abord cachés par la France en Dordogne, ils seront finalement rendus aux nazis et entreposés dans une mine de sel en Allemagne! Hitler projette de la transformer et d’en faire un Mémorial pour les Soldats Allemands. Ca faisait parti de son grand projet pour faire de Strasbourg une nouvelle mégalopole du Reich. En attendant, il y interdit le culte catholique et la cathédrale est fermée jusqu’à nouvel ordre. Finalement elle subira les bombardements des alliés en aout 1944. Enfin, de longs travaux de rénovation seront lancés dans les années 1960 et dureront des décennies! Ouf, maintenant la cathédrale est belle et elle n’attend plus que vous 🙂

Vous découvrirez par exemple la très belle chaire de pierre réalisée au XVe siècle pour le prédicateur Jean Geiler. C’est un formidable chef d’œuvre avec des sculptures fines et délicates. Insolite, cette chaire abrite un petit chien sculpté. Il a été rajouté en référence au chien du prédicateur qui l’accompagnait toujours quand il montait pour faire ses sermons. Depuis, cette sculpture est un peu devenue la mascotte de la cathédrale. Caressée par des millions de mains, la pierre du petit chien est devenue toute noire!

On peut aussi y admirer le célèbre Pilier des Anges. C’est un pilier en grès rose de 18m de haut, soutenant la charpente, construit vers 1230. On l’appelle aussi le Pilier du Jugement Dernier. En bas on trouve les 4 évangélistes, puis des anges qui sonnent les trompettes de l’Apocalypse et enfin le Christ au sommet. Derrière, éclairé par un projecteur, on aperçoit un homme accoudé à une balustrade qui semble regarder le pilier. Il est très connu mais on ne sait absolument pas qui est ce personnage 🙂 Le pilier a une légende. Un jour, alors que le que le diable chevauchait le vent à travers de Strasbourg, il passe devant la cathédrale. Curieux, il descend pour visiter l’intérieur, et contemple longuement le pilier. Il ne voit pas le temps passer et la messe commence. Il se retrouve alors immédiatement piégé à l’intérieur du pilier! Depuis, son cheval venteux l’attend toujours à l’extérieur, et c’est pour ça qu’il y a souvent du vent dans les ruelles autour de la cathédrale.

Une autre réalisation qui fait la renommée de cette cathédrale, c’est son horloge astronomique. Elle est achevée en 1574. Considérée comme un véritable chef d’œuvre de la Renaissance, cette horloge a aussi sa légende. On dit que le maire de Strasbourg, jaloux et voulant éviter que cette merveille puisse être reproduite ailleurs, a fait crever les yeux de son constructeur, le mathématicien Dasypodius. Rassurez-vous, ce n’est jamais arrivé 😉 Les rouages du mécanisme sont usés après trois siècles de fonctionnement, et un jour, l’horloge s’arrête! Un ingénieur strasbourgeois réussira à remplacer tout le mécanisme intérieur en 1842. Depuis, tous les jours à 12h30 précisément, les automates de l’horloge s’animent! 🙂 Pour assister à ce spectacle, il faut acheter sur place un billet à 4 Eur.

Les orgues magnifiquement décorés datent du XVIIIe siècle.

On peut aussi grimper au sommet (ou presque) de la cathédrale! Une fois le billet acheté (8 Eur), préparez vous à gravir les 332 marches pour atteindre la plateforme de la Tour Sud, à 66m de hauteur.

Depuis la maison du gardien construite en 1782 pour prévenir les risques d’incendie, on a une vue panoramique à couper le souffle sur le vieux Strasbourg 🙂

Depuis la plateforme on peut aussi admirer d’un peu plus près l’impressionnante flèche qui atteint 142m de haut. Une véritable dentelle de pierre, toute en finesse et en légèreté. On a du mal à s’imaginer le travail des derniers tailleurs de pierre perchés sur des échafaudage au dessus du vide. Il ne fallait vraiment pas avoir le vertige pour installer la dernière pierre!

Insolite, on peut aussi découvrir les innombrables graffitis gravés dans la pierre par les visiteurs entre 1818 et 1870! Parmi eux, on retrouve quelques noms célèbres comme Victor Hugo ou Goethe. Attention, maintenant c’est interdit, même si vous êtes « famous »! En revanche, vous pourrez toujours graver votre nom via un écran tactile sur un livre d’or virtuel 😉

Si ça vous intéresse, encore plus d’infos sur le site officiel.

Enfin, chaque été, la cathédrale s’illumine la nuit 🙂 C’est un merveilleux spectacle gratuit, qu’on ne se lasse pas d’admirer!

Le Palais Rohan

En face de la cathédrale, de l’autre côté de la place, il y a le Palais Rohan. Ce grand bâtiment date du XVIIIe siècle. Après avoir récupéré Strasbourg, Louis XIV arrive à faire nommer un jeune noble de la famille Rohan comme évêque, avec la tâche de ramener la population de la ville dans le catholicisme et la langue française. En parallèle, l’évêque Rohan, sans doute à l’étroit dans son ancien palais, achète plusieurs pâtés de maison et fait tout détruire. À la place, il fait bâtir ce grand palais! Il choisit le même style architectural que les grands hôtels parisiens. Après la Révolution, le palais accueille le Musée des Beaux-Arts, le Musée Archéologique et le Musée des Arts Décoratifs! L’entrée de chaque musée coûte 7.50 Eur. Vous pouvez choisir le Pass à la journée à 16 Eur pour visiter les trois musées (ou attendre le premier dimanche du mois, là c’est gratuit). Si vous avez la malchance d’avoir de la pluie, c’est la visite idéale!

En choisissant le Musée des Arts Décoratifs vous pourrez voir les « pièces historiques » du Palais. Après avoir traversé la cour d’honneur, on déambule notamment dans le Salon des Evêques et la Chambre du Roi. Pour information, ces pièces ne sont pas d’époque. Il s’agit de reproductions fidèles, car une bonne partie du Palais a été bombardée en 1944.

Le musée propose aussi d’innombrables « chefs d’œuvres » de faïences et de porcelaines, comme ce choux farci crémeux! haha 🙂 On y trouve aussi la première horloge astronomique de la cathédrale, qui date de 1354.

Au fait, le nom Rohan vous est peut être familier ? Alors aucun rapport avec Rahan, et encore moins avec Tolkien et le Seigneur des Anneaux (si vous avez la ref’ 😉 ). En fait la famille Rohan donnera 4 évêques de Strasbourg (et grand aumoniers de France). Pour, le dernier, pas de bol, il sera célèbre malgré lui en se faisant avoir en beauté dans le Scandale du Collier de la Reine !

Autour de la Place

Autour de la place, on trouve aussi le bâtiment du Musée de l’Œuvre Notre-Dame (du XIIIe siècle) qui abrite un musée médiéval (7.50 Eur aussi l’entrée). Juste à côté, c’est la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame (du XVIe siècle) avec son étrange portail, qui gère l’entretien de la cathédrale depuis 1224! On y trouve aussi un joli jardin médiéval … créé en 1937 🙂

Ne manquez pas le pilier de la minceur 😉 Il se trouve à l’angle de la rue Mercière et de la Place. Il y a un espace de 35cm entre le pilier et le mur. Selon une tradition qui remonte à 1567, chaque année, les membres du conseil de la ville devaient passer de profil dans cet espace, pour vérifier qu’ils n’avaient pas abusé de choucroutes et de bières. À votre tour maintenant! 🙂

Insolite, dans un coin de la place, vous verrez une plaque au sol. C’est la capsule temporelle de Strasbourg! En 1995, 14 bidons en plastique avec des milliers d’objets du quotidien des strasbourgeois ont été scellés sous terre dans un bunker en béton armé! La notice indique aux archéologues du futur qu’il ne faudra pas l’ouvrir avant 3790! Patience, Patience 🙂

La Place Kléber

Une autre place mérite le détour. C’est la grande Place Kléber (du nom de l’ancien général né à Strasbourg). C’est la plus grande place de Strasbourg. Tous les grands évènements populaires ont lieu ici, comme le grand sapin de noël, ou le traditionnel marché de noël depuis 1570. Ce soir là, c’était un chérubin géant qui volait au dessus de la place, tout à fait normal haha 🙂

La Place Kléber est bordée par le grand bâtiment de l’Aubette. Cette ancienne caserne où les ordres étaient donnés à l’aube (d’où son nom) est maintenant à moitié un centre commercial (L’Aubette shopping) et à moitié un musée (Aubette 1928, gratuit). À deux pas de la place, ne manquez pas la façade décorée de la pâtisserie Christian au 12 rue de l’Outre. Cette peinture en trompe l’œil date de 1987 lors de la restauration de cette bâtisse du XVIe siècle. Au passage, c’est aussi la pâtisserie la plus réputée de la ville, avis aux gourmands (la carte ici) 😉

Le quartier de La Petite France

LE quartier touristique de Strasbourg se trouve à l’ouest de la ville, c’est la célèbre Petite France. Des belles maisons à colombages, des canaux qui donnent un air de Venise, des chouettes restaurants. Tout est là pour en faire une carte postale idéale. Pourtant, la signification de la Petite France ne fait pas rêver! 🙂 Remontons dans le temps. En 1494, le roi Français Charles VIII part faire la guerre en Italie. Ses soldats fricotent avec les filles de joie napolitaines, et de retour au pays, ils sont couverts de furoncles. On découvre alors une nouvelle maladie, la syphilis, qu’on appelle à l’époque le « mal français ». Les mercenaires rentrés à Strasbourg sont placés à l’écart dans un hospice du quartier. On le surnommera plus tard la Petite France.

Le quartier abritait principalement des meuniers, des pêcheurs et des tanneurs. D’ailleurs la célèbre Maison des Tanneurs construite en 1572 est toujours là 🙂 Depuis 1949, c’est un restaurant traditionnel. Pour manger une bonne choucroute dans un bâtiment classé monument historique, pensez à réserver ici.

Ensuite, hop on enjambe le Pont du Faisan pour traverser la rivière de l’Ill. C’est un pont mobile construit en 1888, qui s’ouvre régulièrement pour laisser passer les bateaux-mouches. Il remplace l’antique pont en bois du XIVe siècle.

Une curiosité se cache près des écluses et des canaux. Elle se trouve derrière une baie vitrée de l’hôtel 5 étoiles du Régent (pour y réserver une chambre qui n’a pas de prix, c’est ici). Au moyen-âge il y avait là un grand moulin. Puis au XIXe siècle, on le remplace par des machineries complexes, les anciennes glacières de Strasbourg. Elles produisaient jusqu’à 200 pains de glaces par jour pour les brasseurs, les charcutiers, les restaurateurs et les particuliers. Elles sont fermées depuis 1990.

Juste à côté, on découvre les fameux Ponts Couverts de Strasbourg. Au XIIIe siècle, les bourgeois de la ville font construire quatre ponts couverts pour fermer l’accès à l’Ill et défendre la ville d’une attaque par la rivière. Pour être encore plus costauds, ils rajoutent cinq tours fortifiées (il n’en reste plus que quatre).

Plus tard, quand ce système de défense moyenâgeux devient obsolète et inutile, on remplace les ponts couverts par des ponts normaux (mais le nom est resté). Les tours sont conservées pour servir de prison jusqu’en 1823.

Juste en face, c’est le Barrage Vauban! Il est construit en 1688 pour moderniser la défense de la ville. C’est un pont écluse sur la rivière. L’idée est toute simple : si la ville est attaquée, il suffit de fermer les portes des arches, tous les terrains au sud seront inondés par la rivière et deviendront un marécage bloquant les troupes ennemies. Cette stratégie sera utilisée bien plus tard en 1870 quand l’armée de la Prusse fait le siège de Strasbourg. Le sud de la ville sera inondé et épargné, mais la cité sera sera capturée par le nord.

Depuis, le barrage Vauban est reconvertie en galerie couverte et terrasse panoramique 🙂

Avant de quitter ce joli quartier de la Petite France je vous propose de découvrir deux endroits insolites supplémentaires. Le premier, c’est le plus vieil arbre de Strasbourg 🙂 C’est un superbe platane qui date de 1667! On peut retrouver son énorme tronc au 3 quai de la Bruche.

Le deuxième, c’est la plus petite maison de la ville 🙂 Cette minuscule maison bleue digne d’un schtroumpf se trouve au 9 rue des Moulins, à côté de la terrasse du restaurant Chez l’Oncle Freddy.

Au fil de l’Ill 🙂

Suivons maintenant le bras de la rivière de l’Ill qui coule au sud de la grande île du centre ville historique de Strasbourg.

Visitons la vieille église Saint Thomas avec son allure de forteresse. Sa construction remonte au XIIe siècle, mais plus tard elle a longtemps été considérée comme la cathédrale du protestantisme français.

Dans l’église on peut découvrir l’ancien sarcophage en grés rose de l’évêque Adeloch mort en 1130. Mais c’est surtout le fond de l’église qui attire le regard, avec le magnifique mausolée du maréchal Maurice de Saxe. C’était un officier d’origine allemande (et protestant) qui a victorieusement commandé les troupes de Louis XV dans plusieurs conflits. Après sa mort en 1750 dans son Château de Chambord, on lui refuse le droit d’être enterré à Paris. On envoie donc sa dépouille dans la plus grande ville protestante du royaume, et le roi passera commande de ce grand mausolée qui mettra vingt ans à être sculpté!

L’église est aussi célèbre pour ses orgues splendides qui datent de 1741. Même Mozart qui a joué dessus en 1781 a vanté la beauté et la sonorité de l’instrument 🙂

La rivière passe maintenant sous le pont Saint Thomas qui date de 1841. C’est le plus ancien pont de fonte conservé en France.

Si on traverse le pont et qu’on va un peu plus au sud dans le quartier de Finkwiller, il y a un bel endroit à visiter!

Les caves historiques des Hospices de Strasbourg

En 1395, un nouvel hôpital est créé au sud de Strasbourg. Il se dote de grandes caves, car en plus des soins, les religieux qui dirigent l’institution proposent aussi à boire et à manger aux pèlerins et aux pauvres. On pouvait payer ses soins avec des dons en nature, ou des legs. Avec le temps, l’hôpital devient un des plus importants propriétaires fonciers d’Alsace! L’hôpital historique est détruit dans un incendie en 1716, mais les caves sont épargnées, ouf! Pour son 600e anniversaire en 1995, la cave devient une coopérative viticole. Une trentaine de vignerons mettent leur production en commun dans les grands tonneaux et récupèrent ensuite une partie des bouteilles, le « Vin des Hospices ». Le reste des bouteilles est vendue directement par la cave et les bénéfices servent à l’achat d’appareils médicaux.

On peut donc visiter cette grande cave voutée médiévale de 1200m². Le clou du spectacle c’est un tonneau de 300 litres datant de 1472 et qui a conservé le même vin blanc jusqu’en 2014! C’est le plus vieux vin du monde en tonneau! (Il a ensuite été transféré dans un nouveau tonneau, pour les siècles à venir).

Ce fameux millésime 1472 n’a été servi qu’à trois reprises : en 1576 (pour remercier les Zurichois venus au secours de la ville), en 1718 (après la reconstruction de l’hôpital) et en 1944 pour le Général Philippe Leclerc qui a libéré la ville. La cave abrite aussi un petit espace musée et on peut y découvrir un des plus grands tonneaux des hospices. Il date de 1881, avec une contenance de 26 080 litres. Ca en fait des bouteilles! La visite des caves historiques des hospices est libre et gratuite. La Cave se situe à l’intérieur de l’Hôpital Civil (côté centre-ville), au sous-sol du bâtiment de la Direction Générale (services administratifs). Il suffit de suivre le panneau. N’hésitez à déguster (avec modération) et acheter (sans modération) en boutique, c’est pour la bonne cause! 🙂
Plus d’infos sur le site officiel.

La rivière passe maintenant sous le pont Saint Nicolas, à côté de l’église protestante du même nom.

Sur le quai, on aperçoit un grand bâtiment, c’est l’ancienne douane de Strasbourg. En 1358, ces douanes servaient à contrôler, taxer et stocker les marchandises naviguant le long du Rhin tout proche (principalement de vin, poisson, sel et tabac). Pendant tout le moyen-âge, c’était le plus grand bâtiment civil de Strasbourg. En 1803, les douanes disparaissent et le grand bâtiment héberge des marchés. Il est pratiquement détruit par les bombardements de 1944, mais il sera reconstruit en 1966. Maintenant il abrite un restaurant, des ateliers et une salle exposition.

Attardons nous un peu sur le Quai des Bateliers avec une pause gourmande Aux Trois Chevaliers. Ce restaurant avec une carte traditionnelle alsacienne et une adresse emblématique du quartier. Un endroit que je vous recommande 😉 Pour réserver, voici leur site.

On peut maintenant découvrir cette Place du Corbeau avec le Musée Historique de la Ville de Strasbourg (entrée 7.50 eur) et l’embarcadère. Il y a aussi le Pont du Corbeau qui permet de relier le centre historique au quartier Krutenau. C’est un joli pont qui date de 1892, et en dessous passent les bateaux-mouches. C’est charmant 🙂 Mais au moyen-âge c’était totalement différent. Ici, il y avait un pont en bois, le Pont des Supplices. La jolie rivière de l’Ill était alors un véritable égout à ciel ouvert. On y noyait des condamnés dans une sorte de grand panier, le schandkorb. Ou alors, on les jetait simplement depuis le pont. Comme quasiment personne ne savait nager à l’époque, on mourrait noyé dans les matières fécales! C’est quand même bien plus sympathique maintenant 🙂

Et pourquoi corbeau au fait? Car ces oiseaux étaient nombreux dans le quartier pour venir picorer les dépouilles des condamnés… D’ailleurs en souvenir de cette belle époque, il y a une statue de corbeau à un angle de mur, juste avant de rentrer dans la discrète Cour du Corbeau.

La Cour du Corbeau est classée Monument Historique dès 1930. C’est un très bel exemple de maisons à pans de bois et encorbellements, datant du XVIe siècle.

Un peu plus loin dans le quartier, juste derrière le pont et l’église Sainte Madeleine, on peut trouver la Porte des Remparts.

C’est un des derniers vestiges des remparts construits au XIIe siècle pour protéger le sud de Strasbourg. Le portail a été creusé bien plus tard en 1913.

Après avoir dépassé la petite passerelle de l’Abreuvoir, on arrive au Pont Saint Guillaume bâti en 1892 (et son trottoir peint 🙂 ).

En s’éloignant un tout petit peu du pont en direction du centre ville, on arrive sur la Place Saint Etienne. C’est une jolie place médiévale pittoresque bordée des traditionnelles maisons à colombages. Entre deux tilleuls, au centre de la place, on trouve la fontaine du Meiselocker. C’est une statue reçue en 1929 de la part de la ville de Munich en échange de la statue du Père Rhin (Vater Rhein) qui ne plaisait pas du tout aux strasbourgeois (je vous laisse chercher une photo sur le net pour découvrir son fameux déhanché haha).

Cette statue représente un Meiselocker, un charmeur de mésanges. C’est un des surnoms des strasbourgeois. La tradition voulait qu’au printemps, les jeunes allaient à la campagne jouer de la flûte pour attirer et capturer des mésange, pour les vendre ensuite aux marchés en ville.

Depuis cette place, si vous continuez de remonter la rue de l’Arc-en-Ciel, vous arriverez à La Nouvelle Poste. C’est un bar vraiment cool que je vous recommande 😉

De retour sur le Pont Saint Guillaume, on peut découvrir la petite église protestante Saint Guillaume avec son étrange façade et son clocher de travers. Vous verrez, une fois devant, on se rend compte que quelque chose n’est pas droit. 😉

Plus loin, on arrive à la grande église Saint Paul qui ressemble à une cathédrale gothique. On la voit de loin avec les deux flèches de sa façade qui culminent à 76m de hauteur! Elle est récente car construite en 1897. Il y a 16 portes autour de l’église. La raison, c’est qu’elle a été bâtie pour la garnison allemande (protestante) stationnée à Strasbourg. Chaque porte correspond à un grade de l’armée allemande. Cette grande église fait partie du projet de la Neustadt.

La Neustadt de Strasbourg

En 1871, quand l’Alsace et la Lorraine changent de pays, les allemands projettent de transformer Strasbourg. Ils veulent littéralement créé une ville nouvelle, une Neustadt. Le but est d’agrandir les frontières de la ville qui n’ont pas bougées depuis le moyen-âge, accueillir tous les nouveaux résidents allemands, et faire de Strasbourg une vitrine du savoir faire germanique. Les travaux commencent en 1880. Cette nouvelle ville impériale prend naissance à l’est du centre historique. Fini les maisons à colombages, place à l’art nouveau, aux immeubles, aux villas et aux larges avenues. Malgré cette modernité, il y a des belles choses à voir dans cette partie de la ville 🙂

Un bel exemple, c’est le magnifique Lycée des Pontonniers, construit en 1902. Il sert tout d’abord de lycée de jeunes filles avant de devenir en 1979 un lycée international. Si vous voulez plus d’infos sur cet établissement, voici le site officiel.

Un autre bâtiment immanquable dans la ville nouvelle, c’est le Palais du Rhin, achevé en 1888. C’est avant tout un palais impérial qui de part sa masse imposante marque la présence allemande à Strasbourg dans la pierre. Il accueillera l’empereur Guillaume une dizaine de reprises.

Après avoi servi de Kommandantur pour les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale, il a faillit être détruit par la ville dans les années 1950. Finalement le palais sera conservé. Il abrite maintenant deux services administratifs (la Commission centrale pour la navigation sur le Rhin, et la Direction régionale des affaires cultures d’Alsace). Il est parfois ouvert au public, comme lors des journées du patrimoine.

À quelques minutes à pied du Palais du Rhin, on peut découvrir une curiosité architecturale: la « maison égyptienne ». C’est un immeuble situé au 10 rue du Général Rapp. Lors de sa construction en 1906, les architectes ont voulu mélanger art nouveau et touche d’exotisme avec cette belle fresque digne de l’Egypte ancienne 🙂

Un peu plus loin, au 5 rue Saint Léon, il y a un autre détail insolite à voir à la maison Muller Simonis. Dans cet immeuble qui abrite désormais Caritas Alsace (une structure du Secours Catholique), il y a un étrange personnage assis au 3e étage. C’est l’Elsässer, symbole de l’alsacien et du journal « Le Nouvel Alsacien » qui était imprimé dans la cour de l’immeuble.

De l’autre côté de la rue, on peut admirer le grand dôme en cuivre de la monumentale église catholique Saint Pierre-le-Jeune. L’église culmine à 56m de hauteur et le dôme a un diamètre intérieur de 18m. C’est la plus grande coupole d’Alsace.

Cette grande église en grès rose a été achevée en 1893. C’est une des constructions majeures de la Neustadt.

Au centre de l’église, il y a un grand lustre en couronne qui symbolise la Jérusalem céleste avec les douze portes et les douze apôtres. Plus d’infos sur le site officiel.

Plus loin, il y a le joli Parc de l’Orangerie de 26 hectares, accessible en tramway (Ligne E – Arrêt : Droits de l’Homme). Ce parc aurait été planté en 1801 d’après des plans d’André le Nôtre. En 1804 on y fait construire le Pavillon Joséphine. Il devait abriter une collection de 140 orangers confisqués lors de la Révolution au château de Bouxwiller. C’est l’origine du nom du parc 🙂 Le pavillon historique a été détruit par un incendie en 1968 et reconstruit à l’identique. C’est maintenant une salle municipale qui peut se louer.

Dans le parc il y a aussi le Buerehiesel, une ancienne maison à colombages construite vers 1600 … à Molsheim, à 25km d’ici! Elle a été démontée puis remontée pièce par pièce pour l’Exposition Industrielle et Artisanale de 1895. Cette belle maison abrite maintenant un restaurant gastronomique étoilé. Pour réserver votre table, c’est sur ce site.

C’est d’ailleurs à l’occasion de cette grande exposition de 1895 que le parc a été agrandi, avec un lac artificiel et sa cascade et une multitude de statues. C’est vraiment un parc magnifique où il fait bon se promener et se reposer 🙂 Avec un peu de chance, vous pourrez même y voir des cigognes!

À proximité du parc, il y a évidemment le Parlement Européen. Ce grand bâtiment a été inauguré en 1999 pour abriter le plus vaste hémicycle d’Europe avec 750 sièges. Avant sa construction, les députés européens siégeaient au Palais Universitaire, puis au Palais de l’Europe. Il est accessible en tramway (Ligne E – Arrêt ‘Parlement Européen’). Il peut se visiter gratuitement, plus d’infos sur ce site.

Beaucoup moins connu que le Parlement Européen, il y a la Cité Ungemach. C’est une cité-jardin de 140 pavillons créée dans les années 1920 par le riche industriel Léon Ungemach. Sous couvert de progrès social, ce projet relevait d’un idéal eugéniste qui pense que la sélection humaine peut amener à la formation d’une élite. Pour avoir le droit d’habiter dans une de ces maisons, il fallait être un « couple parfait » : être en bonne santé, avoir une bonne morale, avoir une épouse qui soit femme au foyer, avoir des enfants (au minimum trois), etc … Il y avait un règlement de 356 articles à respecter, un barème de points et des visites annuelles d’évaluation! Heureusement il n’y avait pas de critères de sélection physiques ou raciales. Dans les années 1980, la ville de Strasbourg devient propriétaire de la cité-jardin et applique le règlement classique des logements sociaux. Cette cité de logements avec jardin à prix modéré, juste à côté du Parlement Européen, continue de défier les promoteurs immobiliers 😉

Je vous emmène maintenant dans un endroit insolite, totalement de l’autre côté de la ville 🙂 À une dizaine de minutes de marche depuis la gare de Strasbourg, vous pouvez visiter un endroit unique, le château musée vodou! Déjà, l’endroit est surprenant, le musée se trouve dans l’ancien château d’eau de la gare, classé monument historique en 1984. Ensuite la thématique du musée est inédite, les mystères du vodou! 🙂

Après l’achat du billet d’entrée (14 eur) on peut découvrir la plus grande collection d’objets vodous africain au monde. Cette collection privée présente des pièces venant principalement du Bénin, du Togo, du Ghana et du Nigéria. Le vaudou représente un ensemble de divinités, leurs incarnations en iwas sous plusieurs formes, et les pratiques pour se mettre en relation avec ce monde invisible. Les pratiques magiques du vaudou ont survécus en secret malgré la répression des colonisations en Afrique, et elles se sont même propagées dans le monde à cause de l’esclavagisme.

C’est vraiment un musée très intéressant et qui pousse à la curiosité! C’est une visite que je vous recommande fortement et qui sort un peu de la carte postale Strasbourg alsacienne 😉
Plus d’infos sur le site officiel.

Il y a encore d’autres merveilles à découvrir dans cette très belle ville. En tout cas j’espère sincèrement que cette page vous aura donné envie d’aller la visiter 🙂

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