Quartier Nové Město ou Nouvelle Ville de Prague
Le quartier Nove Mesto entoure le quartier de la vieille ville de Prague depuis plusieurs siècles, donc il faut un peu relativiser un peu quand on parle de « nouvelle ville ». Disons qu’on sort des petites ruelles typiques pour retrouver l’aspect d’une ville un peu plus moderne.
L’endroit le plus emblématique de ce quartier c’est la grande Place Venceslas. Elle s’appelait avant le Marché aux chevaux (Kǒnský trh) et elle date du moyen age. Elle ressemble maintenant à une grande avenue piétonne de 750 m de long pour 60 m de large. Tout au bout on aperçoit le grand dôme du Musée National.
On reviendra plus tard sur cette place. Tout de suite sur votre gauche, il y a le passage Koruna (Václavské nám. 1), avec à l’intérieur un très beau dôme en verre de style Art Nouveau.
Mais surtout, je vous conseille de faire quelques dizaines de mètres sur votre gauche le long de l’avenue Na Příkopě et de vous arrêter au numéro 854/14. Ici, il y a le grand magasin de jouets Hamleys.
Sur trois étages, vous avez des jouets pour petits et grands, des attractions, et même un toboggan pour redescendre au rez-de-chaussée. Réellement on y passe un très bon moment même si ça reste un magasin. Un must see to do cool 🙂
https://www.hamleys.cz/en/
Ensuite on prend à droite et on descend la rue Panská, et au croisement avec la rue Jindřišská, on va au numéro 909/14. C’est simplement la poste … Oui mais quelle poste! 🙂
C’est un grand bâtiment du XIXe avec une immense verrière et des fresques sur les murs. Franchement classe 🙂
On continue la balade en descendant la rue Politických vězňů. Il y a d’ailleurs ici un restaurant testé (et approuvé) sur lequel on est tombé un peu par hasard, le restaurant Ferdinanda (Politických vězňů 1597/19). Traditionnel tchèque, en sous sol, mais déco sympa et avec de l’humour, portions généreuses et pas cher. Validé 🙂
http://www.ferdinanda.eu/
Un peu plus loin on prend à droite sur la Washingtonova vers le grand Musée National. Au pied du bâtiment, au sol, il y a un mémorial très discret (sauf en janvier quand il y a toutes les gerbes de fleurs) avec une petite croix en béton. C’est ici que Jan Palach s’est immolé par le feu en 1969. Mais qui ça ? mais pourquoi ?
C’est parti pour un rappel historique : après la seconde guerre mondiale, la Tchécoslovaquie tombe sous la domination de l’URSS et de Staline. En 1948, c’est le Coup de Prague. Suite à des manœuvres politiciennes, tous les postes clés du pays tombent aux mains des communistes soutenus par Moscou. Puis en 1960 le régime se durcit en même temps que la Guerre Froide prend de l’ampleur. Les opposants au régime communiste se font de plus en plus remarquer. Brejnev en 1967 décide de remplacer le président Novotný qui n’arrive pas à « tenir son peuple », par Dubček , l’un des hommes qui a permis le Coup de Prague. Mais revirement, en avril 1968, Dubček proclame l’avènement d’un « socialisme à visage humain » et permet un peu plus de liberté de la presse, de libéralisation de l’économie. Ça ne change pas grand chose pour la population, mais pour Moscou, c’est un très mauvais signe envoyé alors qu’on est en pleine Guerre Froide. Alors il y a réaction. En juin, des troupes russes stationnent près de la frontière pendant que Moscou négocie avec Dubček pour qu’il retire ses réformes. Cette période de « changement » est connu comme le Printemps de Prague. Finalement au mois d’aout 1968, Brejnev durcit le ton et décide de rappeler à la Tchécoslovaquie le principe de « souveraineté limitée » et l’URSS (avec l’appui symbolique de quelques autres pays du Pacte de Varsovie) envahie la Tchécoslovaquie ( 400 000 soldats, 6 300 chars des pays du Pacte de Varsovie, appuyés par 800 avions, 2 000 canons!). Prague tombe en quelques heures dans les mains des paras soviétiques. Dubček appelle le peuple à ne pas résister et il sera remplacé en 1969. Le processus de « normalisation » du pays commencera et il retombera entièrement sous contrôle soviétique.
En protestation à tous ces évènement, un jeune étudiant de 20 ans, Jan Palach, s’est immolé par le feu en janvier 1969. Un autre étudiant Jan Zajíc, fera la même chose un mois plus tard. Ce mémorial est en leur honneur.
Voilà, c’est la fin de ce rappel historique.
En relevant la tête, l’énorme bâtiment (sous les échafaudages à ce moment là), c’est le Musée National, aussi appelé Národní muzeum. Il est créé en 1848 et représente le symbole de la culture Tchèque. Il abrite aussi le Panthéon des grands hommes du pays. Des travaux de rénovations sont en cours depuis 2011 … Réouverture prévue pour octobre 2018 …
http://www.nm.cz/
Juste devant se trouve la statue équestre de Saint Venceslas, réalisée en 1912. La précédente statue équestre qui datait de 1680 a été déplacée au château de Vyšehrad, au sud de Prague. Cette statue de Venceslas Ier de Bohême est au cœur de toutes les manifestations qui peuvent avoir lieu sur la place (comme ce jour là).
Juste à côté, il y a un endroit sympa pour boire un verre, c’est le Vytopna ( Václavské nám. 802/56). C’est pas super bien indiqué, il faut monter à l’étage et après c’est marrant on se pose, on commande, et on attend que le train arrive. Et oui, les bières sont livrées par des petits trains électriques qui s’arrêtent devant les tables 🙂 C’est idiot mais c’est marrant. ( https://vytopna.cz )
Le long de la place Place Venceslas on trouve pas mal de lieux intéressants, le Musée de la Guerre Froide par exemple (Václavské nám. 818/45) ou le Grand Hotel Europa, un des plus beaux hôtels de la ville..
En remontant la place, prenez à gauche sur la rue Štěpánská, et rentrez dans le Palac Lucerna. ( http://www.lucerna.cz/en/ ). C’est une galerie couverte, un centre commercial, salle de spectacles, etc … et dans la galerie vous pouvez voir une autre œuvre de Cerny, le Cheval (Kůň – 1999). C’est la version parodique de la statue équestre qu’on a vu juste avant 🙂
Prague comporte de nombreuses galeries et passages couverts. Une quarantaines sont construits entre 1907 et 1938, et il était même possible de traverser toute la ville en les empruntant. Depuis, de nombreux passages ont été fermés, mais il est toujours possible d’en visiter des sympas. Comme par exemple le passage Světozor. Il faut rejoindre l’entrée du cinéma Steozor (Vodičkova 791/41). Au dessus d’une pub pour un resto chinois, il y a un grand vitrail coloré façon art-nouveau avec Tesla.
Il s’agit d’une publicité pour la compagnie TESLA. Cette société fondée en 1921 sous le nom Elektra est rebaptisée TESLA en 1946 en hommage à Nikola Tesla (qui a étudié un semestre à Prague) et aussi pour (« TEchnika SLAboproudá » qui veut dire « low-voltage technology »). La société Tesla produira presque tout ce qui est électronique en Tchécoslovaquie dans les années 80. Bref, cette jolie publicité n’a absolument rien à voir avec Nikola Tesla 🙂
Juste derrière cette pub, on débouche dans le caché et très agréable jardin des Franciscains (Františkánská zahrada). Un petit havre de paix dans un quartier ultra touristique 🙂
(et il y a des toilettes publiques .. au cas où 😉 )
A la sortie du jardin, il y a cette grande statue de Josef Jungmann. Son nom nous est complètement inconnu. C’est un puriste de la langue tchèque. En 1839 il sort l’énorme Dictionnaire tchéco-allemand (en 5 volumes). Il créée des cercles de pensée regroupant des intellectuels de l’époque pour chasser la langue allemande de plus en plus utilisée dans le pays.
C’est en partie grâce à lui que la langue tchèque imprononçable est toujours là aujourd’hui. Et juste derrière, l’immeuble de la banque allemande, la Deusche Bank : la lutte continue! 🙂
Juste en face, il y a le Palais Adria, avec son architecture très particulière. On dirait un château avec ses créneaux. C’est le style « rondocubisme« , le mouvement cubisme à la sauce tchèque des années 20. A l’étage il y a la galerie des critiques, où des « critiques » d’art contemporain organise régulièrement des expositions.
A un pâté de maison de là, se trouve une monumentale sculpture de la tête de Franz Kafka , c’est encore une fois une réalisation de David Cerny. 10m de haut, 45 tonnes, et 42 strates mobiles qui régulièrement décomposent totalement la tête de l’écrivain le plus célèbre de Prague pour finalement la recomposer ensuite.
A ce propos, je trouve intéressant de revenir sur le début de la célébrité de David Cerny 🙂 En 1991, il est encore étudiant de l’École des arts appliqués de Prague. A cette époque, il y a à Prague un ancien char russe JS-2, surnommé Char Staline, qui symbolise la libération de la ville des troupes nazis par les troupes russes. Avec un pote, le 21 avril1991, il peint le char en rose. C’est le scandale dans le pays, et officiellement la Russie exige que le char soit repeint dans sa couleur d’origine. David Cerny est envoyé en prison. Pendant sa détention, des députés Tchèques profitent de leur immunité parlementaire pour peindre à nouveau le char en rose. David est libéré de prison, le char est repeint en kaki et placé sous bonne garde au Musée de l’Armée, et Prague possède son artiste subversif 🙂
Il y a encore d’autres œuvres de Cerny à dénicher dans les ruelles de Prague. Parmi elles
– L’homme suspendu (1996) : il s’agit de Sigmund Freud (mais beaucoup de personnes y voit Lénine) contemplant sa propre chute (à l’angle des rues Skořepka et Husova,)
– Embryo, à l’angle de la rue Anenské náměstí 5 : une espèce de gouttière en train d’enfanter on ne sait quelle monstruosité
(la femme blanche assise sur le mur n’a rien à voir, mais je trouvais cette statue cool 🙂 )
En se rapprochant du fleuve on découvre le Théâtre National (Národní 2), construit en 1881 (puis ré ouvert en 1883 après un incendie vécu comme une catastrophe nationale).
La photo suivante, c’est l’immeuble juste après, et c’est simplement que le logo m’a fait penser au Daily Planet, le journal où travaille Superman … bon en fait rien à voir, c’est le Goethe-Institut de Prague (organisation à but non lucratif pour la promotion de la langue allemande)
Juste en face, en empruntant un petit pont, on arrive sur l’Île des Slaves (Slovanský ostrov). L’ile est aménagée avec un joli parc et au milieu se dresse le Palais Zofin. (http://www.zofin.cz/en/) Construit en 1837 en hommage à l’archiduchesse Sophie de Bavière (mère de l’empereur François Joseph Ier), c’est LE lieu de la culture mondaine à Prague à la fin du XIXe siècle.
En poussant encore un peu plus loin le long du fleuve, il y a la célèbre Maison Dansante (Tančící dům – Rašínovo nábřeží 80). Commandé en 1996 à la demande Václav Havel pour être le premier bâtiment construit après la révolution de velours, pour marquer le côté festif des pragois et marquer la fin de l’ère communiste austère.
Ici, depuis le pont Jiráskův most , on a une vue sur un des déversoirs du fleuve, la colline Petrin et la château de Prague tout au fond.
Allez, une dernière petite curiosité pour la route, prenez le métro à la station Náměstí Míru (quartier Vinohrady, à côté de l’Église Sainte Ludmila), il y a l’escalator le plus grand d’Europe! 87m et 333 marches 🙂
Et si ça vous tente, vous pouvez aller voir la Tour de télévision de Prague, dans le quartier de Žižkov. Construite entre 1985 et 1992. Elle fait 216m de haut (un restaurant panoramique est situé à 63m et une salle d’observation à 100m). Cette tour est plutôt mal aimée par les Pragois.
La suite de la visite :
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