Quartier Staré Město ou Vieille Ville de Prague
Sur l’autre rive de la Vlatva, c’est la vieille ville de Prague et on suit la rue de Paris « Pařížská ». Lors du réaménagement du quartier au 19e siècle, cette rue aurait du être une grande avenue « à la parisienne » mais elle reste néanmoins une des rues les plus luxueuse de Prague.
On pénètre ensuite dans l‘ancien quartier juif Josefov. Les premiers colons juifs s’installent à Prague dès le IXe siècle et peu à peu une petite ville autonome se forme. Les juifs de Prague n’ont pas le droit de construire en dehors de la zone qui leur est allouée et n’ont pas le droit d’utiliser d’autres cimetières. Ce qui donnera au cimetière son aspect aussi unique. Le ghetto juif subira au cour des siècles bien des évènements tragiques, et ce serait trop long d’essayer de les résumer ici. En tout cas, à l’image de la vieille ville, il a lui aussi été complètement réaménagé au 19e siècle, et du labyrinthe insalubre et surpeuplé de l’époque il ne reste plus que quelques synagogues, le cimetière et la mairie.
On découvre donc en premier cette étrange façade, c’est la Synagogue Vieille-Nouvelle. Elle date de 1270 et c’est la plus vieille synagogue d’Europe encore utilisée. Son nom peut paraitre bizarre … lors de sa construction, c’était la « nouvelle synagogue », et quand d’autres synagogues sont bâties plus tard, elle devient la « vieille nouvelle synagogue » http://www.synagogue.cz/fr/
La légende dit que c’est dans la genizah de la synagogue (lieu où entrepose tous les documents où le nom de Dieu est inscrit car il est interdit de l’effacer ou de le jeter) que se trouverait le corps du Golem. Le golem serait une créature créée à base d’argile par le rabbin Loew au XVIe siècle dans le but de protéger la communauté juive des pogroms. Il lui a donné la vie en écrivant EMET (vérité) sur sont front et en mettant dans sa bouche un parchemin avec un des noms de Dieu. Pour l’arrêter il faut effacer la première lettre sur son front et on obtient MET (mort). La genizah est évidemment fermée au public.
Juste à côté se trouve la synagogue Haute (XVIe siècle mais avec une façade du XIXe), et un peu plus loin, la synagogue Klaus (XVIIe siècle). Cette dernière abrite un musée sur l’histoire juive à Prague (https://www.jewishmuseum.cz/en/info/visit/)
Il est possible de prendre un ticket pour visiter toutes les synagogues et le vieux cimetière juif. Manque de temps pour nous ce sera pour une autre fois …
En revenant sur la rue de Paris, on continue vers le sud, les grandes boutiques (Vuitton, Gucci, etc ….) s’alignent sur les trottoirs et on arrive enfin à la Place de la Vieille Ville.
Alors avant de se diriger tout droit vers la foule devant la grande tour, commencez par baissez la tête et regardez le sol de la place. Vous devriez trouver une longue bande métallique encastrée dans le sol, c’est le méridien de Prague et quelques mètres plus loin, il y a une plaque en marbre. C’est l’emplacement de l’ancienne colonne Marian. C’était une grande colonne surmontée d’une statue de la vierge Marie, érigée en 1652 pour fêter la résistance de la ville face à l’assaut des troupes suédoises en 1648 (et aussi un symbole du catholicisme triomphant sur le protestantisme). L’ombre de la colonne sur le méridien permettait de savoir qu’il était midi pile. En 1918 lors de l’indépendance de la Tchécoslovaquie, la colonne est détruite pour montrer la fin de l’empire des Habsbourg. Voilà pour la petite histoire 🙂
Maintenant jetons un coup d’œil à cette grande statue : c’est le mémorial Jan Hus, inauguré en 1915 pour célébrer les 500 ans du martyr de Jan Hus, brûlé vif en 1415, car il s’était opposé à l’église catholique en dénonçant la morale inexistante, les messes qui ne devraient pas être en latin, etc … le début du protestantisme. Le mémorial était aussi devenu un symbole de révolte face à l’empire des Habsbourg et plus tard face à la répression communiste. Bref, si vous êtes en révolte contre quelque chose, ce mémorial est pour vous!
Revenons à la grande tour qui trône au milieu de la place, c’est la grande Tour de l’hôtel de Ville. En fait l’ancien hôtel de ville, à l’origine, c’est la 2ème petite maison à gauche de la tour avec une façade colorée en rose. Au fur à mesure que la ville s’enrichit, la mairie achète les maisons adjacentes et fait finalement construire cette grande tour de 69m de haut en 1364.
Au sol (sur le côté donnant vers la place) il y a 27 petites étoiles blanches qui représentent les 27 nobles tchèques qui ont été décapités publiquement sur cette place le 21 juin 1621. Suite à la tentative de rébellion des tchèques (majoritairement protestants) contre l’empire des Habsbourg (catholique) et la cuisante défaite à la bataille de la Montagne Blanche, l’empereur Ferdinand de Habsbourg décide donc d’écraser la noblesse tchèque en décapitant les 27 principaux meneurs de cette révolte, pour éviter toute nouvelle tentative dans le futur … maintenant il reste juste des petites étoiles au sol et pas un panneau explicatif à côté pour rappeler ce qu’elles signifient…
Bon, comme vous avez bien révisé avant de venir à Prague, vous savez que la grande horloge astronomique est dans les parages, pas de soucis pour la trouver, il suffit de rejoindre la foule! Tout le monde se bouscule devant, c’est l’attraction de la ville! Si vous voulez un peu de calme allez y à n’importe quel moment mais pas au changement d’heure 🙂 Car à ce moment là, la foule est présente en nombre pour voir les statues des différents personnages s’animer : l’avare, le vaniteux, la mort et le turc. Et pendant ce ballet, la clochette de la tour sonne. Puis deux petites fenêtres s’ouvrent et les statues des apôtres et du Christ passent voir la foule (et enfin on entend un petit coup de trompette venant du haut de la tour). Fin du spectacle, rendez-vous à l’heure suivante! 🙂
Le premier cadran en haut, c’est l’horloge astronomique. Elle aurait été construite par Nicolas de Kadau en 1410, puis remaniée par l’horloger Hanus de la Rose en 1490. Comme cette horloge faisait la fierté de Prague à travers toute l’Europe, la ville voulait à tout prix éviter que ce chef d’œuvre soit reproduit ailleurs. Alors la légende dit qu’une agression est commanditée par les notables de la ville contre Hanus pour le rendre aveugle. Quand il finit par découvrir qui était à l’origine de cet acte, il se rend en secret dans la tour et arrache un mécanisme qui fait que l’horloge ne fonctionnera plus pendant de nombreuses années.
L’horloge a faillit disparaitre pour de bon en 1945 quand les nazis ont fuit la capitale et mis le feu à l’hôtel de ville. Le deuxième cadran en bas, est un calendrier réalisé en 1886 avec tous les jours de l’année.
Autour de la place, il y a plein d’autres monuments qui sont un peu délaissées, car ils n’ont pas d’horloge astronomique eux. On trouve par exemple l’église St Nicolas (qui est parait-il un chef d’œuvre du baroque) et l’église de Notre-Dame du Týn qui est cachée derrière des maisons (il faut passer sous des arcades pour atteindre l’entrée) et qui se repère de loin grâce à ses deux clochers de 80m de haut qui dominent la vieille ville.
Juste à côté de l’hôtel de ville se trouve la Maison à la Minute (Dům U Minuty), on ne peut pas la louper avec sa façade décorée de graffitis historiques 🙂 Elle servait de pharmacie « à la minute » et Franz Kafka y a vécut de 1889 à 1896.
Dans le quartier vous sentirez surement une odeur sucrée et alléchante, c’est l’odeur du trdelník! C’est une une sorte de gâteau en cheminée. Cette pâtisserie s’appelle aussi kürtős kalács en Hongrie, et cozonac secuiesc en Roumanie, et tout le monde en réclame la paternité 🙂 C’est une pâte sucrée enroulée autour d’une brochette en bois, grillée à la braise puis recouverte de sucre ou de ce que vous voulez, et ça peut être parfois être très gras. Quand il fait froid, ça reste un très chouette gâteau à partager 😉
Pour le plaisir, une vidéo qui vous explique TOUT en détail, bon appétit!
En continuant la balade dans le quartier en suivant la rue Železná, on arrive devant le Théâtre des Arts. C’est à la demande de ce théâtre ouvert en 1783 que Mozart composera l’opéra Don Giovanni en 1787. Cet opéra remportera un immense succès, et Mozart séjournera régulièrement à Prague, à la villa Bertramka (c’est dans la banlieue ouest, il y avait un musée, mais c’est fermé et à l’abandon).
A l’angle de la rue Železná, il y a cette statue nommée « Il Commendatore » en hommage au Don Giovanni de Mozart (c’est une des nombreuses versions du « Manteau de la conscience » de la sculptrice tchèque Anna Chromý).
On continue à flâner dans les petites rues, comme la rue Havelská qui longe l’église Saint Gall.
Pour quitter le quartier, on file à l’ouest, vers le pont Charles. C’est le pont le plus célèbre de Prague qui sert de trait d’union avec le quartier de Mala Strana. Il mesure plus de 515m de long et a été construit de 1357 à 1380 sous le règne de Charles IV. Jusqu’en 1741 ce sera le seul pont sur la Vltava.
A l’image du pont Saint Ange à Rome, entre 1683 et 1714, chaque pilier est surmonté d’une grande statue en lien avec l’histoire religieuse de la ville ou du pays. Ça faisait tout de suite beaucoup plus classe! Et en plus, à chaque extrémité du pont, il y a une grande porte gothique. Une des légendes autour du pont dit que dans le ciment utilisé pour le construire, on a rajouté des œufs et du vin, pour que le pont soit fort et costaud. En tout cas il est toujours là 🙂
Une autre histoire sur le pont, c’est celle de Jean Népomucène. Bon déjà, il n’avait pas un nom facile à porter, mais ça n’a pas empêché ce fils de berger de Bohème de devenir chanoine de la grande Cathédrale Saint Guy de Prague, puis en 1393, vicaire général de l’archevêque, ce qui est plutôt pas mal déjà. Mais du coup Jean faisait tellement bien son boulot qu’il se retrouvait souvent en conflit avec le roi Venceslas de Luxembourg (surnommé l’Ivrogne, c’est dire ce que l’histoire à retenu de ce roi qui a même était destitué par ses princes électeurs, un exploit ! Il ne faut surtout pas le confondre avec Venceslas 1er de Bohème, qui lui est juste le héros national ! mais revenons à nos moutons…). Jean donc, refusait que le roi place à la tête d’une abbaye un homme de son choix sans passer par les élections habituelles. Il lui faisait aussi des leçons de moral à la cour, et il était enfin le confesseur de la reine Jeanne (que le roi soupçonnait d’infidélités)… Quand on est un roi ivrogne, on aime pas trop ça!
La légende veut que le roi lui a ordonné de lui répéter une confession de la reine. Comme il a (normalement) refusé cette demande à plusieurs reprises, il a fini emprisonné, torturé, brûlé, et jeté dans le fleuve depuis le pont! On ne saura jamais vraiment si c’était uniquement pour un problème de confessions intimes que Jean Népomucène est mort, mais la suite de la légende dit qu’à l’endroit où on a repêché son corps, on a vu une couronne à 5 étoiles. Il est béatifié en 1721 et c’est le saint Tchèque le plus connu. Et au pied de sa statue au milieu du pont, il y a des plaques en bronze que tout le monde touche (des fois un peu au hasard sans savoir de qui il s’agit 🙂 ) car il parait que ça porte bonheur. Vu ce qu’il lui est arrivé, personnellement, j’en doute un peu 😉
Sinon, le pont Charles vous permet aussi de faire une chouette balade au milieu des touristes et des vendeurs de rue, mais ne boudez pas votre plaisir, ce pont et les points de vue qu’on y a, font que la traversée est top, voilà tout 🙂
Et au fait on mange où dans le quartier ?
– Il y a le restaurant Mlejnice dans la minuscule ruelle Kožná 488/14 qui a retenu notre attention. Déco rustique mais chaleureuse, plats généreux bons et pas chers 🙂 Il y a visiblement un autre restaurant du même nom à une autre adresse (Žatecká 17) pas testé.(http://www.restaurace-mlejnice.cz/)
– Une autre très bonne adresse, un restaurant végétarien, le Lehka Hlava (Borsov 2/280) (http://www.lehkahlava.cz/en_home.htm). Je n’étais pas franchement emballé avant d’y aller, et en fait, excellente surprise, chouette déco et des choses vraiment pas mal dans l’assiette. Vaut le coup!
La suite de la visite :