Visitez l’Abbaye Royale de Fontevraud

Entre Saumur et Chinon, se trouve un lieu assez incroyable : l’Abbaye Royale de Fontevraud. A la frontière du Poitou et de la Touraine, c’est l’une des plus grandes cités monastiques d’Europe. Hop en route!

Il faut se rendre dans le petit village de Fontevraud-l’Abbaye, tout près de Candes-Saint-Martin à la confluence de la Vienne et de la Loire. Une fois garé dans les parkings à disposition, il suffit de suivre la rue Robert d’Arbrissel et vous arrivez à la porte d’entrée de l’Abbaye. Le village est très joli et mériterait de s’y attarder un peu 🙂 Mais revenons à notre abbaye :

Tout commence avec Robert d’Arbrissel. Son nom nous est totalement inconnu. Il s’en est fallut de peu pour qu’il soit canonisé. Le petit Robert est né vers 1050 et devient prêtre. Après des études en théologie à Paris, il revient mettre un peu de morale dans le diocèse de Rennes. Quand son évêque protecteur décède, il est « exilé » à Angers. Rapidement, il mène une vie d’ermite et d’abstinence, mais les seigneurs de la région reconnaissent déjà ses capacités intellectuelles. Il est tellement apprécié que le pape Urbain II lui donne le titre de prédicateur. Sa parole anime les foules de la région, et suivi par sa troupe de fidèles, il installe sa communauté dans le val de Fons Ebraudi. Sa communauté religieuse est mixte, les hommes dorment avec les femmes. C’est le scandale à l’époque. Robert prône justement cette mixité pour lutter contre le désir charnel. Est-ce que ça fonctionne réellement? mystère 😉 Le monastère prend de l’ampleur. Féministe avant l’heure, les grandes dames de la région font de nombreux dons. Alors que le monastère tourne à bon régime, il décide de reprendre la route pour continuer ses prêches à travers la France. Quand il sent sa fin venir, il revient dans ses terres et convoque tout le monde pour exiger que l’abbaye soit dirigée par une femme, et ce sera l’abbesse Pétronille de Chemillé. Il meurt en 1116.

La suite de l’histoire qui donne à l’Abbaye Royale de Fontevraud toute sa célébrité, vient d’une femme, Aliénor d’Aquitaine. Cette une femme avec une histoire incroyable et qui aura joué un rôle important dans l’Europe médiévale. Elle est née en 1122. Femme lettrée et instruite, elle devient l’héritière du Duché d’Aquitaine. Elle épouse en 1137 le fils et héritier du trône de France, le futur roi Louis VII. Cependant le duché d’Aquitaine reste toujours sous son contrôle. Il ne sera rattaché au Royaume de France qu’à la génération suivante s’ils ont un fils. Belle et rebelle, Aliénor est un esprit libre et sa vie à la cour fait des grabuges. Le jeune couple royal gère un peu certaines affaires politiques à la légère, et durant un conflit, une église est incendiée. Le pape Eugène III sanctionne le royaume. Pour se racheter, Aliénor et Louis VII décident de participer à la seconde croisade. Cette croisade est un échec total pour les armées chrétiennes. Et pour le couple royale aussi. Aliénor est soupçonnée d’infidélité avec son oncle Prince d’Antioche, et Louis VII ne supporte pas le mode de vie plus libre qu’il trouve en Orient. C’est la rupture. L’église annule le mariage en 1152 pour cause de consanguinité (le divorce n’existait pas). Elle devient immédiatement la femme la plus importante qu’on puisse épouser! Huit semaines après son « divorce », et après quelques lettres échangées, elle épouse le jeune Henri Plantagenêt. Deux ans plus tard, son époux devient Henri II, roi d’Angleterre. Aliénor d’Aquitaine fut reine de France puis reine d’Angleterre! 🙂 Le couple royal confie à l’abbaye l’éducation de leurs deux plus jeunes enfants : Jeanne et Jean, le futur roi d’Angleterre. En 1180, le roi Henri II meurt à Chinon. La guerre faisant rage avec son fils Richard Cœur de Lion et le royaume de France, on décide d’enterrer son corps dans l’Abbaye de Fontevraud toute proche. En 1199 Richard Cœur de Lion meurt, et sa mère Aliénor décide d’enterrer le corps dans l’Abbaye (son cœur est dans la cathédrale de Rouen). C’est la création de la nécropole des Plantagenêts. En 1200, Aliénor se retire à l’Abbaye de Fontevraud. Elle y décède en 1204 à l’âge de 82 ans. Son gisant est à côté de son époux Henri II. Elle a choisi d’être représentée un livre à la main pour son amour de la littérature.

Le gisant d’Aliénor d’Aquitaine et du roi d’Angleterre Henri II
Le gisant du roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion, avec à ses côté Isabelle d’Angoulême, reine d’Angleterre, femme du roi Jean ‘Sans terres’, fils d’Aliénor et de Henri.

De nos jours, la famille royale anglaise vient régulièrement dans l’abbaye pour rendre hommage à ses ancêtres.

Avec la fin de l’empire Plantagenêt et plus tard la Guerre de Cent Ans, les possessions de l’Abbaye de Fontevraud sont pillées ou reprises. La faillite est proche ! Puis arrive la dynastie des Bourbons qui prend la tête des royaumes de France et d’Espagne. Cinq des abbesses de Fontevraud seront issues de cette famille. Avec un soutien familial de ce genre, l’Abbaye de Fontevraud retrouve vite ses richesses perdues et elle s’agrandit toujours plus. Les abbesses se succèdent et tout va pour le mieux ! … puis c’est la Révolution Française en 1789. L’Abbaye est déclarée bien national, c’est la fin de l’ordre religieux. Tout le monde doit évacuer les lieux! Le mobilier est vendu, les richesses dispersées et l’abbaye est vandalisée.

L’Abbaye de Fontevraud n’échappe à la ruine que grâce à Napoléon Ier. En 1804, il décrète que l’abbaye devient une prison! De nombreux aménagements sont créés pour les cellules et les ateliers de travaux forcés. L’abbaye sera surnommée la «prison aux mille et une fenêtres et portes». Elle sera une des prisons les plus dures de France. En plus de 150 ans, la prison de Fontevraud n’aura que très peu de tentatives d’évasions. La prison ferme ses portes en 1963 et retombe dans le domaine public. Aucun ordre religieux n’est en mesure de l’entretenir. La fondation Centre culturel de l’Ouest est créée en 1975 pour sauvegarder son patrimoine. L’Abbaye est restaurée et accueille depuis de nombreux évènements culturels.

Plus d’infos sur le site officiel.

Une des salles les plus intéressantes à visiter, c’est la salle du chapitre. Cette salle date de l’époque des Bourbons et il y a des très belles fresques peintes sur tous les murs. Elles datent de 1565.

Si les peintures sont très réussies, certaines sculptures ont un visuel … assez discutable 🙂

Sous les combles de l’abbaye, on peut retrouver une exposition sur la fabrication des vitraux et des œuvres d’art contemporains. Et ça, j’avoue que c’était une très belle surprise. Et celle-ci en particulier était assez marquante.

Les jardins se visitent également. Le domaine est assez énorme. L’extérieur est moins intéressant je trouve. Il y a bien quelques œuvres d’arts disséminées ici et là, mais ça reste très anecdotique. Les jardins auraient pu être un peu plus mis en valeur. En revanche, je pense que c’est un très bon spot pour faire un piquenique ou faire la sieste allongé dans le gazon. Il y a aussi un espace dégustation de vins de Chinon, pour ne pas mourir déshydraté 😉

Si vous êtes de passage dans la région, visitez de l’Abbaye de Fontevraud, vous ne le regretterez pas ! 🙂

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