Jour 9 – Péninsule de Snæfellsnes
Il est difficile ce réveil à Stykkishólmur, et la douche matinale le sera encore plus. Les douches du camping sont à moitié à ciel ouvert! Avec la petite bruine froide qui tombe ce matin, je vous explique pas le bonheur. On part vite et sans regrets. Le temps est morose, on doit faire le tour de la Péninsule de Snæfellsnes aujourd’hui mais les nuages à l’ouest sont de plus en plus sombres … Tant pis hop, en route vers l’ouest!
Sur la route, soudain, un panneau sorti de nul part!
On apprend plus tard (mais trop tard) qu’il s’agit du panneau pour annoncer le Bjarnarhofn Shark Museum un peu plus loin sur la route (http://www.bjarnarhofn.is/). Si vous avez l’occasion, allez-y, vous verrez la fabrication du Hákarl. Une spécialité culinaire islandaise à base de requin du Groenland. Mais comme cette viande ne peut pas être consommée telle quelle car chargée en acide urique et en toxine, les islandais ont trouvé la parade : la chair du requin est enterrée dans le sol au moins 6 mois et ensuite laissée à sécher plusieurs mois. Ensuite, c’est consommable … et c’est dégueulasse ! On a eu l’occasion de tester à Reykjavik, et on a cru qu’on mangeait du roquefort à l’ammoniac. Bref, la viande de requin faisandée, c’est pas pour nous 🙂
Le mauvais temps nous rattrape quelques kilomètres avant d’atteindre la montagne Kirkjufell. Et c’est véritablement sous un déluge accompagné de bourrasques de vent que nous arrivons devant l’un des spots les plus photographiés d’Islande! La petite chute de Kirkjufellsfoss et la montagne en arrière plan, c’est LA photo que tout le monde doit prendre.
Alors pour nous ça donne ça, et encore, je me suis appliqué et j’ai failli noyer l’appareil photo.
Formidaaaaable ! Mais si on ferme les yeux quelques secondes et qu’on a le coeur pur et qu’on les ouvre à nouveau et bien en VRAI ça donne ça. C’est quasi pareil ! 😀
Mais je relativise rapidement car quelques kilomètres plus loin je vois ça au bord de la route :
La totale :
– camping sauvage sans commodités ni rien
– en vélo ! juste dans un pays où des bourrasques de vents peuvent retourner des camions
– sous la pluie, donc hyper trempés malgré tout le waterproof possible
– dans le vent, bon courage pour replier la tente
– près d’une cascade … le truc naturel trop beau mais qui fait un sacré bruit tout le temps
– et plusieurs moutons qui se regroupent pour passer à l’attaque !
Finalement ça va, on est bien trempés mais au chaud dans la voiture et tant pis pour quelques photos loupées hein, ça pourrait être pire 🙂
On se dépêche sur la route et on ne fait plus trop attention au paysage, de toute façon en ce moment, c’est à peine si on arrive à le voir.
Ho nous voici à Ólafsvík (1010 habitants), son bateau et son église moderne (qui est sensée ressembler à … un poisson, sisi). On passe en coup de vent, on est en accord avec la météo.
On découvre aussi un concept local, l’épouvantail à poissons ! ou alors c’est un dispositif anti-requins ? Quelque chose nous échappe 🙂
Un peu plus loin, on profite d’une brève accalmie pour aller chercher l’église Ingjaldshólskirkja perdue au milieu de nul part.
Construite en 1903, c’est la plus vieille église en béton d’Islande. Il y a eu d’autres églises au même endroit au court des siècles. Et en 1477 quelqu’un de connu y aurait passé un été. Il s’agirait de Christophe Colomb qui serait venu en Islande pour étudier les voyages réalisés par les islandais et leurs ancêtres vikings … au passage il y aurait peut être trouvé des indications sur le Vinland, ces terres mystérieuses quelque part à l’ouest 🙂
Pour nous il fait presque nuit alors qu’il n’est que 13h, les nuages sont incroyablement bas et noirs.
En passant par Hellissandur faites une halte au petit musée Sjómannagarður au bord de la route principale. Il y a quelques maisons typiques de pécheurs recouvertes de tourbes, des os de baleines et les fameuses pierres.
Pour savoir si quelqu’un pouvait devenir pécheur, il fallait vérifier sa force et être certain qu’il pourrait être utile à bord des embarcations. Pour ce test, les marins islandais ont choisis d’utiliser des pierres étalons.
Chaque pierre a son nom :
– Fullsterkur est la plus lourde, avec 154 kg, Elle signifie « très fort ».
– Hálfsterkur, « demi-fort », pèse 100 kg,
– Hálfdrættingur « demi-portion » 54 kg
– Amlóði « minable » 23 kg.
54kg, c’est le minimum syndical pour espérer embarquer sur un bateau.
Je ne voudrais pas faire de l’ombre à mon ancêtre Erik le rouge alors je ne montrerais pas la photo où je brandis avec panache la pierre de 154kg. Et je ne vous parle même pas de la pierre de 54kg que je m’apprête à soulever sans aucun effort .. aucun .. absolument .. hem …
- si vous loupez cette étape, ou si vous n’étiez pas assez échauffé pour réussir vos 54kg, vous pouvez vous rattraper plus loin, d’autres pierres étalons sont dispo sur la plage de Djúpalónssandur.
- si tout ça c’est trop facile pour vous, rendez-vous dans le petit village de Húsafell, là bas c’est une autre catégorie, il y a la pierre d’Húsafell donc, qui pèse 186kg! Il y a 200 ans elle servait de porte pour une bergerie. Depuis c’est un peu le must de l’épreuve des pierres : le but c’est de la soulever et de faire le tour de la bergerie, 50m de marche. Quand on y arrive, on rentre dans le top du top, de quoi rendre fière votre maman! En 1992, cette épreuve a fait son entrée dans les épreuves de la compétition pour l’homme le plus fort du monde. Depuis elle est toujours au programme, et il y a des répliques de cette fameuse pierre pour
se tuers’entraîner un peu partout dans le monde. Les islandais sont d’ailleurs régulièrement sur le podium. Pour vous inscrire c’est ici : http://theworldsstrongestman.com/
On contourne ensuite le célèbre Snæfellsjökull un stratovolcan de 1446m d’altitude. Pourquoi célèbre? Grâce à Jules Vernes. C’est ici que les héros de son roman trouvent l’entrée pour le fabuleux Voyage au centre de la Terre. Pour nous… ça reste un volcan noyé dans la brume et les nuages et qu’on distingue à peine…
A un moment le contour du massif montagneux fait clairement penser à un visage de profil à l’horizontal. C’est assez frappant non, à gauche là ?
Le long de la route on voit un chemin qui mène à une sorte de mini-volcan. Comme on est toujours un peu « hop en route! » hein, qu’est-ce qu’on fait ? bin on y va. Franchement, on aurait pu s’en passer. C’est donc le petit cratère du petit volcan Saxhólar. Et franchement j’ai trouvé cette grimpette sans intérêt. J’ai vraiment eu le sentiment de gravir un tas de cendres et de cailloux noirs pour voir un cratère rempli de cendres et de cailloux noirs, et tout alentour, la même lande désertique à travers laquelle on roule depuis des heures, et le brouillard et la pluie. Bon je pense que la météo a du jouer sur ma perception du lieu. A vous de voir, mais moi, j’y remonte plus 🙂
Plus loin, il y a une petite excursion qu’on avait planifié, par téléphone, le net, depuis leur agence qui se trouve quelques kilomètres plus tôt, ou directement au petit guichet sur le parking.
Cette excursion, c’est la visite guidée de la grotte de lave de Vatnshellir. C’est sympa, on s’équipe (casque et lampe fournie), on rejoint le groupe et hop on descend par l’escalier en colimaçon pour pénétrer dans une grotte de lave laissée par une coulée datant d’au moins 8.000 ans. La visite est possible depuis 2011. On s’enfonce sur un peu plus de 200m de longueur et on descend à 35m. Claustrophobes s’abstenir.
Vous verrez des stalactites et stalagmites de lave. C’est beaucoup moins « visuel » que des formations minérales en calcaires par exemple, mais c’est moins fréquent. Notre seule autre grotte de lave visitée, c’est à l‘île de la Réunion. Vous ferez l’expérience du noir complet et au fond de la grotte il y a une source naturelle où vous pourrez gouter une louche de « l’eau la plus pure du monde » 🙂
La guide est cool, in english, comptez environ une heure, et ça change un peu des fabuleuses-cascades-et-des-paysages-magnifiques, un peu de diversité quoi 🙂
C’est Summit Adventure Guide qui s’en occupe. (3250 ISK)
Plus d’infos ici : http://www.summitguides.is/
En sortant de la grotte, on continue de profiter de la météo …
Heureusement au sud de la péninsule le temps commence à se dégager un peu, il ne pleut presque plus! Alors on fait un petit tour au point de vue de Hellnar pour observer les falaises basaltiques déchiquetées.
Et juste un peu plus loin sur la route on fait connaissance avec la statue de Bárðar Saga Snæfellsáss.
Le monsieur en statue, c’est Bárðr, un personnage célèbre de saga islandaise. Sa mère est humaine mais son père est moitié-géant moitié-troll, ce qui lui a donné un physique un peu particulier (mais je pense que la statue ne lui rend pas vraiment hommage). Et ce charmant monsieur a eu plusieurs enfants dont de très jolies filles (comme quoi!), et il est venu s’installer avec toute la famille sur cette rive de la péninsule, ici même! Ensuite il lui arrive plein d’aventures à lui et ses enfants. Vous n’avez qu’à lire la saga pour en savoir plus 🙂
Pour info, il parait qu’il erre toujours sur les glaces du Snæfellsjökull et qu’on peut faire appel à lui en cas de soucis.
Juste un peu plus loin, reprenez la petite route sur la droite pour aller à Arnarstapi. Il y a tout d’abord un petit monument en hommage à Jules Vernes (fierté nationale, merci). Mais ici, en plus de la cinquantaine de personnes qui vivent autour du petit port de pêche et des sternes arctiques qui nichent dans les pelouses (attention à vous si vous approchez trop près), il y a de très belles falaises basaltiques.
Et un autre monument naturel célèbre qu’on peut voir ici, c’est la Gatklettur, une grande arche de pierre.
On passe rapidement devant la chute de Bjarnarfoss mais il s’est remis à pleuvoir très fort, et il reste encore au moins 200 km pour rejoindre Reykjavik où on compte dormir ce soir. Du coup on roule, on roule, et on zappe un peu ce que l’Islande pouvait nous offrir en chemin dans cette région.
D’ailleurs pour aller au plus vite, on décide de passer par le tunnel du hvalfjörður. Et là, j’avoue c’est le gros fail, je ne comprends pas ce qui s’est passé! En arrivant devant ce qui semble être le péage (mais avec la pluie battante et l’obscurité j’avais un doute), pas de barrière, pas de feu vert ou rouge allumé, et pas une voiture à la ronde. Au niveau de la petite guérite, personne, pas de lumière non plus, et aucune trace d’une fente quelconque pour mettre une carte bleue ou retirer un ticket, alors je me dis qu’on doit surement payer un peu plus loin, j’avance .. et rien .. je suis déjà dans le tunnel ! Je ne sais pas, c’était peut-être journée porte ouverte gratuite en notre honneur car le temps était tellement pourri que le peuple islandais tenait à nous présenter ses excuses? Forcément ensuite je me suis dis qu’on était cuit et que l’amende serait salée … mais on n’a jamais rien reçu et pas un mail du loueur de voiture non plus … ça restera un mystère!
Arrivée à Reykjavik. On pensait trouver facilement un logement au Kex Hostel , la super auberge de jeunesse de la capitale, mais c’était archi complet comme d’ailleurs plusieurs autres adresses qu’on a essayé. On est fatigué, il est tard, on en a marre, on tombe devant le 4th Floor Hotel, on tente, il reste une seule chambre mais assez chère, et finalement en marchandant un peu avec la personne à l’accueil (ou elle avait peut être simplement pitié de nous haha), elle nous a fait un petit prix sympa. La déco est « particulière » (si vous aimez le cuir et les peaux de zèbres) mais c’était bien confortable et on avait besoin de ça. Après une bonne douche et une petite sieste pour se reposer on part visiter la capitale.
A suivre dans le prochain article, entièrement dédié à la capitale islandaise, Reykjavik.