Jour 6 – Hengifoss – Dettifoss – Myvatn
Pour une fois lors de ce roadtrip en Islande, on prend notre temps. C’est limite une grasse matinée suivie d’un bon petit déjeuner, et on part sans se presser. Direction le sud, le long du lac Lögurinn (25km de long).
Selon la légende locale, dans les eaux de ce lac il y aurait un monstre, un serpent géant, le Lagarfljótsormurinn. La première fois où on en entend parler, ça remonte à 1345. En 1589 il aurait jaillit du lac en sautant si haut qu’un bateau aurait pu passer en dessous. En 2012, il y a même un fermier à Hrafnkelsstaðir qui a pris cette vidéo! je vous laisse vous faire votre propre opinion 🙂
Toujours est-il que nous ne voyons pas de monstre dans le lac, tant pis!
On traverse ensuite la forêt de Hallormsstaðursskogar , c’est la plus grande forêt d’Islande. Mais la aussi c’est une forêt « à l’islandaise ». Une blague nordique dit que pour voir la fin d’une forêt islandaise, il suffit de se mettre debout! 🙂 Effectivement, il y a un peu de ça, les arbres ne sont pas très hauts. Un effort de reboisement de l’île est en cours, avec un objectif de 5% des basses terres (soit 215 000ha) d’ici 40 ans. Mais ça ne se fait pas sans peine car même si les écoliers sont fiers de planter un arbre, quand ça se fait à une plus grande échelle, il y a des conflits avec les éleveurs qui depuis des siècles laissent les animaux à peu près libres d’aller manger où ils veulent et maintenant les plantations d’arbres sont entourées de clôtures, des terres ne sont plus accessibles. Les zones de reboisement sont d’ailleurs souvent de formes carré, plus faciles à clôturer.
Nous arrivons au bout du lac, le but de ce trajet, c’est de faire une randonnée dans le canyon de la rivière Hengifossà qui descend des collines et qui se jette dans le lac. Le long de ce canyon, il y a 2 superbes chutes d’eau. Ça grimpe un peu mais le chemin se fait sans trop de difficultés. On arrive à la première chute, 35m de hauteur, Litlanesfoss.
Elle est superbe avec ses orgues basaltiques ocres.
Le vrai but de la balade se trouve un peu plus loin. Il faut continuer de grimper pour arriver dans un vaste cirque naturel où on aperçoit plusieurs strates de roches dans les falaises, et une grande cascade tout au fond 🙂
Ces strates rocheuses, ce sont les marques des paléosols. Un paléosol, c’est une couche mince de terre compactée correspondant à une époque. Avec ces différentes strates on peut voir les traces des différentes éruptions, couches de cendres, les glaciations successives, la nature des sols , les différences de climat. Ça doit surement être le paradis pour un géologue. Pour nous, c’est juste très beau et c’est déjà pas mal! 🙂
Au bout du chemin, c’est la chute de Hengifoss et c’est une des plus grandes d’Islande avec 120m de hauteur.
C’est peut être ma cascade préférée. Peut être car elle n’est pas comme la majorité des grandes cascades célèbres, juste au bord de la route. Elle se mérite un peu, même si le chemin n’est pas très difficile. Mais au moins il n’y a pas de parking à ses pieds, et il n’y a pas une centaines de touristes sur le chemin. Les falaises rocheuses tout autour sont sublimes et le chemin pour le retour vaut le coup d’œil aussi. Pour toutes ces raisons, je kif, big up Hengifoss!
On remonte en voiture, on longe à nouveau l’autre rive du Lögurinn . C’est une mauvaise idée, autant la route à l’aller sur la rive est est une belle route goudronnée, autant la route du retour sur la rive ouest est une piste caillouteuse et par endroit pas très bien entretenue. On repasse à Egilsstaðir faire le plein d’essence (il n’y a pas beaucoup de stations ensuite, soyez prévoyant). Ensuite c’est direction plein ouest le long de la route 1, prochain arrêt dans 160 km!
Comme toujours la route est superbe. En fait en Islande, on aimerait pouvoir passer notre temps à prendre les routes en photo pendant qu’on conduit!
Nous entrons maintenant dans la région des Hautes Terres (Miðhálendið ), constituée de plateaux, et l’altitude moyenne ici est de 500m. L’air est sec après son passage au dessus des glaciers, et le sol est poreux et ne retient pas l’eau. Il n’y a quasiment aucune végétation dans ces terres.
Plus précisément nous arrivons dans le désert de Ódáðahraun (« désert de lave des criminels »), il porte ce nom car c’est dans cette zone de champs de laves froides où pendant des générations, de nombreux bandits et criminels venaient se réfugier.
On a toujours comme point de repère les 1682m du Herðubreið (« le large d’épaules »), un ancien volcan isolé qui domine cette région.
Comme notre petit compère, le lutin perdu au milieu de ce désert, on cherche notre destination, mais où allons-nous ???
Et bien on bifurque sur la 864, direction plein nord, pour rejoindre le canyon de Jokulsargljufur, le plus large et le plus impressionnant d’Islande. D’une longueur de 25km et 500m de large avec une profondeur d’au moins 100m, on peut dire que c’est un beau canyon. Et un beau canyon, ça a forcément des belles cascades.
La première c’est la chute de Dettifoss, d’une hauteur de 44m. Elle est considérée comme la plus puissante cascade d’Europe avec au moins 400m3/s. Elle est tellement grande que ce n’est pas évident d’avoir un bon point de vue pour la voir en entier et comme il n’y a pas de végétation, on a du mal à se faire une idée de l’échelle, mais croyez moi, c’est sacrément balaise!
Vous l’avez d’ailleurs probablement déjà vu au cinéma, dans la scène d’intro de Prométhéus.
En marchant le long du canyon, pendant quelques instants dans le ciel, il y a ça! Quand on vous dit que ce pays est magique.
On est encore en train de s’interroger sur la signification de ce signe dans le ciel, que notre chemin le long du canyon nous amène devant l’autre merveille à découvrir, la cascade de Selfoss. Elle est beaucoup moins impressionnante que la précédente car elle ne fait qu’une dizaine de mètres de haut, mais elle est en forme de fer à cheval et les falaises basaltiques sont beaucoup plus nettes et visuelles.
Encore une fois, on fait attention en se penchant au bord car il y a des petites fissures parfois, comme celle là le long d’un promontoire rocheux d’une bonne dizaine de mètres au bord de la falaise. Bon après c’est vraiment pas de bol si ça s’écroule le jour où vous êtes dessus puisque cette fissure est probablement là depuis des millénaires … ou peut être juste depuis la semaine dernière, qui sait !
Après cette très agréable balade, retour à la voiture, et on retrouve la route 1. Direction vers l’est, jusqu’au petit village de Reykjahlíð (300 habitants) au bord du beau lac Mývatn qu’on atteint en fin de journée. C’est l’unique endroit habité des hautes terres.
Quoi de mieux après une longue journée que de profiter d’un bon bain chaud ? Ça tombe bien! On vient justement de passer à côté des bains chauds de Myvatn. Les bains chauds de Myvatn sont connus depuis des siècles. Ce site en particulier a été aménagé en 1996 et les eaux chaudes (130 degrés) qui arrivent dans les bassins sont d’abord passées par le centre de géothermique de Bjarnarflag pas loin d’ici. La température moyenne des bassins est de 40 degrés. Cooool ! 🙂
Ils sont ouverts jusqu’à minuit et sont bien moins chers que le Blue Lagoon. Et il y a surtout beaucoup moins de monde. A peine 5 voitures sur le parking, les employés sont jeunes et cools, et hop dans le bain. 40 degrés dedans, à peine 5 degrés dehors, une vue splendide avec le coucher de soleil sur les montagnes enneigées au loin. Top !
Plus d’infos : https://www.myvatnnaturebaths.is/
Ensuite on voulait aller au camping au bord du lac, mais la zone est littéralement envahie de mouches (on en reparle dans l’article suivant), alors on se réfugie sur une colline en hauteur, et on trouve un petit parking au croisement avec la route 87, on se cale entre 2 camping cars et on est abrité du vent par le panneau touristique … où il y a écrit qu’il ne faut justement pas camper sur ce parking! Thug life ! 🙂