La Foz de Lumbier est un canyon spectaculaire situé en Navarre, au nord de l’Espagne, à une trentaine de kilomètres à l’est de Pampelune. Creusée par la rivière Irati, cette gorge étroite est un paradis pour les randonneurs, les amateurs de nature brute et les passionnés d’oiseaux. Allons-y, hop en route! 🙂
Direction le village de Lumbier, proche de Pampelune. En suivant les panneaux Foz de Lumbier, on arrive sur une petite route de campagne. Il faut s’arrêter au parking obligatoire (payant en haute saison, 3 Eur). Il dispose d’une aire de pique-nique et de toilettes publiques. En marchant quelques centaines de mètres sur la petite route on arrive à l’entrée du canyon. L’accès au canyon est gratuit, il fait même partie d’une voie verte qui suit en partie le tracé d’une ancienne voie de chemin de fer.
Le Canyon Foz de Lumbier
Le canyon Foz de Lumbier est une grande faille rocheuse de 1300m de long. Si on ne visite que le canyon, c’est une courte balade facile qu’on peut même faire en poussette. Un aller-retour par le même chemin et hop! 🙂


Sinon, il est aussi possible de faire un parcours en boucle, un peu plus long, qui passera dans la garrigue et les hauteurs. Voici le tracé :
Dès le début, il faudra traverser un premier tunnel (167m de long). Il y a un autre tunnel (206m) un peu plus loin. Ils ne sont pas éclairés, alors pensez à la lampe de votre téléphone. Ces tunnels ont été creusés pour permettre le passage du train « El Irati ».


Ce train était une véritable petite révolution lors de sa mise en service en 1911. C’était le premier train électrique d’Espagne. Il était alimenté par caténaire. Silencieux et propre, c’était vraiment la classe par rapports aux locomotives à vapeur de l’époque. Il reliait Pampelune, Aioz et Sanguesa sur un trajet de 66km. Son exploitation durera jusqu’en 1955.
Par chance, la voie est restée non utilisée, et le canyon a pu retrouver sa quiétude. Son isolement et sa beauté lui ont valu d’être classé comme réserve naturelle en 1987. On ne peut que tomber sous le charme de ces falaises aux roches colorées tombant à pic dans les eaux limpides du torrent Irati. C’est vraiment beau! 🙂

Ces parois rocheuses escarpées et creusées de trous sont un refuge idéal pour la nidification des oiseaux. Le canyon est donc devenu logiquement le plus grand sanctuaire de rapaces de Navarre. Des centaines de majestueux volatiles vivent dans le canyon et survolent constamment les environs.



Les plus nombreux et les plus remarqués sont les vautours fauves. Des gypaètes barbus et des vautours percnoptères (tout blancs) vivent aussi dans les parages. Il y a aussi plein d’autres espèces emplumées que j’aurai bien du mal à identifier. En tout cas, si vous aimez les oiseaux, vous serez comblés 🙂
L’extrémité du canyon est marquée par les vestiges du Pont du Diable, datant du XVe siècle. Une partie de son arche est toujours en équilibre à 15m au dessus de la rivière (faites bien attention à ne pas chuter).


Ce pont a été détruit par les Français en 1812 durant la Guerre d’Indépendance. Comme d’habitude, dès qu’un pont parait bien compliqué à construire, on se dit que ça n’a pu être réalisé que grâce a l’aide du diable, c’est fou ça!
Intervention maléfique ou pas, le canyon débouche sur la large rivière qui continue son périple à travers la campagne avant de rejoindre la rivière Aragon quelques kilomètres plus loin. Si vous ne visitez que le canyon, il est maintenant temps de faire demi-tour pour retourner au parking.

Si vous avez choisi de faire la boucle, il faut continuer sur le sentier. Après une petite montée à travers la végétation grillée par le soleil ibérique, on longe la crête du massif de Trinidad.


Ce massif est connu des randonneurs car il abrite deux grandes arches naturelles. Rejoindre l’arche de Liroz et l’arche de Lumbier n’est pas vraiment une partie de plaisir. Si vous souhaitez les voir, ce sera une autre randonnée! 🙂 Depuis le parking de la piscine municipale de Lumbier (ou alors depuis le parking du canyon), il faudra gravir le massif jusqu’à l’ermitage de la Trinidad. Ensuite, il faudra suivre un sentier balisé de points rouges au sol, et pas forcément facile à suivre dans la végétation. En longeant de très près le précipice, il faudra descendre par quelques passages à la limite de l’escalade en s’aidant de chaines fixées dans la roche.


Sans forcément s’aventurer jusqu’aux arches, la montée jusqu’au balcon de l’Ermita de la Trinidad à 740m d’altitude peut valoir le coup. Il offre une vue splendide sur Foz de Lumbier.

La montée vers cette chapelle du XVIe siècle emprunte d’ailleurs un chemin de croix de 1.7km. Depuis le XIXe siècle, il est traversé par une procession annuelle des pénitents de la confrérie « Los Cruceros ». Partant du village, vêtus de noir et portant une croix sur l’épaule, ils gravissent la pente (parfois pieds nus) jusqu’au sommet. Cette célébration a lieu le dimanche qui suit la Pentecôte.
Le Canyon Arbaiun
Si vous en avez l’occasion, à une vingtaine de minutes en voiture à peine depuis Foz de Lumbier, il y a un autre canyon à découvrir. Et ce n’est pas n’importe quoi, c’est le canyon Arbaiun. Cette fois, c’est l’œuvre de l’érosion réalisée par le fleuve Salazar. Le résultat c’est un canyon de 6km de long avec des falaises qui atteignent une hauteur de 400m! C’est juste le plus grand canyon de Navarre. Il y a même un magnifique point de vue très facilement accessible en voiture. C’est le Mirador de Iso. Malheureusement, ce n’était pas sur ma route cette fois là, mais je vous promets, ça vaut le coup! 🙂
Le village fantôme d’Esco
À une trentaine de kilomètres vers l’est, on quitte brièvement la province de Navarre pour rentrer en Aragon. Là, se trouve le grand lac de barrage de Yesa. Avec une longueur de 10km et une largeur de 2km, ce lac artificiel est parfois surnommé la mer des Pyrénées. Même si ce vaste projet devant permettre l’irrigation de nombreuses terres de la région a vu le jour en 1926, ce n’est qu’en 1959 seulement que le barrage a été inauguré. Sa mise a l’eau a forcé l’abandon de trois villages : Ruesta, Tiermas et Esco.
C’est justement un de ces villages que je vous propose de découvrir : le village fantôme d’Esco!

Il est perché à 568m d’altitude sur une petite colline. Il n’a jamais été submergé par les eaux du lac, mais pourtant tous les habitants ont été exproprié. Pour forcer la ruine du village et éviter que d’autres personnes tentent de s’y installer, les autorités ont volontairement défoncées toutes les toitures des maisons.


Aujourd’hui c’est endroit est complètement abandonné. On peut y accéder facilement depuis une petite route en terre battue. C’est une expérience vraiment étrange de se promener dans ces ruelles désertes.
Tenter d’imaginer la vie d’avant, et comment les habitants ont du abandonner le village de leurs ancêtres…


Toujours sur les berges du lac Yesa, il y a un autre endroit insolite. Si le niveau du lac est assez bas, roulez jusqu’aux ruines de Tiermas. Vous y découvrirez les ruines d’une ancienne station thermale. Il y a en effet ici une source d’eau chaude sulfureuse. Déjà connue à l’époque romaine, cette eau qui jaillit à 42 degrés était réputée pour ses propriétés thérapeutiques. Il est toujours possible de se baigner dans ses eaux et prendre un bain de boue! Enfin si le niveau du lac est bas, bref, vous verrez bien si vous la voyez ou pas 😉
Et un peu plus loin ?
Si vous êtes dans les parages, ne manquez surtout pas la découverte du désert des Bardenas Reales, à environ 1h30 de route vers le sud, près de Tuleda 🙂

C’est un endroit vraiment unique avec des paysages qu’on ne croise vraiment pas souvent! À voir absolument! Je vous explique tout ça sur cette page!
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