Le Piton des Neiges
C’est le point culminant de l’île de la Réunion. On dit parfois que c’est le plus haut sommet de l’océan indien (même s’il y a des volcans en Indonésie qui sont un peu plus grands, enfin ça dépend comment on mesure, mais on est chauvin alors pas de discussion, c’est le plus haut! yeah ;-)). Dans tous les cas avec une hauteur de 3070m, il est loin d’être ridicule, et arriver à son sommet, ça se mérite.
On ne sait pas trop pourquoi il porte ce nom, car il n’y a jamais de neiges au sommet. Et s’il y en a, c’est qu’il y fait tellement mauvais temps qu’en principe on ne devrait pas les voir. Il semblerait que ce nom daterait de 1775 quand des neiges auraient été aperçues au sommet. Avant ça, c’était le Mont des Trois Salazes.
Le Piton des Neiges, c’est ce qu’il reste de l’énorme volcan qui a créé l’île il y a des millions d’années. Suite à des éruptions massives il y a 20.000 ans, il y a eu des écroulements de terrain cataclysmiques qui ont donné naissance aux trois cirques de Cilaos, Mafate, et Salazie. Et tout au dessus d’eux, ce qui reste du volcan écroulé (on suppose qu’il devait dépasser les 4.500m avant ces évènements), le Piton des Neiges.
C’est une des zones de reproduction et d’habitat des Pétrels de Barau, oiseau en voie de disparition à la Réunion.
Et pour aller au sommet ?
Il va falloir commencer par se lever tôt! Et il va falloir conduire. Il y a plusieurs options. Les trois principales sont :
– Depuis la Plaine des Cafres, mais ce chemin sur le versant Est est réputé long et humide car plus exposé à la pluie. On passe par Mare à boue, qui porte bien son nom.
– Depuis le cirque de Salazie en démarrant à Hell-bourg.
– Depuis le cirque de Cilaos. C’est cette option qu’on choisit, la plus rapide mais aussi la plus raide.
Il faut prévoir au moins 7h aller-retour, mais si vous prenez des photos, une pause pique-nique et que vous voulez profitez un peu du paysage sans faire trop la course, misez plutôt sur 8h (voir 9!). Mais ça reste intense! Le trajet aller-retour, c’est environ 16km, et 1730m de dénivelé. Il y a un refuge, le gîte du Piton des Neiges, qui permet de faire l’ascension sur deux jours et qui permet surtout de pouvoir être au sommet avant le lever du soleil, et profiter d’un moment magique. Mais si vous n’avez pas le temps d’y passer deux jours, ça peut très bien se faire dans la journée. Et le lendemain vous irez vous reposer à la plage 🙂
Donc au petit matin, direction le Cirque de Cilaos, puis on traverse Cilaos. Derrière l’Eglise notre dame des neiges à Cilaos, notre destination, le Piton des Neiges ne semble pas si loin maintenant, ça parait easy!
Un peu plus loin on atteint le point de départ de la randonnée, le petit parking du Bloc, à l’entrée de la forêt du Grand Matarum, composée de cèdres du Japon qu’on appelle aussi le sapin créole (cryptomerias). Cette espèce de conifère a été introduite sur l’ile à la fin du XIXe siècle pour aider au reboisement et aussi car il s’adapte très bien au climat et au sol volcanique.
La première partie de la montée, c’est une succession de marches et de lacets dans une pente très raide. De temps en temps on peut profiter des superbes points de vue sur le cirque de Cilaos qui commence à recevoir les premiers rayons du soleil.
D’ailleurs, sur la corniche à l’est, en même temps que les premiers rayons de soleil, c’est toute la brume et une véritable vague de nuages qui glisse par dessus la crête pour descendre dans la vallée. C’est magnifique 🙂 mais du coup on sait qu’on va devoir encore faire la course contre les nuages. Hop hop hop !
Rapidement la végétation change et la montée se fait maintenant au milieu des barbes de Jupiter (Usnea barbata). Cette plante de la famille des lichens absorbe l’humidité et les sels minéraux qui peuvent être présent dans les milieux humides, dans le brouillard, etc … C’est aussi une plante très sensible à la pollution, donc moralité, si vous voyez des barbes blanches tout autour de vous, c’est que tout va bien 🙂
On arrive ensuite à une portion moins raide, ça soulage les jambes, c’est le plateau du petit Matarum, avec un petit abri près d’un point d’eau. En sortant du plateau, l’ascension reprend, toujours une succession de lacets et de marches sous la végétation, au milieu de la mousse et des barbes. Le col est proche, le soleil nous montre le chemin 🙂
Une fois arrivé au col, le plus dur est fait. On en profite pour regarder le super panorama : le cirque de Cilaos devant nous, et au fond à droite, le piton des neiges qui nous attend!
A cet endroit on croise le sentier qui vient depuis Bourg Murat et on continue vers le gîte du Piton des Neiges. Il a une capacité de 48 lits en dortoir, avec possibilité de manger sur place mais il vaut mieux réserver avant. Dans tous les cas, ça reste une bonne occasion de boire une dodoléla (comme s’il fallait trouver une raison pour ça 😉 ).
De toute façon, nous, on a décidé de faire l’aller / retour dans la journée alors on ne s’attarde pas trop et les nuages commencent eux aussi à grimper vers le sommet. Il ne reste plus que 600m de dénivelé à grimper mais il faut bien compter 1h15 avant d’atteindre le sommet. Qui arrivera en premier, les nuages ou nous ?? suspense !!
Finalement on arrive avant, yeah 🙂 On suit les marques blanches au sol, même si là on n’a pas vraiment de problèmes pour se repérer et s’orienter.
On profite du spectacle, 3070 mètres d’altitude, le sommet de l’île, le sommet de l’océan indien, et on est seuls!
Pas un randonneur à l’horizon, pas un bruit, pas de cris d’oiseaux, juste le spectacle de la roche nue et désertique, et la lente danse des nuages en dessous de nous et qui se rapprochent inexorablement. Forcément pour le panorama détaillé sur l’île, la vue est un peu bouchée, mais on distingue l’océan indien tout autour de nous à l’horizon.
On en profite tranquillement jusqu’à ce que le vent se lève un peu et que les nuages finissent par nous engloutir.
A ce moment, deux randonneurs nous rejoignent. Ils ont prévu de camper au sommet, dans les petits enclos de pierres prévus à cet effet. On leur souhaite bon courage, car la soirée et la nuit va surement être fraiche pour eux. Pour nous, c’est la descente dans la brume, en sautant de rochers en rochers. On profite d’une petite éclaircie en arrivant vers le gîte pour faire une courte pause, car ensuite ça va être la descente infernale par les mêmes lacets et les mêmes marches qu’à la montée.
Dans la brume, le chemin prend une allure complètement différente.
Ambiance fantomatique garantie! 🙂
Enfin on arrive aux dernières marches. C’est paradoxal, mais c’est la descente qui est vraiment la plus fatigante. Les marches sont hyper glissantes et ça tape fort dans les genoux.
Enfin le parking, il va bientôt faire nuit, et maintenant il faut conduire, mais on a le sourire aux lèvres, mission remplie 🙂
La suite du programme :
- Le sud sauvage : notre zone préférée
- La côte sous le vent (côte ouest) : pour se reposer et profiter de la plage et des lagons
- Le Piton de la Fournaise : incontournable
- La côte au vent (côte est) : injustement délaissée
- Saint Denis : la capitale
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